Attentat du MĂ©tropolis
L'attentat du Métropolis est un attentat politique terroriste perpétré aux derniÚres heures du par un tireur au Métropolis, à Montréal, pendant le discours de Pauline Marois, nouvellement élue premiÚre ministre du Québec à la suite de l'élection générale québécoise de 2012.
Attentat terroriste du MĂ©tropolis | |
PérimÚtre de police à proximité du Métropolis aprÚs la fusillade du 4 septembre 2012 à Montréal. | |
Localisation | Montréal, Québec, Canada |
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Cible | Rassemblement du Parti québécois |
CoordonnĂ©es | 45° 30âČ 39âł nord, 73° 33âČ 48âł ouest |
Date | Mardi 23 h 58 (UTC-5) |
Type | Fusillade, incendie criminel |
Armes | Arme longue, arme de poing de calibre 9 mm |
Morts | 1 |
Blessés | 1 |
Auteurs | Richard Henry Bain |
La fusillade
Le , Ă 23 h 58, un homme armĂ©, Richard Henry Bain, s'approche de l'entrĂ©e des artistes situĂ©e Ă l'arriĂšre du MĂ©tropolis, une salle de spectacles du centre-ville de MontrĂ©al oĂč sont rĂ©unis des partisans du Parti quĂ©bĂ©cois fĂȘtant l'Ă©lection de Pauline Marois comme nouvelle premiĂšre ministre du QuĂ©bec le soir de l'Ă©lection gĂ©nĂ©rale quĂ©bĂ©coise de 2012[1]. Ă l'extĂ©rieur, le suspect tire une seule balle qui atteint deux personnes[2]. Denis Blanchette, un technicien de scĂšne des Productions du Grand Bambou ĂągĂ© de quarante-huit ans, meurt sur le coup[2] - [3]. Dave Courage, un autre technicien de scĂšne ĂągĂ© de vingt-sept ans est hospitalisĂ© dans un Ă©tat critique. Il est opĂ©rĂ© dans la nuit et est dĂ©clarĂ© hors de danger le lendemain[2] - [3] - [1]. L'arme du tireur s'est enrayĂ©e ne permettant pas Ă lâassassin de dĂ©charger ses balles[4].
Peu aprĂšs, le prĂ©sumĂ© tireur est arrĂȘtĂ© par les policiers du Service de police de la Ville de MontrĂ©al Ă l'extĂ©rieur de l'Ă©difice alors que des milliers de personnes se trouvent toujours Ă l'intĂ©rieur du MĂ©tropolis. CagoulĂ© et vĂȘtu d'un peignoir[1] - [5], le suspect menottĂ© lance aux mĂ©dias filmant son arrestation « Les Anglais sont arrivĂ©s » ou « Les Anglais se rĂ©veillent » et "It's gonna be fucking payback" [6] - [7]. L'arrestation du suspect est diffusĂ©e en direct par la tĂ©lĂ©vision de Radio-Canada et du RĂ©seau de l'information, un cadreur de la chaĂźne se trouvant Ă proximitĂ© du MĂ©tropolis ayant Ă©tĂ© alertĂ© par une dĂ©flagration et par un incendie qui venait de prendre naissance[8].
Par la suite, un véhicule suspect est trouvé prÚs du Métropolis[9]. Une arme longue et une arme de poing[1] de calibre 9 mm[3] sont saisis par les policiers.
à l'intérieur, le discours que donne Pauline Marois aprÚs sa victoire à l'élection est brusquement interrompu, un bruit d'abord identifié comme une grenade assourdissante[10] ayant été entendu[11]. Bien que Pauline Marois n'ait pas été directement menacée par le tireur, elle est escortée hors de scÚne par un policier de la Sureté du Québec et son majordome, Jean-Marc Huot. Elle revient par la suite sur scÚne terminer son discours et demander aux gens de quitter la salle dans le calme. Les personnes à l'intérieur ignorent à ce moment ce qui vient de se produire[12].
Un incendie, possiblement allumé par le suspect, est circonscrit à l'arriÚre du bùtiment prÚs d'une des sorties de l'amphithéùtre[13]. Des témoins rapportent avoir vu le suspect lancer une bonbonne d'accélérant dans un conteneur à proximité[14].
Les enquĂȘteurs sont, au lendemain du drame, incapables de dire si l'incident Ă©tait une tentative d'assassinat contre Pauline Marois et l'enquĂȘte est confiĂ©e Ă la SĂ»retĂ© du QuĂ©bec[12].
