Accessibilité du métro de Paris
L'accessibilité du métro de Paris est médiocre pour les personnes handicapées[1], les personnes avec une poussette, les femmes enceintes, les touristes chargés de bagages ou encore les personnes âgées[2].
La loi de 2005 sur le handicap ne fixe aucune date limite pour l'accessibilité du métro car les travaux y sont difficiles ou impossibles sur les lignes anciennes, d'où des efforts principalement dirigés sur l'amélioration du réseau de bus (91 % des bus sont adaptés aux personnes en fauteuils roulants en 2014)[1]. Le réseau de tramways est également accessible[2]. Rendre accessibles plus de 300 stations du métro reviendrait à plusieurs milliards d'euros et dans 50 % des cas le sous-sol parisien engendrerait, selon la RATP, une impossibilité technique incontournable pour l'aménagement d'ascenseurs (présence d'égouts, terrains instables, enchevêtrement de tunnels, manque de place sur la voirie pour la sortie)[3].
Inaugurée en 1998[4], la ligne 14 est censée être totalement accessible, mais des pannes d'équipements font que cette accessibilité n'est pas permanente[1]. L'accessibilité est en revanche intégrée aux critères de conception des nouvelles et futures stations[1].
Le bilan de 2014 des déplacements montre que 51 % des personnes handicapées prennent le métro, un taux cependant inférieur aux bus et tramways[5].
L'accessibilité dans les stations
Handicap moteur
L'essentiel des stations et leurs correspondances ne sont accessibles que par des escaliers. Quelques stations proposent des plans inclinés sur les escaliers, afin que les voyageurs puissent y faire rouler leurs bagages ou un chariot, comme à la station Porte Dauphine[2].
Des ascenseurs et des passages élargis desservent les quais de la ligne 14[4] et de quelques autres stations dont systématiquement les plus récentes[6]. En 2012, le métro de Paris comportait 73 ascenseurs, dont[7] :
- 47 classés comme équipements d'accessibilité, répartis dans 21 stations (9 stations accessibles voirie-train sur la ligne 14, plus 12 stations accessibles voirie-quai sur les lignes 1, 2, 6, 8 et 13).
- 26 classés comme équipements confort/pénibilité.
Le site « infomobi.com » informe sur la disponibilité des équipements d'accessibilité[8]. Les ascenseurs facilitent l’accès aux quais depuis la voirie extérieure pour les personnes à mobilité réduite, mais également pour celles avec une poussette ou des bagages[6].
Handicap visuel
Des surfaces podotactiles (dites aussi bandes d’éveil de vigilance[6]) sont posées sur toutes les bordures des quais de métro et de RER pour indiquer la proximité de la voie[4]. Incrustées de mini plots, les bandes sont sensibles au toucher du pied et à la canne afin d'alerter les déficients visuels de la proximité de la voie[6].
Les quais sont peu adaptés aux contraintes des fauteuils roulants[1]. Toutefois, des portes palières équipent les quais des lignes 1, 4, 13 (partiellement) et 14[4].
Hormis la ligne 14, les quais de l'ensemble des stations sont équipés d'un système de sonorisation annonçant le temps d'attente avant les deux prochains métros et leur direction. Sur une même ligne, un quai l'étant par une voix masculine et l'autre par une voix féminine afin d'apporter une indication rapide sur le sens de la ligne[4].
La signalétique RATP utilise des codes couleurs propres à chaque ligne et les stations rénovées sont équipées de panneaux gagnant en visibilité et en lisibilité par l'augmentation de leur taille[4] dit « hypersignes[9] ».
Quelques rares stations comme Porte de Pantin disposent de plans en relief du quartier.
Handicap auditif
Des balises sonores sont en test dans quelques stations.
Handicap cognitif
Après la ligne 10, pionnière, et la ligne B du RER en 2013, la ligne A du RER est labellisé S3A en pour accueillir et conseiller les personnes atteinte d'un handicap mental tel l'autisme : « Les personnes handicapées mentales ne savent, par exemple, pas toujours lire. Dans les transports, elles connaissent bien souvent leur trajet par cœur, mais il suffit d’un aléa pour qu’elles soient perdues ». La formation des agents doit être étendue aux lignes 11 et 14 pour une généralisation d'ici 2020 à tout le réseau RATP[10].
L'accessibilité dans les rames
Handicap moteur
Hormis la ligne 14, la plupart des lignes n'offrent pas de rames alignées avec le niveau des quais[6].
Handicap visuel
Dans les rames des lignes 1, 2, 3, 4, 5, 6 (MP 89 seulement), 9, 11 (MP 14 seulement), 13 et 14, la prochaine station desservie fait l'objet d'une annonce sonore[4].
Sur toutes les lignes, la fermeture des portes des rames est annoncée par un avertisseur sonore[4] ; elle est complétée par un signal lumineux sur les matériels récents ou rénovés.
