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Alberto Reig Tapia

Alberto Reig Tapia[note 1] (Madrid, 1949) est un historien et politologue espagnol.

Alberto Reig Tapia
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RaĂșl Morodo (d), Manuel Tuñón de Lara
Influencé par
ƒuvres principales
  • Franco «Caudillo»: Mito y realidad (1995)
  • Anti-Moa (2006)
  • La crĂ­tica de la crĂ­tica (2017)
  • El desafĂ­o secesionista catalĂĄn (2021)

DĂ©tenteur notamment d’un doctorat de l’universitĂ© de Pau, il est depuis 2001 professeur titulaire de sciences politiques Ă  l’universitĂ© Rovira i Virgili de Tarragone. Son domaine de spĂ©cialitĂ© est la politique espagnole contemporaine, en particulier la Guerre civile de 1936-1939 et les processus politiques sous la Seconde RĂ©publique, Ă  laquelle il a consacrĂ© plusieurs ouvrages marquants. Il est connu aussi pour s’ĂȘtre engagĂ© contre l’indĂ©pendantisme catalan et avoir pourfendu, avec des accents souvent polĂ©miques, l’historiographie rĂ©visionniste nĂ©ofranquiste.

Biographie

AprĂšs une licence en sciences politiques et sociales et en sciences de l’information, Alberto Reig Tapia obtint en 1982 un doctorat en sciences politiques et en sociologie Ă  l’universitĂ© complutense de Madrid, puis soutint, sous la direction de l’historien Manuel Tuñón de Lara, une thĂšse de doctorat Ă  l’universitĂ© de Pau en France. Il a ensuite enseignĂ© au dĂ©partement de Sciences politiques et administratives (1974-2000) et dispensĂ© des cours de politique espagnole contemporaine et de culture et civilisation hispaniques dans diffĂ©rentes universitĂ©s de New York et Ă  Harvard, aux États-Unis[1] - [2]. Il est depuis 2001 titulaire de la chaire de sciences politiques Ă  l’universitĂ© Rovira i Virgili (URV, Ă©tablie Ă  Tarragone).

Le domaine de spĂ©cialitĂ© de Reig Tapia est l’étude de l’Espagne contemporaine sous l’angle de la culture politique : processus historiques, attitudes, comportements, violence, lĂ©gitimation et mythification politiques sous la Seconde RĂ©publique, la Guerre civile, le franquisme, et la dĂ©mocratie. Il a apportĂ© son concours, Ă  titre de chercheur, Ă  la sĂ©rie documentaire intitulĂ©e « Memoria de España: medio siglo de crisis, 1896-1936 » (littĂ©r. MĂ©moire de l’Espagne : un demi-siĂšcle de crises, 1896-1936, de 1983), dirigĂ©e par Ricardo Blasco et diffusĂ©e par la chaĂźne TVE, puis, en tant qu’assistant-rĂ©dacteur, Ă  la sĂ©rie dirigĂ©e par Pascual Cervera « España en guerra, 1936-1939 » (de 1987). En 1986, il fut fondateur et membre du comitĂ© de direction de la Sociedad de Estudios de la Guerra Civil y del Franquismo (SEGUEF), et fait partie aujourd’hui (2022) du Centre d'Estudis sobre les Époques Franquista i DemocrĂĄtica (CEFID). Depuis 2013, il est membre-cofondateur du CECOS — soit : Centro de Estudios sobre Conflictos Sociales: guerras, exilios, transiciones y migraciones en el mundo contemporĂĄneo —, de l’URV.

Entre 1979 et 1986, Reig Tapia s’attacha Ă  critiquer les travaux et la mĂ©thodologie de recherche de RamĂłn Salas LarrazĂĄbal sur les victimes de la Guerre civile[3]. Francisco Espinosa Maestre, qui Ă©tait membre de la commission d’experts chargĂ©e d’assister le juge Baltasar GarzĂłn dans sa mission de composer un dossier sur les crimes contre l’humanitĂ© commis par les autoritĂ©s franquistes, dĂ©clara Ă  ce propos : « Il convient de reconnaĂźtre la dette que nous, chercheurs sur la rĂ©pression, avons contractĂ©e envers Alberto Reig Tapia, le premier qui, de l’intĂ©rieur, ait rĂ©flĂ©chi sur, et mis un peu d’ordre dans, une question aussi compliquĂ©e, et aux recherches de qui [...] il est toujours obligatoire de se reporter »[4].