RĂ©actions
à 2 h 44 le 5 septembre, le Parti québécois réagit par communiqué. La premiÚre ministre élue dénonce la « violence gratuite »[15]. Les réactions viennent aussi des adversaires politiques du PQ : la Coalition avenir Québec qualifie l'attentat d'« incident déplorable » et se dit « soulagée que Mme Marois n'ait pas été blessée »[13]. Québec solidaire condamne l'attaque. L'attaché de presse du chef du Parti libéral du Québec Jean Charest et l'attaché de presse du premier ministre du Canada Stephen Harper expriment aussi leur consternation[13].
Le matin du , le premier ministre canadien Stephen Harper se dit « furieux » et « peiné » qu'un exercice démocratique soit entaché par un événement violent[12].
Le caucus du Nouveau Parti démocratique s'ouvre à Saint-Jean de Terre-Neuve par une minute de silence en mémoire des victimes[16].
Lors d'une réunion du caucus du Parti libéral du Canada à Montebello, le chef intérimaire du parti, Bob Rae, a également exprimé son désarroi devant le tragique évÚnement.
L'attaque suscite de vives réactions au sein de la communauté anglophone du Québec, qui dénonce la violence de ce soir d'élections et se dissocie du geste du tireur et des propos lancés par le suspect à son arrestation[17]. Le maire de Montréal Gérald Tremblay, dissocie également la communauté anglophone des actes attribués au suspect[18].
Dans la soirée du mercredi , moins de 24 heures aprÚs la tuerie, une vigile a lieu devant le Métropolis à Montréal. Des discours en français et en anglais ont lieu pour unir les francophones et les anglophones devant cette tragédie, à la lumiÚre des propos antifrancophones tenus par le suspect[19] - [20]
Déclaration controversée de Gaétan Barrette
En aoĂ»t 2016, dans le contexte du procĂšs de Richard Bain, une controverse Ă©clate Ă la suite de propos tenus par le ministre GaĂ©tan Barrette, membre du gouvernement libĂ©ral de Philippe Couillard. Selon le ministre, la premiĂšre ministre aurait Ă©tĂ© la cible d'un attentat qu'elle a elle-mĂȘme provoquĂ© : « Comme politicien, dĂ©clare-t-il, on ne veut pas voir ça arriver. Jâaurais aimĂ© ne pas voir ça arriver. Mais câest la sociĂ©tĂ©... Quand vous faites trop bouger les choses, des choses comme ça peuvent arriver[21] », dĂ©clare-t-il en anglais, ajoutant mĂȘme : «Câest malheureux. On doit empĂȘcher ça. On doit sâassurer (comme politiciens) que les arguments que nous utilisons et que les discours que nous donnons sont mesurĂ©s[21] ».
Les propos du ministre Barrette sont rapidement dénoncés par les partis d'opposition qui font le parallÚle entre l'affirmation du ministre et les reproches irresponsables qui sont souvent adressés aux victimes de viol sous prétexte que, par leur comportement ou par leurs propos, elles se sont rendues responsables des violences physiques, sexuelles et psychologiques qu'elles ont subies de la part de leurs agresseurs. Le ministre libéral refuse de retirer ses propos et se contente d'affirmer qu'il n'a rien dit de répréhensible : « En aucun temps n'ai-je fait un lien entre ce regrettable incident et quelque parti politique que ce soit[21] ».
Pour le chef par intĂ©rim du Parti quĂ©bĂ©cois, Sylvain Gaudreault, les paroles lancĂ©es par GaĂ©tan Barrette sont ignobles : «Quand jâai entendu la nouvelle sur le verdict, jâai pensĂ© Ă Dave Courage, Ă la famille de Denis Blanchette et Ă Mme Marois. Pour les militants et les gens qui Ă©taient lĂ , pour les gens qui ont perdu M. Blanchette, câest terrible ce qui est arrivĂ©. Câest à ça quâil fallait penser aujourdâhui. Je trouve ça encore plus odieux que M. Barrette nâait pas eu ces pensĂ©es-lĂ , quâil a choisi de dĂ©raper[21] »
Martine Ouellet, de son cÎté, exige la démission de Gaétan Barrette, estimant qu'il encourage la haine raciale en tenant des propos dangereux et inacceptables[21].
Malgré les appels au premier ministre Couillard pour qu'il rappelle son ministre à l'ordre, le chef du gouvernement évite lui aussi la question.
Le suspect
La personne appréhendée sur les lieux dans les premiers instants du est un Québécois anglophone de 61 ans[22], Richard Henry Bain[1], mais dont l'identité n'est pas immédiatement dévoilée. Il s'est exprimé en anglais et en français avec un accent anglophone[23] - [24]. La police de Montréal indique qu'il n'est pas connu des autorités[25], hormis une arrestation pour conduite en état d'ébriété et des infractions mineures au code de la route[22].
