Vouvray (AOC)
Le vouvray est un vin blanc français d'appellation d'origine contrÎlée produit autour de Vouvray, en Indre-et-Loire. Il existe avant tout en vin tranquille et aussi en vin effervescent (AOC vouvray mousseux, AOC vouvray pétillant).
Vouvray | |
Le vignoble dominé par le clocher de l'église de Vouvray. | |
DĂ©signation(s) | Vouvray |
---|---|
Appellation(s) principale(s) | vouvray |
Type d'appellation(s) | AOC |
Reconnue depuis | 1936 |
Pays | France |
Région parente | vallée de la Loire |
Sous-région(s) | Touraine |
Localisation | Indre-et-Loire |
Climat | tempéré océanique dégradé |
Sol | argilo-calcaires et argileux Ă silex sur sous-sol crayeux |
Superficie plantée | 2 000 hectares |
CĂ©pages dominants | chenin blanc |
Vins produits | 45 % blancs effervescents et 55 % blancs tranquilles[1]. |
Production | 115 000 hectolitres |
Pieds Ă l'hectare | minimum de 6 000 pieds par hectare |
Rendement moyen Ă l'hectare | 52 Ă 65 hl/ha en tranquille, 65 Ă 78 hl/ha en effervescent[2] |
Site web | www.vins-vouvray.com |
Histoire
Le vignoble de Vouvray a été créé par les moines du monastÚre de Marmoutier fondé en 372 par saint Martin.
DÚs le début du XIIIe siÚcle, les cépages blancs sont réservés aux parcelles situées sur les coteaux et rebords de plateau présentant des sols caillouteux et calcaires. Des textes anciens attestent que le cépage chenin B, appelé localement « pineau de la Loire », est le cépage noble du vignoble[3].
Au cours du XIVe siÚcle une partie du terroir viticole de Vouvray appartient aux rois de France qui font servir ces vins à leur table. L'AOC Vouvray fut reconnue par un décret de l'INAO le [4]. C'est un champenois, monsieur Maurice Hamm, dont la famille était native du village Aÿ dans les vignobles du vin de Champagne dans le département de la Marne, qui, avant la seconde guerre mondiale, amena la méthode champenoise de vinification à Vouvray. Il fit du vin blanc tranquille de Vouvray, un vin effervescent de renommée mondiale.
Au début des années 1980, les vignerons se mobilisent contre le passage de la LGV Atlantique, dans une tranchée ouverte qui détruirait de nombreuses vignes et l'unité du vignoble. Ils obtiennent le remplacement de la tranchée par un tunnel de 1 496 mÚtres qui a été aménagé pour supprimer les vibrations qui pouvaient perturber le vieillissement du vin dans les caves[5].
Le 17 juin 2013, un violent orage de grĂȘle touche l'appellation et dĂ©truit jusqu'Ă 100 % de la rĂ©colte dans les communes de Vouvray et Reugny[6].
Ătymologie
Gaulois vober = terre inculte, broussailles (FEW, XIV, 92a), et suffixe collectif latin etum ; dâoĂč : ensemble inculte, ensemble de broussailles.
Situation géographique
Ce vignoble est situĂ© sur la rive droite de la Loire, en pleine Touraine, Ă lâest de Tours. L'aire d'appellation Vouvray s'Ă©tend sur huit communes du dĂ©partement d'Indre-et-Loire (37)[7].
Orographie et géologie
Les sols sont argilo-calcaires ou argilo-siliceux. La roche mĂšre, crayeuse, est de lâĂ©poque du Turonien (environ 90 millions dâannĂ©es avant notre Ăšre)[8]. Elle est appelĂ©e localement tuffeau. Les coteaux de Vouvray, situĂ©s sur la rive nord de la Loire sont exposĂ©s plein sud. Le vignoble recouvre des coteaux de craie blanche du Turonien. Les coteaux sont entrecoupĂ©s de vallĂ©es confluentes (ruisseaux affluents de la Loire), et recouverts de « perruche » (argile Ă silex qui donne le caractĂšre minĂ©ral) et « dâaubuis » (argilo-calcaires qui font la puissance des liquoreux)[9].
Climatologie
Ce terroir viticole se caractĂ©rise par un climat tempĂ©rĂ© ocĂ©anique dĂ©gradĂ©. Ses tempĂ©ratures moyennes sont comprises entre 4,2 °C et 18,9 °C. Les hivers sont doux (min 1,6 °C / max 11,3 °C) et pluvieux. Les Ă©tĂ©s connaissent en gĂ©nĂ©ral chaque annĂ©e au moins un Ă©pisode caniculaire de quelques jours mĂȘme s'ils sont beaux et doux (min 10,8 °C / max 24,6 °C) le reste du temps. Les prĂ©cipitations sont de 683,7 mm sur l'annĂ©e. Les chutes de neige y sont rares, il tombe quelques flocons, en moyenne 11 jours par an.
