Alberto Reig Tapia
Alberto Reig Tapia[note 1] (Madrid, 1949) est un historien et politologue espagnol.
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RaĂșl Morodo (d), Manuel Tuñón de Lara |
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DĂ©tenteur notamment dâun doctorat de lâuniversitĂ© de Pau, il est depuis 2001 professeur titulaire de sciences politiques Ă lâuniversitĂ© Rovira i Virgili de Tarragone. Son domaine de spĂ©cialitĂ© est la politique espagnole contemporaine, en particulier la Guerre civile de 1936-1939 et les processus politiques sous la Seconde RĂ©publique, Ă laquelle il a consacrĂ© plusieurs ouvrages marquants. Il est connu aussi pour sâĂȘtre engagĂ© contre lâindĂ©pendantisme catalan et avoir pourfendu, avec des accents souvent polĂ©miques, lâhistoriographie rĂ©visionniste nĂ©ofranquiste.
Biographie
AprĂšs une licence en sciences politiques et sociales et en sciences de lâinformation, Alberto Reig Tapia obtint en 1982 un doctorat en sciences politiques et en sociologie Ă lâuniversitĂ© complutense de Madrid, puis soutint, sous la direction de lâhistorien Manuel Tuñón de Lara, une thĂšse de doctorat Ă lâuniversitĂ© de Pau en France. Il a ensuite enseignĂ© au dĂ©partement de Sciences politiques et administratives (1974-2000) et dispensĂ© des cours de politique espagnole contemporaine et de culture et civilisation hispaniques dans diffĂ©rentes universitĂ©s de New York et Ă Harvard, aux Ătats-Unis[1] - [2]. Il est depuis 2001 titulaire de la chaire de sciences politiques Ă lâuniversitĂ© Rovira i Virgili (URV, Ă©tablie Ă Tarragone).
Le domaine de spĂ©cialitĂ© de Reig Tapia est lâĂ©tude de lâEspagne contemporaine sous lâangle de la culture politique : processus historiques, attitudes, comportements, violence, lĂ©gitimation et mythification politiques sous la Seconde RĂ©publique, la Guerre civile, le franquisme, et la dĂ©mocratie. Il a apportĂ© son concours, Ă titre de chercheur, Ă la sĂ©rie documentaire intitulĂ©e « Memoria de España: medio siglo de crisis, 1896-1936 » (littĂ©r. MĂ©moire de lâEspagne : un demi-siĂšcle de crises, 1896-1936, de 1983), dirigĂ©e par Ricardo Blasco et diffusĂ©e par la chaĂźne TVE, puis, en tant quâassistant-rĂ©dacteur, Ă la sĂ©rie dirigĂ©e par Pascual Cervera « España en guerra, 1936-1939 » (de 1987). En 1986, il fut fondateur et membre du comitĂ© de direction de la Sociedad de Estudios de la Guerra Civil y del Franquismo (SEGUEF), et fait partie aujourdâhui (2022) du Centre d'Estudis sobre les Ăpoques Franquista i DemocrĂĄtica (CEFID). Depuis 2013, il est membre-cofondateur du CECOS â soit : Centro de Estudios sobre Conflictos Sociales: guerras, exilios, transiciones y migraciones en el mundo contemporĂĄneo â, de lâURV.
Entre 1979 et 1986, Reig Tapia sâattacha Ă critiquer les travaux et la mĂ©thodologie de recherche de RamĂłn Salas LarrazĂĄbal sur les victimes de la Guerre civile[3]. Francisco Espinosa Maestre, qui Ă©tait membre de la commission dâexperts chargĂ©e dâassister le juge Baltasar GarzĂłn dans sa mission de composer un dossier sur les crimes contre lâhumanitĂ© commis par les autoritĂ©s franquistes, dĂ©clara Ă ce propos : « Il convient de reconnaĂźtre la dette que nous, chercheurs sur la rĂ©pression, avons contractĂ©e envers Alberto Reig Tapia, le premier qui, de lâintĂ©rieur, ait rĂ©flĂ©chi sur, et mis un peu dâordre dans, une question aussi compliquĂ©e, et aux recherches de qui [...] il est toujours obligatoire de se reporter »[4].
