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Antilocapra americana

Antilocapra americana est la seule espèce du genre Antilocapra, et également la seule représentante actuelle de la famille des antilocapridés (Antilocapridae). Elle est appelée Antilope d'Amérique[1] ou Antilocapre[2] en français, ou encore pronghorn (dénomination anglaise parfois utilisée en français). Ce mammifère vit dans la partie ouest de l'Amérique du Nord, dans des milieux très divers.

Description

Antilocapra americana a une hauteur au garrot comprise entre 0,81 et 1,04 mètre[3]. Avec la tĂŞte, elle mesure gĂ©nĂ©ralement entre 1 et 1,50 mètre[3]. Sa longueur totale atteint en moyenne 141 cm. Les mâles sont lĂ©gèrement plus grands que les femelles. Les pronghorns mâles pèsent entre 41 et 64 kg, les femelles entre 34 et 48 kg[4]

Ce mammifère possède un pelage Ă  dominante fauve. Cette couleur lui permet de se camoufler dans les hautes herbes de la prairie amĂ©ricaine. Sa peau est couverte de poils drus cuivrĂ©s Ă  brun-rouge sur le dessus. Le ventre, l'intĂ©rieur des membres, une zone rectangulaire entre les Ă©paules et les hanches, l'Ă©cusson, le croissant sur la gorge et la croupe sont blancs[3]. Le cou porte une courte crinière noire et deux bandes blanches sur la partie infĂ©rieure. Le mâle a un masque noir et des taches noires sur le cou, ses cornes dĂ©passent le bout de ses oreilles ; la femelle ne possède pas ces marques noires. La queue du pronghorn mesure entre 7,5 et 17,8 cm[3]. Les sabots pointus sont fendus et garnis de coussinets qui amortissent le choc des foulĂ©es atteignant huit mètres en pleine course. Les deux sexes ont des cornes noires qui tombent et repoussent chaque annĂ©e.

Antilocapra americana se distingue des cervidĂ©s par ses cornes pointues et fourchues, de couleur noire. Elles sont constituĂ©es d'un cĹ“ur permanent en os recouvert d’une gaine de kĂ©ratine qui tombe chaque annĂ©e. Contrairement Ă  celles des antilopes, ces cornes ne sont pas creuses. La longueur de celles-ci varie de 33 Ă  38 cm pour le mâle, et de 7 Ă  13 cm pour la femelle[5].

Les yeux saillants, particulièrement grands, d’un diamètre d’environ 36 millimètres et situĂ©s de chaque cĂ´tĂ© du crâne[6], donnent Ă  l'antilope d'AmĂ©rique un champ de vision panoramique de 300 Ă  320 degrĂ©s. Cela permet Ă  l'animal de dĂ©tecter un mouvement Ă  plusieurs kilomètres de distance et de voir arriver ses prĂ©dateurs. Le masque facial noir et les deux taches noires entre les oreille des mâles servent lors de la parade sexuelle et des dĂ©monstrations de supĂ©rioritĂ© hiĂ©rarchique. Les mâles ont neuf glandes sous-cutanĂ©es (deux sous les oreilles, deux Ă  la croupe, quatre entre les orteils et une sous la queue) et les femelles six (deux Ă  la croupe et quatre entre les orteils), produisant une odeur en cas de danger. L'odeur dĂ©gagĂ©e par les glandes subauriculaires sert Ă  marquer le territoire pendant la parade sexuelle.

Distribution et habitat

Un troupeau de pronghorns en migration.
Dans la vallée Lamar, parc national de Yellowstone.

L'antilope d'AmĂ©rique est une espèce endĂ©mique de l'AmĂ©rique du Nord. Ă€ l'Ă©poque prĂ©colombienne, elle Ă©tait très commune de la Saskatchewan au centre du Mexique. On estime Ă  35 millions le nombre d'individus avant l'arrivĂ©e des Blancs[3]. Aujourd'hui, 500 000 pronghorns vivent du sud de l’Alberta et de la Saskatchewan au Canada, Ă  Villa Hidalgo en Basse-Californie et Ă  l'ouest du Sonora au Mexique, en passant par l’ouest des États-Unis[3].