Bain n'est pas originaire de MontrĂ©al selon les policiers[26] mais il y a dĂ©jĂ habitĂ©[27] et il rĂ©side Ă La Conception dans les Laurentides[28], oĂč, depuis sa retraite, il vend des forfaits de pĂȘche et de randonnĂ©es Ă©questres[27]. ChrĂ©tien dogmatique frĂ©quentant occasionnellement une Ă©glise baptiste, Bain possĂ©dait des armes puisqu'il s'adonnait Ă la chasse[28]. Il Ă©tait traitĂ© pour des problĂšmes de santĂ© mentale[28].
ProcĂšs
Le suspect est hospitalisé dans la matinée du aprÚs avoir souffert d'un malaise durant son interrogatoire[29] - [30].
Le , il comparait au Palais de justice de Montréal et se fait signifier 16 chefs d'accusation au total dont meurtre prémédité, trois tentatives de meurtre sur un collÚgue de Dave Courage, un autre technicien de scÚne et le policier Stéphane Champagne[29], possession de matériel explosif[31] et possession d'arme prohibée[32]. Bain possédait 22 armes, une seule n'était pas enregistrée[32]. La date de la prochaine audience est fixée au [33]. La cause est ensuite remise le , puis de nouveau le [34]. Plusieurs reports se succéderont ainsi en raison de la difficulté de l'accusé à se faire représenter par un avocat[35]. Finalement, le procÚs s'ouvre officiellement le au palais de justice de Montréal, aprÚs un dernier report occasionné par une opération chirurgicale[36].
Tout au long du procĂšs, Bain contredira systĂ©matiquement les affirmations qu'il a faites aux policiers et Ă la psychiatre Marie-FrĂ©dĂ©rique Allard qui le rencontre Ă quelques occasions. Ainsi, on ne trouve aucune trace d'anti-dĂ©presseur dans son sang Ă la suite de l'attentat, alors que peu aprĂšs son arrestation, il a dĂ©clarĂ© aux policiers qu'il en avait avalĂ© une dose massive peu avant l'attaque du Metropolis. De mĂȘme, il refuse de reconnaitre les dĂ©clarations qu'il a faites par Ă©crit Ă la psychiatre, Ă l'effet que :
- son plan était de « tuer le plus de séparatistes possible » ainsi que la chef péquiste Pauline Marois et d'autres députés ;
- il aurait continué de tirer aussi longtemps qu'il le pouvait, si son arme automatique ne s'était pas enrayée ;
- il voulait mettre le feu au Métropolis afin de provoquer un incendie semblable à l'incendie criminel qui, en 1972, avait fait 37 morts au café Blue Bird, à Montréal.
Confronté à ces déclarations et à plusieurs autres durant son procÚs, Bain répond systématiquement qu'il n'a aucun souvenir d'avoir dit ou écrit de telles choses.
Il est reconnu coupable, le [37], de meurtre au deuxiÚme degré du technicien de scÚne Denis Blanchette. L'homme de 65 ans est aussi déclaré coupable de trois tentatives de meurtre, notamment sur Dave Courage et sur le policier Stéphane Champagne de la Sûreté du Québec
Le , il est condamné à la prison à vie, devant passer 20 ans derriÚre les barreaux avant de pouvoir déposer une demande de libération conditionnelle.
Concert bénéfice
Le , L'Ăquipe Spectra, entreprise propriĂ©taire du MĂ©tropolis, organise un concert bĂ©nĂ©fice en mĂ©moire des victimes de l'attentat avec la participation sur scĂšne de CĂ©line Dion, Arcade Fire, Patrick Watson, CĆur de pirate, Ian Kelly, Vincent ValliĂšres. Les fonds recueillis lors de l'Ă©vĂ©nement ont Ă©tĂ© versĂ©s Ă la fiducie Denis Blanchette, qui Ă©tait destinĂ©e Ă soutenir financiĂšrement son enfant. Une collecte de fonds a aussi Ă©tĂ© effectuĂ©e lors de la soirĂ©e pour venir en aide Ă Dave Courage, blessĂ© lors de l'attentat survenu Ă l'extĂ©rieur du MĂ©tropolis lors du rassemblement pĂ©quiste[38].
Voir aussi
Notes et références
- Attentat contre le PQ : un mort, Hugo Pilon-Larose, La Presse, 5 septembre 2012.
- Gabrielle Duchaine et David Santerre, « Denis Blanchette est mort en héros », sur http://www.lapresse.ca, La Presse,
- Fin de soirée d'élections tragique, Alexandre Lebrun, Charles Payette, 98,5 FM, 5 septembre 2012.