Reig Tapia rechignait Ă se soumettre Ă lâimpĂ©ratif dâoubli du passĂ© immĂ©diat de lâEspagne, impĂ©ratif qui fut de rigueur pendant la pĂ©riode dĂ©mocratique et auquel les milieux de gauche en Espagne avaient consenti Ă se plier, dans le souci dâassurer un consensus gĂ©nĂ©ral durant la Transition[5] - [6]. Dans son ouvrage Anti Moa. La subversiĂłn neofranquista de la Historia de España (2006), Reig Tapia se manifeste comme lâun des plus Ăąpres dĂ©tracteurs de lâauteur rĂ©visionniste PĂo Moa[7], Ă©crivant notamment, en conclusion de son livre (Ă la p. 486), que « Moa nâest pas un historien et ce quâil Ă©crit nâest pas de lâhistoriographie », mais de lâ« historiettographie » (p. 53), et qualifiant Moa de « phĂ©nomĂšne mĂ©diatique» (p. 54) « surgi du nĂ©ant » (p. 477), de « publiciste [sâexprimant] sur des sujets plus ou moins historiques » (p. 165), dont lâĆuvre ne mĂ©rite pas « la moindre considĂ©ration de la part des professionnels » de lâhistoire (p. 53), qui nâa rĂ©coltĂ© que le « rejet ferme et unanime de la communautĂ© historiographique nationale et internationale » (p. 168), dont les « rĂ©sultats inexistants apparaissent, aprĂšs examen, ouvertement propagandistes, jamais acadĂ©miques » (p. 479-480), qui « ignore » jusquâaux « rudiments les plus Ă©lĂ©mentaires » de la « mĂ©thode scientifique propre Ă toutes les sciences » (p. 54) ainsi que « toute la bibliographie acadĂ©mique des derniĂšres annĂ©es » (p. 172) ; Reig Tapia tient Moa pour un continuateur de lâhistoriographie franquiste, arguant, Ă propos de son livre Los mitos de la Guerra Civil, quâil sâagit « dâun parfait condensĂ© des lieux communs essentiels de lââhistoriographieâ franquiste, dĂ»ment rĂ©ajustĂ©e, du point de vue formel, aux temps nouveaux » (p. 164).
Prise de position contre le processus dâindĂ©pendance de la Catalogne
Ă partir de 2014, par le biais de diffĂ©rents articles dâopinion quâil publia Ă ce sujet dans le quotidien Diari de Tarragona, dont le premier sâintitulait « El poder y el derecho a decidir » (littĂ©r. le Pouvoir et le droit de dĂ©cider, paru le 2 fĂ©vrier 2014), Reig Tapia commença Ă se positionner contre le processus dâindĂ©pendance de la Catalogne[8].
Le , il figura â aux cĂŽtĂ©s notamment de FĂ©lix Ovejero et de Francesc de Carreras, fondateurs de lâassociation Ciutadans de Catalunya (littĂ©r. Citoyens de Catalogne) â parmi les huit seuls professeurs dâuniversitĂ© catalans ayant signĂ© le manifeste Parar el golpe. 500 profesores en defensa de la democracia constitucional (littĂ©r. ArrĂȘter le coup dâĂtat. 500 professeurs prennent la dĂ©fense de la dĂ©mocratie constitutionnelle), dont les premiers signataires Ă©taient Fernando Savater et Ăngel Viñas et qui fut rendu public dix jours aprĂšs que la majoritĂ© indĂ©pendantiste au Parlement de Catalogne eut approuvĂ© entre le 6 et la loi sur le rĂ©fĂ©rendum dâautodĂ©termination de la Catalogne et la loi de transition juridique et constitutive de la RĂ©publique, qui rompaient avec la lĂ©galitĂ© constitutionnelle et statutaire et qui furent du reste immĂ©diatement suspendues (puis, plus tard, annulĂ©es) par le Tribunal constitutionnel. Dans le manifeste, le gouvernement de Mariano Rajoy Ă©tait requis dâempĂȘcher « la tenue dâun faux ârĂ©fĂ©rendumâ illĂ©gitime et illĂ©gal, en mettant Ă la disposition de la justice les responsables de cette entorse Ă la dĂ©mocratie et en faisant en sorte que tout le poids de la loi retombe sur eux »[9] - [10].