Cette espèce occupe des milieux naturels très variĂ©s : plaines, prairies, milieux semi-dĂ©sertiques et en montagne, jusqu'Ă  3 300 mètres d'altitude[7] - [3]. On la trouve plus rarement dans les bois clairs de conifères. Aux États-Unis, on la rencontre dans le Grand Bassin, les Montagnes Rocheuses, le plateau de la Columbia, le bassin du Wyoming et du Missouri, le plateau du Colorado, les Hautes et les Grandes Plaines[8].

Comportement

Troupeau de pronghorns en hiver.

En hiver, l'Antilocapra americana est grégaire et se déplace en larges troupeaux qui se séparent en été en groupes sexués plus restreints. En cas de danger, le pronghorn prévient ses congénères en hérissant la crinière située derrière le cou ainsi que les poils blancs de la croupe. Il peut également avertir d'une menace en sécrétant une odeur grâce à ses glandes[4].

Antilocapra americana est un animal véloce à la course extrêmement rapide. Elle atteint facilement les 74 km/h avec des pointes mesurées à 98 km/h[9] sur de courtes distances : c'est l'animal le plus rapide du continent américain[3] - [7].

Certaines migrent sur des centaines de kilomètres à travers les Grandes Plaines, depuis le centre-nord du Montana jusque dans le sud de la Saskatchewan et de l'Alberta.

Alimentation

Une femelle et un jeune dans l'Oregon.

Le régime alimentaire d’Antilocapra americana varie selon la flore locale, mais les plantes le plus souvent consommées sont les plantes basses (autres que les graminées), les arbustes, les herbes et d'autres plantes (cactus, cultures, ...). Les plantes basses sont broutées du printemps à la fin de l'automne et sont essentielles pour la reproduction. Les arbustes, consommés toute l'année, le sont davantage en hiver. Les herbes sont consommées au printemps, et les autres aliments ont un intérêt variant selon les régions. La présence de feuilles charnues est un critère important décidant du choix de la nourriture, de l'emplacement et de l'attrait des territoires, de la durée des migrations et de la reproduction. Les dents d’Antilocapra americana sont conçues pour un broutement sélectif, et elles croissent continuellement pour compenser l'usure et fournir une surface unie pouvant broyer les végétaux les plus coriaces.

Reproduction

Un pronghorn près de Fort Rock, dans l'Oregon.

Les mâles comme les femelles atteignent la maturitĂ© sexuelle Ă  15 ou 16 mois[3]. Le Antilocapra americana est polygame et rassemble un harem de 2 Ă  15 femelles[5]. Seuls les mâles dominants s'accouplent, ce qui retarde ainsi le premier accouplement d'un mâle Ă  l'âge de 5 ans. Les mâles marquent et dĂ©fendent un territoire de dĂ©but mars jusqu'Ă  la fin du rut de 0,23 Ă  4,34 km2, les domaines vitaux des femelles pouvant atteindre 6,35 Ă  10,5 km2. Les jeunes mâles disposent de territoires pĂ©riphĂ©riques, oĂą le fourrage est moins bon. Le pronghorn est, avec le chevreuil, le seul ongulĂ© territorial des latitudes septentrionales. Les femelles s'accouplent plus souvent avec les mâles des meilleurs territoires (c'est-Ă -dire oĂą le fourrage est de meilleure qualitĂ© et le sol plus riche), qui sont par consĂ©quent dominants, et elles peuvent retourner toute leur vie s'accoupler sur le mĂŞme territoire. 30 Ă  40 % des accouplements peuvent ainsi avoir lieu sur le ou les meilleurs territoires d'une rĂ©gion donnĂ©e. Un mâle dominant, qui peut conserver son domaine pendant 4 Ă  5 ans, peut ainsi ĂŞtre le gĂ©niteur de 15 Ă  30 % des faons nĂ©s une mĂŞme annĂ©e, et jusqu'Ă  50 % des mâles d'une classe d'âge donnĂ©e peuvent n'avoir jamais aucune descendance. Le rut se dĂ©roule de fin aoĂ»t Ă  dĂ©but octobre dans les rĂ©gions du nord[3] et ne dure que deux Ă  trois semaines.