Reig Tapia rechignait Ă  se soumettre Ă  l’impĂ©ratif d’oubli du passĂ© immĂ©diat de l’Espagne, impĂ©ratif qui fut de rigueur pendant la pĂ©riode dĂ©mocratique et auquel les milieux de gauche en Espagne avaient consenti Ă  se plier, dans le souci d’assurer un consensus gĂ©nĂ©ral durant la Transition[5] - [6]. Dans son ouvrage Anti Moa. La subversiĂłn neofranquista de la Historia de España (2006), Reig Tapia se manifeste comme l’un des plus Ăąpres dĂ©tracteurs de l’auteur rĂ©visionniste PĂ­o Moa[7], Ă©crivant notamment, en conclusion de son livre (Ă  la p. 486), que « Moa n’est pas un historien et ce qu’il Ă©crit n’est pas de l’historiographie », mais de l’« historiettographie » (p. 53), et qualifiant Moa de « phĂ©nomĂšne mĂ©diatique» (p. 54) « surgi du nĂ©ant » (p. 477), de « publiciste [s’exprimant] sur des sujets plus ou moins historiques » (p. 165), dont l’Ɠuvre ne mĂ©rite pas « la moindre considĂ©ration de la part des professionnels » de l’histoire (p. 53), qui n’a rĂ©coltĂ© que le « rejet ferme et unanime de la communautĂ© historiographique nationale et internationale » (p. 168), dont les « rĂ©sultats inexistants apparaissent, aprĂšs examen, ouvertement propagandistes, jamais acadĂ©miques » (p. 479-480), qui « ignore » jusqu’aux « rudiments les plus Ă©lĂ©mentaires » de la « mĂ©thode scientifique propre Ă  toutes les sciences » (p. 54) ainsi que « toute la bibliographie acadĂ©mique des derniĂšres annĂ©es » (p. 172) ; Reig Tapia tient Moa pour un continuateur de l’historiographie franquiste, arguant, Ă  propos de son livre Los mitos de la Guerra Civil, qu’il s’agit « d’un parfait condensĂ© des lieux communs essentiels de l’“historiographie” franquiste, dĂ»ment rĂ©ajustĂ©e, du point de vue formel, aux temps nouveaux » (p. 164).

Prise de position contre le processus d’indĂ©pendance de la Catalogne

À partir de 2014, par le biais de diffĂ©rents articles d’opinion qu’il publia Ă  ce sujet dans le quotidien Diari de Tarragona, dont le premier s’intitulait « El poder y el derecho a decidir » (littĂ©r. le Pouvoir et le droit de dĂ©cider, paru le 2 fĂ©vrier 2014), Reig Tapia commença Ă  se positionner contre le processus d’indĂ©pendance de la Catalogne[8].

Le , il figura — aux cĂŽtĂ©s notamment de FĂ©lix Ovejero et de Francesc de Carreras, fondateurs de l’association Ciutadans de Catalunya (littĂ©r. Citoyens de Catalogne) — parmi les huit seuls professeurs d’universitĂ© catalans ayant signĂ© le manifeste Parar el golpe. 500 profesores en defensa de la democracia constitucional (littĂ©r. ArrĂȘter le coup d’État. 500 professeurs prennent la dĂ©fense de la dĂ©mocratie constitutionnelle), dont les premiers signataires Ă©taient Fernando Savater et Ángel Viñas et qui fut rendu public dix jours aprĂšs que la majoritĂ© indĂ©pendantiste au Parlement de Catalogne eut approuvĂ© entre le 6 et la loi sur le rĂ©fĂ©rendum d’autodĂ©termination de la Catalogne et la loi de transition juridique et constitutive de la RĂ©publique, qui rompaient avec la lĂ©galitĂ© constitutionnelle et statutaire et qui furent du reste immĂ©diatement suspendues (puis, plus tard, annulĂ©es) par le Tribunal constitutionnel. Dans le manifeste, le gouvernement de Mariano Rajoy Ă©tait requis d’empĂȘcher « la tenue d’un faux “rĂ©fĂ©rendum” illĂ©gitime et illĂ©gal, en mettant Ă  la disposition de la justice les responsables de cette entorse Ă  la dĂ©mocratie et en faisant en sorte que tout le poids de la loi retombe sur eux »[9] - [10].