Handicap auditif
Dans les rames équipées du dispositif d'annonces sonores et visuelles automatiques (ASVA), la prochaine station desservie est annoncée par le clignotement du point lumineux matérialisant celle-ci. Ces plans lumineux sont déjà présents dans les rames des lignes 2, 3, 5, 9 et 13. Dans celles de la ligne 1, des écrans annoncent visuellement les prochaines stations desservies[4].
Sur les quais, le système d'information en ligne (SIEL) affiche, et annonce par une voie de synthèse, les temps d'attente des deux prochaines rames.
Dispositifs de la ligne 14 et autres stations accessibles
La ligne 14 du métro de Paris est une ligne entièrement accessible, en toute autonomie, aux personnes en fauteuil roulant, étant équipée de l’ensemble des dispositifs assurant le libre accès et la sécurité de ces voyageurs[11] - [12]. Des ascenseurs sont installés dans toutes les stations de la ligne (treize stations en 2022) et les rames sont à niveau avec les quais et disposent d'espaces de circulation compatibles avec les manœuvres d'un fauteuil roulant ainsi que d'emplacements réservés dotés d’équipements spécifiques tels que barres de maintien ou boutons d’appel[12].
En dehors de la ligne 14, près d’une trentaine de stations de métro sont équipées d’ascenseurs, notamment les plus récentes ainsi que les plus en profondeur[12]. Une vingtaine de ces stations disposent d’un parcours entièrement mécanisé entre les quais et la voirie mais ces ascenseurs sont considérés comme des appareils « de confort », destinés « à faciliter le cheminement des voyageurs », puisque les personnes en fauteuil roulant, en pratique, ne peuvent pas les emprunter « pour des raisons de sécurité et de non-continuité du trajet accessible jusqu’à la station de destination »[12].
Sur les prolongements des lignes 4, 11 et 12, les stations elles-mêmes sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant mais ce n'est qu'après le renouvellement des rames de métro que ces tronçons pourront véritablement être empruntés par ces voyageurs[12].
La RATP met à disposition des voyageurs un plan des lignes du réseau indiquant le degré d'accessibilité de chaque station pour les personnes à mobilité réduite[13].
Étude sur une mise en accessibilité de la ligne 6
Alors que les coûts de mise en accessibilité de tout le métro parisien semblent prohibitifs, Île-de-France Mobilités et la RATP annoncent en le lancement d'une étude de faisabilité pour un million d'euros pour la mise en accessibilité de la ligne 6 du métro qui est essentiellement aérienne[11]. En avril 2021, IDFM annonce que la mise en accessibilité de la ligne est chiffrée à 700 millions d'euros dans l'hypothèse la plus haute, qui consiste à équiper les 28 stations de la ligne d'ascenseurs et de refuges anti-incendie dédiés, et nécessiterait de six à dix ans de travaux[14]. La Région Île-de-France propose alors de prendre en charge un tiers de ce coût, en invitant la mairie de Paris et l’État à « se joindre au financement »[15]. Grégoire de Lasteyrie, vice-président d'Île-de-France Mobilités, indique que l'expérimentation qui va en découler sur cette ligne est « très importante »[15]. En effet, elle permettra de mieux se rendre compte de ce qu'il faudrait faire pour rendre la totalité du métro accessible[15].
Grand Paris Express
Afin de « faire du métro du Grand Paris le métro le plus accessible du monde », la Société du Grand Paris signe en un protocole de concertation avec les associations représentatives des grandes familles de handicap[16].
Comparaisons avec d'autres villes
D'après le recensement conduit en 2017 par le quotidien britannique The Guardian, si seulement 15 stations du métro parisien sur 302[17] sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant, le chiffre tombe même à neuf (toutes sur la ligne 14) si on retranche celles nécessitant l'installation d'une rampe. Par comparaison, l'accessibilité est assurée dans 71 des 270 stations du métro londonien, aidé en cela par l’accessibilité totale du réseau DLR inauguré en 1987 ; la ligne Elizabeth, inauguré en 2022, est entièrement accessible avec accès de plain-pied aux trains à chaque station depuis la rue. Le métro de Barcelone se montre assez exemplaire avec 129 stations accessibles sur 156. C'est le cas pour 117 des 472 stations du métro de New York, de 186 sur 211 pour le métro de Tokyo. Conçu après l'adoption de la législation sur l'accessibilité et ouvert dans les années 1990, les 93 stations du métro de Los Angeles sont accessibles. À peine plus ancien, le métro de Washington a ses 91 stations accessibles[18] - [19].
À Londres, une rampe peut être déployée sur demande pour passer la marche en sortie de train sur les rames d'ancienne génération. Le plus gros du travail d’adaptation concerne le trajet entre la rue et les quais dont la conception, débutée en 1863, n'intégrait pas l'accessibilité. Toutes les stations devraient à terme être équipées d’un ascenseur pour chaque escalier alors que des portiques larges doivent permettre le passage des fauteuils roulants et des poussettes. Les nouvelles technologies sont mobilisées pour améliorer l’accès des aveugles ou encore des femmes enceintes aux transports avec le développement de plans spécifiques qui représentent les degrés d'avancement des adaptations. Transport for London donne un accès gratuit aux informations de son réseau pour permettre le développement d'applications tierces rendant par exemple les plans lisibles pour les personnes souffrant de différents problèmes visuels en jouant sur les contrastes, les couleurs et en rajoutant des signes[20].
