Ăle Tristan da Cunha
L'Ăźle Tristan da Cunha[1] (/ËtÉčÉȘs.tÉn dÉ.ËkuË.nÉ/) est l'Ăźle principale de l'archipel du mĂȘme nom, ensemble d'Ăźles volcaniques situĂ© dans l'ocĂ©an Atlantique Sud, au nord des quarantiĂšmes rugissants, et dĂ©couverte au dĂ©but du XVIe siĂšcle. L'Ăźle Tristan da Cunha fait partie du territoire britannique d'outre-mer de Sainte-HĂ©lĂšne, Ascension et Tristan da Cunha. L'Ăźle est Ă 2 771 km Ă l'ouest-sud-ouest de la West Coast Peninsula, sur la municipalitĂ© de Saldanha Bay (Afrique du Sud), et Ă 3 223 km au sud-est de Barra do Açu, dans l'Ătat brĂ©silien de Rio de Janeiro. La terre la plus proche est l'Ăźle de Sainte-HĂ©lĂšne, Ă 2 418 km au nord-nord-est. Avec 96 km2 de superficie, l'Ăźle Tristan da Cunha culmine Ă 2 062 m.
Ăle Tristan da Cunha Tristan da Cunha Island (en) | |||
Image satellite de l'Ăźle Tristan da Cunha. | |||
GĂ©ographie | |||
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Pays | Royaume-Uni | ||
Archipel | Tristan da Cunha | ||
Localisation | Océan Atlantique | ||
CoordonnĂ©es | 37° 06âČ 40âł S, 12° 17âČ 15âł O | ||
Superficie | 98 km2 | ||
Point culminant | Queen Mary's Peak (2 062 m) | ||
GĂ©ologie | Ăle volcanique | ||
Administration | |||
Territoire britannique d'outre-mer | Sainte-HĂ©lĂšne, Ascension et Tristan da Cunha | ||
DĂ©mographie | |||
Population | 246 hab. (28 février 2023) | ||
Densité | 2,51 hab./km2 | ||
Gentilé | Tristanais | ||
Plus grande ville | Ădimbourg-des-Sept-Mers | ||
Autres informations | |||
DĂ©couverte | 1506 | ||
Fuseau horaire | UTC+0 | ||
Site officiel | http://www.tristandc.com | ||
Géolocalisation sur la carte : océan Atlantique
GĂ©olocalisation sur la carte : Sainte-HĂ©lĂšne, Ascension et Tristan da Cunha
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Ăle au Royaume-Uni | |||
En 1961-1962, l'éruption volcanique du Queen Mary's Peak provoque l'évacuation des habitants au Royaume-Uni. La majorité d'entre eux reviennent sur l'ßle aprÚs quelques années. Elle est considérée comme la terre la plus isolée au monde. Son accÚs est particuliÚrement difficile en raison des conditions climatiques, de son éloignement (au mieux sept jours de mer depuis l'Afrique du Sud) et de la rareté des bateaux.
Histoire
Les Ăźles ont Ă©tĂ© signalĂ©es la premiĂšre fois en 1506 par l'explorateur portugais TristĂŁo da Cunha, l'agitation de la mer a empĂȘchĂ© une visite Ă terre. Le navigateur donne son nom Ă l'Ăźle principale de l'archipel, Ilha de TristĂŁo da Cunha, qui est anglicisĂ© lors de la premiĂšre mention sur les cartes de l'AmirautĂ© britannique. En 1643, l'Ă©quipage du Heemstede accoste pour la premiĂšre fois selon les annales marines internationales et la premiĂšre prospection de l'archipel est menĂ©e par la frĂ©gate française L'Heure du Berger en 1767.
DĂ©couverte de l'Ăźle
En 1506, le roi de Portugal Manuel Ier charge les navigateurs Tristão da Cunha et Afonso de Albuquerque de s'emparer de l'archipel de Socotra, sous domination musulmane, afin de porter secours aux chrétiens y résidant[2]. L'escadre de Tristão da Cunha se compose de quatorze vaisseaux et 1 300 hommes et appareille de Lisbonne le pour suivre la traditionnelle route des Indes. AprÚs avoir relùché au Cap-Vert et reconnu le cap Saint-Augustin, l'escadre fait route vers le sud portée par le courant du Brésil[3] mais la flotte s'enfonce trop loin dans les mers australes (des hommes d'équipage meurent de froid) et Tristão da Cunha découvre l'ßle qui porte désormais son nom alors que la flotte utilise les vents d'ouest afin de passer le cap de Bonne-Espérance et rejoindre l'océan Indien. Le navigateur se contente de noter la position sans y accoster et poursuit sa route.
L'Ăźle commence Ă apparaĂźtre sur les cartes Ă partir de 1509 et sert de point de repĂšre sur la route des Indes[2] - [3]. Les tempĂȘtes Ă©tant frĂ©quentes, les navires Ă©vitent de trop s'en approcher[4]. La premiĂšre exploration connue de Tristan da Cunha fut menĂ©e le par le vaisseau Heemstede de la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes orientales, dirigĂ© par le capitaine Claes Gerritszoon Bierenbroodspot[5]. Le navire se ravitaille en eau douce, poissons, phoques et manchots et laisse une plaque portant l'inscription : Aujourd'hui, , de la flĂ»te hollandaise Heemstede, Gerrits en Bier, Brootsfot de Hoorn, et Jan Coertsen Van den Broec, ont dĂ©barquĂ© ici[6]. La plaque est retrouvĂ©e le par le navire hollandais Nachtglas. LâĂźle Inaccessible et l'Ăźle Nightingale, Ă seulement 35 km au sud-ouest de lâĂźle principale, ne sont dĂ©couvertes quâen 1652 par un navigateur hollandais. LâĂźle Gough, la plus Ă©loignĂ©e de ce territoire, est aussi dĂ©couverte en 1506 par un autre navigateur portugais, Gonçalo Ălvares.
En 1670 Jean-Jacques de Melet, seigneur de Rochemon en Agenais, à bord de la Sultane, allant du Brésil au Cap de Bonne-Espérance vient y trouver les alizés par un détour qu'il estime de 400 lieues. (Relation de mon voyage aux Indes Orientales ... sous le commandement de M. de La Haye).
En 1767, lâarchipel est arpentĂ© pour la premiĂšre fois par lâĂ©quipage de la frĂ©gate française LâHeure du Berger. Le travail comprenait plusieurs sondages, un aperçu approximatif des littoraux, lâemplacement des sources dâeau potable, y compris les chutes du Big Watron et le positionnement de trois petits Ă©tangs sur le haut des escarpements aujourdâhui nommĂ©s The Ponds up the Eastâard. En 1781, un hydrographe de la Royal Navy publie ces rĂ©sultats.