Le , le lendemain des incidents qui s’étaient produits devant le dĂ©partement catalan de l'Économie (Conselleria d’Economia), et quatre jours seulement aprĂšs la publication du manifeste Parar el golpe, le Syndicat des Ă©tudiants des Pays catalans de l’universitĂ© Rovira i Virgili (SEPC-URV) exigeait la dĂ©mission d’Alberto Reig Tapia au motif qu’il avait signĂ© un manifeste attentatoire aux « libertĂ©s et droits du peuple catalan » et appelĂ© « Ă  la censure et l’usage de la violence contre la volontĂ© populaire ». Le communiquĂ© du SEPC-URV se terminait par la phrase : « Le fascisme avance si on ne le combat pas »[11]. Dans le mĂȘme temps, Reig Tapia fut la cible d’attaques sur les rĂ©seaux sociaux — « qu’on dĂ©capite cet excitĂ© », Ă©tait-il dit dans un tweet (en castillan), et dans d’autres il Ă©tait traitĂ© de « feixista » ('fasciste') — et son portrait Ă©tait affichĂ© dans un mĂ©dia indĂ©pendantiste en ligne, Ă  cĂŽtĂ© de celui des sept autres professeurs d’universitĂ© catalans ayant signĂ© le manifeste concernĂ©. Il est Ă  noter qu’aucun professeur ni aucune autoritĂ© universitaire de l’universitĂ© Rovira i Virgili, ni d’aucune autre universitĂ© catalane, ne se manifesta pour dĂ©fendre leur droit Ă  s’exprimer librement, au contraire de trois centaines de professeurs d’universitĂ©s espagnoles et Ă©trangĂšres, qui apposĂšrent leur signature sous un manifeste intitulĂ© « En defensa de la libertad de expresiĂłn de los profesores en Cataluña », publiĂ© dans le quotidien El PaĂ­s le ; les deux premiers signataires Ă©taient les hispanistes John H. Elliot (Grande-Bretagne) et Joseph PĂ©rez (France)[12] - [13].

Au dĂ©but de 2021, Reig Tapia publia l’ouvrage El desafĂ­o secesionista catalĂĄn. El pasado de una ilusiĂłn (littĂ©r. Le DĂ©fi sĂ©cessionniste catalan. Le passĂ© d’un idĂ©al)[14], virulent rĂ©quisitoire contre le nationalisme catalan de façon gĂ©nĂ©rale[15] et contre le sĂ©cessionnisme catalan en particulier, assorti d’un regard trĂšs critique sur les Ă©vĂ©nements de l’automne 2017 et d’une apologie des principes et idĂ©es du constitutionnalisme-unionisme. Il se mit en devoir Ă©galement de dĂ©masquer les pseudohistoriens, les historiettographes (ainsi qu’il les appelle), de l’Institut Nova HistĂČria. Reig Tapia par ailleurs se dĂ©finit dans le livre comme un « antinationaliste ‘tout court’ »[16], compte tenu que tous les nationalismes « portent sur eux le stigmate d’une idĂ©ologie nĂ©gative et d’exclusion et, autant que faire se peut, injonctive et expansionniste »[17]. En ce qui concerne l’Espagne, Reig Tapia se classe parmi ceux qui la considĂšrent « comme une pluralitĂ© fascinante dans sa riche variĂ©tĂ©, par l’effet de l’assemblage des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments historiques et culturels qui la constituent. [
] Moi-mĂȘme, je suis bien Ă©videmment de ceux qui s’efforcent de donner corps Ă  cette variĂ©tĂ© bĂ©nie et de la renforcer, mais en aucune façon de dĂ©truire et d’affaiblir sa magnifique unitĂ© et solidaritĂ©. Et moins encore au nom de la dĂ©mocratie, laquelle est plurielle par dĂ©finition, ou n’est pas »[18]. « Nous vivons dans un pays libre et jouissons d’une Constitution qui garantit et protĂšge les droits fondamentaux de l’homme, et ce pour toutes les personnes, sans Ă©gard au lieu oĂč elles sont nĂ©es et oĂč elles vivent »[19]. « Ce qu’il convient de faire, c’est de stimuler le principe de la diversitĂ© et d'Ă©duquer dans ce principe. C’est la seule voie pour Ă©chapper Ă  l’écheveau de mensonges qui se tisse autour du mythe de l’identitĂ© »[20].

