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Art safavide

L’appellation art safavide regroupe la production artistique qui a eu lieu en Perse (actuel Iran et partie de l'Irak d'aujourd'hui) durant la dynastie Ă©ponyme, entre 1501 et 1722. Elle marque un apogĂ©e dans l’art du livre et de l’architecture persans alors que les arts mineurs tels que la cĂ©ramique, l’art du mĂ©tal ou le verre ont plus ou moins tendance Ă  pĂ©ricliter. Bien que nourri de culture persane, l’art safavide est fortement influencĂ© par les cultures turkmĂšne (eu Ă©gard aux origines de la dynastie), chinoise, ottomane et occidentale.

Carreau au jeune homme, Iran, XVIIe siÚcle, céramique siliceuse peinte sous glaçure, Moscou, musée d'art oriental

Contexte historique

Shah Ismail, le fondateur de la dynastie des Safavides.
Carte de l’empire safavide.

La dynastie safavide est issue d’une confrĂ©rie turcophone appelĂ©e Safavieh qui apparaĂźt en AzerbaĂŻdjan vers 1301, avec le Shaykh Safi al-Din, qui lui donne son nom. Les Safavides ont largement contribuĂ© Ă  la diffusion du chiisme duodĂ©cimain qui considĂšre le douziĂšme imam cachĂ© comme son dirigeant.

Ce n’est toutefois qu’en 1447 que la dynastie safavide commence Ă  montrer des ambitions politiques, avec la prise de pouvoir de Shaykh Djunayd. Un systĂšme de luttes et d’alliances avec les tribus turkmĂšnes s’instaure, entraĂźnant l’extinction de la dynastie des Qara Qoyunlu rĂ©gnant jusque-lĂ  sur la rĂ©gion de Tabriz, opposĂ©e Ă  celle des Aq Qoyunlu installĂ©s en Anatolie. Haydari, le successeur de Djunayd, Ă©tant rapidement tuĂ©, Shah Ismail, alors ĂągĂ© de douze ans, prend la tĂȘte du mouvement en 1499. Une vigoureuse propagande se met bientĂŽt en place permettant de recruter une armĂ©e. En 1500, ses 7 000 soldats dĂ©font les troupes TurkmĂšnes, fortes de 30 000 hommes, et en 1501, Shah IsmaĂŻl entre Ă  Tabriz au nord-ouest de l’Iran, proclame le rite imĂąmite religion d’État et fait frapper les premiĂšres monnaies Ă  son nom.

L’expansion territoriale s’accĂ©lĂšre vers Bagdad et l’empire ottoman, mais l’arrivĂ©e de Selim Ier Ă  la tĂȘte de l’empire ottoman qui interdit le chiisme, ainsi que la bataille de Çaldiran () marquent un coup d’arrĂȘt. L’armĂ©e safavide ne connaissant pas l’usage des armes Ă  feu[1], subit une cuisante dĂ©faite. Selim Ier entre dans Tabriz — dont il se retire quelques mois plus tard en raison de querelles internes —, et annexe une grande partie du territoire safavide. Shah IsmaĂŻl, dont l’ascendance divine est fortement remise en cause, se retire de la vie politique tandis que les relations avec les TurkmĂšnes Qizilbash se dĂ©gradent. En 1515, l’installation des Portugais Ă  Ormuz amorce un commerce florissant vers l’Europe.

AprĂšs la mort de Shah IsmaĂŻl, son fils de dix ans Shah Tahmasp arrive au pouvoir. Peu brillant sur le plan militaire, il cĂšde la ville de Bagdad Ă  Soliman le Magnifique, transfĂšre sa capitale Ă  Qazvin en 1548 et signe finalement en 1555 le traitĂ© d’Amaziya, qui assure une paix durable. Son rĂšgne, le plus long de toute l’histoire de la Perse, est marquĂ© par la signature vers ses vingt ans d’un « Ă©dit de repentance » qui instaure une religion autoritaire, interdisant la musique, la danse, les boissons alcoolisĂ©es ou encore le haschich.

Un pont de l’époque Safavide Ă  proximitĂ© de Qazvin.

Douze ans de confusion suivent la mort de Tahmasp en 1576, et il faut attendre l’arrivĂ©e de Shah Abbas pour retrouver un calme relatif. Celui-ci signe trĂšs rapidement une paix trĂšs dĂ©favorable avec les Ottomans, pour se donner le temps de mettre sur pied une armĂ©e de ghulams (mercenaires caucasiens, armĂ©niens et gĂ©orgiens). Des ghulams sont Ă©galement intĂ©grĂ©s Ă  une administration centralisĂ©e, occupant les places de TurkmĂšnes jugĂ©s trop remuants[2]. Ces diffĂ©rentes mesures permettent au shah de battre les troupes ouzbĂškes et de reprendre Herat en 1598, puis Bagdad en 1624. Ce rĂšgne, le plus Ă©panoui de la dynastie, donne lieu Ă  un commerce et un art florissants, notamment avec la construction de la nouvelle capitale d’Isfahan.

La pĂ©riode suivant la mort de Shah Abbas est un long dĂ©clin, dĂ» en partie au « systĂšme du harem », qui favorise les intrigues et les manipulations. Le rĂšgne de Shah Safi (r. 1629-1642) se fait remarquer pour sa violence arbitraire et ses reculs territoriaux ; celui de Shah Abbas II marque le dĂ©but de l’intolĂ©rance religieuse envers les dhimmis et notamment les juifs[3], Ă©tat qui se perpĂ©tue sous Shah Sulayman et Shah Husayn. Une rĂ©bellion des Afghans en 1709 conduit finalement Ă  l’extinction de l’empire en 1722.

Architecture et urbanisme

Sous Shah IsmaĂŻl

La tombe de Shaykh Safi à Ardabil et une partie du complexe qui lui est associé.

Si le premier shah safavide poursuit une politique assez intensive de restauration et de conservation dans les grands lieux du chiisme, comme Kerbala (1508), Nadjaf (1508) et Samarra dans l'actuel Irak et Mechhed (1514) dans l’est de l’Iran, etc., perpĂ©tuant ainsi les traditions timourides et turkmĂšnes, son mĂ©cĂ©nat architectural comme constructeur est quasiment nul, ceci sans doute car la conquĂȘte safavide s’est rĂ©alisĂ©e sans destructions majeures. Ainsi, Ă  Tabriz, la nouvelle capitale, tous les monuments turkmĂšnes subsistants pourvoient largement aux besoins du shah et de la cour. C’est nĂ©anmoins bien IsmaĂŻl qui fait de la ville d’Ardabil (nord de l’Iran) un centre dynastique et un lieu de pĂšlerinage, en embellissant le complexe situĂ© autour du tombeau de Shaykh Safi et en y enterrant les restes de son pĂšre en 1509. On lui doit notamment l’édification du Dar al-Hadith, une salle consacrĂ©e Ă  l’étude des hadiths, faisant pendant au vieux dar al-Huffaz, qui servait Ă  rĂ©citer le Coran[4]. C’est sans doute Ă©galement lui qui a planifiĂ© sa propre tombe, mĂȘme si celle-ci a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e peu aprĂšs sa mort. On peut Ă©galement crĂ©diter IsmaĂŻl de la restauration de la masjed-e Jāmeh de Saveh, en 1520, dont la dĂ©coration extĂ©rieure a disparu, mais oĂč le mihrab combine une utilisation du stuc archaĂŻsante et un dĂ©cor dĂ©licat d’arabesques en mosaĂŻque de cĂ©ramique. Une autre mosquĂ©e de Saveh, la masjed-e meydān, a reçu un mihrab similaire, datĂ© par deux inscriptions entre 1510 et 1518.

