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Alphonse d'Orléans (1886-1975)

Alphonse Marie François Antoine Diego d'OrlĂ©ans (en espagnol : Alfonso de Orleans y BorbĂłn), infant d'Espagne et cinquiĂšme duc de Galliera, est nĂ© Ă  Madrid, le , et mort Ă  SanlĂșcar de Barrameda, dans la province de Cadix, le . C’est un membre de la maison d'OrlĂ©ans et de la famille royale espagnole et un aviateur militaire de renom.

Alphonse d'Orléans
Alfonso de Orleans y BorbĂłn
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
L'infant Alphonse d'Orléans, duc de Galliera.
Fonctions militaires
Grade militaire Général de division
Biographie
Titulature Infant d'Espagne
Duc de Galliera
Dynastie Maison d'Orléans-Galliera
Nom de naissance Alfonso MarĂ­a Francisco Antonio Diego de Orleans y BorbĂłn
Naissance
Madrid (Espagne)
DĂ©cĂšs
SanlĂșcar de Barrameda (Espagne)
PÚre Antoine d'Orléans
MĂšre Eulalie d'Espagne
Conjoint BĂ©atrice d'Édimbourg
Enfants Alvaro d'Orléans
Alphonse d'Orléans
AtaĂșlfo d'OrlĂ©ans
Religion Catholicisme romain
Description de l'image Coat of Arms of Alfonso of Orleans, V Duke of Galliera.svg.

Famille

L'infante Eulalie d'Espagne et son époux le prince Antoine d'Orléans (assis) lors de leur visite à La Havane (1893).

Alphonse d’OrlĂ©ans est le fils aĂźnĂ© du prince Antoine d'OrlĂ©ans (1866-1930), duc de Galliera et infant d’Espagne, et de son Ă©pouse et cousine germaine la princesse Eulalie de Bourbon (1864-1958), infante d’Espagne.

Par son pĂšre, il descend du prince Antoine d'OrlĂ©ans (1824-1890), duc de Montpensier, et du roi des Français Louis-Philippe Ier (1773-1850), tandis que, par sa mĂšre, il est le petit-fils de la reine Isabelle II d'Espagne (1830-1904) et de son Ă©poux l’infant François d’Assise de Bourbon (1822-1902).

Le , Alphonse d’OrlĂ©ans Ă©pouse, Ă  Cobourg, en Allemagne, la princesse BĂ©atrice de Saxe-Cobourg-Gotha (1884-1966), fille du duc souverain Alfred de Saxe-Cobourg-Gotha (1844-1900), lui-mĂȘme fils de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni (1819-1901).

De cette union naissent trois enfants :

Biographie

Jeunesse

Le prince Alphonse partage son enfance entre l’Espagne, la France et l’Angleterre, oĂč il reçoit une Ă©ducation soignĂ©e, donnĂ©e par une multitude de professeurs particuliers. Outre l'espagnol, l'enfant apprend ainsi l'anglais, le français et l'allemand, qu'il parle couramment[1].

Les relations de ses parents, Eulalie de Bourbon et Antoine d’OrlĂ©ans, se dĂ©gradant, Alphonse et son jeune frĂšre Louis-Ferdinand sont cependant envoyĂ©s en pension au Beaumont College, une institution jĂ©suite anglaise, en 1889 et y restent jusqu'en 1904[2]. Plus tard, Alphonse poursuit sa formation en Allemagne, Ă  l'UniversitĂ© de Heidelberg, oĂč il Ă©tudie la philosophie. De retour en Espagne, il se destine cependant Ă  la carriĂšre militaire. En 1906, Alphonse d’OrlĂ©ans intĂšgre ainsi l'AcadĂ©mie d'Infanterie de TolĂšde[1].

BĂ©atrice d'Édimbourg, princesse de Saxe-Cobourg-Gotha

Mariage

La mĂȘme annĂ©e 1906, Alphonse d'OrlĂ©ans rencontre la princesse BĂ©atrice de Saxe-Cobourg-Gotha au mariage de son cousin germain, le roi Alphonse XIII d'Espagne, avec la princesse Victoria-EugĂ©nie de Battenberg[N 1]. Alphonse et BĂ©atrice tombent rapidement amoureux mais leur relation n'est pas sans poser problĂšme. De fait, la princesse anglo-allemande est luthĂ©rienne et refuse de se convertir au catholicisme. Or, Alphonse est un proche parent du roi d'Espagne et il est bien placĂ© dans la ligne de succession au trĂŽne. En 1909, Alphonse d'OrlĂ©ans doit donc quitter l’Espagne pour pouvoir Ă©pouser BĂ©atrice. Il perd alors son statut d'infant et n'est plus que prince de Galliera[1].