À Tokyo, dont le réseau ancien est peu accessible, les nouveaux WC handicapés construits en double, les uns pour les gauchers, les autres pour les droitiers[21].
À Grenoble, les tramways sont équipés d'une rampe pour permettre l'entrée de personnes en fauteuils roulants ; cette rampe se déploie sur décision du conducteur. Les bus sont aussi équipés de cette rampe. De nombreux arrêts de bus ont aussi été aménagés pour faciliter un accostage des bus au plus près de l'arrêt grâce à des bordures inclinées, réduisant ainsi la largeur du caniveau. Les abribus sont situés à une distance minimum de 110 cm du bord afin d'éviter des incidents de balayage de l'avant du bus et permettre un bon accès aux personnes handicapées moteurs. Un des projets en cours est un système de boitiers que détiendraient les personnes aveugles permettant la répétition sonore des informations visuelles[22].
En Île-de-France, la RATP assure au début de 2018 que les personnes en fauteuil roulant peuvent utiliser l'ensemble du réseau des bus parisiens (63 lignes), plus de 70 % du réseau des bus de banlieue (soit plus de 200 lignes), 63 gares du RER sur les 65 que compte le réseau RATP, l'ensemble des lignes de tramway ainsi que la ligne 14 du métro. Elle s'est engagée à rendre accessibles tous ses bus franciliens d'ici 2022 ainsi que tous les prolongements des lignes de métro[23].
Notes et références
- Diane de Fortanier, « Accessibilité : le métro parisien à la traîne », lefigaro.fr, (consulté le ).
- « Accessibilité du métro parisien : la RATP n’est pas à la hauteur », enquete-debat.fr, (consulté le ).
- « Accessibilité : le métro qui valait quatre milliards ! », informations.handicap.fr (consulté le ).
- « Métros parisiens adaptés », parisinfo.com (consulté le )
- Olivier Razemon, « Les transports à Paris en 20 chiffres », transports.blog.lemonde.fr, (consulté le ).
- « Le réseau parisien fait des efforts », mieux-voir.fr (consulté le )
- Sarah Boudinet (STIF) et Arnaud Riou (RATP), « Études sur l'accessibilité du métro » [PDF], (consulté le )
- « Gares et Stations accessibles », infomobi.com (consulté le )
- « Faciliter les déplacements dans le métro et le RER », ratp.fr, (consulté le )
- Jila Varoquier, « Les agents RATP formés à accueillir les personnes à handicap mental », leparisien.fr, (consulté le ).
- Sebastian Compagnon, « Accessibilité du métro : Valérie Pécresse lance une étude de faisabilité pour la ligne 6 », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Registre public d'accessibilité des gares RER et stations métro de la RATP sur le site de la RATP.
- Plan des lignes « Paris Île-de-France. Personnes à mobilité réduite » sur le site de la RATP.
- Benoît Hasse, « Accès aux handicapés : équiper la ligne 6 du métro coûterait 700 millions d’euros », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Dounia Mahieddine / AFP, « Bouger dans Paris avec un handicap, la "galère" ! », sur handicap.fr, (consulté le )
- « La Société du Grand Paris s’engage pour l’accessibilité des futures gares du réseau », societedugrandparis.fr, (consulté le )
- Les nombres de « 302 » (stations) et/ou « 383 » (points d'arrêt) n'incluent pas la station fictive Funiculaire de Montmartre. Cette dernière est en effet considérée comme une station de métro (et deux points d'arrêts) par la RATP et rattachée statistiquement à la ligne 2, ce qui explique pourquoi la RATP annonce 303 stations et non 302.
- (en) Nick Van Mead, « Access denied: wheelchair metro maps versus everyone else's », theguardian.com, (consulté le ).
- Marina Carlos, « Handicap et accessibilité dans le métro parisien : à quand plus de transparence ? », bondyblog.fr, (consulté le ).
- Judith Soufir, « Londres : Approche globale de l’accessibilité des transports », sur batimedianews.com, (consulté le ).
- Jean-Gabriel Bontinck, « Transports : ces six idées venues du Japon qui vont inspirer Paris pour les JO 2024 », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- Geneviève Lévy, L'accessibilité des transports aux personnes handicapées et à mobilité réduite, , 132 p. (lire en ligne), p. 117 à 119.
- « À Paris, en fauteuil roulant, mieux vaut oublier le métro », francetvinfo.fr, (consulté le ).
Articles connexes
Liens externes
- Site de la RATP
- Plan des stations RATP et SNCF accessibles en 2017 [PDF]
- Plan des stations RATP et SNCF accessibles en 2012 [PDF]
- Sarah Boudinet (STIF) et Arnaud Riou (RATP), « Études sur l'accessibilité du métro » [PDF], (consulté le )
- Opérations-test en 2015
- Parigo#41 : Le défi de l'accessibilité