Dormish Khan Shamlu, beau-frĂšre d’IsmaĂŻl, pallie partiellement ce manque de constructions Ă  partir de 1503. En effet, ce gouverneur d’Ispahan, qui rĂ©side plus souvent Ă  la cour de Tabriz que dans sa ville, en laisse les rĂȘnes Ă  Mirza Shah Hussein Isfahani, le plus grand architecte de l’époque, qui y Ă©difie notamment la tombe de Harun-e Vilayat en 1512-1513[5]. SignalĂ© par un voyageur occidental comme un grand lieu de « pĂšlerinage de Persans » (tant musulmans que juifs et chrĂ©tiens), ce monument est constituĂ© d’une chambre carrĂ©e sous une coupole, ce qui est un plan tout Ă  fait traditionnel. La coupole repose sur un haut tambour, des muqarnas emplissant la zone de passage octogonale. Deux minarets actuellement disparus magnifiaient le grand porche tandis que le dĂ©cor d’hazerbaf et de mosaĂŻques de cĂ©ramique, concentrĂ© sur la façade, restait dans la tradition timouride. La façade, rythmĂ©e par des arcs aveugles, est ainsi unifiĂ©e grĂące au dĂ©cor de fond, comme c’était dĂ©jĂ  le cas Ă  la mosquĂ©e de Yazd. On doit ajouter Ă  ce tombeau la mosquĂ©e masjed-e Ali toute proche, achevĂ©e en 1522 sur ordre du mĂȘme commanditaire.

Sous Shah Tahmasp

Comme son prĂ©dĂ©cesseur, Shah Tahmasp, au dĂ©but de son rĂšgne (1524 - 1555) reste assez peu actif en ce qui concerne le mĂ©cĂ©nat architectural, se contentant de restaurations et d’embellissements, toujours dans la lignĂ©e des grandes dynasties prĂ©cĂ©dentes. Ce sont en particulier les grandes mosquĂ©es de Kerman, Chiraz et Ispahan, et les sanctuaires de Mechhed et d’Ardabil qui bĂ©nĂ©ficient de ses soins. Dans ce dernier lieu, on peut citer la tour funĂ©raire de Shah IsmaĂŻl, peut-ĂȘtre commandĂ©e par celui-ci, mais qui fut sans doute rĂ©alisĂ©e dans les premiĂšres annĂ©es du rĂšgne de Shah Tahmasp, bien qu’aucune date ne soit mentionnĂ©e. Elle est situĂ©e juste Ă  cĂŽtĂ© de la tour funĂ©raire du fondateur de la dynastie et, du fait de cette proximitĂ©, a un diamĂštre assez restreint. Elle semble donc un peu Ă©crasĂ©e par le monument voisin. DĂ©mesurĂ©ment haute, elle contient trois petites coupoles superposĂ©es, et joue sur un dĂ©cor de cĂ©ramique divisĂ© en de nombreux registres pour Ă©viter la monotonie. La couleur jaune de la cĂ©ramique dĂ©corative est, en revanche, un Ă©lĂ©ment totalement nouveau. Toujours Ă  Ardabil, on attribue aussi Ă  Shah Tahmasp le Jannat Sara, un Ă©difice octogonal avec des dĂ©pendances et des jardins trĂšs dĂ©gradĂ© au XVIIIe siĂšcle (et trĂšs restaurĂ©). SituĂ© au nord-est du tombeau, il daterait, selon Morton, des annĂ©es 1536 - 1540[6]. Son utilisation premiĂšre est encore discutĂ©e, car il est mentionnĂ© comme une mosquĂ©e dans les sources europĂ©ennes, mais non dans celles de Perse, ce qui soulĂšve quelques interrogations. Était-il prĂ©vu d’y disposer la tombe de Shah Tahmasp, en fait enterrĂ© Ă  Mechhed ? C’est de cet endroit que proviennent les fameux tapis d’Ardabil [voir plus loin].

On doit aussi Ă  Shah Tahmasp un palais Ă  Tabriz, sa capitale jusqu’en 1555, dont rien n’est conservĂ© sauf une description par le voyageur italien Michele Membre, qui visite Tabriz en 1539. Selon lui, il se composait d’un jardin entourĂ© de murs de pierre et de terre avec deux portes d’un grand meydān Ă  l’est et d’une nouvelle mosquĂ©e.

À la fin du rĂšgne, Tahmasp organise les jardins de Sādatabad. Celui-ci, comme tous les jardins persans, est divisĂ© en quatre par deux allĂ©es perpendiculaires et bordĂ© par un canal, disposition que l’on retrouve notamment dans les tapis-jardins de la mĂȘme Ă©poque. Il contient des bains, quatre marchĂ©s couvert et trois pavillons de plaisance : le Gombad-e Muhabbat, l’Iwan-e Bāgh et le Chehel Sutun. Le nom de ce dernier, Ă©difiĂ© en 1556, signifie « palais aux quarante colonnes », nom qui s’explique par la prĂ©sence de vingt colonnes reflĂ©tĂ©es dans un bassin. Dans la tradition persane, le nombre quarante est frĂ©quemment employĂ© pour signifier une grande quantitĂ©. Cette petite construction Ă  un Ă©tage servait de lieu d’audience, pour les banquets ou Ă  des fins plus privĂ©es. Elle Ă©tait dĂ©corĂ©e des panneaux peints de scĂšnes littĂ©raires persanes, comme l’histoire de Farhad et Shirin, ainsi que de scĂšnes de chasses, de fĂȘtes ou de polo, etc. Des bandes florales entouraient ces panneaux rĂ©alisĂ©s sur des modĂšles de Shah Tahmasp lui-mĂȘme, peintre Ă  ses heures, ou encore de Muzaffar Ali ou Muhammadi, alors employĂ©s dans l’atelier-bibliothĂšque (ketab khaneh) royal.

Dans la ville de Na’in, la maison du gouverneur, bĂątie sur un plan Ă  quatre iwans, prĂ©sente une dĂ©cor Ă©laborĂ© sans doute entre 1565 et 1575[7] selon une technique rare et trĂšs sophistiquĂ©e : sur une couche de peinture rouge, l’artiste a posĂ© un enduit blanc, puis l’a grattĂ© pour laisser apparaĂźtre en silhouette rouge des motifs rappelant ceux de l’art du livre et des tissus. On y trouve des combats d’animaux, des princes en trĂŽne, des scĂšnes littĂ©raires (Khosrow et Shirin, Youssouf et Zouleykha), un jeu de polo, des scĂšnes de chasse, etc. On note que les silhouettes se courbent et que le taj, la coiffure caractĂ©ristique des Safavides au dĂ©but de l’empire a disparu, selon la mode de l’époque. Dans des cartouches sont calligraphiĂ©s des quatrains du poĂšte Hafez.

Sous Shah Abbas

Le rùgne de Shah Abbas marque l’explosion de l’architecture safavide, avec la construction d’une nouvelle Ispahan.

Ispahan

Dessin du meydān de G. Hofsted van Essen, 1703, bibliothÚque de l'Université de Leyde.