Mais cette escale demeure exceptionnelle en raison d'une mer houleuse et des conditions mĂ©tĂ©orologiques qui peuvent sâavĂ©rer inhospitaliĂšres, du manque de ressources naturelles exploitables et de l'isolement de tous les grands centres de peuplement. Ainsi, les Ăźles demeurent peu visitĂ©es Ă lâexception de quelques baleiniers, chasseurs de phoques ou bĂątiments marchands de passage. Les escales sont habituellement de trĂšs courte durĂ©e et ayant pour but le rĂ©approvisionnement en eau potable et en bois.
Refreshment Islands
En 1811, une premiĂšre colonisation est tentĂ©e par deux natifs de Salem au Massachusetts. Le navigateur, Jonathan Lambert, est un homme excentrique qui prend possession des terres en son nom propre et les rebaptise « Refreshment Islands ». Il publie une dĂ©claration officielle dans une gazette de la Nouvelle-Angleterre en 1811. Son gouvernement dure peu, il pĂ©rit avec un de ses compatriotes dans un accident de chaloupe en 1812. Le titre de gouverneur est transfĂ©rĂ© Ă lâunique survivant, Thomaso Curri, rejoint par deux autres marins qui dĂ©cident de s'y Ă©tablir peu de temps aprĂšs. Ils survivent en cultivant des pommes de terre, du blĂ© et des lĂ©gumes, et en Ă©levant des porcs. Ils font commerce dâeau potable, de bois et des surplus de la rĂ©colte avec les navires de passage.
- Jonathan Lambert en 1810
- Drapeau des Refreshment Islands
- Carte de Tristao dâAcunha in "LâHomme et la Terre" par ElisĂ©e Reclus
Colonisation britannique
Le , la Grande-Bretagne sâempare des Ăźles Refreshment en les annexant officiellement. L'armĂ©e britannique depuis le HMS Falmouth prend possession de l'Ăźle au nom du roi George III. Le nom de Tristan da Cunha est restaurĂ© et les Ăźles placĂ©es sous le contrĂŽle et lâadministration du gouverneur de la colonie du Cap (Afrique du Sud). La Grande-Bretagne revendique cette possession pour prĂ©venir toute tentative dâĂ©vasion de lâex-empereur NapolĂ©on Bonaparte dĂ©tenu aprĂšs la dĂ©faite de Waterloo sur lâĂźle de Sainte-HĂ©lĂšne Ă 2 180 km au nord de lâarchipel de Tristan da Cunha. Les Britanniques souhaitent Ă©galement priver les vaisseaux de guerre amĂ©ricains dâun havre ; lors de la guerre de 1812-1814, ceux-ci concurrençaient les navires marchands britanniques en liaison avec les pays de lâOrient.
Les militaires britanniques installent une garnison Ă Fort Malcolm prĂšs de la baie de Falmouth, oĂč Jonathan Lambert avait fondĂ© sa colonie, Ă lâextrĂ©mitĂ© Nord-Est du plateau cĂŽtier principal, aujourdâhui The Plains. LâunitĂ© est composĂ©e dâenviron une centaine de militaires et de leurs familles, surtout originaires du Cap. L'AmirautĂ© britannique dĂ©nonce l'importance stratĂ©gique de Tristan, en particulier aprĂšs le naufrage du HMS Julia en qui cause la perte de 55 hommes, et la garnison est rĂ©embarquĂ©e Ă bord du HMS Euridice en . William Glass, soldat de lâartillerie, demande la permission de demeurer sur lâĂźle. Glass, son Ă©pouse et leurs deux enfants sont accompagnĂ©s de deux autres cĂ©libataires, les maçons Samuel Burnell et John Nankivel, et les deux compatriotes de Thomaso Curri, dĂ©cĂ©dĂ©s Ă la suite d'une intoxication alcoolique. Les affaires de la petite colonie se portent bien si l'on excepte que la population est toujours composĂ©e dâune famille et de cinq cĂ©libataires. Une invitation Ă cinq femmes du territoire de Sainte-HĂ©lĂšne Ă rejoindre la colonie est effective en 1827.
En 1867, le prince Alfred, duc dâĂdimbourg, deuxiĂšme fils de la reine Victoria, visite les Ăźles. En son honneur, les habitants de la colonie renomment leur bourg Edinburgh-of-the-Seven-Seas (Ădimbourg-des-sept-mers) mais prĂ©fĂšrent toujours lâappeler plus intimement The Settlement (la Colonie). En 1957, lors dâun voyage autour du monde Ă bord du yacht royal Britannia, le prince Philip, duc dâĂdimbourg (le troisiĂšme prince Ă porter ce titre), Ă©poux de la reine Elizabeth II, visite lâarchipel de Tristan da Cunha.
Le , par lettre patente, le territoire est initialement dĂ©signĂ© sous le nom de Sainte-HĂ©lĂšne et dĂ©pendances (Saint Helena and Dependencies), la colonie est ainsi attachĂ©e Ă celle du territoire de Sainte-HĂ©lĂšne, trĂšs au nord, comme dĂ©pendance, et l'on peut imaginer que ce titre ne fut pas bien reçu des Tristanais. Tristan da Cunha Ă©tait en effet le seul territoire dâoutre-mer du Royaume-Uni Ă ne pas ĂȘtre subventionnĂ©. Il tirait sa prospĂ©ritĂ© de l'industrie lucrative de la pĂȘche Ă la langouste. Tandis que le territoire de Sainte-HĂ©lĂšne recevait une grande partie de son budget sous forme de subventions de la mĂ©tropole. La constitution du impose aux trois Ăźles un statut Ă©galitaire[7]. Sainte-HĂ©lĂšne, Ascension et Tristan da Cunha (Saint Helena, Ascension and Tristan da Cunha) est dĂ©sormais territoire britannique d'outre-mer, composĂ© de huit Ăźles, dont la principale est Sainte-HĂ©lĂšne pour 410 km2 au total.
PĂ©riodes d'isolement
Lorsque lâĂšre des voiliers se termine, remplacĂ©e par les grands bateaux Ă vapeur qui nâont pas besoin de ravitaillement et le dĂ©clin de lâindustrie de la chasse Ă la baleine, les visites Ă Tristan sont de plus en plus rares. Lâouverture du canal de Suez en Ăgypte en 1869 puis celle du canal de Panama en 1904, annoncent un rĂ©alignement des routes maritimes traditionnelles. Les transporteurs nâont plus besoin de contourner le continent africain en passant par Tristan da Cunha. Le commerce des Tristanais est durement touchĂ©. Il sâagit alors dâune pĂ©riode dâisolement presque total et la population parvint Ă survivre par ses propres moyens. Cette autosuffisance, qui perdure actuellement, caractĂ©rise le peuple tristanais.
