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André Bellessort

André Bellessort (, à Laval – , à Paris) est un poète et essayiste français maurrassien et antisémite. Son nom est parfois orthographié, par erreur, « Bellesort »[1].

André Bellessort
André Bellessort pour une conférence à Reims de La Revue française, BMR.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  75 ans)
Paris
Nom de naissance
André Joseph Marie Pierre Bellessort
Nationalité
Formation
Activités

Biographie

Né en 1866, petit-fils d'instituteur, fils d'un professeur de collège devenu principal, il suit le parcours de son père : de 1872 à 1875 au lycée Ambroise-Paré de Laval, au collège universitaire de Lannion de 1875 à 1881. De retour au lycée de Laval en 1881, il y effectue sa philosophie, puis sa seconde année de rhétorique, sous la direction d'Émile Trolliet.

Il étudie à partir de 1883 au lycée Henri-IV, où il se fait remarquer par son esprit d'indépendance. Après avoir échoué à deux reprises au concours d'entrée à l'École normale supérieure (1885 et 1886), il passe l'agrégation des lettres, à laquelle il est reçu 12e en 1889.

Professorat

Jeune professeur de 23 ans, il débute au lycée de Nice (1889, aujourd’hui lycée Masséna), puis lycée de Bordeaux (1892), lycée de Poitiers (1893), lycée du Mans (1895), lycée du Parc à Lyon (1896), où il côtoie Édouard Herriot. En 1899, il est au lycée Janson-de-Sailly, où il a notamment pour élève Jacques de Lacretelle, avant d'être nommé en 1906 au lycée Louis-le-Grand à Paris, où il succède à Émile Mâle en hypokhâgne, classe où il enseigne le français et le latin durant près de vingt années, jusqu'en juillet 1926.

Il était connu pour son excentricité dans sa tenue des cours où il déversait des « tirades réactionnaires » et « un antisémitisme odieux »[2]. Pour corriger des copies : d’un volumineux paquet il en extrayait une, qu’il lisait et décortiquait en classe ; les autres n’avaient qu’à en induire une critique de leur propre prose. Il préparait aussi ses traductions pour la collection « Budé » en classe, en utilisant les suggestions des meilleurs latinistes placés sous sa férule, et en comparant les traductions de ses prédécesseurs[3].

Il est évoqué dans Notre avant-guerre de Robert Brasillach, dont il fut le professeur à Louis-le-Grand dans les années 1920 : « Nous arrivions pour la plupart, persuadés qu'Edmond Rostand était un grand poète et Henry Bataille un grand dramaturge. Nous étions des provinciaux attardés. On se tromperait beaucoup en croyant que 1925 était exclusivement adonné au culte des grands hommes de la NRF, et il est sûr en tout cas que la province les ignorait. D'un geste, André Bellessort balayait ces poussières… Sans jamais en avoir l'air, il nous a appris beaucoup de choses[4]. »

Journaliste et Ă©crivain

Sa vocation d'écrivain s'affirme en classe de rhétorique supérieure au lycée Henri-IV. Il entame alors une carrière de journaliste. Il publie aussi des romans et des poèmes de forme classique, refusant le vers libre.

Il est correspondant pour Le Temps au Chili où ses articles sont racistes notamment envers la bas peuple[5], puis en Bolivie. Il débute à la Revue des deux Mondes. En mai 1895, il est envoyé au Japon. De retour de Suède, il décide de traduire Selma Lagerlöf. Il voyage deux reprises à travers l'Amérique du Nord (vers 1900 et en 1914) pour y donner des conférences pour la Fédération des Alliances françaises[6].

Il alterne entre écriture de poèmes, essais littéraires, et récits de voyages et d'exploration. Il fut un voyageur, journaliste, professeur, critique littéraire et dramatique, notamment au Journal des débats.

Académie française

En 1935, il est élu à l'Académie française, le même jour que Jacques Bainville et Claude Farrère. Il succède à l'abbé Bremond au 36e fauteuil. Il en est le secrétaire perpétuel de 1940 à 1942.

Politique

Politiquement monarchiste[7], il est assez proche de l'Action française : il donne fréquemment des conférences à son Institut et figure aux banquets du Cercle Fustel de Coulanges ; il préside celui de 1936 ainsi que, la même année, une réunion du cercle en hommage à Maurras, alors emprisonné. Il est présenté comme « maurrassien et antisémite »[8].

Dans les années 1920, alors qu'il écrit pour la revue belge ou le journal Le Gaulois, il soutient diverses idées racistes, antisémites, sexistes ou homophobes[9]. En 1939 et 1940, il est invité de l'École française de Rome pour tenter un rapprochement avec le régime fasciste de Mussolini[10].