Premier exil et découverte de l'aviation

ExilĂ©s, Alphonse et BĂ©atrice vivent entre le duchĂ© de Saxe-Cobourg-Gotha, oĂč rĂšgne la famille de la princesse, et la France. À Pau et au Mans, le prince assiste ainsi aux vols des frĂšres Wright et Ă  ceux d'autres pionniers de l'aviation. FascinĂ© par leurs exploits, Alphonse d'OrlĂ©ans dĂ©cide bientĂŽt d'apprendre Ă  piloter[1].

En 1910, le prince intÚgre l'école des frÚres Voisin, dirigée par Hubert Latham, à Mourmelon, en Champagne. Là, il apprend à piloter sur un monoplan Antoinette et obtient son brevet d'aviateur le [1].

Retour en Espagne

Alphonse d'OrlĂ©ans et sa famille sont autorisĂ©s Ă  revenir en Espagne en 1911 et le prince retrouve l'ensemble de ses titres et prĂ©rogatives Ă  la Cour. Il reprend alors l'uniforme et est nommĂ© lieutenant d'infanterie Ă  Melilla, dans le Maroc espagnol. Cependant, l'aviation manque Ă  l'infant. Il demande donc Ă  intĂ©grer la toute nouvelle École de Pilotes Militaires de Cuatro Vientos, ce qu'il obtient le . Un an aprĂšs, le prince devient Ă  son tour professeur pour l'ArmĂ©e de l'Air espagnole[1].

En octobre 1913, Alphonse d'OrlĂ©ans est sĂ©lectionnĂ© pour intĂ©grer la premiĂšre escadrille aĂ©rienne espagnole et participer Ă  l'occupation du Rif marocain. AprĂšs quelques mois de service dans la colonie nord-africaine, l'infant est promu au grade de capitaine et retourne, peu aprĂšs, en Espagne. Il reprend alors son poste de professeur Ă  l'École de Cuatro Vientos, oĂč il s'intĂ©resse particuliĂšrement aux patrouilles acrobatiques[1].

En plus de son travail dans l'ArmĂ©e, don Alphonse remplit un certain nombre de fonctions officielles. DĂ©jĂ , en 1912, il Ă©tait parti deux mois au Japon pour y reprĂ©senter le roi Alphonse XIII aux funĂ©railles de l'empereur Meiji. En , il se rend en visite officielle en Roumanie pour faire de son neveu, le roi Carol II, un colonel honoraire de l'armĂ©e espagnole. En Espagne mĂȘme, l'infant participe Ă  de nombreuses cĂ©rĂ©monies publiques et accompagne rĂ©guliĂšrement le roi lors de ses dĂ©placements officiels[1].

Scandale et deuxiĂšme exil

La reine Marie-Christine d'Espagne avec son fils Alphonse XIII, alors mineur.

Depuis leur retour en Espagne, BĂ©atrice et ses enfants rĂ©sident Ă  Madrid et la princesse ne tarde pas Ă  devenir trĂšs proche du roi. NaĂźt alors la rumeur selon laquelle la princesse de Galliera nourrit une liaison avec le souverain espagnol. Vrai ou non, le scandale se propage dans la capitale et arrive aux oreilles de la reine douairiĂšre, Marie-Christine d’Espagne.

OffusquĂ©e, cette derniĂšre rencontre la princesse BĂ©atrice Ă  Saint-SĂ©bastien et lui demande de quitter l’Espagne. La princesse BĂ©atrice refuse, mais la douairiĂšre oblige le roi son fils Ă  la renvoyer en exil avec son mari et leurs enfants, en . Alphonse d’OrlĂ©ans est alors nommĂ© Ă  la lĂ©gation espagnole de Berne et doit vivre pendant six ans en Suisse.

MalgrĂ© l’humiliation que reprĂ©sente pour lui cette nouvelle mise Ă  l’écart, le prince profite de ses annĂ©es d’exil pour se perfectionner en tant que pilote dans la rĂ©publique helvĂ©tique et en Angleterre. Il Ă©tudie par ailleurs l'organisation de l'armĂ©e suisse et observe avec attention les Ă©vĂ©nements de la PremiĂšre Guerre mondiale[1].

Retour en Espagne

Alphonse, duc de Galliera.

