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Anjubault

La Maison Anjubault[1] (1853-1868), est une entreprise française de mécanique installée rue Keller à Paris. C'est un constructeur ferroviaire, il sort de ses ateliers des locomotives à vapeur de chantier, utilisées notamment pour la construction des nouvelles lignes de chemin de fer. La création de l'entreprise est le fruit de la rencontre[2] de deux ingénieurs aux fortunes diverses, Jean-Claude-Républicain Arnoux et Jean-Jacques Meyer, avec Auguste Anjubault[3], entrepreneur de 35 ans, à un moment particulièrement dynamique de l'histoire du chemin de fer. Le décès de Anjubault, après seulement quinze années d'activité ne provoque pas la disparition de l'entreprise.

Anjubault
illustration de Anjubault
Plaque constructeur de la locomotive n°105 vendue en Espagne en 1864.

Création 1853
Disparition
Fondateurs Auguste Anjubault (d)
Forme juridique Société anonyme
Siège social 4, Rue Keller Paris
Drapeau de la France France

Société suivante Corpet-Louvet

Le rachat[4] d'Anjubault est à l'origine d'une autre histoire d'ingénieur mécanicien entrepreneur avec Corpet-Louvet, entreprise principalement connue par sa production de petites locomotives à vapeur pour voie métrique, en particulier du réseau secondaire français.

Histoire

Exposition Universelle, Chemins de fer, revue des machines locomotives admises à l'exposition universelle de 1855 : « France (L'Orge). Locomotive mixte système Arnoux ou articulée, à quatre cylindres et à quatre roues motrices indépendantes, destinée au chemin de fer de Paris à Orsay, confectionnée en 1855 par M. Anjubault (A.), constructeur-mécanicien à Paris, sous la direction de M. J.-J. Mayer, ingénieur. » (Tourasse, Ingénieur-Mécanicien, Le Génie industriel, tome dixième, extrait page 160, Armengaud, Paris, 1855).

1853 - Création : Auguste Anjubault

Auguste Frédéric Anjubault, né en 1820 à Ternay (Loir-et-Cher), « constructeur-mécanicien, notable commerçant, membre fondateur de la Société du Prince Impérial, président d'une société de secours mutuel », crée, en 1853[5], une société de mécanique et construction de machines à vapeur, notamment des locomotives. Il installe son usine, atelier et bureaux, au no 4 de la rue Keller dans l'actuel 11e arrondissement de Paris, adresse où il est également domicilié[6].

1855 & 1867 - Expositions universelles

Exposition universelle de 1855, Paris. Anjubault présente « l'Orge », locomotive mixte système Arnoux ou articulée, à quatre cylindres et quatre roues motrices indépendantes, destinée à la compagnie de chemin de fer de Paris à Orsay[7] pour la ligne de Sceaux-Orsay, confectionnée sous la direction de Jean-Jacques Meyer[alpha 1]. Une notice[8] du Jury de l'exposition relate : le détail des améliorations apportées par Jean-Claude-Républicain Arnoux, à son système (système Arnoux) ; les félicitations données à Jean-Jacques Meyer pour avoir réussi à concevoir « une machine solide, susceptible de marcher vite et de remorquer de lourds convois, tout en parcourant avec aisance les courbes du plus petit rayon » ; et les encouragements prodigués au constructeur « Les difficultés d'exécution ont été résolues avec intelligence par M. Anjubault, constructeur qui commence, et dont le jury a constaté avec satisfaction le mérite ».

Exposition universelle de 1867, Paris. Anjubault présente une locomobile pour l'agriculture. Elle est remarquée par le Jury, qui fait figurer une illustration de cette machine sur son compte rendu.

1867-1868 - Fin & Succession

Lucien Corpet[9] (1848-1889), jeune ingénieur de l'École Centrale des Arts et Manufactures, est embauché pour prendre la direction de l'usine peu de temps avant le décès d'Auguste Anjubault en 1868[10]. Le fondateur n'ayant pas de successeur pour reprendre la société, Lucien Corpet rachète l'entreprise. Tout en poursuivant l'activité rue Keller, il fait construire, à côté de son domicile au 117 avenue Philippe-Auguste, une nouvelle usine sur un terrain plus grand. Le déménagement a lieu en 1870, l'activité semble s'être poursuivie sur les deux sites pendant au moins un an (1871[alpha 2].

