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PĂ­o Moa

Luis Pío Moa Rodríguez est un journaliste, écrivain et essayiste espagnol, né en à Vigo (Galice).

PĂ­o Moa
PĂ­o Moa en 2010.
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités
PĂšre
PĂ­o Moa Banga (d)

Il suscite une forte controverse en raison de ses travaux révisionnistes[1] - [2] - [3] sur la guerre d'Espagne et la IIe République espagnole[4], qui ont obtenu d'importants succÚs d'édition en Espagne[5]. Ceux-ci sont fortement réprouvés par la quasi-totalité de la communauté universitaire historienne, qui voit dans ses ouvrages une tentative de réhabilitation du régime franquiste, partiale et ne respectant pas la méthodologie historique, dans une démarche polémique et non de recherche[6].

Biographie

PĂ­o Moa Ă©tait originellement un militant d'extrĂȘme gauche. Ancien militant du Parti communiste d'Espagne (PCE), il fut cofondateur du groupe d'inspiration maoĂŻste GRAPO[7] (Groupes de rĂ©sistance antifasciste du premier octobre) et le responsable de sa propagande, participant Ă  des actions violentes contre les phalangistes jusqu'Ă  en ĂȘtre Ă©vincĂ© en 1977.

C'est en sa qualité de combattant contre le franquisme, d'homme de gauche et de bibliothécaire de l'Athénée de Madrid qu'il a eu accÚs à la documentation de la Fondation socialiste Pablo Iglesias. Cette recherche est la source principale de son premier livre Los orígenes de la guerra civil española (1999), qui sera un vrai succÚs d'édition.

Il a par la suite Ă©voluĂ© dans ses convictions politiques : se revendiquant dĂ©sormais libĂ©ral et dĂ©mocrate, Ă©tant Ă©galement partisan du conservatisme, il a consacrĂ© ses Ă©crits Ă  la dĂ©nonciation de ce qu'il estime ĂȘtre des lĂ©gendes de la propagande rĂ©publicaine, concernant notamment le bombardement de Guernica et le massacre de Badajoz.

Il a dirigé dans les années 1990 deux revues culturelles (une d'histoire, Ayeres, et une de réflexion, Tanteos). Il travaille actuellement à Libertad Digital, à El Economista et à Chesterton.

Écrits sur la guerre d'Espagne

Les mythes de la guerre civile, paru en 2003 et dont plus de 100 000 exemplaires furent vendus en 4 mois, expose une de ses principales thĂšses sur la guerre d'Espagne : selon lui, l'origine du conflit n'est pas le coup d'État ratĂ© du contre la Seconde RĂ©publique espagnole mais la « menace rouge » que reprĂ©sentaient pour la dĂ©mocratie les factions d'extrĂȘme gauche qui prĂ©paraient une rĂ©volution de type communiste ou anarchiste, dont la rĂ©volution asturienne manquĂ©e de 1934 serait emblĂ©matique et qu'il prend donc comme point de dĂ©part de la guerre civile.

La radicalisation de la gauche au pouvoir sous le Frente popular (assassinats de militants et hommes politiques des différentes composantes de la droite démocratique par les pistoleros de la CNT et des Jeunesses Socialistes, destruction d'édifices religieux, assassinats de religieux, etc.) va entraßner un raidissement des conservateurs. C'est l'escalade : le soulÚvement militaire du survient alors que Largo Caballero et ses partisans avaient lancé depuis 1934 un processus révolutionnaire similaire à celui qui en a eu raison du régime Kerensky en Russie, mais qui échoue en Espagne par total manque de soutien populaire hors des Asturies. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et ses alliés indépendantistes catalans de l'Esquerra republicana de Catalunya porteraient ainsi la responsabilité de la guerre civile espagnole.

RĂ©actions publiques

Cette vision de la guerre civile espagnole a Ă©tĂ© qualifiĂ©e de rĂ©visionniste et critiquĂ©e par l'Ă©diteur et Ă©crivain socialiste Thierry Pech[8], mais PĂ­o Moa lui-mĂȘme qualifie sa dĂ©marche comme « la plus Ă©lĂ©mentaire exigence de la mĂ©thode scientifique »[9] ; ses Ă©crits font donc l'objet de vives controverses en Espagne ainsi que chez les spĂ©cialistes de l'histoire du pays.