En 1873, aprĂšs avoir tentĂ© une colonisation de lâĂźle Inaccessible qui a durĂ© deux ans, les deux frĂšres Stoltenhoff sont dĂ©posĂ©s au Cap, et n'ont plus donnĂ© de nouvelles depuis. En 1881, la communautĂ© invite le rĂ©vĂ©rend Edwin Dodgson (en) (frĂšre cadet du cĂ©lĂšbre auteur Lewis Carroll) Ă enseigner le catĂ©chisme et les sciences. Il reste jusquâen 1884, convaincu Ă son dĂ©part que la colonie doit ĂȘtre dĂ©placĂ©e dans celle du Cap. Il persuade quelques habitants dâabandonner l'Ăźle, mais pour la plupart il nâen est pas question.
Entre 1908 et 1918, en raison de la PremiĂšre Guerre mondiale, la Royal Navy se dĂ©tourne des visites pĂ©riodiques aux Ăźles de Tristan da Cunha, initiant une seconde pĂ©riode dâisolement total. Les Tristanais nâauraient alors reçu ni courrier, ni nouvelles du monde pendant prĂšs de dix ans. Ce qui permet aux Tristanais d'Ă©chapper Ă la pandĂ©mie de la grippe espagnole qui ravage le monde entier aprĂšs la Grande Guerre.
De la Seconde Guerre mondiale à l'opération Argus
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Royal Navy Ă©tablit une garnison de surveillance contre les opĂ©rations navales et marchandes des Allemands et de leurs alliĂ©s. Le campement, Atlantic Isle, comprend plusieurs bĂątiments, services et Ă©quipements destinĂ©s au soutien du personnel militaire, mais la population locale en est aussi bĂ©nĂ©ficiaire. Ă cette pĂ©riode, les Ăźliens sont initiĂ©s Ă la monnaie. Au dĂ©part des troupes en 1946, toutes les infrastructures demeurent en place et sont transfĂ©rĂ©es Ă l'usage de la population civile. La population est alors appelĂ©e Ă accepter une certaine cogĂ©rance des affaires par la prĂ©sence dâun administrateur, militaire pendant la pĂ©riode dâoccupation, puis dâun agent civil nommĂ© Ă ce poste.
En 1958, durant la guerre froide, la marine amĂ©ricaine fait lâessai dâune bombe atomique atmosphĂ©rique non loin de lâarchipel. Lâessai faisant partie dâune opĂ©ration secrĂšte, l'opĂ©ration Argus, mais ni les Ătats-Unis, ni la Grande-Bretagne ne voulurent reconnaĂźtre l'expĂ©rimentation. En , aprĂšs des dĂ©cennies de rumeurs, les autoritĂ©s admettent la rĂ©alitĂ© de cet essai, mais les habitants attendent toujours de savoir s'ils bĂ©nĂ©ficieront d'examens mĂ©dicaux approfondis dĂ©terminant sâils ont Ă©tĂ© victimes des effets de la retombĂ©e des radiations.
Ăruption du Queen Mary et Ă©vacuation temporaire de 1961 Ă 1963
En 1961, la soufriĂšre sâĂ©veilla pour la premiĂšre fois depuis la colonisation du pays. Avant lâĂ©ruption, les habitants avaient fait Ă©tat de sĂ©ismes en essaim, qui avaient provoquĂ© des Ă©boulements de terrain tout au long des escarpements. Vers , lâĂ©vacuation des habitants est entreprise, dans un premier temps vers lâĂźle de Nightingale puis comme rĂ©fugiĂ©s au Cap. Finalement, les Tristanais sont transportĂ©s en Grande-Bretagne, oĂč ils sont abritĂ©s sur une ancienne base militaire, Pendell Army Camp, prĂšs de Mersham-Surrey en Angleterre. Ils sont ensuite regroupĂ©s Ă la base abandonnĂ©e de Calshot de la Royal Air Force, prĂšs de Southampton, dont ils retiendront le nom pour dĂ©signer leur nouveau port d'attache Ă leur retour chez eux. Pour la plupart, ils Ă©liront domicile sur un chemin qui est toujours nommĂ© Tristan Close.
En 1962, la Royal Society organise une expĂ©dition pour connaĂźtre lâampleur des dĂ©gĂąts causĂ©s par lâĂ©ruption et Ă©tudier les consĂ©quences sur la faune et la flore locales. Les chercheurs dĂ©couvrent le bourg dâĂdimbourg presque intact - lâĂ©ruption sâest arrĂȘtĂ©e Ă seulement 300 mĂštres de la colonie. Mais les autoritĂ©s, ne voulant pas rapatrier les insulaires, prĂ©tendent quâils sont mieux en Angleterre. Les Tristanais entreprennent dâorganiser leur propre rapatriement. Les autoritĂ©s font alors tout le nĂ©cessaire pour leur venir en aide. En 1963, menĂ©s par Willie Repetto (le chef de l'Ăźle) et Allan Crawford (un ancien agent de santĂ© postĂ© sur lâarchipel), les Tristanais regagnent leur pays sauf cinq, et cinq autres dĂ©cĂ©dĂ©s lors de leur sĂ©jour en Angleterre, mais la population s'Ă©tait accrue de huit nouveau-nĂ©s entre-temps.
Hervé Bazin, dans Les Bienheureux de La Désolation (1970), fait un récit saisissant de cette évacuation, du malaise des insulaires face à la société de consommation anglaise, et de leur retour sur leur ßle[8].
PĂ©riode contemporaine
Avant la fin des années 1960 et à la suite des destructions par le volcan, les Tristanais érigent une nouvelle conserverie de homards et construisent de nouvelles installations portuaires.
Depuis 2001, les insulaires ont une liaison Internet par satellite. Par le mĂȘme biais, ils peuvent communiquer par tĂ©lĂ©phone et capter les signaux de tĂ©lĂ©vision. Pour des raisons de logistique, un code postal est attribuĂ© aux Tristanais, TDCU 1ZZ, en 2005, pour les transactions sur Internet. Cette mĂȘme annĂ©e 2001, lâarchipel est frappĂ© par un ouragan qui provoque dâimportants dĂ©gĂąts[9].