À partir de 1921, les relations entre Alphonse d'OrlĂ©ans et le reste de la famille royale espagnole reviennent petit Ă  petit Ă  la normale. En octobre de cette mĂȘme annĂ©e, le prince et la princesse de Galliera reçoivent ainsi la visite de l'infant Charles de Bourbon-Siciles et de son Ă©pouse, en Suisse. Ce n'est cependant que le qu'Alphonse et sa famille reçoivent l'autorisation de rentrer en Espagne[N 2] - [1].

De retour dans son pays, Alphonse reprend ses fonctions de professeur d'aviation. Il dirige ainsi un cours de chasse en avion Spad Ă  Los AlcĂĄzares. Mais le prince poursuit Ă©galement sa propre formation en se rendant Ă  l'Ă©tranger pour y visiter des bases aĂ©riennes ou rencontrer des constructeurs d'avion. Enfin, Alphonse d'OrlĂ©ans reprend ses fonctions officielles au sein de la monarchie espagnole et reçoit ainsi sa belle-sƓur, la reine Marie de Roumanie, en [1].

En 1925, Alphonse d’OrlĂ©ans reçoit le commandement de l’escadrille Fokker, qui participe au dĂ©barquement d'Al Hoceima, lors de la guerre du Rif. AprĂšs la campagne, l'infant devient directeur de l’École de Tir et de Bombardement de Los AlcĂĄzares puis chef de l’École Tactique et inspecteur des Troupes espagnoles[3].

En 1930, Alphonse d'OrlĂ©ans participe au voyage du LZ 127 Graf Zeppelin, ce qui le conduit de SĂ©ville au BrĂ©sil puis aux États-Unis[4]. À cette occasion, il rencontre le prĂ©sident amĂ©ricain Herbert Hoover Ă  Washington. Quelques mois plus tard, le pĂšre du prince, l'infant Antoine d'OrlĂ©ans, trouve la mort Ă  Paris. Alphonse d'OrlĂ©ans lui succĂšde donc Ă  la tĂȘte du duchĂ© italien de Galliera et devient l'aĂźnĂ© des OrlĂ©ans d'Espagne.

De la RĂ©publique au franquisme

Lors de la proclamation de la Seconde RĂ©publique espagnole, le , Alphonse d'OrlĂ©ans choisit de suivre son cousin le roi en exil et part s'installer Ă  Londres avec sa famille. Il tente cependant de revenir en Espagne en 1932 mais est arrĂȘtĂ© et dĂ©portĂ© par le gouvernement Ă  Villa Cisneros, dans le Sahara espagnol. L'infant rĂ©ussit malgrĂ© tout Ă  s'Ă©chapper de sa prison et gagner Lisbonne avec une trentaine d'autres monarchistes le [5].

Avions Savoia-Marchetti SM.79, du mĂȘme type que ceux pilotĂ©s par l'infant pendant la guerre civile.

Quelques années plus tard éclate la guerre civile espagnole et les enfants du prince s'enrÎlent dans les armées nationalistes. Le , l'infant Alonso trouve ainsi la mort à bord d'un Romeo 37[3].

Quelques mois plus tard, en 1937, le général Francisco Franco autorise le prince Alphonse à rentrer en Espagne, sans doute grùce à l'intervention d'Alfredo Kindelån. L'infant réintÚgre l'armée et participe, en tant que pilote, aux campagnes de Teruel, de l'Èbre et de Catalogne[3].

AprĂšs le conflit, le prince est promu gĂ©nĂ©ral de brigade (1940) puis de division (1943) par le gouvernement du caudillo. Il est par ailleurs nommĂ© Ă  la tĂȘte de la Seconde RĂ©gion aĂ©rienne espagnole le [3].

Démission de l'Armée

Buste du comte de Barcelone.

Le , Alphonse d’OrlĂ©ans renonce cependant Ă  ses fonctions pour appuyer le Manifeste de Lausanne, dans lequel Jean de Bourbon, comte de Barcelone et prĂ©tendant au trĂŽne d'Espagne, rĂ©clame la restauration de la monarchie. Cette dĂ©cision met fin Ă  la carriĂšre militaire du duc de Galliera, mais celui-ci continue toutefois Ă  piloter. Il totalise ainsi plus de 6 000 heures de vol jusqu'Ă  sa mort[3].

Dans les années qui suivent, l'infant Alphonse joue le rÎle de représentant non officiel du comte de Barcelone en Espagne. Il fait ainsi acte d'intermédiaire entre les monarchistes et le prétendant.

