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Viola tricolor

La Pensée sauvage ou Pensée tricolore (Viola tricolor) est une espÚce de plantes herbacées, commune dans toute l'Europe, de la famille des Violaceae. Elle est recherchée pour la délicatesse de sa fleur.

C'est l'ancĂȘtre de la pensĂ©e cultivĂ©e. Le terme de pensĂ©e est antĂ©rieur au dĂ©but de la culture des pensĂ©es. C'Ă©tait une dĂ©nomination alternative, qui renvoyait Ă  la signification symbolique de la violette, d’aprĂšs le langage des fleurs.

Description

Habitat et floraison

Viola tricolor est annuelle, pluriannuelle ou mĂȘme vivace. Elle est commune Ă  peu prĂšs partout sur le continent eurasiatique, prĂšs de la mer ou Ă  l'intĂ©rieur des terres, Ă  des altitudes qui vont de 0 Ă  2 700 m. On la retrouve Ă©galement au QuĂ©bec, oĂč elle a Ă©tĂ© introduite.

Elle se développe dans les prairies rases, les terres en friche, principalement sur les sols acides ou neutres. On la retrouve également sur les berges et dans les alluvions.

Elle fleurit d'avril Ă  septembre. De plus en plus souvent, dans le Sud-Ouest français, la floraison commence dĂšs mars mĂȘme.

Racine, tige, feuilles

La pensée sauvage est une petite plante herbacée, voire naine. Sa racine est de type rhizome avec de fines radicelles.
La tige est rampante,elle reste au ras du sol, d'oĂč partent les feuilles et la hampe florale ,elle est glabre, parfois duveteuse et est ramifiĂ©e. Elle a une tendance Ă  ramper et atteint des grandeurs de 10 Ă  30 cm.

La plante n'a pas de rosette de feuilles à la base, à la différence de certaines autres violettes, comme la Viola hirta.
Les feuilles sont donc, a contrario, alternes. Elles sont pétiolées, à limbe ovale, oblong ou lancéolé et à marges plus ou moins crénelées. Les stipules sont souvent assez développées, au moins celles des feuilles supérieures. Ces stipules sont palmatilobées ou bien palmatiséquées.

La fleur

Les fleurs sont solitaires et latĂ©rales, hissĂ©es sur de longs pĂ©doncules. Elles apparaissent sur des tiges aĂ©riennes Ă  entre-nƓuds plus ou moins longs.
Les sépales ne sont jamais plus grands que la corolle. Celle-ci est longue de 10 à 25 mm.
Cette corolle peut ĂȘtre violette, pourpre, bleue, jaune ou blanche. Elle peut le plus souvent ĂȘtre bicolore, jaune et violette. La forme tricolore, jaune, blanche et violette, est la plus recherchĂ©e. Elle donne son nom Ă  l’espĂšce.

Un éperon court de 3 à 6,5 mm est visible mais dépasse rarement les appendices calicinaux. L'ensemble de la fleur fait environ 15 mm de diamÚtre.

Enfin, remarquons que le stigmate est creusé en entonnoir.

Reproduction et fruit

Les fleurs sont hermaphrodites. La plante est autogame ou entomogame (pollinisations par des abeilles, souvent).

Le fruit est une capsule subtrigone, glabre, s’ouvrant par 3 fentes. Ce fruit n'a pas de nom particulier.

La dissémination des graines est également entomophile, le plus souvent myrmécochore (par les fourmis).

Utilité écologique

La pensée sauvage est la plante hÎte des chenilles de plusieurs papillons : le Cardinal Argynnis pandora, Argyreus hyperbius hyperbius, le Chiffre Fabriciana niobe, Heliothela wulfeniana, le Petit nacré Issoria lathonia, Speyeria alexandra[1].

Utilisation

En tisane, elle calme les nerfs et fait baisser la fiÚvre. Et en pommade, elle combat diverses maladies de la peau comme l'acné, l'eczéma et la peau sÚche.

Pharmacopée

La pensée sauvage a une longue histoire d'utilisation en médecine traditionnelle et herboristerie. Les préparations se font à partir de la partie aérienne séchée récoltée au moment de la floraison. La pensée sauvage contient 0,3 % d'acide salicylique et de ses dérivés (méthyl ester et violutoside), des acides phénolcarboxyliques tels l'acide transcafféique, l'acide p-coumarique et l'acide protocatéchique ; 10 % de mucilages (glucose : 35 %, galactose : 33 %, arabinose : 18 % et rhamnose : 8 %) ; 2,4 à 4,5 % de tanins, des flavonoïdes (rutine), des caroténoïdes, des coumarines, de l'umbelliférone, des saponines, de l'acide ascorbique et du tocophérol[2]. Les dérivés salicylés et la rutine présents dans la pensée sauvage ont des propriétés anti-inflammatoires reconnues. Cette activité anti-inflammatoire de la pensée sauvage a été confirmée chez l'animal[3]. De plus, la rutine peut se montrer utile dans le traitement de la fragilité capillaire.