Production

Locomotives « système Arnoux »

Détail gravure avec : gare, train et voie au système Arnoux.
Locomotive Anjubault système Arnoux de la ligne de Sceaux, modifiée en 1867 et devenue la no 8 PO[11]

Les deux premières locomotives, conçues par Jean-Claude-RĂ©publicain Arnoux et supervisĂ©es par Jean-Jacques Meyer, « l'Yvette » et « l'Orge », des 1A1n2t (type 111), ainsi que la troisième « le Florian », une locomotive de type 020, sont des machines pour voie ferrĂ©e Ă  l'Ă©cartement atypique de 1 751 mm, caractĂ©ristique de la ligne de Sceaux. Le client de cette première commande est la Compagnie de Paris Ă  Orsay de Jean-Claude-RĂ©publicain Arnoux, pour la ligne de Sceaux. Les Anjubault numĂ©ro 1, 2 et 3, lui seront livrĂ©es en avril, aoĂ»t et octobre 1855. Cette compagnie ne va pas ĂŞtre rentable, et finalement Arnoux doit la vendre Ă  la compagnie des chemins de fer d'OrlĂ©ans. Ces trois premières locomotives Ă  vapeur, adaptĂ©es au système Arnoux, sont les seules machines sorties des ateliers Anjubault ayant ces caractĂ©ristiques.

Locomotives « de chantier »

Le principal de la production concerne des « locomotives-tenders pour travaux de terrassement, exploitation des mines et des chemins de fer vicinaux »[5], notamment des type 020 pour voie normale Ă  l'Ă©cartement de 1 435 mm, nĂ©anmoins, on trouve aussi quelques machines pour voie large avec l'Ă©cartement de 1 672 mm, et d'autres pour des voies industrielles ou Ă©troites avec des Ă©cartements de 1 209 mm, 1 100 mm, 1 000 mm et 900 mm. Plus de 121[12] locomotives Anjubault sont sorties de ses ateliers durant les 15 annĂ©es de l'activitĂ© de son entreprise. La majoritĂ© de ces locomotives de chantier sont livrĂ©es Ă  des entrepreneurs de travaux publics, qui Ă  cette Ă©poque (1855), Ă©taient occupĂ©s Ă  la construction de nouvelles lignes un peu partout en France. Les autres locomotives sont vendues Ă  l'exportation : Inde, Espagne, Suisse, Italie[13] ou Ă  quelques industriels : compagnie des mines de BĂ©thune, Wendel et compagnie, les forges de Chatillon, compagnie des mines de LiĂ©vin et compagnie des mines d'Anzin.

Autres productions

Locomobile Anjubault (Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1).

L'entreprise produit également : du « matériel pour entrepreneurs de travaux publics : locomotives à traction sur routes ordinaires, brevetées s. g. d. locomobiles de toutes forces ; des machines à vapeur ; des machines-outils ; des marteaux-pilons atmosphériques, brevetées s. g. d. g. ; des machiens à percer les moyeux et à emboiter et déboiter les roues de charonnage au moyen de la presse hydraulique, brevetées s. g. d. g. ; de la grosse chaudronnerie en fer et en cuivre »[5].

Patrimoine ferroviaire

Locomotives préservées

Deux locomotives Anjubault, sorties des ateliers de la rue Keller, sont préservées et présentées au public :

En Inde : Ramgotty

« Ramgotty » en 2010 à New Delhi

« Ramgotty[14] », une locomotive Anjubault de 1862 est exposée au National Rail Museum[15] de New Delhi. Bien qu'elle soit dépassée, en âge, par « Fairy Quenn », construite par Kitson Thompson & Hewitson en 1855[16], « Ramgotty » a une place particulière[1] du fait, de son âge, mais aussi d'être la seule machine étrangère portant le nom d'un indien : « Ramgotty Mukherjee », dernier directeur général du Nalhati-Azimganj Light Railway[17], son premier propriétaire repris par la East Indian Railway. En 1892, « Ramgotty » est modifiée en 5' 6"[18], puis vendue à la Calcutta Municipal Corporation pour être affectée au transport des déchets, et l'année de son centième anniversaire, elle est sortie du service pour être détruite. Mise à la ferraille, elle est finalement sauvée en 1974.