Une compagnie maritime remorque du BrĂ©sil vers Singapour une plate-forme pĂ©troliĂšre, The Turtle, dans lâocĂ©an austral. La superstructure de plus de 6 000 tonnes se dĂ©tache du navire remorqueur et dĂ©rive pendant prĂšs de neuf mois. Elle s'Ă©choue finalement sur un rĂ©cif dans la baie de Tripot, dans le Sud de lâĂźle de Tristan, en . Dans l'impossibilitĂ© de la dĂ©loger, en janvier-, la dĂ©cision est prise de la saborder.
En , un virus responsable d'une Ă©pidĂ©mie d'asthme occasionne des malaises parmi plusieurs habitants. Le gouvernement britannique dĂ©pĂȘche les mĂ©dicaments nĂ©cessaires pour freiner la transmission du virus[10].
En , la conserverie de homards est la proie des flammes, tout est perdu. La conserverie reconstruite n'est pas opĂ©rationnelle avant 2009. En attendant, les Tristanais se contentent des revenus provenant de la vente des timbres-poste et des quelques touristes. En fĂ©vrier, les ingĂ©nieurs de lâarmĂ©e britannique commencent des travaux dâinfrastructure de rĂ©habilitation de lâancien port.
La population actuelle de Tristan est de 245 personnes. La colonie moderne comprend lâhĂŽtel du gouvernement (la Maison blanche), une Ă©glise catholique (St. Joseph), une Ă©glise anglicane (St. Mary), une Ă©cole (St. Mary's school), un hĂŽpital, un magasin gĂ©nĂ©ral, un bureau de poste, une salle communautaire et un pub, un petit musĂ©e, une boutique artisanale, une piscine et un seul policier[11].
En , le gouvernement de l'archipel vote la loi de protection en aire marine protégée de la quasi-totalité des eaux territoriales tristanaises, soit 700 000 km2, en faisant à cette date la quatriÚme plus importante réserve marine au monde[12].
Une éclipse solaire totale sera visible sur l'ßle, le . Sur la ligne médiane, l'ßle sera dans l'obscurité pendant prÚs de deux minutes et demie[13].
GĂ©ographie
L'archipel volcanique de Tristan da Cunha est constitué de Tristan, l'ßle principale et, d'un groupe d'ßles et d'ßlots :
- Tristan da Cunha, l'Ăźle principale (96 km2 pour 11,27 kilomĂštres du nord au sud), le volcan culmine Ă 2 060 m,
- l'Ăźle Inaccessible (14 km2), atteint 600 m d'altitude,
- l'Ăźle Nightingale (4 km2), atteint 400 m d'altitude, elle se situe Ă 30 km au sud de Tristan da Cunha,
- l'Ăźle Gough (prononcĂ© « gĂŽff »), au sud-sud-est (65 km2)40° 20âČ S, 10° 00âČ O Ă 423,5 km, 910 m.
La ville d'Ădimbourg-des-sept-mers est Ă©tablie sur une des parties planes au nord-ouest de l'Ăźle principale. Les autres Ăźles du groupe sont inhabitĂ©es, Ă l'exception de la station mĂ©tĂ©o de Gough, utilisĂ©e par l'Afrique du Sud depuis 1956.
Sans aĂ©roport, les Ăźles sont accessibles uniquement par mer. Les bateaux de pĂȘche d'Afrique du Sud desservent les Ăźles huit ou neuf fois par an. Le RMS Saint Helena n'assure la traversĂ©e qu'une fois en janvier pour relier l'Ăźle principale de Sainte-HĂ©lĂšne Ă l'Afrique du Sud (deux voyages en 2006 et 2011).
GĂ©ologie du volcan-bouclier
Le point culminant de l'archipel est le pic Queen Mary (Queen Mary's Peak, 2 062 m) ; il est couvert de neige en hiver. Ce stratovolcan circulaire est en fait haut de 5 800 m depuis le fond ocĂ©anique. LâĂ©rosion marine et les prĂ©cipitations abondantes ont sculptĂ© les abruptes falaises de lâĂźle. Les pentes qui mĂšnent au pic Queen Mary sont dans l'ensemble moins raides mais les versants totalement ravinĂ©s ; le cratĂšre principal est large de 300 mĂštres et contient un petit lac de cratĂšre. Les Ă©ruptions proviennent de ce cratĂšre et de nombreux Ă©vents de flanc comme de fissures radiales et circulaires qui ont livrĂ© une sĂ©rie de cĂŽnes stromboliens. Des dykes sont trĂšs nombreux.
Cette activitĂ© volcanique est due Ă un point chaud qui daterait de 120/130-138/140 millions dâannĂ©es alors que l'Afrique et l'AmĂ©rique du Sud sont encore liĂ©s (supercontinent Gondwana)[14]. Le point chaud Tristan (Walvis hot spot) a formĂ© lâarchipel, la dorsale Walvis et la dorsale Rio Grande. Outre l'archipel, le point chaud a donnĂ© naissance aux provinces basaltiques (trapps) d'Edenteka (Sud-ouest de l'Angola - nord-ouest de la Namibie) et au BrĂ©sil, aux immenses trapps du Parana. Le plancher ocĂ©anique est divisĂ© par la dorsale mĂ©dio-atlantique d'oĂč monte le magma. Le volume original est estimĂ© Ă plus de 2,3,106 km2, et actuel de plus dâun million de kmÂČ, pour une Ă©paisseur dâau moins 2 000 mĂštres. Ces Ă©normes basaltiques sont associĂ©es au rifting du Gondwana et Ă lâouverture de lâocĂ©an Altlantique Sud (Cf. tectonique des plaques). Tristan da Cunha n'est pas sur la dorsale mĂ©dio-atlantique mais est sur le point chaud Ă quelque 400 km Ă l'est. Nightingale est l'Ăźle la plus ancienne du groupe avec 12 millions d'annĂ©es. Inaccessible et Gough sont respectivement datĂ©es de 3 Ă 5 millions d'annĂ©es.