Publications

Comme auteur

  • (es) IdeologĂ­a e historia. Sobre la represiĂłn franquista y la Guerra Civil, Madrid, Akal, coll. « España sin espejo », , 184 p. (ISBN 978-8476000144) (avec une prĂ©face de Manuel Tuñón de Lara).
  • (es) Violencia y Terror. Estudios sobre la Guerra Civil Española, Madrid, Akal, coll. « Universitaria », , 192 p. (ISBN 84-7600-693-4)[1].
  • (es) Franco «Caudillo»: Mito y realidad, Madrid, Editorial Tecnos, , 302 p. (ISBN 978-8430928002)[21] - [22].
  • (es) Memoria de la Guerra Civil. Los mitos de la tribu, Madrid, Alianza Editorial, , 398 p. (ISBN 978-8420667430)[23] - [24].
  • (es) Franco, el CĂ©sar Superlativo, Madrid, Editorial Tecnos, , 400 p. (ISBN 978-8430943494)[25].
  • (es) La cruzada de 1936: mito y memoria, Madrid, Alianza Editorial, , 432 p. (ISBN 978-8420647777)[26].
  • (es) Anti-Moa. La subversiĂłn neofranquista de la Historia de España, Barcelone, Ediciones B, , 528 p. (ISBN 978-8466628099) (avec une prĂ©face de Paul Preston)[27].
  • (es) Revisionismo y polĂ­tica. PĂ­o Moa revisitado, Madrid, Foca, coll. « InvestigaciĂłn », , 304 p. (ISBN 978-84-96797-10-9).
  • (es) La crĂ­tica de la crĂ­tica. Inconsecuentes, insustanciales, impotentes, prepotentes y equidistantes, Madrid, Siglo XXI, coll. « España », , 504 p. (ISBN 978-8432318658).
  • (es) España constitucional (1978-2018): Trayectorias y perspectivas, vol. 5, Madrid, Centro de Estudios PolĂ­ticos y Constitucionales, , 1160 p. (ISBN 978-8425917653), « La polĂ­tica, la ConstituciĂłn y la soberanĂ­a. Sobre Cataluña en el aniversario de la ConstituciĂłn », p. 4257-4276 (ouvrage collectif sous la direction de Benigno PendĂĄs, 5 tomes, 4673 pages au total).
  • (es) La democracia herida. La tormenta perfecta, Madrid, Marcial Pons, coll. « Biblioteca de gobernanza y derechos humanos », , 449 p. (ISBN 978-8491236542), « España y Cataluña. Un inquietante malestar », p. 355-385 (ouvrage collectif sous la direction d’Álvaro Soto).
  • (es) El desafĂ­o secesionista catalĂĄn. El pasado de una ilusiĂłn, Madrid, Editorial Tecnos, , 560 p. (ISBN 978-8430981359).