Pour la troisiĂšme fois dans l’histoire des Safavides, la capitale de l’empire change sous Shah Abbas : c’est Ispahan, ville plus au centre du royaume que Tabriz ou Qazvin (situĂ©e entre TĂ©hĂ©ran et Tabriz). Une nouvelle capitale est donc mise en place Ă  cĂŽtĂ© de l’ancienne ville, organisĂ©e autour d’un meydān (ou maĂŻdan), qui est ici une grande place de 512 mĂštres de long sur 159 de large. D’un cĂŽtĂ© se trouve la mosquĂ©e du Shah, de l’autre l’oratoire du Shah, dit MosquĂ©e du Cheikh Lotfallah, tandis que le pavillon Ali Qapu ouvre sur une grande allĂ©e de plaisance (Chāhār Bāgh, ou Tchahar Bagh, jardin de la ville) et le grand bazar mĂšne Ă  la vieille mosquĂ©e du Vendredi. Deux ponts traversent la riviĂšre Zayandeh rud, menant au quartier armĂ©nien de la Nouvelle-Djoulfa.

Le Ali Qāpu
Ali Qapu et arcades du meydān, Ispahan, début du XVIIe siÚcle.

Édifice assez haut, ouvrant d’un cĂŽtĂ© sur le meydān et de l’autre sur le Chāhār Bāgh, le pavillon Ali Qapu a sans doute Ă©tĂ© Ă©difiĂ© en deux phases, selon Galieri, qui l’a longuement Ă©tudiĂ©. On y retrouve des traits caractĂ©ristiques de l’architecture persane, comme le goĂ»t pour les proportions deux tiers - un tiers, le portique en partie supĂ©rieure (talār), ou encore le plan cruciforme. Le dĂ©cor rappelle souvent l’art du livre contemporain, avec des nuages chinois, des oiseaux en vol, des arbres fleuris traitĂ©s dans une palette douce. Les salles supĂ©rieure, dites salles de musique, prĂ©sentent un dĂ©cor de petites niches en forme de bouteilles Ă  long col. Le Ali Qāpu servait de porte donnant sur l’allĂ©e processionnelle Ă  l’arriĂšre, mais le Shah s’en servait aussi pour se montrer et observer les jeux de polo et les dĂ©filĂ©s militaires qui avaient rĂ©guliĂšrement lieu sur le meydān.

Le Qaysarieh, ou grand bazar
Entrée du Qaysarieh.

Le grand bazar est raccordĂ© Ă  l’ancien marchĂ© d’un cĂŽtĂ© et au meydān de l’autre. Du cĂŽtĂ© ouvrant sur le meydān, sa haute voĂ»te aux arĂȘtes saillantes enserre une structure Ă  plusieurs Ă©tages, dont la partie supĂ©rieure Ă©tait rĂ©servĂ©e Ă  l’orchestre du Shah tandis qu’au-dessous se trouvaient les Ă©choppes et les habitations, disposĂ©es selon les mĂ©tiers. Un dĂ©cor en mosaĂŻque de cĂ©ramique tĂ©moigne de l’intĂ©rĂȘt que portait le Shah Ă  l’architecture civile autant qu’à l'architecture religieuse ou de plaisance.

La mosquée du Cheikh Lotfallah, ou oratoire du Shah
Mosquée du Cheikh Lotfallah, vers 1618-1618, Ispahan, intérieur.

Cette mosquĂ©e fut la premiĂšre construite dans la nouvelle Ispahan, avant la grande mosquĂ©e du Shah. Son chantier s’étira sur seize longues annĂ©es, mais deux dates (1616 sur le dĂŽme et 1618 dans le mihrab) tendent Ă  dĂ©montrer qu’elle fut achevĂ©e vers 1618. L’architecte Ă©tait Muhammad Riza ibn Husayn, et le calligraphe, peut-ĂȘtre Ali Riza al-Abbassi, trĂšs grand miniaturiste.

Le plan de cette mosquĂ©e est assez peu commun, avec une entrĂ©e en chicane volontairement sombre qui mĂšne Ă  une salle de priĂšre entiĂšrement couverte d’un dĂŽme et ouverte par un grand portail. L’absence de cour est notable. Le dĂ©cor est constituĂ© de lambris de marbre jaune, de niches mĂ©nagĂ©es dans les cĂŽtĂ©s avec de riches stalactites, et d’un revĂȘtement de cĂ©ramique. La palette du dĂŽme extĂ©rieur est trĂšs singuliĂšre, dominĂ©e par la couleur de la terre.

La mosquée du Shah
Entrée de la mosquée du Shah.

La mosquĂ©e du Shah fut Ă©difiĂ©e entre 1612 et 1630 sous la direction des architectes Muhibb al-Din Ali Kula et Ustad Ali Akbar Isfahani. Ses dimensions sont colossales : 140 mĂštres par 130, ce qui constitue une surface au sol de 18 000 mĂštres carrĂ©s. Le plan est cependant beaucoup plus orthodoxe que celui de la mosquĂ©e du Shaykh Lutfallah : il s’agit d’une mosquĂ©e rigoureusement symĂ©trique, Ă  quatre iwans et deux coupoles, des minarets s’élevant devant la salle de priĂšre. De part et d’autre du bĂątiment se trouvent deux madrasa.

Le plan du bĂątiment, comme son dĂ©cor, tĂ©moigne d’une grande cohĂ©rence. Les revĂȘtements de cĂ©ramique recouvrent toute la surface des murs, mais le revers des iwans est souvent nĂ©gligĂ© au profit de la façade. La couleur dominante est le bleu, qui forme quasiment un « manteau bleu » et donne une unitĂ© Ă  l’ensemble. Des rapprochements avec l’art du livre peuvent ĂȘtre effectuĂ©s.

Le pont Allahverdi-khan
Pont Allaverdikhan de nuit.

Datable de 1608, ce pont fut Ă©rigĂ© par ordre du premier ministre gĂ©orgien de Shah Abbas[8]. Il se place dans la continuitĂ© du Chāhār Bāgh[9]. Avec ses arcades, dans les cĂŽtĂ©s et dans la base, il offre ainsi une possibilitĂ© de promenade Ă  plusieurs niveaux, selon la hauteur de l’eau. Il sert Ă©videmment de lieu de passage, mais aussi de barrage, pour rĂ©guler le cours du fleuve. En le traversant, l’eau donne lieu Ă  un effet de grande fontaine grĂące aux emmarchements. À cĂŽtĂ© se trouve un talār, le kiosque des miroirs, d’oĂč le souverain pouvait observer le fleuve.

Le Chehel Sotoun

Le Chehel Sotoun, 1647-48 ?, Ispahan.

Ce bĂątiment, dont la datation reste trĂšs discutĂ©e, a sans doute Ă©tĂ© Ă©levĂ© sous le rĂšgne de Shah Abbas II, puis redĂ©corĂ© dans les annĂ©es 1870. Selon un poĂšme inscrit sur l’édifice et un autre de Muhammad Ali Sahib Tabrizi, il aurait Ă©tĂ© bĂąti en 1647-1648, et si certains chercheurs pensent que cet Ă©difice a Ă©tĂ© construit en plusieurs Ă©tapes, la plupart inclinent Ă  penser qu’il fut construit en un seul jet, car il est assez cohĂ©rent[10]. Il s’agit d’un Ă©difice rectangulaire, comportant des colonnes qui se reflĂštent dans des bassins (chehel sotoun signifie « quarante colonnes » en persan).