Le tableau suivant donne les moyennes mensuelles de température et de précipitations pour la station de Tours-St Symphorien recueillies sur la période 1965 - 1990 :
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 1,6 | 2 | 3,3 | 5 | 8,4 | 11,4 | 13,1 | 12,9 | 10,8 | 7,9 | 3,8 | 1,6 | 6,9 |
Température moyenne (°C) | 4,2 | 5,1 | 7,3 | 9,6 | 13,2 | 16,5 | 18,9 | 18,6 | 16,1 | 12,3 | 7,1 | 4,8 | 11,2 |
Température maximale moyenne (°C) | 6,9 | 8,2 | 11,3 | 14,3 | 18,1 | 21,7 | 24,6 | 24,3 | 21,4 | 16,7 | 10,5 | 7,4 | 15,4 |
Précipitations (mm) | 63,3 | 61,6 | 54,3 | 51,4 | 67,5 | 47,5 | 53 | 40,9 | 54,3 | 61 | 63 | 65,9 | 683,7 |
Humidité relative (%) | 87 | 84 | 79 | 74 | 77 | 75 | 72 | 73 | 77 | 84 | 87 | 89 | 80 |
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Record de froid (°C) date du record |
â17,4 1987 |
â14,2 1963 |
â10,3 2005 |
â3,4 1974 |
â0,6 1957 |
2,6 1969 |
4,3 1965 |
4,8 1986 |
0,9 1956 |
â2,8 1950 |
â9 1956 |
â18,5 1964 |
â18,5 1964 |
Record de chaleur (°C) date du record |
16,9 1975 |
21 1958 |
26,4 1955 |
29,3 1949 |
32,1 1953 |
36,7 1976 |
37,8 1949 |
39,8 2003 |
34,8 1953 |
29 1985 |
22,6 1955 |
18,9 1953 |
39,8 2003 |
Nombre de jours avec gel | 10,6 | 9,1 | 6,7 | 2 | 0,1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0,5 | 6,2 | 10,2 | 45,3 |
Record de vent (km/h) date du record |
104 1990 |
122 1990 |
112 1988 |
79 1985 |
119 1988 |
86 1987 |
104 1983 |
83 1986 |
83 1988 |
104 1987 |
104 1957 |
101 1990 |
122 1990 |
Record de pluie en 24âŻh (mm) date du record |
25 1978 |
25,9 1988 |
33,8 1980 |
23,7 1978 |
31,5 1971 |
58 1970 |
51,2 1977 |
35,5 1965 |
41,4 1965 |
44 1966 |
31 1965 |
34,9 1976 |
58 1970 |
Vignoble
Présentation
L'« appellation d'origine contrÎlée vouvray » a été créée en 1936[1]. Elle s'étend sur 2200 hectares[1] et couvre outre la commune de Vouvray, les localités voisines de Chançay, Noizay, Reugny, Rochecorbon, Sainte-Radegonde-en-Touraine (rattachée à Tours en 1964), Vernou-sur-Brenne, et une partie de Parçay-Meslay.
Encépagement
Le cahier des charges de l'appellation, dans sa version du 8 juin 2011, impose l'usage du chenin en cĂ©page principal et celui de l'orbois (appelĂ© aussi « menu pineau ») en cĂ©page accessoire. Il semble nĂ©anmoins que l'orbois n'intervient quâexceptionnellement aujourd'hui dans la composition des vins de Vouvray[11].
Méthodes culturales et réglementaires
La vigne est taillée en éventail, taille courte à coursons. Les vendanges sont manuelles avec obligatoirement deux tries successives minimum afin que les raisins soient en sur-maturité. Les rangées de ceps sont séparées par un interligne de 1,50 mÚtre[9].
Rendements
Le rendement est limité à 52 hL/ha pour les vins tranquilles et à 70 hL/ha pour les vins mousseux et pétillants[9].
Types de vin
Le vin blanc tranquille peut se boire en sa prime jeunesse. Conservé quelques années, il va dégager des arÎmes de coing et d'acacia[9].
Certains millésimes ont permis d'atteindre les saveurs de vins liquoreux, tels ceux de 1947, 1959, 1989, 1990,1997, 2003, 2005, 2009, 2010 et 2011[9].
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les vins de Vouvray sont prĂ©sentĂ©s comme « des vins de garde[12] ». Cinq Ă dix ans de garde leur donnent dĂ©jĂ une belle maturitĂ©, mais certains crus peuvent ĂȘtre conservĂ©s sans problĂšme pendant une cinquantaine d'annĂ©es. Au fil du temps, la robe de ces vins devient plus ambrĂ©e et le nez se fait plus exotique, plus Ă©picĂ©. En bouche, le vin s'arrondit et devient Ă©galement plus soyeux.