  • RĂ©fĂ©rences constructeur (fr) : no[19], type 021T, voie 1 209 mm, livrĂ©e en 1862 Ă  Wilson pour Nulhattee-Azimgunge Railway Indes.
  • RĂ©fĂ©rences conservation (gb) : Moteur vapeur, constructeur : Anjubault, Paris, France, annĂ©e de fabrication : 1862, dernier service : Calcutta Municipal Corporation, type : 0-4-0T[20], nom : Ramgotty, voie : initialement 4' 0"[21], puis 5' 6" [18].

Le « Ramgooty Model » est une petite maquette réalisée en feuille métallique par le India National Rail Museum de New Delhi.

En Espagne : LĂ©onito

« Léonito » en 2018, Avenida de la Libertad à Cordoue

Léonito : construite par Anjubault en 1865, est une locomotive « monument » visible sur l'Avenida Libertad[22] à Cordoue, en Andalousie. La locomotive Léonito est citée sur la liste, des machines préservées, établie lors du IV Congrès de l'histoire ferroviaire à Malaga, en . Une première locomotive du même type Santa Rita[23] avait été livrée le 17 septembre 1864 au même client.

  • RĂ©fĂ©rences constructeur[24] : no 105, type 021T, voie 1 672 mm, livrĂ©e le 2 mai 1865 Ă  LĂ©on Cappa pour Minas de Reunion.
  • RĂ©fĂ©rences conservation : no MZA 612, no Renfe 020-0212, poids 22 t, constructeur Anjubault, nom El LĂ©onito.

Hommage

À l'occasion du jubilé d'argent du musée national du rail de New Delhi, il est émis en Inde un timbre commémoratif de 500P le . Il est illustré des deux locomotives à vapeur de travail les plus anciennes en Inde : Fair Quenn 145 ans et Ramgotty, une Anjubault sortie des ateliers de la rue Keller, à Paris, en 1862. Date d'émission 7/10/1996, valeur 500 p, perforation 13,5x13,5, il est imprimé à un million d'exemplaires[25].

Notes et références

Notes

  1. L'Ă©criture de Mayer avec un a semble une erreur
  2. Des documents sont encore signés au 4 de la rue Keller en 1871 (Généalogie Corpet - source archives de la Seine).

Références

  1. (en) Deccan Herald, un article de G. V. Joshi du 19 octobre 2007, signale l'importance, en Inde, de la locomotive de chantier Ramgotty et son constructeur Anjubault Paris, The Ramgotty engine.
  2. Jacques-Eugène Armengaud (Ainé), Notices sur les machines locomotives envoyées à l'exposition universelle (Google Livres).
  3. Jean Tardy, Les oubliés du Père Lachaise, 2010, pp. 11-13 sur Google Livre (consulté le 14 juin 2010).
  4. (en) The Industrial Railway Record, volume 3, no 27, chapitre 1 : A general survey, 1969 (irsociety).
  5. Jacques-Joseph Techener (1802-1873), Annuaire des notables commerçants de la ville de Paris : contenant leurs noms et adresses, Paris, J. Techener, , 184 p. (lire en ligne), p. 4.
  6. Christiane Demeulenaere-Douyere (dir.) et Marie-Dominique Richard, Ministère du Commerce : dossiers de proposition pour la Légion d'honneur : début XIXe siècle - 1939 env. F/125080 à 5099 et 8492 à 8540, vol. Répertoire-index lettres A et B, Paris, Archives nationales, 2007-2008, 302 p. (lire en ligne [PDF]), p. 36.
  7. référence, Archives nationales : rachat de cette compagnie par la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans
  8. Notices sur les machines locomotives envoyées à l'exposition universelle.
  9. note, Charles Joseph Lucien Corpet
  10. référence, Site Maillet : tombe avec sculpture au cimetière du Père-Lachaise Anjubault (Auguste), constructeur-mécanicien, né en 1820 à Ternay (Loir-et-Cher), décédé en 1868. (...) Sur les faces latérales du tombeau sont gravées au trait deux locomobiles. (65e div.)
  11. La Vie du Rail, carte no 94 : Locomotive no 8, éditée en 1952
  12. Liste des productions Anjubault puis Corpet compilée par Sébastien Jarne le 30 juin 2003. «Cette liste se base sur une transcription de la liste originale de Corpet, complétée par de nombreuses sources de la littérature ferroviaires et des observations d'amateurs de chemin de fer. Elle ne prétend pas être exhaustive (...)». La période transitoire provoquée par le décès de M. Anjubault et le rachat de l'entreprise par Lucien Corpet n'est pas précise, M. Jarne attribue 121 machine à Anjubault, il fait la séparation entre 1866 et 1867.
  13. « users.libero.it/alessandro.tuz… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  14. Inde musée du rail : photo Ramgotty.
  15. National Rail Museum, Site
  16. Fairy Quenn, la plus ancienne machine de travail encore en activité (Livre Guiness des Records du Monde)
  17. référence, notice National Railway Museum
  18. Gauge/voie : (gb) 5' 6"= (fr) 1 676 mm - nouvelle norme en Inde, Railroad Gauge Width
  19. Ramgotty doit être l'une des 4 machines livrées en 1862 : la no 69 (1) et la no 70 (2) livrées le 04/08/1962, la no 73 (3) et la no 74 (4) livrées le 18-09-1862, à Wilson pour Nulhattee-Azimgunge Railway Indes
  20. (gb) 0-4-0T = (fr) 020T
  21. Gauge/voie : (gb) 4' 0"= (fr) 1 219/1 220 mm - voie de la Nalhati-Azimganj en Inde, Railroad Gauge Width
  22. référence, http://www.locomotoravapor.com/andalucia.htm
  23. Anjubault no 103, LĂ©on Cappa pour Minas de Reunion [Espagne] "Santa Rita", MZA 611, 1941, Renfe 020.0211
  24. référence, no 105 liste Sébastien Jarne 2003
  25. (en) « Indian National Rail Museum : A commemorative postage stamp on the Silver Jubilee of the National Rail Museum (Rail Transport Museum) Chanakyapuri, New Delhi », sur istampgallery.com (consulté le ).