La gestation dure en moyenne 252 jours[3]. Les jumeaux sont frĂ©quents sur les bons territoires et les femelles ont de quatre Ă  sept ovules. Ainsi, quatre Ĺ“ufs peuvent ĂŞtre fĂ©condĂ©s en mĂŞme temps, et dans ce cas, le sommet de l'embryon se trouvant dans les compartiments supĂ©rieurs de la matrice Ă  deux poches se dĂ©veloppe et perce la membrane fĹ“tale de l'embryon infĂ©rieur, le tuant Ă  l'intĂ©rieur de l'utĂ©rus. GĂ©nĂ©ralement, la portĂ©e compte donc un Ă  deux individus.

Les mères mettent bas entre avril et juin[5], et les faons nouveau-nĂ©s peuvent peser jusqu'Ă  3,9 kg sur les bons territoires. Dès l'âge de deux jours, le faon court plus vite qu'un cheval, mais il manque d'endurance pour suivre une harde en pleine vitesse. Il se cache donc dans le feuillage pendant 21 Ă  26 jours. Les faons ne sont en contact avec leur mère que 20 Ă  25 minutes par jour pour l'allaitement, pour Ă©viter d'attirer l'attention des prĂ©dateurs. Plus vieux, les faons se rĂ©unissent en petits groupes, les contacts avec leurs mères sont toujours très limitĂ©s. L'allaitement et le grooming continuent jusqu'Ă  4 Ă  5 mois, mais le dĂ©veloppement du comportement agressif des mâles peut causer leur sevrage 2 Ă  3 semaines plus tĂ´t que chez les femelles. Le jeune garde un pelage gris jusqu'Ă  l'âge de trois mois environ.

Menaces et protection

Pronghorn en pleine course. L'antilope américaine peut courir à plus de 80 km/h pour échapper à un prédateur.

Il y avait peut-ĂŞtre entre 30 et 60 millions d’individus au dĂ©but du XIXe siècle en AmĂ©rique du Nord[5]. Ce nombre est tombĂ© Ă  moins de 15 000 en 1915[5] et l'espèce Ă©tait alors presque entièrement Ă©teinte. Les autoritĂ©s instaurèrent un moratoire sur la chasse dans les annĂ©es 1940. Des fonds furent collectĂ©s pour la prĂ©servation de l’espèce par des taxes prĂ©levĂ©es sur les armes Ă  feu et sur les articles de sport[5].

Actuellement, on compte environ 500 000 individus au Canada et aux États-Unis[3] - [7]. L'espèce est en revanche menacĂ©e au Mexique avec environ 1 200 animaux[3]. Plus de 4 000 pronghorns ont Ă©tĂ© transplantĂ©s au Nouveau-Mexique entre 1936 et 1957[3]

Antilocapra americana est aujourd'hui victime de collisions avec les automobiles et de la disparition de son habitat naturel. Il peut vivre 11 annĂ©es en captivitĂ©[3]. Le zoo de Winnipeg a eu un mâle de 15 ans[7].

Les principaux prédateurs d’Antilocapra americana sont les coyotes[5] qui s'attaquent aux faons.

Taxinomie

Phylogénie des familles des Cétartiodactyles actuels (Cétacés non développés), d'après Price et al., 2005[10] et Spaulding et al., 2009[11]:

Cetartiodactyla
Tylopoda

Camelidae (Chameaux, lamas…)



Artiofabula
Suina

Suidae (Porcins)



Tayassuidae (PĂ©caris)



Cetruminantia
Cetancodonta

Cetacea (Baleines, dauphins ...)



