Accueil🇫🇷Chercher

Virus de l'hépatite B

Le virus de l'hépatite B ou VHB (en anglais, Hepatitis B virus ou HBV) est un virus qui provoque l'hépatite B chez l'humain.

Virus de l’hépatite B
Description de l'image Hepatitis B virus 01.jpg.

Espèce

virus de l'hépatite B
 

Ce virus appartient au groupe taxinomique VII du règne des Virus, à la famille des Hepadnaviridae et au genre Orthohepadnavirus. La famille des hépadnavirus (Hepadnaviridae) regroupe les virus dont le génome est constitué d'ADN double brin, qui possèdent une activité de rétrotranscription et qui causent des infections du foie chez les humains et certains animaux. Chaque virus est spécifique d'une espèce mais il peut infecter des animaux phylogénétiquement proches. C'est le cas du VHB qui est spécifiquement humain, mais qui peut infecter certains autres primates.

La transmission du VHB se fait par le sang et ses dérivés (salive, sperme et sécrétions vaginales), les virus se multiplient ensuite dans les cellules hépatiques.

Morphologie

La particule virale (ou particule de Dane) ou HBc est sphérique et mesure 42-47 nm de diamètre. Le génome est contenu dans une nucléocapside icosaédrique de 22-25 nm de diamètre enveloppée par une bicouche lipidique associée à des protéines de surface.

Son enveloppe porte notamment l’antigène de surface HBs, ou protéine HBsAg, tandis que sa partie plus centrale, porteuse de la charge virale, porte l'antigène HBc[1].

GĂ©nome

(en) Schéma du génome du Virus de l'hépatite B.

Le génome est formé d’ADN circulaire (3200 nucléotides) partiellement double brin (sur les deux tiers de sa longueur).

Le virus possède un brin long (L-) d’une longueur de 3,2 kb fixe entre les différents mutants, et un brin court (S+) de longueur variable, de 50 à 100 % de celle du brin L-.

Il existe quatre régions ouvertes dans le génome correspondant à quatre phases de lectures ouvertes situées sur le brin L- :

  • la rĂ©gion S, qui code les protĂ©ines d’enveloppe. Une protĂ©ine S ou protĂ©ine majeure de 24 kDa (= antigène HBs), une protĂ©ine moyenne de 34 kDa et une grande protĂ©ine de 39 kDa ;
  • la rĂ©gion C, qui code la protĂ©ine de core p22c de 22 kDa et une protĂ©ine non structurale p17e de 17 kDa (= antigène HBe) ;
  • la rĂ©gion P, qui code l’ADN polymĂ©rase virale de 82 kDa. Cette enzyme possède Ă  la fois des activitĂ©s de transcriptase inverse, d’ADN polymĂ©rase ADN-dĂ©pendante et de RNase H ;
  • la rĂ©gion X, qui code un polypeptide de 145 Ă  154 acides aminĂ©s (dĂ©pendant du sous-type du virus). Ce polypeptide ou protĂ©ine X est une protĂ©ine transactivatrice du gĂ©nome viral et cellulaire, elle a un potentiel oncogĂ©nique.

Variabilité et évolution

Variabilité

Répartition géographique des souches du VHB

Il existe différents sous-types du VHB définis par une variabilité dans les épitopes de l'antigène HBs, due à une hétérogénéité du génome viral. On distingue ainsi huit souches du VHB, nommées de A à H. Certaines de ces souches sont surtout présentes dans certaines régions du Globe :

  • souche A : en Europe de l'Ouest ;
  • souches B et C : en Asie ;
  • souches D et E : dans le bassin mĂ©diterranĂ©en ;
  • souche H : en AmĂ©rique centrale.

Évolution

La paléovirologie montre que des virus endogènes appartenant à la famille des Hepadnaviridae (à laquelle appartient le VHB) s'étaient intégrés dans le génome d'un groupe de passereaux il y a plus de 19 millions d'années. On ne sait pas encore, en revanche, si le VHB ou un virus proche circule encore aujourd'hui chez les passereaux[2].

En 2021, une Ă©tude de l'ADN viral prĂ©servĂ© dans 137 squelettes humains vieux de 10 500 Ă  400 ans Ă©claire l'Ă©volution du virus chez l'humain[3] - [4] :

  • le dernier ancĂŞtre commun Ă  l'ensemble des variants connus date de 20 000 Ă  12 000 ans, donc de la dernière pĂ©riode glaciaire et bien après la sortie d'Afrique des humains modernes ;
  • vers 12 000 ans (dĂ©but de l'Holocène), le virus se sĂ©pare en deux lignĂ©es, la branche amĂ©rindienne et la branche eurasienne. La branche amĂ©rindienne Ă©volue ensuite, conduisant aux actuelles souches F et H ;
  • en Eurasie, l'Ă©volution du virus est complexe, liĂ©e notamment aux grandes migrations humaines. Vers 6 000 ans, une souche nommĂ©e WENBA remplace les souches mĂ©solithiques, puis elle se fait elle-mĂŞme supplanter, vers 2 000 ans et rapidement, par les actuelles souches A et D, plus virulentes (Ă  la suite de la perte d'un fragment d'ADN, affectant une protĂ©ine de surface) ;
  • la souche G, rare mais rĂ©apparue avec la pandĂ©mie du sida, est la seule souche hĂ©ritĂ©e de la grande diversitĂ© prĂ©historique du VHB.