DerniÚres années

Alphonse d'Orléans meurt d'une crise cardiaque le , neuf ans aprÚs sa femme, la princesse Béatrice, et peu de temps avant l'accession au trÎne de son petit-cousin le roi Juan Carlos Ier d'Espagne.

Depuis 1989, une fondation espagnole dĂ©diĂ©e Ă  la conservation des avions historiques porte le nom du prince : c’est la FundaciĂłn Infante de OrleĂĄns[6].

Titulature et décorations

Titulature

  • — : Son Altesse Royale Alphonse d'OrlĂ©ans y BorbĂłn, infant d'Espagne
  • — : Son Altesse Royale Alphonse d'OrlĂ©ans y BorbĂłn
  • — : Son Altesse Royale Alphonse d'OrlĂ©ans y BorbĂłn, infant d'Espagne
  • — : Son Altesse Royale le duc de Galliera, infant d'Espagne
  • — : Son Altesse Royale Alphonse d'OrlĂ©ans y BorbĂłn, infant d'Espagne

DĂ©corations dynastiques

Drapeau du Royaume des Deux-Siciles Royaume des Deux-Siciles
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Ordre de la Toison d'Or Chevalier de l’ordre de la Toison d'Or ([7], dĂ©chu le [8], rĂ©intĂ©grĂ© le [9])
Ordre de Charles III d'Espagne Grand-croix de l’ordre de Charles III (, dĂ©chu le [8], rĂ©intĂ©grĂ© le [9])
Ordre d'Isabelle la Catholique Grand-croix de l’ordre d'Isabelle la Catholique ()
Ordre du Mérite aéronautique Grand-croix avec distinctions blanches de l'ordre du Mérite aéronautique (17 juillet 1972)[10]
MĂ©daille de l'Air MĂ©daille de l'Air (23 novembre 1968)[11]
Ordre de Calatrava Chevalier de l’ordre de Calatrava
Real Maestranza de Caballería de Séville Chevalier de la Société royale d'équitation de Séville (1915)[12]
Drapeau français République française
Ordre national de la LĂ©gion d'honneur Chevalier de la LĂ©gion d'honneur

Publication

  • (es) Infante Alfonso de OrleĂĄns y BorbĂłn, Funcionamiento y rĂ©gimen interior de la Escuela de Pilotos de Netheravon, 1924 (rapport transmis au MinistĂšre de la Guerre espagnol)

Annexes

Bibliographie

  • (es) Ana de Sagrera, Ena y Bee : en defensa de una amistad, Madrid, VelecĂ­o Editores, , 1re Ă©d. (ISBN 978-84-935000-2-3).

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Petite-fille de la Victoria du Royaume-Uni, la nouvelle reine est Ă©galement la cousine germaine de la princesse BĂ©atrice.
  2. Il faut toutefois attendre deux ans de plus pour que le nom du prince Alphonse soit officiellement rayé de la liste du personnel de la légation bernoise. Cecilio Yusta Viñas, « El Infante Don Alfonso de Orleåns y Borbón » sur le site de la Fundación Infante de Orleåns, 1999.

Références

  1. Cecilio Yusta Viñas, « El Infante Don Alfonso de Orleåns y Borbón » sur le site de la Fundación Infante de Orleåns, 1999.
  2. Bernardo Rodríguez Caparrini, « A Catholic Public School in the Making », Paedagogica Historica n° 39, décembre 2003, p. 743.
  3. « Alfonso de OrleĂĄns y BorbĂłn Â» sur le site de l'AsociaciĂłn Aire.
  4. « 20 Engage Passage for Ocean Flight », The New York Times, 19 mai 1930, p. 5 et « Zeppelin Flies to Seville », The New York Times, 20 mai 1930, p. 1.
  5. « Ragged Spanish Grandees Tell of Escape », The New York Times, 16 janvier 1933, p. 1.
  6. « QuĂ© es la FIO Â» sur le site de la FundaciĂłn Infante de OrleĂĄns.
  7. (es) « Décret royal du 13 mai 1907 »
  8. (es) « Décret royal du 17 juillet 1909 »
  9. (es) « Décret royal du 12 mars 1912 »
  10. « BOE.es - Documento BOE-A-1972-44324 », sur www.boe.es (consulté le )
  11. « BOE.es - Documento BOE-A-1968-51402 », sur www.boe.es (consulté le )
  12. « Hemeroteca Digital. Biblioteca Nacional de España », sur hemerotecadigital.bne.es (consulté le ), p. 265
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