Hippopotamidae (Hippopotames)



Ruminantia

Tragulidae (Chevrotains)


Pecora


Antilocapridae (Antilocapres)



Giraffidae (Girafes, okapi...)





Bovidae (Bovins, Caprins et antilopes)




Cervidae (Cerfs, rennes...)



Moschidae (Cerfs porte-musc)









Le pronghorn[12] est aussi appelé Prongbuck, Pronghorned Antelope et American Antelope en anglais. Ce nom a été donné par les Européens qui la comparaient, à tort, à une antilope africaine[7] - [13], dont il n’est pourtant pas directement parent.

Les fossiles nous indiquent que Antilocapra americana remonte à l'époque du Miocène[3]. Antilocapra est le seul représentant d'une famille qui comptait au moins 12 espèces au Pléistocène[4] Aujourd'hui, le pronghorn est le seul représentant de la famille des Antilocapridae.

Les différences entre les sous-espèces sont difficiles à établir à cause des mélanges et des transplantations opérées par les Hommes. On établit généralement cinq sous-espèces connues[14] :

  • Antilocapra americana peninsularis (Nelson 1912) : prĂ©sente au Mexique avec un statut d’espèce en danger[15] ; il ne reste que 100 Ă  250 animaux[5] ;
  • Antilocapra americana sonoriensis (Goldman 1945)[14] : prĂ©sente en Arizona et au Mexique (dans la province de Sonora) ; il ne reste que 500 individus environ dans le Cabeza Prieta National Wildlife Refuge[5] ;
  • Antilocapra americana americana (Ord 1815) : la plus commune et la plus rĂ©pandue ;
  • Antilocapra americana oregona (Bailey, 1932) : au sud-est de l’Oregon[5] ;
  • Antilocapra americana mexicana (Merriam 1901) : au Nouveau-Mexique et au Texas[5].

Notes et références

  1. « Antilope d'Amérique », sur Ville de Winnipeg (consulté le )
  2. « Antilocapre », sur Musée canadien de la Nature (consulté le )
  3. (en) Antonia Gorog, « Antilocapra americana, pronghorn »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Université du Michigan (consulté le )
  4. (en) « Antilocapra americana », National Museum of Natural History (Washington DC) (consulté le )
  5. (en) « Pronghorn », U.S. Fish & Wildlife Service, (consulté le )
  6. (en)Fiche du zoo de San Diego
  7. (fr) [PDF] « Antilope d'Amérique », zoo de Winnipeg (Canada) (consulté le )
  8. (en) « WILDLIFE SPECIES: Antilocapra americana », Service des forêts des États-Unis (consulté le )
  9. Encyclopédie Larousse
  10. (en) Price SA, Bininda-Emonds OR, Gittleman JL, « A complete phylogeny of the whales, dolphins and even-toed hoofed mammals (Cetartiodactyla) », Biol Rev Camb Philos Soc., vol. 80, no 3,‎ , p. 445-473 (DOI 10.1017/S1464793105006743, lire en ligne)
  11. (en) M Spaulding, MA O'Leary et J Gatesy, « Relationships of Cetacea (Artiodactyla) Among Mammals: Increased Taxon Sampling Alters Interpretations of Key Fossils and Character Evolution », PLoS ONE, vol. 4, no 9,‎ , e7062 (PMID 19774069, PMCID 2740860, DOI 10.1371/journal.pone.0007062, Bibcode 2009PLoSO...4.7062S)
  12. « corne pointue » en anglais
  13. (en) « Antilocapra americana », UICN (consulté le )
  14. (en) « Species Profile: Sonoran pronghorn (Antilocapra americana sonoriensis) », U.S. Fish & Wildlife Service (consulté le )
  15. (en) « Species Profile: Peninsular pronghorn (Antilocapra americana peninsularis) », U.S. Fish & Wildlife Service (consulté le )

Liens externes

Famille Antilocapridae

Genre Antilocapra

Espèce Antilocapra americana


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