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Atlantoxerus getulus

Écureuil de Barbarie, Écureuil de Berberie, Écureuil de GĂ©tulie

L'Écureuil de Barbarie (Atlantoxerus getulus) ou Écureuil de BerbĂ©rie est l'unique espĂšce du genre Atlantoxerus. Ce mammifĂšre est un rongeur de la famille des Sciuridae, endĂ©mique du Maroc et de l’Ouest algĂ©rien[1].

Classification et dénominations

Carl von Linné (1758) a initialement nommé cet écureuil : Sciurus getulus, elle a été la premiÚre espÚce d'écureuil répertoriée en Afrique et est aussi la seule existant au Nord du Sahara. Le genre Atlantoxerus a été créé par C.J. Forsyth Major (1893). En raison des caractéristiques physiques de cet écureuil dans le genre Xerus, il a d'abord été traité comme un sous-genre Atlantoxerus. Atlantoxerus a été officiellement porté au rang générique par O. Thomas (1909) et incorporé dans la tribu Xerini par Moore (1959), dans la sous-famille Xerinae (Gromov et al 1965, Wilson et Reeder, 2005)[2].

Noms communs de l'Écureuil de Barbarie : Écureuil fouisseur de Barbarie ou Écureuil de Berberie[3] - [4], Écureuil de GĂ©tulie ou Écureuil gĂ©tule ou encore Écureuil terrestre nord-africain.

Noms vernaculaires :

  • au Maroc, les habitants des montagnes de l'Atlas l'appellent ⎰┏┄┉âŽč anáș“iឍ (en berbĂšre, au fĂ©minin ├⎰┏┄┉├├ tanáș“itt), et c'est par ailleurs un nom de famille assez courant aussi bien chez les BerbĂšres musulmans que juifs, qui renvoie au nom ⎰┏┄⎰⎷ anáș“ad, poil, cheveu en tamazight ;
  • en Kabylie, il est connu sous le nom d'acbirdu. Quant Ă  ⎰⎱⎳┓└ abgur, c'est un emprunt (avec mĂ©tathĂšse et sonorisation du k, kb, bg) au phĂ©nico-punique akbur qui signifie souris, rat comme en hĂ©breu ;
  • Ă  Taza (Maroc), il est aussi connu sous l'appellation de chefchen (en arabe : ŰŽÙŰŽÙ†) et comme nemss (en arabe : Ű§Ù„Ù†Ù…Űł) dans le Moyen Atlas.
Écureuil de Barbarie (planche naturaliste)
Aire de rĂ©partition de l'Écureuil de Barbarie[5]

Aire de répartition

Selon l'UICN, l'Écureuil de Barbarie vit au Maroc et en AlgĂ©rie[6]. L'espĂšce est prĂ©sente en grand nombre Ă  l’Ouest de l’Atlas saharien, sur les wilayas d’El Bayadh, NaĂąma et BĂ©char, en AlgĂ©rie. La Tunisie et l'Ouest de la Libye hĂ©bergeraient aussi l'espĂšce. La rĂ©partition est Ă©tagĂ©e du niveau de la mer aux pelouses alpines des trois Atlas (Moyen Atlas, Haut Atlas et Anti Atlas) jusqu’à 3-4000 m d’altitude et, parmi une grande diversitĂ© d’habitats rocheux, en contexte gĂ©nĂ©ralement aride.

Aux ßles Canaries, un couple a été introduit en 1965 à Fuerteventura ; depuis l'espÚce est devenue envahissante (en Europe, douze espÚces sont présentes dont six autochtones et six introduites[7]). La plupart des prédateurs de Fuerteventura l'ont incorporé dans leur régime alimentaire (Felis catus, Buteo buteo, Falco tinnunculus et Corvus corax). Le busard commun chasse également les écureuils, dont il est un important agent régulateur.

Selon UICN (2000), une espĂšce exotique dont l’introduction, l’installation et la propagation menacent les Ă©cosystĂšmes, les habitats ou les espĂšces indigĂšnes avec des consĂ©quences environnementales et/ou Ă©conomiques et/ou sanitaires nĂ©gatives. Les espĂšces exotiques envahissantes (susceptibles d’ĂȘtre introduites dans de nouveaux Ă©cosystĂšmes de façon intentionnelle ou accidentelle) constituent une menace pour la biodiversitĂ©. Elles peuvent aussi avoir des consĂ©quences sur la santĂ© humaine, la productivitĂ© agricole etc. Aux Canaries, l'Ă©cureuil de Barbarie perturbe le mĂ©canisme de dispersion des plantes, des populations de prĂ©dateurs, participe Ă  l'introduction de parasites, Ă  la prĂ©dation d’oisillons et d’escargots endĂ©miques et fait des dĂ©gĂąts dans les cultures[8] - [9].

Écologie

Comportement

Ce sont des animaux grĂ©gaires vivant en petites colonies sans structure sociale apparente. Pendant la pĂ©riode de reproduction, la composition du groupe est variable quelle que soit la rĂ©gion. Il peut s'agir de femelles solitaires accompagnĂ©es de leurs jeunes, de groupes avec plusieurs adultes des deux sexes. L’association la plus courante semble ĂȘtre avec deux femelles. Au Maroc, la reproduction a lieu en Ă©tĂ© dans les sites d’altitude du Haut et du Moyen Atlas, ailleurs au printemps[10]. Il peut y avoir deux portĂ©es par an de deux petits.