Comme coordinateur

Comme coordinateur et auteur :

  • (es) Manuel Tuñón de Lara. El compromiso con la Historia. Su vida y su obra, Bilbao, Servicio Editorial de la Universidad del PaĂ­s Vasco, , 356 p. (ISBN 84-7585-409-5) (ouvrage collectif, en collaboration avec JosĂ© Luis de la Granja Sainz ; prĂ©face de Pedro LaĂ­n Entralgo).
  • (es) Tuñón de Lara y la HistoriografĂ­a Española, Madrid, Siglo XXI de España, , 364 p. (ISBN 84-323-1003-4) (ouvrage collectif, en collaboration avec JosĂ© Luis de la Granja Sainz et Ricardo F. J. Miralles Palencia)[28].
  • (es) Exilios en el mundo contemporĂĄneo: vida y destino, Tarragone / MĂ©xico D.F., Publicacions Universitat Rovira i Virgili / Universidad AutĂłnoma de la Ciudad de MĂ©xico / Sistemas de Inteligencia en Mercados y OpiniĂłn, , 548 p. (ISBN 978-607-9465-17-9, lire en ligne) (ouvrage collectif, en collaboration avec Josep SĂĄnchez CervellĂł).
  • (es) Transiciones en el mundo contemporĂĄneo, Tarragone / Mexico, Publicacions Universitat Rovira i Virgili / Universidad Nacional AutĂłnoma de MĂ©xico, , 706 p. (ISBN 978-84-8424-500-1, lire en ligne) (ouvrage collectif, en collaboration avec Josep SĂĄnchez CervellĂł).
  • (es) La Guerra Civil española, 80 años despuĂ©s. Un conflicto internacional y una fractura cultural, Madrid, Tecnos, , 584 p. (ISBN 978-8430976096) (ouvrage collectif, en collaboration avec Josep SĂĄnchez CervellĂł).

RĂ©ception critique

Les collĂšgues historiens de Reig Tapia ont Ă©mis sur son Ɠuvre historiographique les commentaires suivants :

En 2000, Miguel GarcĂ­a-Posada estimait que Reig Tapia « fait montre d’une louable connaissance de la mĂ©moire littĂ©raire de la Guerre civile »[29].

Juan Sisinio PĂ©rez GarzĂłn dĂ©clara en 2001 Ă  propos de Memoria de la Guerra Civil. Los mitos de la tribu qu’il s’agit d’un ouvrage indispensable, dont il est juste de recommander la lecture afin que les gĂ©nĂ©rations futures connaissent les souffrances que comportait la dictature, et que le livre « tĂ©moigne sans dĂ©tours de l’utilitĂ© sociale de la mĂ©moire historique pour organiser un vivre-ensemble dĂ©mocratique »[30].

En 2008, Pedro Carlos GonzĂĄlez Cuevas soutenait que dans l’Ɠuvre de Reig Tapia « c’est clairement le pathos qui prime sur le logos » et qualifiait l’auteur de « continuateur et hĂ©ritier » du « front-populisme historiographique »[31].

En 2009, Estanislao Cantero soulignait que dans l’ouvrage de Reig Tapia Anti Moa. La subversiĂłn neofranquista de la Historia de España, « il y a lieu de faire une distinction permanente entre ce qui relĂšve du pur pamphlet et ce qui est de la critique historique » et posait que Reig Tapia Ă©tait probablement le cas le plus reprĂ©sentatif d’une historiographie nouvelle qui « s’applique Ă  dĂ©molir »[32].

Selon Justo Serna Alonso, « AntiMoa, d’Alberto Reig Tapia, est l’un de ces rares livres qui abordent directement le phĂ©nomĂšne du rĂ©visionnisme, ses procĂ©dĂ©s et ses ressources. Bien que je sois d’accord avec la critique que l’auteur fait de PĂ­o Moa et d’autres propagandistes apparentĂ©s, je ne partage pas ses usages linguistiques, sa maniĂšre de s’exprimer et une bonne part de ses mĂ©taphores. Il vitupĂšre, mais les invectives qu’il leur adresse ne sont pas une preuve susceptible d’emporter la conviction. Je dois reconnaĂźtre que c’est un livre nĂ©cessaire, nĂ©cessaire en raison de son objet, attendu qu’il dĂ©monte piĂšce par piĂšce ce qui n’est que des textes historiques mystificateurs, voire pamphlĂ©taires, qui tant l’irritent et nous irritent. C’est pourquoi le volume se passerait bien de la rhĂ©torique qu’il vilipende : l’emphase provocatoire[33] ».