Le , le lendemain des incidents qui sâĂ©taient produits devant le dĂ©partement catalan de l'Ăconomie (Conselleria dâEconomia), et quatre jours seulement aprĂšs la publication du manifeste Parar el golpe, le Syndicat des Ă©tudiants des Pays catalans de lâuniversitĂ© Rovira i Virgili (SEPC-URV) exigeait la dĂ©mission dâAlberto Reig Tapia au motif quâil avait signĂ© un manifeste attentatoire aux « libertĂ©s et droits du peuple catalan » et appelĂ© « Ă la censure et lâusage de la violence contre la volontĂ© populaire ». Le communiquĂ© du SEPC-URV se terminait par la phrase : « Le fascisme avance si on ne le combat pas »[11]. Dans le mĂȘme temps, Reig Tapia fut la cible dâattaques sur les rĂ©seaux sociaux â « quâon dĂ©capite cet excitĂ© », Ă©tait-il dit dans un tweet (en castillan), et dans dâautres il Ă©tait traitĂ© de « feixista » ('fasciste') â et son portrait Ă©tait affichĂ© dans un mĂ©dia indĂ©pendantiste en ligne, Ă cĂŽtĂ© de celui des sept autres professeurs dâuniversitĂ© catalans ayant signĂ© le manifeste concernĂ©. Il est Ă noter quâaucun professeur ni aucune autoritĂ© universitaire de lâuniversitĂ© Rovira i Virgili, ni dâaucune autre universitĂ© catalane, ne se manifesta pour dĂ©fendre leur droit Ă sâexprimer librement, au contraire de trois centaines de professeurs dâuniversitĂ©s espagnoles et Ă©trangĂšres, qui apposĂšrent leur signature sous un manifeste intitulĂ© « En defensa de la libertad de expresiĂłn de los profesores en Cataluña », publiĂ© dans le quotidien El PaĂs le ; les deux premiers signataires Ă©taient les hispanistes John H. Elliot (Grande-Bretagne) et Joseph PĂ©rez (France)[12] - [13].
Au dĂ©but de 2021, Reig Tapia publia lâouvrage El desafĂo secesionista catalĂĄn. El pasado de una ilusiĂłn (littĂ©r. Le DĂ©fi sĂ©cessionniste catalan. Le passĂ© dâun idĂ©al)[14], virulent rĂ©quisitoire contre le nationalisme catalan de façon gĂ©nĂ©rale[15] et contre le sĂ©cessionnisme catalan en particulier, assorti dâun regard trĂšs critique sur les Ă©vĂ©nements de lâautomne 2017 et dâune apologie des principes et idĂ©es du constitutionnalisme-unionisme. Il se mit en devoir Ă©galement de dĂ©masquer les pseudohistoriens, les historiettographes (ainsi quâil les appelle), de lâInstitut Nova HistĂČria. Reig Tapia par ailleurs se dĂ©finit dans le livre comme un « antinationaliste âtout courtâ »[16], compte tenu que tous les nationalismes « portent sur eux le stigmate dâune idĂ©ologie nĂ©gative et dâexclusion et, autant que faire se peut, injonctive et expansionniste »[17]. En ce qui concerne lâEspagne, Reig Tapia se classe parmi ceux qui la considĂšrent « comme une pluralitĂ© fascinante dans sa riche variĂ©tĂ©, par lâeffet de lâassemblage des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments historiques et culturels qui la constituent. [âŠ] Moi-mĂȘme, je suis bien Ă©videmment de ceux qui sâefforcent de donner corps Ă cette variĂ©tĂ© bĂ©nie et de la renforcer, mais en aucune façon de dĂ©truire et dâaffaiblir sa magnifique unitĂ© et solidaritĂ©. Et moins encore au nom de la dĂ©mocratie, laquelle est plurielle par dĂ©finition, ou nâest pas »[18]. « Nous vivons dans un pays libre et jouissons dâune Constitution qui garantit et protĂšge les droits fondamentaux de lâhomme, et ce pour toutes les personnes, sans Ă©gard au lieu oĂč elles sont nĂ©es et oĂč elles vivent »[19]. « Ce quâil convient de faire, câest de stimuler le principe de la diversitĂ© et d'Ă©duquer dans ce principe. Câest la seule voie pour Ă©chapper Ă lâĂ©cheveau de mensonges qui se tisse autour du mythe de lâidentitĂ© »[20].