Les écureuils sont plus abondants dans secteurs abrités (carriÚres, murs de pierre) etc. Ils ne fréquentent pas les arbres (non arboricoles) mais creusent des terriers dans les pierriers et les éboulis stables ou aménagent une taniÚre sous un bloc. Le terrier n'est jamais installé dans les tabliers d'éboulis instables[11] - [12].

L'Écureuil de Barbarie est un rongeur trĂšs vif. Son activitĂ© est principalement diurne. L'activitĂ© hors du terrier est limitĂ©e Ă  tĂŽt le matin et en fin d'aprĂšs-midi en raison des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es. De temps Ă  autre, il se perche sur les hauteurs afin de voir les alentours. C'est un animal facilement apprivoisĂ© mais qui est protĂ©gĂ© par la loi.

Alimentation

En contexte naturel, l'Ă©cureuil se nourrit de fruits et graines de pistachier et d’arganier. Il a un rĂ©gime principalement vĂ©gĂ©tarien, occasionnellement omnivore.

L'alimentation de l'Écureuil de Barbarie est essentiellement composĂ©e de graines (glands, noisettes, noix, graines de tournesol, etc.), de fruits charnus, (pommes, pĂȘches, dattes, etc.) et de diverses racines ou tubercules comme des carottes, pommes de terre, etc. Il peut Ă©galement se nourrir d'insectes voire des oisillons. Les colonies s'installent dans les zones oĂč il y a une source alimentaire suffisante. Ils migrent lorsque leur population devient excessive et que la source de nourriture devient rare.

À Fuerteventura, outre l'alimentation apportĂ©e par les touristes (cacahuĂštes et fruits par exemple), les Ă©cureuils vont se nourrir sur le platier en fin de journĂ©e et pĂȘchent des coquillages.

Biologie

Morphologie

C'est un Ă©cureuil terrestre trĂšs reconnaissable avec de minuscules oreilles, un pelage de couleur dorĂ©e et blanc sur les flancs, plus quatre rayures longitudinales brun foncĂ© et blanches sur le dos. La tĂȘte tire sur le brun rougeĂątre. Le poil est relativement long et dense. La queue est touffue avec des anneaux alternativement clairs et sombres.

L'Ecureuil de Barbarie a une taille moyenne est de 16 - 22 cm (sans la queue de 15 Ă  20 cm) pour 300 – 350 g[13].

Longévité

L'Écureuil de Barbarie peut vivre 6 Ă  7 ans en captivitĂ© contre 3 Ă  4 ans en libertĂ©. Une longĂ©vitĂ© plus courte en milieu naturel tient comme toujours Ă  la pression de prĂ©dation et aux maladies. L'animal est par exemple la proie des buses, des aigles, des renards, etc.

Pathologie

L'Ecureuil de Barbarie peut vĂ©hiculer des taxons hautement pathogĂšnes en plus de bactĂ©ries infectieuses pour les animaux et l'homme. Dans sa rĂ©gion d'origine, il peut mĂȘme causer la mort par septicĂ©mie avec une simple morsure. Il peut ĂȘtre porteur de virus rĂ©currents de type africano-hispanique, transmissibles Ă  l'homme comme le typhus murin ou la leishmaniose.

Une étude sur des populations introduites de Fuerteventura et indigÚnes au Maroc (été 2006) a montré que les animaux sont porteurs de trématodes, cestodes et nématodes, soit cinq familles : Brachylaima sp. (Brachylaimidae), Catenotaenia chabaudi (Catenotaeniidae), Protospirura muricola (Spiruridae), Dermatoxys getula et Syphacia pallaryi (Oxyuridae), Trichostrongylus sp. (Trichostrongylidae). Brachylaima sp. a été trouvé dans la population isolée seulement, en raison d'une alimentation qui comprend des escargots. Les deux oxyurides ont été trouvés sur les deux sites. La population continentale présente une richesse en espÚces plus élevée (5 contre 3 espÚces)[14].

L'introduction d'une espĂšce peut accroĂźtre les risques pour la santĂ© humaine, par l'apport de nouveaux agents pathogĂšnes ou l’amplification de ceux prĂ©sents. Par exemple, les Ă©cureuils introduits comme le Tamia de SibĂ©rie peuvent participer Ă  la prolifĂ©ration de la borrĂ©liose de Lyme qui est une maladie qui affecte gravement l’homme[15]. Il est recommandĂ© par les Ă©cologues et les mĂ©decins ne de pas participer au commerce (souvent illicite) de ces espĂšces et de ne pas introduire dans le milieu naturel des animaux non autochtones.