Fresque du Chehel Sotoun : Shah Abbas Ier recevant Vali Nadr Muhammad Khan.

Le Chehel Sotoun est dĂ©corĂ© de grandes peintures historiques, exaltant la magnanimitĂ© ou le courage guerrier des diffĂ©rents grands souverains de la dynastie : scĂšne de bataille avec Shah IsmaĂŻl, le sultan moghol HumĂąyĂ»n est reçu par Shah Tahmasp, puis Vali Nadr Muhammad Khan, souverain de Boukhara entre 1605 et 1608, par Shah Abbas Ier, et enfin, on trouve une Ă©vocation de la prise de Kandahar par Shah Abbas II, qui doit ĂȘtre plus tardive, la ville n’étant tombĂ©e qu’en 1649. Dans les salles secondaires se trouvent Ă©galement de nombreuses scĂšnes galantes et des personnages en pied. On note dans le dĂ©cor des influences occidentales (ouverture sur un paysage, similaritĂ©s avec le quartier armĂ©nien)[11] et indiennes (cheval reprĂ©sentĂ© teint au hennĂ©, iwans couverts de miroirs).

Le pont Khwaju

DeuxiĂšme grand pont d’Ispahan, Ă©difiĂ© cinquante ans aprĂšs le Pol-e Allahverdikhan, le pont Khwaju prĂ©sente une structure identique et lĂ©gĂšrement complexifiĂ©e, avec des brise-flots en Ă©ventail, permettant des effets d’eau plus spectaculaires.

La fin de la période

Plafond du Hasht Behesht, Ispahan.

On peut encore Ă©voquer deux bĂątiments d’Ispahan, datant de l’époque safavide tardive. Le Hasht Behesht (les « huit paradis »), est constituĂ© d’un pavillon comportant huit petites entitĂ©s disposĂ©es autour d’une grande salle sous coupole Ă  quatre iwans. De petites voĂ»tes couronnent les salles secondaires, dĂ©corĂ©es de miroirs qui rendent les surfaces mouvantes. Le dĂ©cor extĂ©rieur, en cĂ©ramique, est remarquable par l’emploi extensif du jaune. On situe cet Ă©difice dans les annĂ©es 1671.

Porte dans la madreseh Mādar-e Shah, Ispahan.

La 'madreseh Mādar-e Shah', ou madreseh de la mĂšre du Shah, se trouve sur le Chāhār Bāgh et est datĂ©e de 1706-1714. Elle n’apporte aucune nouveautĂ© architecturale, et Ă  ce titre, Ă©voque bien la stagnation relative de l’architecture Ă  cette Ă©poque : un plan Ă  quatre iwans et un dĂŽme rappelant la mosquĂ©e du Shah constituent la majeure partie de ses Ă©lĂ©ments architectoniques. Le dĂ©cor, trĂšs gĂ©omĂ©trisĂ©, est par contre un peu diffĂ©rent des dĂ©cors du XVIIe siĂšcle, par une palette oĂč dominent le jaune, le vert et l’or, et un rĂ©seau vĂ©gĂ©tal plus dense que dans la mosquĂ©e du Shah.

Art mobilier

Sous Shah Ismail et Shah Tahmasp

Plat aux deux grenades, v. 1500, musée du Louvre.

L’étude et la datation de la cĂ©ramique sous Shah Ismail et Shah Tahmasp est difficile car il existe peu de piĂšces datĂ©es ou mentionnant un lieu de production. On sait aussi que les personnages les plus puissants prĂ©fĂ©raient de loin la porcelaine chinoise Ă  la production de cĂ©ramique locale. Plusieurs emplacements d’ateliers ont pourtant pu ĂȘtre identifiĂ©s, sans certitude cependant :

Les cinq premiers semblent plus assurĂ©s que les quatre suivants, ayant Ă©tĂ© citĂ©s dans des sources, mais aucun n’est absolument certain.

En gĂ©nĂ©ral, les dĂ©cors tendent Ă  imiter ceux de la porcelaine chinoise, avec la production de piĂšces bleues et blanches Ă  forme et motifs sinisants (marli chantournĂ©, nuages tchi, dragons, etc.) Toutefois, le bleu persan se distingue du bleu de Chine par ses nuances plus nombreuses et subtiles. Souvent, des quatrains poĂ©tiques persans, parfois en relation avec la destination de la piĂšce (allusion au vin pour une coupe, par exemple) prennent place dans des cartouches. On peut aussi signaler un tout autre type de dĂ©cor, beaucoup plus rare, qui comporte des iconographies trĂšs spĂ©cifiques Ă  l’islam (zodiaque islamique, Ă©cailles, arabesques) et semble influencĂ© par le monde ottoman, comme en tĂ©moignent des palmettes effilĂ©es, dites palmettes rumies, trĂšs utilisĂ©es en Turquie.

De nombreux types de piĂšces sont produites : coupes, plats, bouteilles a long col, crachoirs, etc. Des gourdes, avec un goulot trĂšs petit et une panse plate d’un cĂŽtĂ© et fortement ventrue de l’autre, peuvent ĂȘtre signalĂ©es : un exemplaire se trouve au Victoria and Albert Museum, un autre Ă  l’Ermitage.

Entre le rùgne de Shah Abbas et la fin de l’empire

Plat au dragon, XVIIe siÚcle, musée du Louvre.

Selon les céramiques pétrographiques, on peut distinguer quatre groupes, chacun lié à un lieu de production :

  • Lias
  • Mashhad
  • Tabriz (centre qui reste hypothĂ©tique, peut-ĂȘtre avec un atelier suscitĂ© par le mĂ©cĂ©nat royal)
  • un centre non identifiĂ©, qui produit des bleus et blancs imitant la cĂ©ramique wanli (kraak porselein)

Avec la fermeture du marchĂ© chinois en 1659, la cĂ©ramique persane prend un nouvel essor, afin de combler les besoins europĂ©ens. L’apparition de fausses marques d’atelier chinois au dos de certaines cĂ©ramiques marque le goĂ»t qui se dĂ©veloppe alors en Europe pour les porcelaines extrĂȘme-orientales, satisfait en grande partie par des productions safavides qui imitent, en particulier, la porcelaine kraak. Cette nouvelle destination entraĂźne l’utilisation toujours plus grande d’une iconographie chinoise et exotique (Ă©lĂ©phants) et l’arrivĂ©e de nouvelles formes, parfois Ă©tonnantes (ghelyan, plats octogonaux, objet zoomorphes).

Dans le mĂȘme temps, de nouvelles figures apparaissent, influencĂ©es par l’art du livre : jeunes Ă©chansons Ă©lĂ©gants, jeunes femmes Ă  la silhouette courbe ou encore cyprĂšs entremĂȘlant leurs branches, qui rappellent les peintures de Riza ’Abbasi. On note l’utilisation de trĂšs beaux jaunes, et de la technique du lustre encore prĂ©sente sur quelques piĂšces aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles.

Un cas à part : la céramique de Kubacha

CĂ©ramique de Kubacha : Carreau au jeune homme, Kubatcha, XVIIe siĂšcle.

La dĂ©couverte, sur les murs des maisons de Kubacha, de cĂ©ramiques accrochĂ©es aux murs des maisons au style trĂšs homogĂšne a rapidement conduit les historiens d’art Ă  penser qu’il existait un centre de production dans la ville. Cette interprĂ©tation fut toutefois contestĂ©e par Arthur Lane et beaucoup d’autres aprĂšs lui, et semble aujourd’hui erronĂ©e.