- Métropolis - l'arme du tireur s'est enrayée aprÚs un coup de feu, Vincent Larouche, David Santerre, La Presse, 6 septembre 2012.
- (en) 1 dead after shooting at Quebec premier-elect's victory speech, Holly Yan, CNN, 5 septembre 2012.
- Vidéo de Radio-Canada
- Attentat contre le PQ : un mort, Olivier Pontbriand, La Presse, 5 septembre 2012.
- Un homme armé bouleverse le rassemblement de victoire du PQ, Radio-Canada, 5 septembre 2012.
- Un périmÚtre de sécurité dressé autour d'un véhicule suspect, Marie-Claude Malboeuf, La Presse, 5 septembre 2012.
- « La BibliothÚque hantée », sur jcoupal.blogspot.ca, (consulté le )
- Ălections QuĂ©bec 2012 - Attentat lors du discours de Marois : une victime dĂ©cĂ©dĂ©e, Florence Meney, Radio-Canada, 5 septembre 2012.
- (en) Angry year in Quebec politics reaches its nadir in tragedy, Nelson Wyatt, La Presse canadienne, 5 septembre 2012.
- Un attentat au rassemblement du PQ fait un mort, MĂ©lanie Julien, Radio-Canada, 5 septembre 2012.
- (en) One person shot dead at PQ victory party, Jan Ravensburger, Christopher Curtis, Monique Muise, Charlie Fidelman, The Gazette, 5 septembre 2012.
- Réaction du Parti Québécois à la suite des événements survenus au Métropolis, site du Parti québécois, 5 septembre 2012.
- (en) Thomas Mulcair responds to PQ party shooting death: NDP âin a state of shockâ, Joan Bryden, La Presse canadienne, 5 septembre 2012.
- La communauté anglophone se dissocie du geste de Bain, La Presse, 6 septembre 2012.
- Gérald Tremblay: Bain «n'a rien à voir» avec la communauté anglophone, Karim Benessaieh, La Presse, 5 septembre 2012.
- Hommage aux victimes du MĂ©tropolis, Radio-Canada, 6 septembre 2012.
- (en) Vigil held for election-night shooting victim, Christopher Curtis, The Gazette, 6 septembre 2012.
- Charles Lecavalier, « Propos controversĂ©s sur lâattentat au MĂ©tropolis : Barrette dans la tourmente » (consultĂ© le )
- (en) «âIl est maladeâ», Daniel Renaud, Le Journal de MontrĂ©al, 5 septembre 2012.
- Jessica Nadeau, « Attentat au Métropolis lors du discours de Pauline Marois », sur https://www.ledevoir.com, Le Devoir,
- « QUEBEC. Attentat mortel lors du discours de la PremiÚre ministre », sur http://tempsreel.nouvelobs.com,
- Un attentat perturbe le discours de Pauline Marois, MĂ©tro, 5 septembre 2012.
- (en) Suspect in fatal PQ victory rally shooting not from Montreal, CBC, 5 septembre 2012.
- Attentat du MĂ©tropolis : portrait du principal suspect, La Presse, 5 septembre 2012.
- Richard Henry Bain: «il était fin avec tout le monde», Christiane Desjardins, La Presse, 6 septembre 2012.
- Richard Henry Bain accusé de meurtre prémédité, Christiane Desjardins, La Presse, 6 septembre 2012.
- Attentat au Métropolis: un drame qui a fait le tour du monde, Pierre-André Normandin, La Presse, 6 septembre 2012.
- (en) Quebec shooter facing 16 charges, Phil Couvrette, KSRO (en), 6 septembre 2012.
- (en) Shooting suspect Richard Henry Bain arraigned on 16 charges, including first-degree murder, Sue Montgomery, The Gazette, 6 septembre 2012.
- Fusillade au Québec : le suspect inculpé, Le Figaro, 6 septembre 2012.
- Fusillade au MĂ©tropolis - Bain veut lâaide juridique pour cause dâendettement, Le Devoir, 4 septembre 2013.
- DerniĂšre chance pour Richard Bain de trouver un avocat, Le Devoir, 19 janvier 2015.
- ProcĂšs de Richard Henry Bain: la sĂ©lection du jury sâamorce , Le Devoir, 6 juin 2016.
- Zone Justice et faits divers - ICI.Radio-Canada.ca, « Richard Henry Bain déclaré quatre fois coupable | Attentat au Métropolis », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
- Zone Société - ICI.Radio-Canada.ca, « Concert-bénéfice au Métropolis : Céline Dion et Arcade Fire de la partie | Attentat au Métropolis », sur Radio-Canada.ca (consulté le )