Lâunique Ă©ruption historique dĂ©bute le , aprĂšs un essaim sismique, accompagnĂ© de chutes de rochers depuis les falaises. La lave fait irruption prĂšs d'Ădimbourg-des-sept-mers en un cĂŽne Ă©gueulĂ© qui dirige les coulĂ©es vers la mer. LâĂ©ruption dure jusquâen ; un dĂŽme de lave commence Ă croĂźtre ensuite et scelle lâĂ©vent[15]. Tristan da Cunha est un volcan actif dont la connaissance est encore imparfaite. MĂȘme si le volcan est jeune (environ 100 000 ans), les Ă©ruptions ont Ă©tĂ© nombreuses ; les donnĂ©es sur les volumes, la composition, etc. sont insuffisamment Ă©tudiĂ©es. La derniĂšre Ă©ruption en 1961-62 a suscitĂ© un traumatisme pour la population en raison de l'Ă©vacuation. Bien que la surveillance soit amĂ©liorĂ©e, les nombreuses contraintes financiĂšres et gĂ©ographiques impliquent de trouver des stratĂ©gies efficaces de rĂ©duction des risques[16]. Des centres de composition distinctes ponctuent le grand Ă©difice. La plus jeune coulĂ©e de lave est datĂ©e (datages Ar /Ar ) d'environ 3 000 ans. La plus ancienne date d'environ 118 000 ans. L'Ă©vent principal et les bouches secondaires sur les flancs du volcan ont eu des activitĂ©s qui se chevauchent dans le temps. Une Ă©ruption sommitale est trĂšs diffĂ©rente en termes de danger avec des coulĂ©es de lave cĂŽtiĂšres localisĂ©es, dues en partie aux pentes raides (20-30 °) et aux ravins profondĂ©ment incisĂ©s et capables de canaliser rapidement les produits de l'Ă©ruption. Bien que le flux magmatique doit ĂȘtre relativement faible, Tristan da Cunha est capable d'Ă©ruptions relativement frĂ©quentes depuis une grande variĂ©tĂ© de lieux dans un large Ă©ventail de compositions. Il s'agit sans doute d'une alimentation par une sĂ©rie de petites poches de magma dont la source est profonde[17].
Un climat tempéré aux saisons peu marquées
Au cĆur de l'Atlantique sud, avec une latitude de 37°2'S, l'archipel bĂ©nĂ©ficie d'un climat trĂšs ocĂ©anique avec des tempĂ©ratures douces (Cfb selon la classification de Köppen-Geiger). La moyenne annuelle est de 15,1 °C. Le gel est inconnu en dessous de 500 mĂštres et les tempĂ©ratures estivales sont douces sans jamais dĂ©passer 25 °C (maximum en fĂ©vrier-mars avec 24,4 °C). Les minimales les plus fraĂźches ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es en aoĂ»t-septembre avec 10 °C. L'amplitude des variations de tempĂ©ratures saisonniĂšres et quotidiennes est faible.
Les prĂ©cipitations annuelles sont de 1 681 mm (l'Ăźle de Gough enregistre 2 662 mm). Le nombre de jours de pluie par an - 251- est comparable Ă celui des Ăźles AlĂ©outiennes dans le Pacifique, Ă une latitude beaucoup plus Ă©levĂ©e dans l'hĂ©misphĂšre nord. Il n'y a pas de saison sĂšche (minimale en janvier avec 93 mm en moyenne). Le rĂ©gime des prĂ©cipitations est rĂ©glĂ© par les vents d'ouest persistants. La vitesse moyenne du vent est de 40 km/h et les vents sont frĂ©quemment forts (proximitĂ© des QuarantiĂšmes rugissants). La vitesse du vent augmente fortement avec l'altitude, la tempĂ©rature diminuant. Ainsi, lorsque les basses terres bĂ©nĂ©ficient d'un temps clĂ©ment, les plateaux peuvent ĂȘtre couverts de neige ou battus par de forts coups de vent.
L'ensoleillement est de 1 498 heures par an. Le nombre d'heures d'ensoleillement est comparable à celui de Juneau (Alaska), d'une latitude plus élevée de 20°[18].
Population
Les petites populations sont en gĂ©nĂ©ral un sujet d'Ă©tude privilĂ©giĂ© des gĂ©nĂ©ticiens, Ă©conomistes et sociologues. L'isolement de Tristan, sans ĂȘtre absolu, attire leur intĂ©rĂȘt[19] - [20]. Au XVIIIe siĂšcle, hormis l'Ăźle principale, Tristan da Cunha, qui est utilisĂ©e comme une base pour la chasse Ă la baleine et le ravitaillement des navires, et une station mĂ©tĂ©orologique appartenant Ă l'Afrique du Sud installĂ©e sur l'Ăźle de Gough, l'archipel est inhabitĂ©.
L'archipel a été exploré par les Anglais, les Français et les Autrichiens au XVIIIe siÚcle et peuplé à partir de 1817. La population de l'ßle est issue de paysans anglais, de marins étrangers et de métis d'Afrique du Sud, restés à l'écart du reste du monde pendant un siÚcle et demi.
La population de 27 habitants en 1827 passe Ă 100 en 1853 (annĂ©e de la mort du fondateur de la colonie, William Glass). Une partie Ă©migrant aux Ătats-Unis, la population n'est plus que de 40 en 1860. De nouveau 100 en 1880, la perte de 15 jeunes adultes lors d'un naufrage voit l'Ă©migration des veuves vers l'Afrique du Sud. Ă partir de 1862, la population augmente pour atteindre 261 membres en 1961, tous issus de 19 ancĂȘtres. Au total 570 personnes vĂ©curent sur l'Ăźle entre 1817 et 1961 (date de l'Ă©ruption). Les habitants de Tristan forment donc une communautĂ© actuelle d'Ă peine quelques centaines de personnes et elle est considĂ©rĂ©e comme la plus isolĂ©e du monde avec 245 habitants en 2020[21] portant tous un des huit patronymes locaux : Glass, Swain et Squibb d'origine britannique, Green d'origine nĂ©erlandaise, Hagan et Rogers d'origine amĂ©ricaine et Lavarello et Repetto d'origine italienne[22].
En raison du grand isolement, la consanguinitĂ© a Ă©tĂ© proposĂ©e comme explication d'une baisse de la fĂ©conditĂ© progressive mais en fait, le passage des navires baleiniers jusqu'en 1855 a pu ĂȘtre Ă l'origine d'un renouvellement gĂ©nĂ©tique comme le sĂ©jour en Angleterre ou encore, les naufrages qui ont apportĂ© leur contingent de nouveaux habitants. L'endogamie reste proposĂ©e comme explication de la frĂ©quence de l'asthme et du glaucome qui seraient favorisĂ©s par une faible diversitĂ© gĂ©nĂ©tique[23] - [24].