Durant l'Ă©tĂ© 2022, la publication par le journal Le Figaro d'une interview de PĂ­o Moa est Ă  l'origine d'une polĂ©mique en France. Les historiens contactĂ©s par le journal LibĂ©ration remettent en cause les travaux, les thĂšses et les mĂ©thodes de PĂ­o Moa. Ils le qualifient de « falsificateur »[10]. L'historien Pierre Salmon[11] - [12] qualifie PĂ­o Moa de « polĂ©miste d'extrĂȘme droite », qui « a repris la propagande franquiste ». L'historienne Mercedes Yusta Rodrigo critique les « idĂ©es rĂ©visionnistes voire nĂ©gationnistes » de PĂ­o Moa, ajoutant qu'il est « totalement discrĂ©ditĂ© en Espagne »[13].

Critiques

De nombreux historiens critiquent avec virulence PĂ­o Moa et ses thĂšses, parmi lesquels on peut citer en particulier Paul Preston[14], Alberto Reig Tapia[15], Javier Tusell[16], Justo Serna[17], XosĂ© Manoel NĂșñez Seixas[18] et Enrique Moradiellos[19].

Ils l'accusent de perpĂ©tuer l'argumentation et les mythes traditionnellement utilisĂ©s par les historiens officiels du franquisme tels que Ricardo de la Cierva[20]. L’historien britannique Sebastian Balfour affirme Ă  propos de PĂ­o Moa qu’« il n’est pas historien » et qu’« il n’apporte rien de nouveau non plus dans son rĂ©cit, qui est en rĂ©alitĂ© une rĂ©Ă©dition des postulats franquistes des annĂ©es 1970[21] ».

PĂ­o Moa accuse pour sa part les milieux universitaires et les partisans de la gauche de refuser de remettre en cause ce qu'il estime ĂȘtre une version subjective de l'histoire Ă©laborĂ©e aprĂšs la mort de Franco et la transition dĂ©mocratique, qui se baserait principalement sur des mensonges et des exagĂ©rations issues de la propagande rĂ©publicaine anti-franquiste[22].

En 2016, les historiens Hugo Garcia, Mercedes Yusta, Xavier Tabet et Cristina Climaco écrivent que Pío Moa est considéré comme « néo-franquiste par une large majorité de spécialistes »[23].

Soutiens

Les historiens et hispanistes Stanley Payne et Henry Kamen soutiennent la dĂ©marche de PĂ­o Moa, regrettent le rejet catĂ©gorique dont ses travaux font globalement l’objet dans la communautĂ© universitaire et dĂ©plorent le manque de discussion et de recherche sur les thĂšmes qu’il aborde[24] - [25].

Parmi ceux qui soutiennent les analyses de Pío Moa, on peut citer les historiens José Manuel Cuenca Toribio (es), Hugh Thomas, José Luis Orella, Jesus Larrazabal, Carlos Seco Serrano[26]ainsi que Ricardo de la Cierva et César Vidal[27].

Polémiques publiques

Une plainte en diffamation avait Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e contre lui en Ă  l'initiative d'un militant d'Izquierda Unida (coalition politique de gauche radicale qui comprend le Parti communiste) soutenu par une pĂ©tition ayant recueilli plus de 2 000 signatures sur le site « TerceraInformaciĂłn »[28]. L'affaire s'est soldĂ©e par un non-lieu[29].

Ouvrages

Outre ses contributions à diverses publications (principalement Libertad Digital), il a publié les ouvrages suivants :