Cette série est produite sur trois siÚcles, au cours desquels elle évolue beaucoup, mais conserve toujours un trou dans les bases destiné à la suspension de ces piÚces. Schématiquement, on peut distinguer trois époques :

  • au XVe siĂšcle, une bichromie entre glaçure verte et motifs peints en noir ;
  • au XVIe siĂšcle, une bichromie entre glaçure turquoise et motifs toujours noirs ;
  • au XVIIIe siĂšcle, des piĂšces polychromes (cobalt, rouge terne, jaune orangĂ©), avec des influences de l’art du livre, ottomanes et indiennes.

La sĂ©rie des Kubacha reste encore trĂšs mystĂ©rieuse, et de nombreux centres de production ont Ă©tĂ© proposĂ©s sans qu’aucun ne se dĂ©gage vraiment.

L’art du mĂ©tal

AiguiÚre. Bronze coulé, Iran, XVIe siÚcle. Musée du Louvre.

L’art du mĂ©tal subit un dĂ©clin progressif lors de la dynastie safavide, et reste difficile Ă  Ă©tudier, notamment en raison du faible nombre de piĂšces datĂ©es.

Sous Shah IsmaĂŻl, on note une perpĂ©tuation des formes et des dĂ©cors d’incrustation timurides : motifs de mandorles, de shamsa (soleils) et de nuages tchi se retrouvent sur des encriers en forme de mausolĂ©e ou des pichets de forme globulaire rappelant celui d’Ulugh Beg en jade.

Sous Shah Tahmasp, l’incrustation disparaĂźt rapidement, comme en tĂ©moigne un groupe de chandeliers en forme de pilier. Par contre, on remarque l’apparition de pĂątes colorĂ©es (rouges, noires, vertes) pour remplacer la polychromie autrefois donnĂ©e par les incrustations d’argent et d’or. On note aussi le dĂ©but du travail de l’acier, en particulier par ajourages, pour rĂ©aliser des Ă©lĂ©ments de placage de porte et d’étendards.

Le travail des pierres dures

On connaĂźt plusieurs objets en pierre dure, datables le plus souvent du XVIe siĂšcle. Il existe ainsi une sĂ©rie de pichets Ă  la panse globulaire, montĂ©s sur une petite base annulaire et portant un col large et court, dont deux (un en jade noir incrustĂ© d’or, l’autre en jade blanc) sont inscrits au nom d’Ismail Ier. L’anse prend une forme de dragon, ce qui trahit une influence chinoise, mais ce type de pichet vient en fait directement de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente : le prototype en est le pichet d’Ulugh Beg. On connaĂźt aussi des coupes et des manches de couteau en jade, souvent incrustĂ©s de fils d’or et gravĂ©s.

La pierre dure sert aussi Ă  crĂ©er des cabochons pour les incruster dans des objets de mĂ©tal, comme la grande bouteille de zinc incrustĂ©e d’or, de rubis et de turquoises datable du rĂšgne d’Ismail et conservĂ©e au musĂ©e de Topkapi Ă  Istanbul.

Le tapis

Article connexe : Tapis persan

DĂ©tail d’un coin du tapis de Mantes, conservĂ© au musĂ©e du Louvre.

De nombreux tapis (entre 1500 et 2000) ont Ă©tĂ© conservĂ©s depuis la pĂ©riode safavide, mais la datation et l’établissement de la provenance de ces tapis restent trĂšs difficiles. Les inscriptions sont une indication prĂ©cieuse pour dĂ©terminer les artisans, les lieux de fabrication, les commanditaires, etc. De plus, une fois qu’un tapis a Ă©tĂ© fabriquĂ© et est restĂ© dans un endroit prĂ©cis, il permet d’identifier les autres piĂšces qui lui sont relatives.

Il est gĂ©nĂ©ralement acceptĂ© parmi les spĂ©cialistes que ce sont les Safavides qui ont fait passer le tapis d’une production artisanale assurĂ©e par des tribus nomades au statut d’« industrie nationale » dont les produits Ă©taient exportĂ©s en Inde, dans l’Empire ottoman et en Europe[12]. L’exportation du tapis a Ă©tĂ© florissante Ă  la pĂ©riode safavide vers l’Europe (parfois via la colonie portugaise de Goa[13]) et vers l’empire moghol, oĂč les tapis persans ont stimulĂ© la production locale. Quelques tapis safavides ont aussi Ă©tĂ© transportĂ©s par la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes orientales vers Batavia, Ceylan, la Malaisie, Cochin ainsi que vers les Provinces-Unies mĂȘme. Des commandes europĂ©ennes Ă©taient passĂ©es en Perse pour le tissage de tapis spĂ©ciaux : par exemple, le groupe des « tapis polonais » a sans doutĂ© Ă©tĂ© nouĂ© Ă  Ispahan, mais certains portent les armes de Pologne.

Sur la base de rĂ©cits de voyageurs et d’autres sources textuelles[14], il apparaĂźt que des ateliers de tapis royaux existaient Ă  Ispahan, Kashan et Kerman. Ces ateliers produisaient des tapis pour les palais et mosquĂ©es du Shah, mais aussi pour ĂȘtre offerts aux monarques voisins ou aux dignitaires Ă©trangers, ou encore rĂ©aliser des piĂšces sur commande de la noblesse ou d’autres citoyens. Le commanditaire versait alors du capital sous forme de matiĂšres premiĂšres et versait un salaire aux artisans pendant la durĂ©e du nouage.

Le dĂ©veloppement rapide de l’industrie du tapis en Perse Ă  l’époque safavide semble ĂȘtre dĂ» au goĂ»t des souverains pour cet artisanat. IsmaĂŻl Ier puis Shah Tahmasp et Shah Abbas le Grand sont connus pour avoir Ă©tĂ© personnellement intĂ©ressĂ©s par la production des tapis. On a mĂȘme supposĂ© que les deux derniers souverains citĂ©s se soient personnellement investis dans la production de tapis, notamment par le dessin des motifs[15]. Au cours de leur rĂšgne, les productions de tapis persan ont Ă©tĂ© les plus importantes de toute l’époque safavide.

C’est Ă  cette Ă©poque et plus particuliĂšrement Ă  partir de Shah Tahmasp (1523-1576) que sont crĂ©Ă©s les premiers tapis Ă  dĂ©cors floraux, afin de satisfaire les goĂ»ts des Safavides. La diffĂ©rence entre les tapis des nomades et les tapis floraux est due au rĂŽle du « maĂźtre » (ostad). C’est lui qui dessine le carton qui sera reproduit par les noueurs. Les dessins des tapis des nomades sont, eux, transmis par la tradition

La fabrication des tapis est fortement soumise Ă  la tutelle de l’atelier royal d’art du livre, qui en fournit les modĂšles. C’est ainsi qu’en les comparant Ă  des reliures et Ă  des enluminures, les spĂ©cialistes ont pu dĂ©terminer une Ă©volution stylistique. Ainsi, la plupart des tapis produits au XVIe siĂšcle, c’est-Ă -dire principalement sous Shah Isma’il et Shah Tahmasp sont dits « Ă  mĂ©daillon » car ils sont organisĂ©s autour d’un grand mĂ©daillon central polylobĂ©, dit parfois Shamsa, c’est-Ă -dire soleil, et les Ă©coinçons portent chacun un quart de mĂ©daillon qui rappelle fortement celui du centre. Les tapis de ce type les plus cĂ©lĂšbres sont la paire de tapis dits d’ArdĂ©bil, dont l’un, conservĂ© au Victoria and Albert Museum, est datĂ© de 946 de l’HĂ©gire, soit 1539 — 40 de l’ùre chrĂ©tienne et signĂ© « l’Ɠuvre de l’humble serviteur de la cour Mahmud Kashani »[16].