VinifiĂ© en mousseux, le vouvray exprime la typicitĂ© de son terroir par sa lĂ©gĂšretĂ© et sa finesse. Une prise de mousse moins poussĂ©e donne un vin pĂ©tillant, une spĂ©cialitĂ© locale. Ces effervescents subissent une deuxiĂšme fermentation en bouteille. Avant d'ĂȘtre commercialisĂ©s, ces vins doivent rester couchĂ©s sur lattes pendant au moins douze mois[9].
Production
Les vins tranquilles sont issus de rendements ne dĂ©passant pas 52 hL/hectare. Les vouvrays les plus prestigieux sont les moelleux : rares et de grande capacitĂ© de garde. Il semblerait cependant que les vins secs, ou les vins Ă taux de sucres rĂ©siduels remportent leur succĂšs sur la scĂšne nationale comme internationale, grĂące Ă l'arrivĂ©e de plusieurs jeunes vignerons appliquant des modes culturaux raisonnĂ©s ou bio. Les vins pĂ©tillants sont davantage issus de la viticulture intensive avec de forts rendements (72 hL/hectare) et sont Ă©laborĂ©s par des intervenants pour satisfaire le marchĂ© de la grande distribution qui prĂ©fĂšre les produits gĂ©nĂ©riques. En effet, les vins mousseux peuvent davantage ĂȘtre lissĂ©s d'une annĂ©e Ă l'autre via les assemblages de millĂ©simes et ajouts de liqueurs. Les vins effervescents des petits domaines qui respectent un terroir dĂ©fini en diffĂšrent. La production de pĂ©tillants naturels Ă partir des levures indigĂšnes rend le vin singulier et diffĂ©rent chaque annĂ©e, ils sont en Ă©volution croissante.
Commercialisation
La commercialisation de cette appellation se fait par divers canaux de vente : dans les caveaux du viticulteur, dans les salons des vins (vignerons indépendants, etc.), dans les foires gastronomiques, par exportation, dans les cafés-hÎtels-restaurants, chez les cavistes indépendants. Dans les grandes et moyennes surfaces on retrouve presque uniquement des vins effervescents de qualité moyenne car le Vouvray est encore trop souvent assimilé à un ersatz de Champagne, les vouvrays tranquilles ne sont pas référencés en général.
Structure des exploitations
Il existe beaucoup de vignobles familiaux et indépendants, la structure moyenne des exploitations est de 16 hectares.
Principaux producteurs
Parmi les principaux producteurs, on trouve[13] :
- Domaine Huet, L'Ăchansonne Ă Vouvray
- Chateau Moncontour Ă Vouvray
- Domaine du Petit Coteau
- Domaine du Chateau de Montfort
- Domaine Vigneau-Chevreau à Chançay
- Domaine François Pinon à Vernou-sur-Brenne
- Domaine des AubuisiĂšres Ă Vouvray
- Domaine Guertin Ă Vouvray
- Domaine du clos Naudin, Philippe Foreau Ă Vouvray
- Domaine de La ChĂątaigneraie Ă Rochecorbon
- Domaine du Clos de l'Ăpinay Ă Vouvray
- Domaine Jean-Michel et Bruno Pieaux à Chançay
- Domaine de la GaliniĂšre Ă Vernou-sur-Brenne
- ChĂąteau Gaudrelle Ă Rochecorbon
- Le Clos de la Meslerie - Peter Hahn
Notes et références
- Site des vins de loire : Page sur Vouvray
- DĂ©cret du 15 octobre 2009
- « Histoire du vignoble de Vouvray par le musée des boissons et de la Sommellerie », sur http://www.musee-boissons.com.
- Histoire de Vouvray
- Eudes Girard et Thomas Daum, La gĂ©ographie n'est plus ce que vous croyez..., Ăditions Codex, , 188 p. (ISBN 978-2-918783-01-5, lire en ligne), p. 42-43.
- « Le vignoble de Vouvray ravagĂ© par des grĂȘlons de la taille d'un Ćuf », sur LibĂ©ration.fr (consultĂ© le ).
- Placido Llorca, « Le Vouvray », sur Vin-Vigne, (consulté le )
- Guide Vert Solar : Vins de France. (Page no 272 sur Vouvray)
- Fichier de l'INAO
- « Tours St Symphorien, Indre-et-Loire(37), 108m - [1965-1990] », sur www.infoclimat.fr (consulté le )
- (en) Jancis Robinson, Julia Harding et José Vouillamoz, « Menu Pineau », dans Wine Grapes: a complete guide to 1,368 vine varieties, including their origins and flavours, New York, Ecco, , 1242 p. (ISBN 978-0-062206367). En 2006, il y avait 270 hectares plantés sur l'ensemble du territoire français (Allen Lane, page 628).
- « Et si l'on découvrait les vins de Vouvray ? | Goût », (consulté le )
- Les principaux producteurs de Vouvray
Voir aussi
Bibliographie
- Michel Mastrojanni, Les Vins de France, Paris, Ăditions Solar, coll. « guide vert solar », 1992, 1994 et 1998 (ISBN 978-2-263-02796-3 et 2-263-02796-3).