Il participe de 1932 à sa mort en 1942, au journal antisémite français Je suis partout et ce durant l'occupation nazie, lorsque ce journal devient collaborationniste. Il fut favorable au pétainisme[11].

Décès

Il meurt le en son domicile dans le 16e arrondissement de Paris[12]. Il Ă©tait veuf d'Henriette Pesche.

Ĺ’uvres

  • Mythes et poèmes, roman, Lemerre, 1894
  • Chanson du Sud, poĂ©sies, Lemerre, 1896
  • Reine CĹ“ur, poĂ©sies, Perrin, 1896
  • La Jeune AmĂ©rique (Chili et Bolivie), Perrin, 1897
  • En Escale (de Ceylan aux Philippines), Perrin, 1900, 1927
  • La SociĂ©tĂ© japonaise, Perrin, 1902
  • La Suède, Perrin, 1912
  • Saint François-Xavier, l'apĂ´tre des Indes et du Japon, Perrin, 1917
  • Virgile, son Ĺ“uvre et son temps, Perrin, avant 1923
  • Sur les grands chemins de la poĂ©sie classique, Perrin, avant 1923
  • La Roumanie contemporaine, Perrin, avant 1923
  • Études et figures, 1re sĂ©rie, Perrin, avant 1923
  • Études et figures, 2e sĂ©rie, Perrin, avant 1923
  • Un Français en ExtrĂŞme-Orient au dĂ©but de la guerre, Perrin, avant 1923
  • Le Nouveau Japon, Perrin, 1918
  • Les JournĂ©es et les nuits japonaises, Perrin, avant 1923
  • Reflets de la vieille AmĂ©rique, collection A travers les pays et les livres, Perrin, 1923
  • Balzac et son Ĺ“uvre, Perrin, 1924
  • Sainte-Beuve et le dix-neuvième siècle, Perrin, 1927
  • Victor Hugo : essai sur son Ĺ“uvre, Perrin, 1930
  • L'ApĂ´tre des Indes et du Japon. Saint François Xavier, Perrin, 1931
  • Les Intellectuels et l'avènement de la Troisième RĂ©publique, Grasset, 1931
  • La SociĂ©tĂ© française sous NapolĂ©on III, Perrin, 1932
  • Athènes et son théâtre, 1934, 1954
  • Essai sur Voltaire, Cours professĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© des confĂ©rences, Perrin, 1938
  • Sainte Bathilde Reine de France, Albin Michel, 1941
  • XVIIIe siècle et Romantisme, Fayard, 1941
  • Le collège et le monde, Gallimard, 1941
  • Parmi les âmes Ă©trangères, Perrin, 1942
  • Virgile, son Ĺ“uvre et son temps, Perrin, 1943

Prix

Pour approfondir

Bibliographie

  • Jean-François Sirinelli, GĂ©nĂ©ration intellectuelle : khâgneux et normaliens dans l'entre-deux-guerres, Fayard, 1988, p. 74-78. (ISBN 2-213-02040-X)

Liens externes

Notes et références

  1. Par exemple dans le volume Œuvres romanesques de Selma Lagerlöf, Actes Sud, 2014, collection Thesaurus (sur la couverture comme dans les pages intérieures), où est reprise sa traduction de La Légende de Gösta Berling, initialement parue en 1926.
  2. Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle : Khâgneux et Normaliens dans l'entre-deux-guerres, éditions Fayard, 1988, p. 75.
  3. La-Croix.com, « Le bon vieux temps d’André Bellessort », sur La Croix, (consulté le )
  4. Robert Brasillach, Notre avant-guerre, Plon, 1941, p. 12.
  5. Nathalie Jammet (Université Paris IV-Sorbonne, U.F.R. d’études ibériques, 1999), La formation de la conscience nationale au Chili. Le rôle de l'État, Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, France, 2001.
  6. André Bellessort, Reflets de la Vieille Amérique, Paris, Perrin, , 316 p., p. 1-4
  7. Etienne de Montety, Thierry Maulnier, Ă©ditions Place des Ă©diteurs, 2013.
  8. Jean-Yves Mollier, Jocelyne George, La Plus Longue des RĂ©publiques 1870-1940, Ă©ditions Fayard, 2014.
  9. Chantal Meyer-Plantureux, Antisémitisme et homophobie. Clichés en scène et à l'écran, XIXe – XXe siècles, CNRS éditions, 2019.
  10. Stéphane Israël, Les Études et la guerre : Les Normaliens dans la tourmente (1939-1945), Éditions ENS/Rue d'Ulm/Presses de l'École normale supérieure, 2005, p. 55.
  11. Amin Maalouf, Un fauteuil sur la Seine, Ă©ditions Grasset, 2016.
  12. Archives de Paris 16e, acte de décès no 199, année 1942 (vue 20/31)
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