Publications
Comme auteur
- (es) IdeologĂa e historia. Sobre la represiĂłn franquista y la Guerra Civil, Madrid, Akal, coll. « España sin espejo », , 184 p. (ISBN 978-8476000144) (avec une prĂ©face de Manuel Tuñón de Lara).
- (es) Violencia y Terror. Estudios sobre la Guerra Civil Española, Madrid, Akal, coll. « Universitaria », , 192 p. (ISBN 84-7600-693-4)[1].
- (es) Franco «Caudillo»: Mito y realidad, Madrid, Editorial Tecnos, , 302 p. (ISBN 978-8430928002)[21] - [22].
- (es) Memoria de la Guerra Civil. Los mitos de la tribu, Madrid, Alianza Editorial, , 398 p. (ISBN 978-8420667430)[23] - [24].
- (es) Franco, el CĂ©sar Superlativo, Madrid, Editorial Tecnos, , 400 p. (ISBN 978-8430943494)[25].
- (es) La cruzada de 1936: mito y memoria, Madrid, Alianza Editorial, , 432 p. (ISBN 978-8420647777)[26].
- (es) Anti-Moa. La subversión neofranquista de la Historia de España, Barcelone, Ediciones B, , 528 p. (ISBN 978-8466628099) (avec une préface de Paul Preston)[27].
- (es) Revisionismo y polĂtica. PĂo Moa revisitado, Madrid, Foca, coll. « InvestigaciĂłn », , 304 p. (ISBN 978-84-96797-10-9).
- (es) La crĂtica de la crĂtica. Inconsecuentes, insustanciales, impotentes, prepotentes y equidistantes, Madrid, Siglo XXI, coll. « España », , 504 p. (ISBN 978-8432318658).
- (es) España constitucional (1978-2018): Trayectorias y perspectivas, vol. 5, Madrid, Centro de Estudios PolĂticos y Constitucionales, , 1160 p. (ISBN 978-8425917653), « La polĂtica, la ConstituciĂłn y la soberanĂa. Sobre Cataluña en el aniversario de la ConstituciĂłn », p. 4257-4276 (ouvrage collectif sous la direction de Benigno PendĂĄs, 5 tomes, 4673 pages au total).
- (es) La democracia herida. La tormenta perfecta, Madrid, Marcial Pons, coll. « Biblioteca de gobernanza y derechos humanos », , 449 p. (ISBN 978-8491236542), « España y Cataluña. Un inquietante malestar », p. 355-385 (ouvrage collectif sous la direction dâĂlvaro Soto).
- (es) El desafĂo secesionista catalĂĄn. El pasado de una ilusiĂłn, Madrid, Editorial Tecnos, , 560 p. (ISBN 978-8430981359).
Comme coordinateur
Comme coordinateur et auteur :
- (es) Manuel Tuñón de Lara. El compromiso con la Historia. Su vida y su obra, Bilbao, Servicio Editorial de la Universidad del PaĂs Vasco, , 356 p. (ISBN 84-7585-409-5) (ouvrage collectif, en collaboration avec JosĂ© Luis de la Granja Sainz ; prĂ©face de Pedro LaĂn Entralgo).
- (es) Tuñón de Lara y la HistoriografĂa Española, Madrid, Siglo XXI de España, , 364 p. (ISBN 84-323-1003-4) (ouvrage collectif, en collaboration avec JosĂ© Luis de la Granja Sainz et Ricardo F. J. Miralles Palencia)[28].
- (es) Exilios en el mundo contemporĂĄneo: vida y destino, Tarragone / MĂ©xico D.F., Publicacions Universitat Rovira i Virgili / Universidad AutĂłnoma de la Ciudad de MĂ©xico / Sistemas de Inteligencia en Mercados y OpiniĂłn, , 548 p. (ISBN 978-607-9465-17-9, lire en ligne) (ouvrage collectif, en collaboration avec Josep SĂĄnchez CervellĂł).