Protection

Peu farouche, facile Ă  Ă©lever en cage et se reproduisant sans difficultĂ© en captivitĂ©, l’Écureuil de Barbarie fait l'objet de braconnage. Il est pourchassĂ© jusque dans les rĂ©serves naturelles de l’AĂŻn Sefra. Une fois capturĂ©s, ils sont revendus en couple sur les marchĂ©s d'Oran, Chlef, ChĂ©raga et Boudouaou environ 10 000 dinars (une centaine d’euros). L’espĂšce risque ainsi de disparaĂźtre de son aire naturelle. L’UICN l’a donc placĂ©e sur la liste des espĂšces protĂ©gĂ©es en AlgĂ©rie. Le commerce se poursuit : en , il y a eu une saisie de 17 Ă©cureuils dans une animalerie rĂ©putĂ©e d’Annaba, rĂ©vĂ©lant l’existence d’un important rĂ©seau de trafiquants. Les rescapĂ©s ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s au parc animalier de Braptia (Parc naturel national d’El Kala)[16].

Si l’écureuil au Maroc fait partie des espĂšces protĂ©gĂ©es, il n’est cependant pas rare de constater que la capture et le trafic d’écureuil de Barbarie se pratiquent en toute impunitĂ©.

Les organismes de protection conseillent d'expliquer la situation aux enfants qui vendent l'animal en bord de route, en demandant de relĂącher l'animal mais en considĂ©rant bien la situation Ă©conomique des enfants... Acheter et relĂącher quelques kilomĂštres plus loin peut ĂȘtre une solution alternative[17].

Notes et références

  1. Guide des vertébrés du Sahara, fiche spécifique Atlantoxerus getulus
  2. Tree of life web project, Scott J. Steppan et Shawn M. Hamm, Atlantoxerus getulus
  3. Cherif Rahmani, 2005 Message du ministre de l'aménagement et du territoire sur Nature et biodiversité algérienne
  4. Nature et biodiversité algérienne
  5. D'aprĂšs la Liste Rouge UICN
  6. Red List IUCN
  7. Mitchell-Jones et al., 1999 - Localisation des populations d’écureuils exotiques installĂ©es en Europe
  8. Lopez-Darias M., J.M. Lobo, P. Gouat, 2008 - Predicting potential distributions of invasive species: the exotic Barbary ground squirrel in the Canarian archipelago and the west Mediterranean region. Biological Invasions 10:1027-1040
  9. Lopez-Darias M, Nogales M., 2008 - Effects of the invasive Barbary ground squirrel (Atlantoxerus getulus) on seed dispersal systems of insular xeric environments. Journal of Arid Environments 72:926–939
  10. Ecologie.ma, L’écureuil de Barbarie, 2013 http://ecologie.ma/lecureuil-de-barbarie/
  11. M.C. Saint-Girons, 1953 - Mammalia, 17, 2, 75–82, ISSN (Online) 1864-1547, ISSN (Print) 0025-1461, DOI: 10.1515/mamm.1953.17.2.75, October 2009
  12. Pomel, 1892 - Sur l'Ă©cureuil de Barbarie. C.R.Acad.ScI. 114/53-54
  13. Ecologie.ma, L’écureuil de Barbarie, 2013
  14. Marta LĂłpez-Darias, Alexis Ribas, Carlos FeliĂș, 2008 - Helminth parasites in native and invasive mammal populations: comparative study on the Barbary ground squirrel Atlantoxerus getulus L. (Rodentia, Sciuridae) in Morocco and the Canary Islands. Acta Parasitologica, 53, 3 : 296-301
  15. MNHN
  16. Slate.fr - The Root - Slate.com, L'Ă©cureuil de Barbarie, la nouvelle proie des braconniers, 2013
  17. Courrier International, 2013 - Algérie, Un écureuil trop recherché

Voir aussi

Bibliographie

  • Corbet G.B., 1978 - The mammals of the Palaearctic Region: a taxonomic review. British Mus. (Nat. Hist.), London.
  • Gromov et al., 1965 - Fauna SSSR. Mlekopitayushchie, 3, 2. Ground Squirrels (Marmotinae). Nauka, Moscow-Lenningrad.
  • Grzimek B., ed., 1990 - Grzimek’s encyclopedia of mammals. Mc-Graw-Hill, New York.
  • Linnaeus C., 1758 - Systema Naturae per regna tria naturae, secundum classis, ordines, genera, species cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Tenth ed. Vol 1. Laurentii Salvii, Stockholm, 824 p.
  • Forsyth Major C.J., 1893. On some Miocene squirrels, with remarks on the dentition and classification of the Sciurinae. Proc. Zool. Soc. Lond., 179–215.
  • Moore J.C., 1959 - Relationships among the living squirrels of the Sciurinae. Bulletin of the American Museum of Natural History.
  • Nowak N.M. Walker's Mammals of the World. 6th ed. Vol. 2. Baltimore, MD: Johns Hopkins UP, 1999.
  • Thomas O., 1909 - Mr. O. Thomas on the generic arrangement of the African Squirrels. Annals and Magazine of Natural History, ser. 8, 3.467-475.
  • Wilson D E., D.M. Reeder (Eds.), 2005 - Mammal Species of the World. 3e Edition. Johns Hopkins University Press, Baltimore, MD.

Articles connexes

Liens externes

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