À partir de la fin du XVIe et du dĂ©but du XVIIe siĂšcle, soit avec l’avĂšnement de shah Abbas, le mĂ©daillon tend Ă  disparaĂźtre, alors que les Ă©coinçons ont dĂ©jĂ  pu ĂȘtre Ă©liminĂ©s dĂšs la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle, comme le prouve le tapis de Mantes. C’est la floraison des « tapis-vases », qui, comme leur nom l’indique, prĂ©sentent un vase d’oĂč jaillit une composition florale. Le jardin, qui est associĂ© au paradis[17] donne Ă©galement lieu Ă  un type de composition qui apparaĂźt dĂšs le XVIIe siĂšcle en Perse afin d’imiter les jardins des Shah, divisĂ©s en parcelles rectangulaires ou carrĂ©es par des allĂ©es et des canaux d’irrigation (chahar bāgh)[18].

On peut trouver aussi des tapis Ă  thĂšme cynĂ©gĂ©tique : la chasse est une activitĂ© prisĂ©e des Shah, requĂ©rant adresse, force et connaissance de la nature. Ce thĂšme est Ă©galement liĂ© au paradis et aux activitĂ©s spirituelles, puisque la chasse se dĂ©roule souvent dans une nature qui peut rappeler les jardins du paradis. L’un des plus fins est sans doute le tapis vraisemblablement tabrizi actuellement conservĂ© au musĂ©e Poldi Pezzoli Ă  Milan et datĂ© de 1542 - 1543. Le tapis de Mantes, datĂ© de la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIe siĂšcle et conservĂ© au musĂ©e du Louvre, est Ă©galement Ă  ce titre exemplaire.

La ville de Kashan quant Ă  elle se distingue par une production assez particuliĂšre de tapis relativement petits et entiĂšrement de soie Ă  fond rouge ou bleu oĂč se battent des animaux fantastiques hĂ©ritĂ©s du bestiaire chinois (kilins, dragons, phĂ©nix). Comme dans les grands tapis, ceux du XVIe siĂšcle prĂ©sentent un mĂ©daillon (tapis de la Fondation Gulbenkian), qui disparaĂźt au siĂšcle suivant. Le musĂ©e du Louvre et le Metropolitan Museum en conservent chacun un exemplaire au champ libre[19].

L’art du livre

ScÚne de bataille entre Timur et le roi égyptien, Behzad, 1515. conservé au Palais du Golestan à Téhéran.

Sous le rĂšgne des Safavides, l’art du livre constitue le moteur essentiel des arts. Le ketab khaneh, l’atelier-bibliothĂšque royal, fournit la plus grande partie des modĂšles de motifs pour les objets : tapis, cĂ©ramique ou mĂ©taux lui sont soumis.

Plusieurs types de livres sont copiĂ©s, enluminĂ©s, reliĂ©s et parfois illustrĂ©s : des livres religieux — Corans, mais aussi commentaires du texte sacrĂ© et ouvrages thĂ©ologiques — et des livres de littĂ©rature persane — Shah nama, Khamsa de Nizami, Jami al-tawarikh de Rashid al-Din, Timur nāmeh —, des encyclopĂ©dies et des traitĂ©s scientifiques de soufis. Le papier, invention chinoise arrivĂ©e trĂšs tĂŽt en Iran (VIIIe siĂšcle), est toujours employĂ©. On note l’emploi frĂ©quent de papiers colorĂ©s. Vers 1540 apparaĂźt aussi un papier marbrĂ©, qui disparaĂźt cependant assez rapidement.

Les reliures sont pour la plupart rĂ©alisĂ©es en maroquin teintĂ©, et de trĂšs belle qualitĂ©. Elles peuvent ĂȘtre dorĂ©s et estampĂ©es de motifs gĂ©omĂ©triques, floraux ou figuratifs ou encore rehaussĂ©e de couleur bleue. Dans la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle, on ajoure le cuir pour laisser apparaĂźtre au-dessous des feuilles de papier ou de soie colorĂ©es. À la mĂȘme Ă©poque, Ă  Shiraz, apparaĂźt la reliure laquĂ©e, qui reste cependant trĂšs rare et trĂšs estimĂ©e en Iran.

Le dĂ©cor des marges peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© de diffĂ©rentes maniĂšres : elles sont parfois encartĂ©es, c’est-Ă -dire insĂ©rĂ©es dans un papier diffĂ©rent (tradition qui apparaĂźt dĂšs le XVe siĂšcle), sablĂ©e d’or, d’aprĂšs une habitude chinoise, ou encore peinte en couleurs ou Ă  l’or.

Les styles des illustrations varient beaucoup d’un manuscrit Ă  l’autre, selon les pĂ©riodes et les centres de production.

1501-1550 : l’hĂ©ritage

Reliure en papier mùché laqué : ScÚne de divertissement princier, XVIe siÚcle, musée du Louvre.
Sultan Muhammad, Miraj (ascension de Mahomet vers le paradis sur son ùne burāq) dans un Khamseh de Nizami daté de 1539-43.

Trois centres sont actifs à cette période :

Tabriz, capitale de l’empire safavide entre 1501 et 1548, remploie elle aussi les artistes du ketab khaneh Aq Qoyunlu. Les illustrations dĂ©notent un double hĂ©ritage : celui des Aq Qoyonlu et des Timurides. Celui-ci est favorisĂ© par la prise de Herat en 1501, mais ne se manifeste vraiment que dans les annĂ©es 1525. Les diffĂ©rents directeurs du ketab khaneh sont :

De nombreux grands peintres, comme Aqa Mirak, Mir Sayyid Ali ou encore Doust Mohammad sont employĂ©s alors par l’atelier-bibliothĂšque, et produisent de grands manuscrits royaux. Le premier dont on ait une trace est le ShĂąh NĂąmeh inachevĂ© commandĂ© par IsmaĂŻl pour son fils Tahmasp, pour lequel seulement quatre peintures ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es dont Raksh dĂ©fendant Rustam endormi[22]. Cette derniĂšre est sans doute l’une des pages les plus cĂ©lĂšbres de la peinture safavide, qui montre encore la forte prĂ©gnance de l’art turkmĂšne dans le traitement de la vĂ©gĂ©tation trĂšs dense, comme un tapis, et dans les maladresses de perspectives. On pense que c’est lorsque Shah Tahmasp revient Ă  Tabriz en 1522 que sa rĂ©alisation cesse vers 1522, alors que, pĂ©tri de l’influence de ses maĂźtres Behzad et Sultan Muhammad, il met en route la rĂ©alisation de son Grand Shah Nameh de Shah Tahmasp[23]. Il commande aussi d’autres Ɠuvres exceptionnelles, telles un Khamsa et un Iskandar Nāmeh. D’autres mĂ©cĂšnes emploient les artistes du ketab khaneh royal : le prince Barham Mirza (1517-1549) se fait ainsi constituer un album (muhaqqa) par le peintre Doust Mohammad.