- (es) Transiciones en el mundo contemporĂĄneo, Tarragone / Mexico, Publicacions Universitat Rovira i Virgili / Universidad Nacional AutĂłnoma de MĂ©xico, , 706 p. (ISBN 978-84-8424-500-1, lire en ligne) (ouvrage collectif, en collaboration avec Josep SĂĄnchez CervellĂł).
- (es) La Guerra Civil española, 80 años después. Un conflicto internacional y una fractura cultural, Madrid, Tecnos, , 584 p. (ISBN 978-8430976096) (ouvrage collectif, en collaboration avec Josep Sånchez Cervelló).
RĂ©ception critique
Les collĂšgues historiens de Reig Tapia ont Ă©mis sur son Ćuvre historiographique les commentaires suivants :
En 2000, Miguel GarcĂa-Posada estimait que Reig Tapia « fait montre dâune louable connaissance de la mĂ©moire littĂ©raire de la Guerre civile »[29].
Juan Sisinio PĂ©rez GarzĂłn dĂ©clara en 2001 Ă propos de Memoria de la Guerra Civil. Los mitos de la tribu quâil sâagit dâun ouvrage indispensable, dont il est juste de recommander la lecture afin que les gĂ©nĂ©rations futures connaissent les souffrances que comportait la dictature, et que le livre « tĂ©moigne sans dĂ©tours de lâutilitĂ© sociale de la mĂ©moire historique pour organiser un vivre-ensemble dĂ©mocratique »[30].
En 2008, Pedro Carlos GonzĂĄlez Cuevas soutenait que dans lâĆuvre de Reig Tapia « câest clairement le pathos qui prime sur le logos » et qualifiait lâauteur de « continuateur et hĂ©ritier » du « front-populisme historiographique »[31].
En 2009, Estanislao Cantero soulignait que dans lâouvrage de Reig Tapia Anti Moa. La subversiĂłn neofranquista de la Historia de España, « il y a lieu de faire une distinction permanente entre ce qui relĂšve du pur pamphlet et ce qui est de la critique historique » et posait que Reig Tapia Ă©tait probablement le cas le plus reprĂ©sentatif dâune historiographie nouvelle qui « sâapplique Ă dĂ©molir »[32].
Selon Justo Serna Alonso, « AntiMoa, dâAlberto Reig Tapia, est lâun de ces rares livres qui abordent directement le phĂ©nomĂšne du rĂ©visionnisme, ses procĂ©dĂ©s et ses ressources. Bien que je sois dâaccord avec la critique que lâauteur fait de PĂo Moa et dâautres propagandistes apparentĂ©s, je ne partage pas ses usages linguistiques, sa maniĂšre de sâexprimer et une bonne part de ses mĂ©taphores. Il vitupĂšre, mais les invectives quâil leur adresse ne sont pas une preuve susceptible dâemporter la conviction. Je dois reconnaĂźtre que câest un livre nĂ©cessaire, nĂ©cessaire en raison de son objet, attendu quâil dĂ©monte piĂšce par piĂšce ce qui nâest que des textes historiques mystificateurs, voire pamphlĂ©taires, qui tant lâirritent et nous irritent. Câest pourquoi le volume se passerait bien de la rhĂ©torique quâil vilipende : lâemphase provocatoire[33] ».
Lâhispaniste canadienne Maryse Bertrand Ă©crivit en 2002 de Memoria de la Guerra Civil que ce livre « constitue un excellent passage en revue des productions culturelles de la guerre fratricide et de ses consĂ©quences, une analyse profonde et originale des mythes crĂ©Ă©s par la âtribu espagnoleâ »[34].