  • Reflexiones sobre el terrorismo. Autor, Madrid, 1985. (ISBN 84-398-4781-5)
  • El erĂłtico crimen del Ateneo de Madrid. Mosand, Madrid, 1995. (ISBN 84-89616-00-0)
  • Los orĂ­genes de la Guerra Civil española. Encuentro, Madrid, 1999. (ISBN 84-7490-526-5)
  • Los personajes de la RepĂșblica vistos por ellos mismos. Encuentro, Madrid, 2000. (ISBN 84-7490-579-6)
  • El derrumbe de la II RepĂșblica y la guerra civil. Encuentro, Madrid, 2001. (ISBN 84-7490-625-3)
  • De un tiempo y de un paĂ­s. Encuentro, Madrid, 2002. (ISBN 84-7490-657-1)
  • La sociedad homosexual y otros ensayos, Editorial Criterio Libros, Madrid, 2001. (ISBN 84-95437-08-2)
  • Contra la mentira: guerra civil, izquierda nacionalista y jacobinismo. Libroslibres, Madrid, 2003. (ISBN 84-96088-06-5)
  • Los mitos de la Guerra Civil. La Esfera de los Libros, Madrid, 2003. (ISBN 84-9734-093-0), trad. fr : Les mythes de la guerre d'Espagne 1936-1939, L'Artilleur, 2022, 679 p., (ISBN 978-2-8100-1095-0).
  • De un tiempo y un paĂ­s: la izquierda violenta (1968-1978). Encuentro, Madrid, 2003. (ISBN 84-7490-657-1)
  • Los libros fundamentales sobre la guerra civil. Encuentro, Madrid, 2004. (ISBN 84-7490-724-1)
  • Una historia chocante: los nacionalismos catalĂĄn y vasco en la historia contemporĂĄnea de España. Encuentro, Madrid, 2004. (ISBN 84-7490-747-0)
  • Los crĂ­menes de la Guerra Civil y otras polĂ©micas. La Esfera de los Libros, Madrid, 2004. (ISBN 84-9734-156-2)
  • 1934, comienza la guerra civil: el PSOE y la Esquerra emprenden la contienda (en collaboration avec Javier Ruiz Portella). Áltera, Barcelone, 2004. (ISBN 84-89779-59-7)
  • Federica Montseny o las dificultades del anarquismo, (en collaboration avec Antonina Rodrigo GarcĂ­a). Ediciones B, Barcelone, 2004
  • 1936, el asalto final a la RepĂșblica. Áltera, Barcelone, 2005. (ISBN 84-89779-72-4)
  • Franco: un balance histĂłrico. Planeta, Barcelone, 2005. (ISBN 84-08-06235-2)
  • Contra la balcanizaciĂłn de España. La Esfera de los Libros, Madrid, 2005. (ISBN 84-9734-323-9)
  • El iluminado de La Moncloa y otras plagas. Libros Libres, Madrid, 2006. (ISBN 84-96088-48-0)
  • La RepĂșblica que acabĂł en guerra civil. Áltera, Barcelone, 2006. (ISBN 84-89779-94-5)
  • La quiebra de la historia progresista. Ediciones Encuentro, 2007. (ISBN 84-7490-853-1)
  • Años de hierro. España en la posguerra. 1939-1945. La Esfera de los Libros, Madrid, 2007. (ISBN 978-84-9734-663-4)
  • Falacias de la izquierda, silencios de la derecha. Claves para entender el deterioro de la polĂ­tica española actual. Libroslibres, Madrid, 2008. (ISBN 978-84-96088-77-1)
  • Viaje por VĂ­a de la Plata. Libroslibres, Madrid, 2008. (ISBN 978-84-96088-82-5)
  • Franco para antifranquistas: en 36 preguntas clave. Áltera, Barcelone, 2009. (ISBN 978-84-96840-42-3)
  • Nueva historia de España. La Esfera de los Libros, Madrid, 2010. (ISBN 978-84-9734-952-9)
  • La transiciĂłn de cristal. Libroslibres, Madrid, 2010. (ISBN 978-84-92654-45-1)