L’hispaniste canadienne Maryse Bertrand Ă©crivit en 2002 de Memoria de la Guerra Civil que ce livre « constitue un excellent passage en revue des productions culturelles de la guerre fratricide et de ses consĂ©quences, une analyse profonde et originale des mythes crĂ©Ă©s par la “tribu espagnole” »[34].

En 2002, l’historien Enrique Moradiellos, ayant d’abord constatĂ© dans Memoria de la Guerra Civil un « propos gĂ©nĂ©ral polĂ©miste et combatif »[23], considĂ©rait que l’ouvrage de Reig Tapia « peut se comprendre comme le point culminant d’une trajectoire personnelle de recherche sur un thĂšme qui avait eu pour dĂ©clencheur une Ă©tude pionniĂšre [Ă  savoir : IdeologĂ­a e historia] [...], [l’auteur] a rĂ©ussi Ă  poser un jalon marquant avec son avant-dernier livre [Franco « caudillo ». Mito y realidad]. À l’égal de ces prĂ©cĂ©dents travaux, l’ouvrage objet de la prĂ©sente recension prĂ©sente clairement quelques-unes des caractĂ©ristiques du mode opĂ©ratoire d’Alberto Reig Tapia dans sa double qualitĂ© de politologue et d’historien contemporanĂ©iste » et soulignait en particulier « l’exhaustivitĂ© dans la recherche de sources d’information (tant d’archives que de presse ou bibliographiques), le goĂ»t de la prĂ©cision du dĂ©tail crucial ou anecdotique, et la pondĂ©ration critique des tĂ©moignages adverses sur des aspects polĂ©miques ou controversĂ©s »[23].