Administration et politique
L'Ăźle est dotĂ©e d'un administrateur nommĂ© par le Gouvernement du Royaume-Uni ainsi que d'une assemblĂ©e, appelĂ©e Conseil de l'Ăźle, composĂ©e de douze membres dont huit Ă©lus pour trois ans au scrutin direct et trois nommĂ©s par lâadministrateur. Ce dernier prĂ©side le conseil. Au moins un membre doit ĂȘtre une femme, un nouveau tour de scrutin pour un siĂšge ayant lieu si aucune n'est Ă©lue. Sur le mandat 2016-2019, quatre des douze membres sont ainsi des femmes, dont trois Ă©lues. Le membre Ă©lu recevant le plus de voix sur un bulletin Ă part devient le « Chef des insulaires » (Chief Islander), reprĂ©sentant de la communautĂ© qui partage les taches exĂ©cutives avec l'administrateur, qu'il remplace en cas d'absence[25] - [26]. Depuis 2019 le Chef des insulaires est James Glass, en remplacement de Ian Lavarello[27].
Tristan da Cunha est indirectement membre du Commonwealth via son statut de territoire d'outre-mer britannique[28]. Les insulaires parlent anglais et se partagent entre les confessions anglicane et catholique (il y a deux Ă©glises).
Afin de préserver leur mode de vie, les habitants limitent les débarquements sur l'ßle et n'accordent quasiment pas d'autorisation d'implantation pour des étrangers hormis ceux qui épousent un habitant. L'ßle demeure cependant toujours ouverte à un tristanais parti à l'étranger pour quelques années pour raison professionnelles ou pour ses études; principalement au Royaume-Uni ou en Afrique du Sud.
La visite de Tristan est par ailleurs difficile car les bateaux comptent peu de places et les insulaires sont prioritaires, l'autorisation du conseil de lâĂźle Ă©tant Ă©galement obligatoire pour organiser un voyage Ă Tristan.
Les habitants sont organisĂ©s en communautĂ© oĂč chacun rĂ©alise plusieurs tĂąches (comme Ă©lectricien, comptable, magasinier, mĂ©canicien, etc.) pour la communautĂ© et touche en Ă©change un salaire versĂ© par le gouvernement de l'Ăźle.
Ăconomie
La principale source de revenus de Tristan est la pĂȘche de langoustes et homards, la vente de timbres et de piĂšces de monnaie.
L'Ă©ruption de 1961 a dĂ©truit la conserverie qui a Ă©tĂ© reconstruite peu de temps aprĂšs. Les habitants travaillent principalement pour une pĂȘcherie de langouste de capitaux australiens et pour le gouvernement local. La sociĂ©tĂ© sud-africaine Ovenstone possĂšde une licence exclusive de pĂȘche de la langouste Ă Tristan da Cunha et exporte exclusivement au Japon et aux Ătats-Unis.
L'Ăźle est en grande partie autosuffisante. Un bateau arrive tous les mois et demi avec des vivres et du matĂ©riel. Il n'y a pas d'aĂ©roport et seulement un petit port de pĂȘche qui ne permet pas aux cargos d'accoster. La plupart des habitants ont plusieurs emplois/occupations, travaillant presque tous pour le gouvernement de Tristan da Cunha. Ils ont tous des lots de terres oĂč ils cultivent principalement de la pomme de terre.
Depuis quelques années, l'ßle capte les deux chaines de télévision British Forces Broadcasting Service (BFBS).
Il y a un bùtiment administratif, un café Internet, une école, un hÎpital, un bureau de poste, un musée, un pub et une piscine. Il y a aussi quelques maisons d'hÎtes (guest houses). L'Afrique du Sud maintient une station météo à l'ßle Gough.
Flore et faune
Tristan da Cunha est un site important pour la conservation de la biodiversité avec un grand nombre d'espÚces endémiques et menacées. Cependant, les rongeurs introduits sur les deux plus grandes ßles de l'archipel ont un impact dévastateur. Un projet est lancé pour évaluer les options de gestion et de conservation potentiels et réduire ou éliminer les rongeurs.
Flore
La flore vasculaire des ßles de Tristan da Cunha est assez bien connue mais les informations sur la répartition et l'abondance de la plupart des espÚces indigÚnes sont trÚs incomplÚtes. Quelque 53 espÚces de plantes à fleurs sont originaires de ces ßles et 38 espÚces de fougÚres et mousses. Plus de la moitié de la flore vasculaire indigÚne est endémique : 28 espÚces et quatre variétés ou sous-espÚces. Il y a également quinze fougÚres et mousses endémiques plus deux variétés. Sept de ces espÚces endémiques ne sont connues que sur une seule ßle du groupe et la plupart sur l'ßle de Gough.
Un grand nombre d'autres plantes ont Ă©tĂ© introduites accidentellement ou intentionnellement. 150 espĂšces introduites transforment complĂštement la vĂ©gĂ©tation dans une bonne part de l'Ăźle principale de Tristan da Cunha. Les communautĂ©s vĂ©gĂ©tales sont dĂ©sormais dominĂ©es par des espĂšces exotiques. Ce processus est grandement amĂ©liorĂ© par les herbivores introduits (bovins et ovins). Sur les petites Ăźles, le nombre d'espĂšces introduites est moindre que sur l'Ăźle principale mais leur impact est dĂ©vastateur. Sur Gough, seulement 18 espĂšces de plantes exotiques sont prĂ©sents mais deux (Holcus lanatus et Agrostis stolonifera) ont complĂštement transformĂ© la vĂ©gĂ©tation le long des cours d'eau et des Ă©tangs et les espĂšces indigĂšnes deviennent rares dans ces habitats. L'ensemble des taxons exotiques reprĂ©sente une menace pour la flore de l'Ăźle avec le risque de l'extinction des espĂšces endĂ©miques indigĂšnes. Les plantes envahissantes affectent Ă©galement les populations d'invertĂ©brĂ©s et d'oiseaux. Le rythme d'introduction d'une espĂšce nouvellement introduite est de tous les 8 mois. Les efforts de conservation sont sĂ©rieux. Gough et Inaccessible ont Ă©tĂ© classĂ©es au Patrimoine mondial naturel de l'UNESCO. Des mesures de conservation comme les restrictions Ă la rĂ©colte de la faune indigĂšne sont en place ailleurs. Sur Tristan da Cunha vient d'ĂȘtre mis en place un DĂ©partement de la conservation. Cependant, aucune mesure de quarantaine stricte n'est en place pour limiter les nouvelles invasions biologiques et il n'y a pas de surveillance des plantes exotiques. Un plan de gestion des espĂšces envahissantes est en cours d'Ă©laboration. L'importance et la richesse de la flore endĂ©mique et des communautĂ©s uniques nĂ©cessiteraient une prise de mesure Ă©nergique[30].
Les franges cÎtiÚres des ßles sont couverts par une formation de grandes herbes en touffes (tussocks ou tussockgrasses) avec une spartine (Spartina arundinacea), et sur Gough avec Poa flabellata. Ces communautés de tussacks atteignent 300 m d'altitude et sont typiques de milieux soumis à l'influence des vents et des embruns, et de l'apport de nutriments par les oiseaux marins[30].