L’art de la calligraphie est alors dominĂ© par un homme trĂšs important, surnommĂ© « Zarrin Qalam », c’est-Ă -dire « calame d’or », qui excelle dans les six calligraphies canoniques.

L’influence des ateliers royaux de Tabriz est extrĂȘmement importante, et les manuscrits non royaux, enluminĂ©s et illustrĂ©s se diffusent dans tout l’empire, marquant les centres provinciaux comme celui de Chiraz.

Chiraz est la capitale du Fars (noyau de la Perse) et une ville provinciale du sud de l’Iran trĂšs active. Les artistes sont toujours les mĂȘmes que ceux employĂ©s par les Aq Qoyunlu, et produisent des volumes de petits formats, copies de Corans et de grands textes poĂ©tiques, destinĂ©s pour la plupart au commerce vers l’empire ottoman (Syrie, Égypte). MalgrĂ© le blocus imposĂ© par cet empire en 1512, la production ne faiblit pas, ce qui laisse Ă  penser qu’elle se tourne vers d’autres acheteurs encore mal identifiĂ©s, Ă©tant donnĂ© l’absence de mĂ©cĂ©nat local. Sous l’influence de Tabriz, on note des Ă©volutions entre 1501 et 1525 : les silhouettes deviennent plus Ă©lancĂ©es, la taj, le bonnet qizilbash caractĂ©ristique, avec un bĂąton rouge et douze plis correspondants aux douze imams du chiisme duodĂ©cimain, apparaĂźt. À partir de 1525, les ateliers de Chiraz ne produisent plus que des copies des Ɠuvres des ateliers royaux de Tabriz, puis de Qazvin et Ispahan.

Boukhara n’est pas Ă  proprement parler une ville d'art safavide, Ă©tant donnĂ© que la ville est au centre d’un État indĂ©pendant dirigĂ© par la dynastie ouzbĂške des Chaybanides entre 1500 et 1598. Mais le nomadisme des artistes, dĂ» aux frĂ©quents changements politiques et au nomadisme des souverains, implique des influences notables de la part des villes safavides. Les manuscrits de cette Ă©cole sont caractĂ©risĂ©s par leurs marges richement dĂ©corĂ©es avec la technique de l’encartage. Leurs reliures possĂšdent un contre-plat avec un grand dĂ©cor de cuir ajourĂ© et un plat avec de grandes plaques rectangulaires Ă  motifs animaliers ou Ă  arabesques, selon l’ancienne tradition timouride. Les peintures utilisent une palette harmonieuse, avec des compositions aĂ©rĂ©es, mais l’absence de modĂšles nouveaux et la rĂ©pĂ©tition de poncifs donne l'impression d'une certaine sĂ©cheresse.

L’école de Boukhara connaĂźt son apogĂ©e entre 1530 et 1550, et influencera directement l’art moghol.

1550-1600 : période de transition

Représentation de Shirin et Farhad par Vahshi Bùfqi, Nastaliq, non signée, 1588. Conservé au Musée national d'Iran.

Les annĂ©es 1550-1600 sont marquĂ©es par de nombreux changements dans l’organisation de l’empire et donc de la production de livres chez les Safavides. Avec le transfert de la capitale en 1548, l’atelier royal se dĂ©place, et c’est Qazvin qui prend la suite de la production royale. Toutefois, les centres provinciaux comme celui de Shiraz (au sud) ou du Khorasan (Ă  l’est de l’Iran) continuent de produire des manuscrits plus ou moins riches.

Avec le transfert, en 1548, de la capitale de Tabriz Ă  Qazvin, le ketab khaneh est en grande partie dĂ©mantelĂ©, Ă  la suite des Ă©dits de repentance Ă©ditĂ©s par le Shah pour des raisons religieuses et Ă©conomiques. Les artistes fuient vers les cours provinciales ou Ă©trangĂšres (moghole et ottomane). Seul Aqa Mirak rĂ©siste Ă  cette sĂ©rie de dĂ©parts[24]. D’autres artistes, comme Siavush Beg le GĂ©orgien ou Sadiqi Beg prennent la place de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente. De nouveaux grands calligraphes, tels Mir Ali ou Malik Dayalami apparaissent et donnent naissance Ă  la « rĂšgle des deux calames », qui dĂ©finit des rĂšgles identiques pour la calligraphie et la peinture. L’enluminure et la reliure Ă©voluent en parallĂšle de l’art du tapis, Ă©tant donnĂ© que les cartons utilisĂ©s sont identiques. Dans les manuscrits, les peintures sont le plus souvent des doubles pages sans lien avec le texte, tandis que les images d’échanson, de jeunes femmes, de princes ou encore de derviches remplissent les albums (muhaqqa).

Si la fin du rĂšgne de Shah Tahmasp est peu fructueuse (on connaĂźt pourtant un Fāl Nāmeh datant de ces annĂ©es avec les signatures d’Aqa Mirak et Abd al-Aziz), Shah Ismail II (r. 1576-77) exerce une influence bĂ©nĂ©fique, commandant un grand Shah Nāmeh et un Ajayibnāmeh (livre des merveilles). Malheureusement, son rĂšgne court empĂȘche une rĂ©elle renaissance, mĂȘme s’il pose de nouvelles bases, marquant le dĂ©but de la multiplication des pages d’albums. Son successeur, Shah Muhammad Khudabandeh, Ă©tant aveugle, il s’intĂ©resse peu aux livres, et casse ainsi la reprise amorcĂ©e. La recrudescence de l’art du livre royal n’aura lieu que partiellement sous Saha Abbas Ier le Grand, qui commande, comme c’était la tradition, semble-t-il, un grand Shah Nāmeh avant le transfert de la cour Ă  Isfahan.

L’atelier provincial de Shiraz reste florissant jusqu’en 1620, mais continue le plus souvent Ă  recopier des modĂšles issus des ateliers royaux de Tabriz puis de Qazvin et du Khorasan. Le dĂ©cor est foisonnant, l’illustration trĂšs abondante dans les manuscrits et les couleurs Ă©clatantes, quoique peu variĂ©es. Le dessin, fin, reprĂ©sente des personnages aux visages ronds et aux nez allongĂ©s. L’enluminure reste trĂšs rĂ©pĂ©titive, et les calligraphies, le plus souvent en nastaliq, se copient les unes les autres. La plupart des manuscrits ne sont pas signĂ©s.

Les ateliers dits du Khorassan se situent Ă  Herat et dans le district de Bakharz. Sous le mĂ©cĂ©nat du frĂšre de Braham Mirza, Ibrahim Mirza, Ă  partir de 1565, ils concurrencent l’école de Qazvin avec l’emploi d’artistes comme Shaykh Muhammad, Muzaffar Ali ou Muhammadi, spĂ©cialisĂ©s dans les dessins. Le manuscrit le plus cĂ©lĂšbre sorti de ces ateliers est un exemplaire des Haft Awrang (Sept trĂŽnes) de Jami, et se dĂ©marque par sa profonde originalitĂ© des productions des ateliers officiels.