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Archives Nationales, Ministère du Commerce, Christiane Demeulenaere-Douyere, dossiers de proposition pour la LĂ©gion d'honneur dĂ©but XIXe siècle - env. 1939, sous-sĂ©rie F/12, rĂ©pertoire index partiel : lettre A, Paris, 2007 (document pdf).Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jacques-Eugène Armengaud (AinĂ©), Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l'industrie française et Ă©trangère : Notices sur les machines locomotives envoyĂ©es Ă  l'exposition universelle, M. Armengaud : A. Morel, Paris, 1858, (Google Livres, numĂ©risĂ© le 28/11/2008) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Louis Figuier, Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, machine Ă  vapeur - bateaux Ă  vapeur - locomotive et chemins de fer - locomobiles - machine Ă©lectrique - paratonnerres - pile de volta - Ă©lectro-magnĂ©tisme, Furne, Jouvet et cie, Paris, 1867, (Google Livres numĂ©risĂ© le 21/11/2006).Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jules Gaudry, TraitĂ© Ă©lĂ©mentaire et pratique de la direction, de l'entretien et de l'installation des machines Ă  vapeur fixes, locomotives, locomobiles et marines: Ă  l'usage des propriĂ©taires d'usine Ă  vapeur, mĂ©caniciens et agents-rĂ©ceptionnaires, Victor Dalmont Ă©diteur, Paris, 1857 (Google Livres, numĂ©risĂ© le 21/09/2007).Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • James Lequeux, François Arago, un savant gĂ©nĂ©reux : physique et astronomie au XIXe siècle, EDP Sciences Éditions, 2008, (Google Livres) (ISBN 2-86883-999-1).Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Harsh Vardhan, Joydeep Dutta, Trains of fame and locos with a name : partie 3, Indian Steam Railway Society, FNRM quarterly newsletter No. oo5 Spring 1999, ISRS Steam.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Lucien Maurice Vilain, Un siècle (1840-1938) de matĂ©riel et traction sur le rĂ©seau d'OrlĂ©ans (PO) : la ligne de Sceaux et plan des locomotives, Vincent FrĂ©al, Paris, 1970.
  • Jean Tardy, Les oubliĂ©s du Père Lachaise : AbĂ©cĂ©daire non exhaustif, Paris, L'Harmatan, , 227 p. (ISBN 978-2-296-11817-1, BNF 42182187), chap. 2 (« Anjubault Auguste 1820-1868, 65e div »), p. 11-13

Voir aussi

Articles connexes

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