Tropisme

Le VHB cible les hépatocytes et certaines cellules extra-hépatiques comme les cellules mononucléées du sang.

Cycle de réplication

Cycle de réplication du virus dans un hépatocyte.
  1. Le virion reconnaît et s’attache à l’hépatocyte via le récepteur NTCP[5].
  2. Fusion entre l’enveloppe virale et la paroi cellulaire, libération de la nucléocapside dans le cytoplasme.
  3. Translocation de la nucléocapside vers le noyau grâce à des signaux de localisation nucléaire portés par l’antigène HBc. Pénétration de l’ADN du VHB dans le noyau.
  4. Par un mécanisme encore mal connu, l’ADN asymétrique ouvert dans la particule, devient double brin circulaire fermé de façon covalente dans le noyau. On parle alors d’ADNccc (Covalently Closed Circular DNA). L’ADNccc s’associe à des histones cellulaires pour former un « mini chromosome », l’ADN est à ce moment superenroulé. Un ARN prégénomique est transcrit par une ARN polymérase II cellulaire à partir du brin L- de cet ADN superenroulé.
  5. Cet ARN prégénomique synthétisé migre dans le cytoplasme et sert de matrice pour la synthèse de l’antigène HBc et de la polymérase.
  6. En parallèle, les différents ARNm viraux sont traduits en protéines virales.
  7. Les protéines d’enveloppe et la protéine PréC sont dirigées vers le réticulum endoplasmique (RE).
  8. L’antigène HBe et les protéines d’enveloppe passent dans l’appareil de Golgi.
  9. L’antigène HBe et les particules virales vides, constituées exclusivement de protéines d’enveloppe, sont sécrétés.
  10. De leur côté, l’ARN prégénomique et la polymérase sont recrutés dans les capsides néoformées par l’antigène HBc.
  11. Le brin long d’ADN est synthétisé dans la capside par un processus de transcription inverse par l’ADN polymérase virale (étape apparentée au cycle de réplication des rétrovirus).
  12. La synthèse du brin court S+ débute ensuite à partir du brin L- d’ADN qui vient d’être formé.
  13. Les nucléocapsides ont deux devenirs. Une minorité va être recyclée vers le noyau pour maintenir le pool d’ADNccc. L’autre partie, majoritaire, va être envoyée vers le RE.
  14. Les nucléocapsides sont enveloppées.
  15. Les particules virales infectieuses sont excrétées à leur tour.

Dynamique de la production virale

La production quotidienne du VHB est de l’ordre de 1011 particules, comparée à 109 pour le VIH ou le VHC. La demi-vie du VHB est de 1 à 3 jours. Le niveau de production in vivo élevé du VHB et l’absence de système de correction dans l’ADN polymérase virale influencent la production de variants pouvant échapper au diagnostic et/ou aux traitements.

Notes et références

  1. Wolfram H Gerlich, « Medical Virology of Hepatitis B: how it began and where we are now », Virol J., vol. 2013:10,‎ (DOI 10.1186/1743-422X-10-239, lire en ligne)
  2. « « Les humains sont apparentés aux virus », un entretien avec Clément Gilbert », sur Passeur des sciences, d'après un article de la revue Nature Reviews Genetics, (consulté le ).
  3. Coraline Madec, « Hépatite B : les avatars du virus », Pour la science, no 530,‎ , p. 9.
  4. (en) Arthur Kocher, Luka Papac, Rodrigo Barquera, Felix M. Key, Maria A. Spyrou et al., « Ten millennia of hepatitis B virus evolution », Science, vol. 374, no 6564,‎ , p. 182-188 (DOI 10.1126/science.abi5658, lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  5. Huan Yan, Guocai Zhong, Guangwei Xu et Wenhui He, « Sodium taurocholate cotransporting polypeptide is a functional receptor for human hepatitis B and D virus », eLife, vol. 1,‎ , e00049 (ISSN 2050-084X, PMID 23150796, PMCID 3485615, DOI 10.7554/eLife.00049, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Les virus transmissibles par le sang, MĂ©decine Sciences SĂ©lection, ouvrage collectif : texte rĂ©unis par Jean Jacques Lefrère, 1996.
  • HĂ©patites virales, dĂ©pistage, prĂ©vention, traitement, Expertise Collective INSERM, 1997.
  • HĂ©patites virales B et C, Pathologie Sciences, C. TrĂ©po, P. Merle, F. Zoulim, 2006.
  • Les hĂ©patites virales, 2e Ă©dition MASSON, C. Eugène, L. Costentin, S. Beaulieu, 2004.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.