1600-1660 : le dĂ©clin des manuscrits enluminĂ©s et le dĂ©veloppement d’un genre spĂ©cifique : la page d’album

Reza Abbasi, Les Amants (Abbasi) (1630)
Riza ’Abbasi, Jeune prince et derviche, second quart du XVIIe siùcle, Metropolitan Museum.
Une page d’album : Jeune fille au bonnet de fourrure, signĂ©e par Muhammad ‘AlĂź. Ispahan, milieu du XVIIe siĂšcle, musĂ©e du Louvre.

Au cours des rĂšgnes de Shah Abbas Ier et Shah Safi, le nombre de manuscrits enluminĂ©s et illustrĂ©s baisse beaucoup, laissant place Ă  un nouveau type d’art du livre : la page d’album. Les albums, ou muhaqqa, sont composĂ©s le plus souvent sous la direction d’un peintre ou d’un calligraphe, et regroupent des pages d’artistes diffĂ©rents en juxtaposant dessins, calligraphies voire miniatures anciennes. Reza Abbasi, qui dirige le ketab khaneh entre 1597 et 1635 (celui-ci Ă©tant transfĂ©rĂ©, en 1602, Ă  Ispahan), est sans doute le plus grand reprĂ©sentant de ce genre. Les personnages de ces pages d’albums ont souvent des silhouettes allongĂ©es, avec des tĂȘtes petites et arrondies. Les sujets peuvent ĂȘtre des courtisans, les Ă©chansons Ă©tant privilĂ©giĂ©s, mais aussi des paysans ou des derviches. Alors que Reza rĂ©siste jusqu’à sa mort, en 1635, Ă  l’influence europĂ©enne, d’autres artistes n’hĂ©sitent pas Ă  s’inspirer voire Ă  reproduire les gravures apportĂ©es par les marchands nĂ©erlandais. D’autres grands peintres d’albums de cette pĂ©riode sont des disciples de Reza, ayant probablement Ă©tudiĂ© avec lui, Mo’in Musavvir, Mohammad Qasim et Muhammad Ali ou encore son fils Safi Abbassi, connu pour ses peintures d’oiseaux[25].

Ce goĂ»t pour l’album ne met pas fin pour autant entiĂšrement aux manuscrits Ă  peintures : le Shah Nāmeh pour Shah Abbas, les deux Divan de Navai ou encore le manuscrit de Khosrow et Shirin (1632, Victoria and Albert Museum) constituent autant d’exemples de la perpĂ©tuation de cette tradition, que les ateliers provinciaux abandonnent d’ailleurs moins facilement que le ketab khaneh royal. L’école de Herat, notamment, produit rĂ©guliĂšrement des copies des grands textes persans illustrĂ©s.

1660-1722 : la fin des manuscrits illustrés

La halte de nuit de Mohammad Zaman.

Avec l’émergence de Ali Qoli Djebbeh Dar et de Mohammad Zaman, deux peintres trĂšs europĂ©anisants, la part du livre illustrĂ© dans l’art du livre chute encore. Une grande activitĂ© de calligraphie et d’enluminure se met en Ɠuvre, avec un vĂ©ritable regain d’intĂ©rĂȘt pour la premiĂšre et un style foisonnant trĂšs fin et trĂšs riche en Ă©lĂ©ments vĂ©gĂ©taux pour la seconde.

Conclusion

Les Safavides furent les derniers souverains Ă  promouvoir un art national « perse ». On leur doit un nouvel essor de la production artistique dans l’actuel Iran, particuliĂšrement remarquable dans l’urbanisme : Ali Qapu, Chehel Sutun ont des Ă©crins Ă  leur mesure dans des parcs verdoyants tracĂ©s selon des perspectives prĂ©cises, alors que le boulevard monumental de Tchehar Bagh (ou avenue des Quatre-Jardins) traverse la ville d’Isfahan sur trois kilomĂštres. Gardiens de l’ancienne tradition artistique iranienne plus que vĂ©ritables novateurs, ils Ă©laborĂšrent un art de cour raffinĂ© et somptueux dont les tendances maniĂ©ristes dans le dĂ©cor sont comblĂ©es par un grand charme poĂ©tique. Leur chute entraĂźna une dĂ©gĂ©nĂ©rescence rapide de l’art en Iran[26].

Annexes

Notes et références

  1. (en) Article « Çaldiran », Michael J. McCaffrey, EncyclopĂŠdia Iranica
  2. (en) Article « Abbas I », R. M. Savory, EncyclopÊdia Iranica
  3. (en) Article « Abbas II », R. M. Savory, EncyclopÊdia Iranica
  4. Les chercheurs sont partagĂ©s sur l’attribution du dar al-Hadith Ă  Shah Ismail, mais Sussan Babai fait remarquer la mention, en 1570, d’une inscription avec les titres de Shah IsmaĂŻl sur la façade. cf S. Babaie, Building on the past: the shaping of Safavid architecture, 1501–1576, in Hunt for paradise
, p. 32.
  5. La datation est possible grĂące Ă  une inscription.
  6. (en) A. H. Morton, « The Ardabil Shrine in the Reign of Shah Tahmasp I », Iran 12, 1974, p. 31-64, 13, 1975, p. 39-58.
  7. (en) Sheila Canby, The Golden age of Persian art, British Museum Press, 2002, 192 p., (ISBN 0-7141-2404-4).
  8. (en) « Allahverdi Khan », R. M. Savory, EncyclopÊdia Iranica (consulté le 18/10/2006).
  9. (en) Article « Chāhār Bāgh », Roger M. Savory, EncyclopÊdia Iranica
  10. (en) S. Babaie, « Shah 'Abbas II, the conquest of Qandahar, the Chihil Sutun and its wal paintings »Muqarnas n°11, 1994 lire en ligne
  11. (en) Article « Chehel Sutun », Ingeborg Luschey-Schmeisser, EncyclopÊdia Iranica.
  12. EncyclopĂŠdia Iranica, p. 837.
  13. E. Gans-Ruedin, Splendeur du Tapis Persan, Office du Livre, Fribourg (Suisse), 1978 (ISBN 2 8264 0110 6), p. 11.
  14. Florencio, p. 102; Tavernier, I, p. 397,589 ; Chardin, III, p. 120.
  15. Vārzi, p. 58.
  16. S. Canby, The golden age of Persian art, p. 48.
  17. Le mot dérive en effet du vieux-persan pairideieza qui signifie « jardin », « enclos », qui a donné pardis en persan.
  18. Enza Milanesi, Le tapis, GrĂŒnd, 1999 (ISBN 2-7000-2223-8).
  19. Le tapis du Metropolitan Museum.
  20. (en) Article « Mirza ’Ali Soltan Mohammad », A. Welch, EncyclopĂŠdia Iranica.
  21. (en) « Behzad », Priscilla Soucek, EncyclopÊdia Iranica.
  22. conservé au British Museum
  23. (en) Stuart Cary Welch, A king’s book of kings: the Shah-nameh of Shah Tahmasp, New York : Metropolitan Museum of Art : distributed by New York Graphic Society, Greenwich, Conn., 1972, 199 pages, (ISBN 0-87099-028-4)
  24. (en) Aqa Mirak, P. Soucek, EncyclopÊdia Iranica (consulté le 18/10/2006).
  25. S. Canby, The golden age of Persian art, p. 122
  26. Encyclopédie Les Muses, article Séfévide, tome 13, coédition Grande BateliÚre (Paris), Kister (GenÚve) et Erasme (Bruxelles-Anvers), 1969-1974.

Bibliographie

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Articles connexes

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