Notes et références

  1. « Pio Moa et les errements autour de la guerre civile espagnole », sur www.lhistoire.fr (consulté le )
  2. Ludovic Lamant, « Franquisme : des historiens démontent les thÚses révisionnistes relayées par « Le Figaro » », sur Mediapart (consulté le )
  3. Elsa de La Roche Saint-AndrĂ©, « Guerre d’Espagne: pourquoi «le Figaro» a-t-il Ă©tĂ© accusĂ© de rĂ©visionnisme? », sur LibĂ©ration (consultĂ© le )
  4. (es) DĂ©pĂȘche d'Europa Press sur la thĂšse principale de Moa et la polĂ©mique qu'elle a suscitĂ© chez les historiens
  5. (es) Europa Press, « Pío Moa acusa al PSOE de comenzar la Guerra Civil en 1934 »,
  6. François Godicheau, « Franco : l'Histoire comme champ de bataille », L'Histoire,‎
  7. Jean SĂ©villia, « La guerre d'Espagne sans lĂ©gendes », Le Figaro Magazine,‎ , p. 73 (lire en ligne).
  8. voir Thierry Pech, « Espagne : le temps du révisionnisme est-il venu ? » La république des Idées, janvier 2004
  9. (es)
  10. Elsa de La Roche Saint-AndrĂ©, « Guerre d’Espagne: pourquoi «le Figaro» a Ă©tĂ© accusĂ© de rĂ©visionnisme? », sur LibĂ©ration (consultĂ© le ).
  11. « Curiculum Vitae » (consulté le ).
  12. « ThÚse » (consulté le ).
  13. L’histoire de la guerre d’Espagne face aux falsifications, avec Pierre Salmon et Mercedes Yusta Rodrigo, Paroles d'histoire, 22 aoĂ»t 2022.
  14. (es) Interview de Paul Preston dans El Mundo.
  15. (es) Quosque tandem PĂ­o Moa?, article d'Alberto Reig Tapia, auteur d'Anti PĂ­o Moa
  16. (es) El revisionismo histórico español, article de Javier Tusell.
  17. (es) Juan Serna, « Las iluminaciones de PĂ­o Moa. El revisionismo antirrepublicano », Revista de pensamiento contemporĂĄneo, nos 21-22,‎ , p. 99-108 (ISSN 1575-2259, lire en ligne, consultĂ© le ).
  18. « desde un punto de vista estrictamente historiogrĂĄfico cabe afirmar que el nuevo revisionismo no ha encontrado fĂłrmulas que hagan mĂ­nimamente credible su propuesta en tĂ©rminos intelectuales; y ni siquiera ha podido atraer a historiadores consagrados que hagan suyo este deseo, fuera de los periodistas y publicistas histĂłricos metidos a historiadores aficionados, desde PĂ­o Moa a CĂ©sar Vidal o JosĂ© Javier Esparza. », (es) XosĂ© Manoel NĂșñez Seixas, Suspiros de España : El nacionalismo español, 1808-2018, Barcelone, CrĂ­tica, (ISBN 978-84-9199-027-7), p. 139
  19. (es) Las razones de una crítica histórica: Pío Moa y la intervención extranjera en la Guerra Civil española, article d'Enrique Moradiellos.
  20. Voir notamment la fin de cet (es) article de Mercedes Yusta, de l'Université de Cergy-Pontoise, et la derniÚre partie de (fr) cet article de la revue Esprit.
  21. (es) Sebastian Balfour, « El revisionismo histĂłrico y la Guerra Civil », Pasajes. Revista de pensamiento contemporĂĄneo, no 19,‎ (lire en ligne)
  22. (es) Qu'est-ce qu'un historien?, article de PĂ­o Moa sur Libertad Digital.
  23. Rethinking Antifascism. History, memory and politics. 1922 to the present, New York, Berghahn Books, 2016, p. 8.
  24. (es) Stanley Payne parle de l'Ɠuvre de Moa
  25. (es) Lo que (no) se quiere recuperar de la segunda republica(es) (El Mundo, 17 avril 2007) commenté par Moa dans Libertad Digital.
  26. « La contamination idĂ©ologique de l’histoire : l’exemple emblĂ©matique de la Guerre d’Espagne (2/2) / PolĂ©mia », sur PolĂ©mia, (consultĂ© le ).
  27. (es) Verdades como puños.
  28. (es) Un militante de IU denuncia a PĂ­o Moa por injurias y humillaciĂłn a las vĂ­ctimas del terrorismo, publico.es, 1er novembre 2007
  29. Marlaska archiva la denuncia contra PĂ­o Moa, publico.es, 16 mai 2008

Liens externes

Cette partie présente de nombreux liens pour présenter à la fois les arguments soutenus par Pío Moa et les différentes réactions suscitées par cet auteur sujet à controverse.

Arguments de PĂ­o Moa

Critiques de PĂ­o Moa

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