Sur Tristan da Cunha, cette végétation à tussacks couvrait les basses terres avant l'établissement humain. Elle a disparu en raison du pùturage. Elle peut aussi avoir été affectée par la réduction de l'apport de nutriments à la suite de la forte diminution des oiseaux de mer à cause de la prédation par les rats et, dans le passé les chats, les porcs et d'autres mammifÚres introduits.
Au-dessus des formations Ă tussacks, se trouve une zone oĂč l'influence des embruns et l'apport de nutriments fournis par les oiseaux sont relativement faibles, une mosaĂŻque de bois Ă Phylica arborea et des communautĂ©s de fougĂšres s'installe.
Les zones humides de Gough et Inaccessible classées au type de la convention Ramsar sont importantes, il s'agit de tourbiÚres non boisées, de piscines d'eau douce permanentes, de cours d'eau permanents, de rivages subtidaux marins et rocheux. Ils hébergent l'Albatros de Tristan (Diomedea dabbenena) menacé d'extinction[31].
Avifaune
L'archipel héberge cinq espÚces marines menacées parmi lesquelles :
- le Pétrel à lunettes (Procellaria conspicillata) endémique de l'ßle Inaccessible ;
- l'Albatros Ă nez jaune (Thalassarche chlororhynchus ou Molly), en danger ;
- l'Albatros de Tristan (Diomedea dabbenena ou Gony), Tristan da Cunha est l'unique lieu de nidification de cet endémique de l'archipel ;
- l'Albatros brun (Phoebetria fusca) ;
- le Gorfou sauteur du Nord (Eudyptes crestatus moseleyi ou Pinnamin pour les insulaires) - La rookerie de Jew's Point a Ă©tĂ© le premier site de reproduction reconnu comme rĂ©serve naturelle dans les annĂ©es 1980. Les pinnamins viennent Ă terre pour se reproduire en aoĂ»t et dĂ©posent deux ou trois Ćufs en septembre. La rĂ©colte des Ćufs est rĂ©glementĂ©e. Les pinnamins prĂ©fĂšrent l'abri et la protection des touffes de spartine. Sur Tristan, les colonies s'Ă©tablissent dans les ravins ou sur les falaises en dĂ©pit de l'exposition aux Ă©lĂ©ments et aux inondations. Ces oiseaux se nourrissent de krill, de petits poissons et de calmars, et font partie du rĂ©gime alimentaire des otaries Ă fourrure de l'Antarctique. Le guano des oiseaux est rĂ©coltĂ© par les Tristanais lors de voyages annuels par chaloupe sur les autres Ăźles Ă la fin de l'Ă©tĂ© pour fournir des engrais Ă leurs parcelles de pommes de terre[32].
Trois espÚces endémiques terrestres :
- la Grive de Tristan da Cunha (Turdus eremita),
- le RĂąle atlantis (Atlantisia rogersi), le plus petit oiseau aptĂšre du monde[33],
- la Gallinule de Gough (Gallinula comeri)
Faune marine
Les écosystÚmes marins profonds de Gough et Inaccessible sont mal connus. Jusqu'à une profondeur de - 40 m, une grande variété d'habitats est dominée par les algues comme le varech abritant toute une gamme d'invertébrés en particulier une population de langoustes de Tristan (Jasus tristani) exploitées commercialement, de poissons démersaux et pélagiques et, de cétacés. Les espÚces de cétacés autour de l'archipel sont assez nombreuses. Le groupe est emblématique. L'étude des cétacés augmente avec la popularité des croisiÚres d'observation pour le grand public et la présence d'experts de la conservation travaillant dans l'archipel ; les observations s'enrichissent :
- la Baleine franche australe, Eubalaena australis, est communément vue autour des ßles de Tristan da Cunha mais le nombre d'individus a été fortement réduit par les flottes de baleiniers américains du XIXe siÚcle. Le troc avec les baleiniers a prospéré à Tristan jusqu'aux années 1860. Protégée depuis 1937, la population a cependant continué de se réduire en raison de la chasse illégale perpétrée par la flotte baleiniÚre russe notamment pendant le séjour extérieur des ßliens aprÚs l'éruption volcanique de 1961-62 ; l'espÚce est maintenant rare et visible seulement pendant les mois d'hiver (mai à octobre) ;
- la Baleine à bosse, Megaptera novaeangliae, est aperçue occasionnellement dans les eaux de Tristan lors de la migration entre la saison de reproduction (mai - août ) des eaux tropicales vers les eaux riches au large de la banquise antarctique ;
- le Grand cachalot, Physeter macrocephalus, est réputé commun dans les eaux de Tristan mais sans récentes observations. La plupart des baleines échouées sur Tristan appartiennent à cette espÚce ;
- le Cachalot pygmée, Kogia breviceps ;
- aucune observation de Rorqual commun, Balaenoptera physalus, n'est confirmée prÚs des ßles ;
- des bancs de globicéphales noirs, Globicephala melas, de 10-100 animaux sont communs dans les eaux de Tristan ;
- des bancs de 2-20 dauphins obscurs, Lagenorhynchus obscurus, transitent mais l'espÚce est rare à Tristan, cependant il existe une population résidente de quelque 300 individus à l'ßle de Gough ;
- les cétacés dont l'observation est à confirmer aux abords de Tristan da Cunha : Caperea marginata, Balaenoptera musculus, B. borealis, B. bonaerensis, B. acutorostrata, Lissodelphis peronii, Lagenorhynchus cruciger, Hyperodon planifrons, Berardius arnuxii, Mesoplodon grayi, M. mirus, M. bowdoini, M. layardii et Ziphius cavirostris.
L'Ăźle dans les arts et la culture
Littérature
Comme il existe peu d'Ăźles dans l'Atlantique sud au-delĂ du tropique du Capricorne, certains commentateurs[34] voient dans le peuplement de Tristan da Cunha la concrĂ©tisation de l'utopie[35] de J.G. Schnabel (alias Gisander) parue entre 1731 et 1744 sous le titre Insel Felsenburg (L'Ăle de Felsenbourg)[36] avec un vaste succĂšs en Allemagne et de multiples rĂ©Ă©ditions. La communautĂ© vit sur l'Ăźle de Felsenbourg, selon des principes d'inspiration chrĂ©tienne et communautaire. Les familles de naufragĂ©s y prospĂšrent, combinent des mariages arrangĂ©s, sous l'autoritĂ© du patriarche. Par ailleurs, dans lâAtlas des Ăźles abandonnĂ©es de Judith Schalansky (2010), l'Ăźle de Tristan da Cunha (p. 50) est assimilĂ©e Ă celle de Felsenbourg[37].