Notes et références

Notes

  1. Le patronyme catalan Reig se prononce ‘retch’ (transcription API : /retʃ/).

Références

  1. (es) « REIG TAPIA, Alberto. Violencia y Terror. Estudios sobre la Guerra Civil Española. Madrid, Akal, 1990, 198 pp., Akal Universitaria, 150 », Anthropos, Barcelona, Editorial Anthropos, no 127,‎ , p. 86 (ISSN 0211-5611, lire en ligne).
  2. (ca) « Alberto Reig Tapia », Université Rovira i Virgili / Département de droit public / Faculté des sciences juridiques (consulté le )
  3. F. Godicheau (2001), p. 107-109.
  4. (es) Francisco Espinosa Maestre, Morir, matar, sobrevivir. La violencia en la dictadura de Franco, Barcelone, CrĂ­tica, , p. 309 (collectif sous la coordin. de J. Casanova).
  5. F. Sevillano Calero (2003), p. 304.
  6. P. GarcĂ­a Colmenares (2005), p. 128.
  7. D. A. Chechkin (2009), p. 230-231.
  8. A. Reig Tapia (2021), p. 24-25.
  9. A. Reig Tapia (2021), p. 523-524.
  10. (es) (rédaction), « Parar el golpe. 500 profesores en defensa de la democracia constitucional », sur Ibercampus, Club Abierto de Editores, (texte intégral du manifeste Parar el golpe, suivi de la liste des signataires).
  11. A. Reig Tapia (2021), p. 525.
  12. A. Reig Tapia (2021), p. 33-37.
  13. (es) (manifeste collectif), « En defensa de la libertad de expresiĂłn de los profesores en Cataluña. MĂĄs de 300 profesores e investigadores universitarios de todo el mundo firman un manifiesto de apoyo a sus colegas catalanes opuestos al referĂ©ndum », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  14. A. Reig Tapia (2021), p. 29.
  15. (es) Francisco Oya, « El mito del genocidio cultural catalĂĄn », Historiadors de Catalunya,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ) :
    « Le « catalanisme politique » ou « sĂ©paratisme catalan » a crĂ©Ă© des mythes historiques destinĂ©s Ă  « favoriser, en appelant au sentimentalisme et Ă  l’irrationalitĂ©, un Ă©tat d’opinion propre Ă  tolĂ©rer la dĂ©sobĂ©issance vis-Ă -vis de la lĂ©galitĂ© constitutionnelle et la destruction de la souverainetĂ© nationale du peuple espagnol », en plus de faire « un usage politique de la langue catalane » »
  16. A. Reig Tapia (2021), p. 38.
  17. A. Reig Tapia (2021), p. 502.
  18. A. Reig Tapia (2021), p. 21-22.
  19. A. Reig Tapia (2021), p. 520.
  20. A. Reig Tapia (2021), p. 155.
  21. R. Valls (1996), p. 844-845.
  22. J. L. de la Granja Sainz (1996), p. 401-404.
  23. E. Moradiellos (2002), p. 297–301.
  24. M. Bertrand de Muñoz (2002), p. 573-575.
  25. R. NĂșñez Florencio (2005).
  26. A. Elorza (2006).
  27. D. A. Chechkin (2009), p. 231.
  28. J. M. Cuenca Toribio (1999), p. 377-379.
  29. (es) Miguel GarcĂ­a-Posada, « De liberales y Guerra Civil », El PaĂ­s Babelia, no 469,‎ , p. 4
  30. (es) Juan-Sisinio PĂ©rez GarzĂłn, « Memoria de la Guerra Civil. Los mitos de la tribu », Historia ContemporĂĄnea, UPV/EHU, no 22,‎ , p. 391-393 (recension).
  31. P. C. GonzĂĄlez Cuevas (2008).
  32. E. Cantero (2009), p. 503 & 514-515.
  33. (es) Justo Serna, « Las iluminaciones de PĂ­o Moa. El revisionismo antirrepublicano », Pasajes: Revista de pensamiento contemporĂĄneo, nos 21-22,‎ , p. 105 (lire en ligne).
  34. M. Bertrand de Muñoz (2002), p. 575.

Bibliographie

  • (es) Maryse Bertrand de Muñoz, « Memoria de la Guerra Civil. Los mitos de la tribu by Alberto Reig Tapia », Revista Canadiense de Estudios HispĂĄnicos, Canadian Association of Hispanists, vol. 26, no 3,‎ , p. 573-575 (JSTOR 27763802).
  • (es) Estanislao Cantero, « Una lectura de la Guerra Civil Española », Verbo, Madrid, FundaciĂłn Speiro, nos 475-476,‎ , p. 487-518 (ISSN 0210-4784, lire en ligne).
  • (es) Dmitry A. Chechkin, « PĂ­o Moa y VĂ­ctor SuvĂłrov: Sobre la historia de dos debates », Historia ContemporĂĄnea, Bilbao, UniversitĂ© du Pays basque, no 38,‎ , p. 219-237 (ISSN 1130-2402, lire en ligne).
  • (es) JosĂ© Manuel Cuenca Toribio, « Tuñón de Lara y la historiografĂ­a española », Revista de estudios polĂ­ticos, Madrid, Centro de Estudios PolĂ­ticos y Constitucionales, no 106,‎ (ISSN 0048-7694, lire en ligne).
  • (es) Pedro MarĂ­a Egea Bruno, « Manuel Tuñón de Lara: el compromiso con la historia. Su vida y su obra / De la Granja, JosĂ© Luis y Reig Tapia, Alberto (eds.) », Anales de historia contemporĂĄnea, Murcie, Universidad de Murcia, vol. 10,‎ , p. 565-566 (ISSN 0212-6559, lire en ligne [archive du ], consultĂ© le ) (recension).
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