En 2002, lâhistorien Enrique Moradiellos, ayant dâabord constatĂ© dans Memoria de la Guerra Civil un « propos gĂ©nĂ©ral polĂ©miste et combatif »[23], considĂ©rait que lâouvrage de Reig Tapia « peut se comprendre comme le point culminant dâune trajectoire personnelle de recherche sur un thĂšme qui avait eu pour dĂ©clencheur une Ă©tude pionniĂšre [Ă savoir : IdeologĂa e historia] [...], [lâauteur] a rĂ©ussi Ă poser un jalon marquant avec son avant-dernier livre [Franco « caudillo ». Mito y realidad]. Ă lâĂ©gal de ces prĂ©cĂ©dents travaux, lâouvrage objet de la prĂ©sente recension prĂ©sente clairement quelques-unes des caractĂ©ristiques du mode opĂ©ratoire dâAlberto Reig Tapia dans sa double qualitĂ© de politologue et dâhistorien contemporanĂ©iste » et soulignait en particulier « lâexhaustivitĂ© dans la recherche de sources dâinformation (tant dâarchives que de presse ou bibliographiques), le goĂ»t de la prĂ©cision du dĂ©tail crucial ou anecdotique, et la pondĂ©ration critique des tĂ©moignages adverses sur des aspects polĂ©miques ou controversĂ©s »[23].
Notes et références
Notes
- Le patronyme catalan Reig se prononce âretchâ (transcription API : /retÊ/).
Références
- (es) « REIG TAPIA, Alberto. Violencia y Terror. Estudios sobre la Guerra Civil Española. Madrid, Akal, 1990, 198 pp., Akal Universitaria, 150 », Anthropos, Barcelona, Editorial Anthropos, no 127,â , p. 86 (ISSN 0211-5611, lire en ligne).
- (ca) « Alberto Reig Tapia », Université Rovira i Virgili / Département de droit public / Faculté des sciences juridiques (consulté le )
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- (es) Francisco Espinosa Maestre, Morir, matar, sobrevivir. La violencia en la dictadura de Franco, Barcelone, CrĂtica, , p. 309 (collectif sous la coordin. de J. Casanova).
- F. Sevillano Calero (2003), p. 304.
- P. GarcĂa Colmenares (2005), p. 128.
- D. A. Chechkin (2009), p. 230-231.
- A. Reig Tapia (2021), p. 24-25.
- A. Reig Tapia (2021), p. 523-524.
- (es) (rédaction), « Parar el golpe. 500 profesores en defensa de la democracia constitucional », sur Ibercampus, Club Abierto de Editores, (texte intégral du manifeste Parar el golpe, suivi de la liste des signataires).
- A. Reig Tapia (2021), p. 525.
- A. Reig Tapia (2021), p. 33-37.
- (es) (manifeste collectif), « En defensa de la libertad de expresiĂłn de los profesores en Cataluña. MĂĄs de 300 profesores e investigadores universitarios de todo el mundo firman un manifiesto de apoyo a sus colegas catalanes opuestos al referĂ©ndum », El PaĂs,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- A. Reig Tapia (2021), p. 29.
- (es) Francisco Oya, « El mito del genocidio cultural catalĂĄn », Historiadors de Catalunya,â (lire en ligne, consultĂ© le ) :
« Le « catalanisme politique » ou « sĂ©paratisme catalan » a crĂ©Ă© des mythes historiques destinĂ©s à « favoriser, en appelant au sentimentalisme et Ă lâirrationalitĂ©, un Ă©tat dâopinion propre Ă tolĂ©rer la dĂ©sobĂ©issance vis-Ă -vis de la lĂ©galitĂ© constitutionnelle et la destruction de la souverainetĂ© nationale du peuple espagnol », en plus de faire « un usage politique de la langue catalane » »
- A. Reig Tapia (2021), p. 38.
- A. Reig Tapia (2021), p. 502.
- A. Reig Tapia (2021), p. 21-22.
- A. Reig Tapia (2021), p. 520.
- A. Reig Tapia (2021), p. 155.
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Liens externes
- Ressource relative Ă la recherche :
- (en) ORCID
- (es) Alberto Reig Tapia, « La represiĂłn franquista y la guerra civil: consideraciones metodolĂłgicas, instrumentalizaciĂłn polĂtica y justificaciĂłn ideolĂłgica », Madrid, universitĂ© complutense de Madrid / facultĂ© des sciences politiques et sociales, (consultĂ© le ), p. 296 (texte intĂ©gral de la thĂšse de doctorat de Reig Tapia, Madrid 1982).