Edgar Poe mentionne l'ßle dans les Aventures d'Arthur Gordon Pym (1838) et donne un aperçu historique de l'occupation de l'ßle aux XVIIIe et XIXe siÚcles. L'ßle est également citée dans deux romans de Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant (1868) et Le Sphinx des glaces (1897).
K. M. Barrow Ă©tait l'Ă©pouse du rĂ©vĂ©rend missionnaire John Graham Barrow, dont la mĂšre, alors enfant, avait survĂ©cu au naufrage du "Blenden Hall" sur l'Ăźle Inaccessible en 1821. Entre et , les Barrows ont vĂ©cu Ă Tristan da Cunha oĂč le rĂ©vĂ©rend Barrow Ă©tait pasteur et maĂźtre d'Ă©cole sous les auspices de la "Society for the Propagation of the Gospel". Three years in Tristan da Cunha, (1910), par K. M. Barrow, est une chronique de leur vie sur l'Ăźle.
Raymond Rallier du Baty dans Aventures aux Kerguelen (1910), décrit dans le troisiÚme chapitre, la vie des habitants de Tristan da Cunha en 1908, lors de la seconde période d'isolation totale[38]. Jean Giono, dans Fragments de paradis, évoque l'ßle et ses environs.
Ătienne Gril, dans Le Repaire du Graf Spee (1945; reprise dans la collection "Marabout junior" n° 115, 1958), imagine que, peu avant la seconde guerre mondiale, la Kriegsmarine avait installĂ© sur l'Ăźle Inaccessible inhabitĂ©e , Ă l'insu des habitants de Tristan, un stockage de carburant pour ravitailler le "CuirassĂ© de poche" (croiseur lourd), Graf Spee. Le Graf Spee se sabordera le dans l'estuaire du Rio de la Plata. Le substrat de rĂ©alitĂ© de cette fiction rĂ©side dans le fait que des rencontres entre le Graf Spee et son navire ravitailleur, l'Altmark, ont eu lieu dans les parages de Tristan da Cunha.
Une partie de l'action du roman d'aventure L'Ăle de la fin du monde (1965) de Geoffrey Jenkins se dĂ©roule sur l'Ăźle oĂč « dans l'Atlantique sud balayĂ© par l'Ă©ternelle tempĂȘte australe, une lutte sans merci s'engage pour un Ăźlot perdu[39]... »
Dans le rĂ©cit Les Bienheureux de La DĂ©solation (1970) HervĂ© Bazin raconte l'Ă©vacuation des habitants de l'Ăźle de Tristan da Cunha Ă la suite de l'Ă©ruption volcanique de 1961, leur malaise au sein de la sociĂ©tĂ© de consommation britannique oĂč l'on tentait de les intĂ©grer, puis leur volontĂ© inĂ©branlable de retourner vivre sur leur Ăźle, l'un des lieux les plus difficiles de la planĂšte.
En 2018 paraĂźt Tristan de Clarence Boulay. « Câest une musique dâembruns et de nuages glissant au loin que lâon dĂ©couvre avec le roman de Clarence Boulay. Dâisolement aussi, dâune solitude partagĂ©e, dans une Ăźle du fin fond du monde. Entre lâAmĂ©rique du Sud et la pointe de lâAfrique du Sud, lâĂźle Tristan est un dĂ©sert, Ă peine peuplĂ© de familles. Un huis clos naturel, oĂč se sont rĂ©fugiĂ©s femmes et hommes. Quâest-ce qui pousse des humains Ă sâexiler si loin ? Rien : on ne peut vivre sur cette Ăźle quâĂ condition de sây marier, et donc de trouver un ou une cĂ©libataire. Ida, elle, a choisi dâaffronter cette traversĂ©e de sept jours sur la langoustiĂšre, pour gagner lâĂźle. Sans LĂ©on, qui nâa pas pu trouver de place sur le navire : elle part, seule, vers une aventure dont elle nâimagine rien. Impossible de mesurer ce qui attend le voyageur, sur un tel morceau de terre. »[40] - [41]
Cinéma
En 2010, le film d'animation de Ben Stassen, racontant l'histoire d'une petite tortue californienne, Le Voyage extraordinaire de Samy, fait référence à l'ßle.
Dans le film En Solitaire de Christophe Offenstein, le skipper Yann Kermadec, interprĂ©tĂ© par François Cluzet, navigue au large de l'Ăźle et s'apprĂȘte Ă y dĂ©barquer un Ă©tranger montĂ© Ă bord durant la course du VendĂ©e globe.
En 2012, Adriano Valerio, réalisateur italien qui vit et travaille à Paris, tourne sur l'ßle 37°4 S, un film de douze minutes qui relate la séparation de deux adolescents vivant sur l'ßle, l'un partant rejoindre l'Angleterre. Il a été en sélection officielle du Festival de Cannes 2013 et a obtenu le Prix du jury du court métrage .
Théùtre
La piÚce Further than the Furthest Thing de Zinnie Harris (traduite en français par Dominique Hollier et Blandine Pélissier sous le titre Plus loin que loin) s'inspire des événements qui ont secoué l'ßle : l'isolement et la famine du début du XXe siÚcle, l'éruption volcanique, l'évacuation des habitants, leur inadaptation à l'Angleterre et enfin leur retour sur l'ßle.
Notes et références
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- Arnaldo Faustini, The Annals of Tristan da Cunha [lire en ligne], 67 p.
- Robert Headland, Chronological list of Antarctic expeditions and related historical events, Cambridge University Press, 1989, p. 63 (ISBN 0521309034)
- "Today, February 17, 1643, from the Dutch Flute Heemstede Clases Gerrits en Bier, Brootsfot de Hoorn, and Jan Coertsen Van den Broec, landed here."
- (en) The St Helena, Ascension and Tristan da Cunha Constitution Order 2009
- Les Bienheureux de la DĂ©solation
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- voir BBC News, John Tonks, 2014 - The far-flung British islands of the South Atlantic :
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- Charles Pomerol, Yves Lagabrielle, Maurice Renard, StĂ©phane Guillot, 2011 - ĂlĂ©ments de gĂ©ologie - 14e Ă©dition, Ed. Dunod, 944 p.
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- Geoffrey Jenkins, (1965) L'Ăle de la fin du monde. Ă©d. Robert, 272 p.
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Annexes
Bibliographie
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- Clarence Boulay, "Tristan", Sabine Wespieser Ă©diteur, 2018