L'indication thérapeutique la plus acceptée de la pensée sauvage est, en dermatologie, le traitement de l'eczéma, de la séborrhée, de l'impétigo, de l'acné et du prurit[4]. La pensée sauvage draine les toxines présentes au niveau cutané et en facilite l'élimination rénale, mais aussi digestive par son action sur les voies biliaires et sur le transit intestinal. En application cutanée, la décoction de pensée sauvage est un traitement d'appoint pour soulager les irritations de l'eczéma (action des dérivés salicylés)[5].

Elle est aussi utilisĂ©e dans les inflammations des muqueuses des voies respiratoires accompagnĂ©es d'une hypersĂ©crĂ©tion (catarrhe) : bronchite aigĂŒe, trachĂ©ite, coqueluche, asthme. La pensĂ©e sauvage y a des propriĂ©tĂ©s expectorantes, attribuĂ©es Ă  la prĂ©sence de violine, qui a une activitĂ© Ă©mĂ©to-cathartique[6].

Finalement, la pensée sauvage possÚde des propriétés laxatives[7] et dépuratives, c'est-à-dire qu'elle facilite la digestion et qu'elle améliore la fonction des organes d'élimination, ou émonctoires : foie/vésicule biliaire, rein/vessie, intestins [8] - [9]. Son action diurétique[10] lui a donné un rÎle dans la prise en charge de certaines cystites et de pathologies rhumatismales.

La pensĂ©e sauvage a eu une monographie dans la pharmacopĂ©e US (USP), elle est encore employĂ©e aux États-Unis sous la forme de crĂšmes dans le traitement de l'eczĂ©ma, et en administration orale pour le traitement de la bronchite aigĂŒe. En mĂ©decine traditionnelle, la pensĂ©e sauvage est utilisĂ©e pour ses vertus dĂ©puratives, diurĂ©tiques, cholagogues-cholĂ©rĂ©tiques[11] et diaphorĂ©tiques. Elle est aussi parfois utilisĂ©e en cas de cauchemars, d'insomnies ou de troubles du sommeil avec rĂ©veils frĂ©quents.

Consommation alimentaire

Les feuilles et fleurs peuvent ĂȘtre utilisĂ©es en dĂ©cor. Les fleurs peuvent par exemple agrĂ©menter une salade ou Ă©gayer un dessert.

Composants chimiques

La pensĂ©e sauvage contient de la violaquercitrine, des salicylates de methyl, des saponines, de la vitamine A et C. On trouve aussi du tanin, des sucres, de l’albumine, des rĂ©sines.
Les fleurs ont Ă©tĂ© Ă©galement utilisĂ©es pour prĂ©parer les colorants jaunes, verts et bleu-vert. Les feuilles peuvent ĂȘtre utilisĂ©es comme indicateur chimique.

Symbolique

Longtemps avant que des pensées cultivées aient été développées, la pensée sauvage était associée à la pensée dans le langage des fleurs.

Dans la fameuse tirade d'Ophelia (Hamlet),
Voilà du romarin, c'est pour le souvenir. Je vous en prie, mon amour, souvenez-vous. Et voici des pensées, c'est pour la pensée.,
Shakespeare avait à l'esprit la pensée sauvage et non la pensée cultivée de nos jours dans nos jardins.

DĂ©nomination

La pensée sauvage possÚde un grand nombre de noms régionaux alternatifs, au moins deux cents ont été repérés.
Comme d’autres fleurs, dont certaines violettes, elle est appelĂ©e Herbe de la TrinitĂ©. L’amalgame entre TrinitĂ© et tricolor renforce la confusion.

Le nom latin d’espĂšce souligne, bien sĂ»r, le fait que la fleur puisse ĂȘtre de trois couleurs.

  • Viola tricolorvar. tricolor
    Viola tricolor
    var. tricolor
  • Viola tricolor
    Viola tricolor
  • Viola tricolor
    Viola tricolor
  • Viola tricolorvar. maritima
    Viola tricolor
    var. maritima
  • Viola tricolor
    Viola tricolor
  • Viola tricolor
    Viola tricolor
  • Viola tricolor
    Viola tricolor
  • Viola tricolor
    Viola tricolor

Notes et références

  1. viola sur funet
  2. Bisset NG, Wichtl M. editeurs: Herbal Drugs and Phytopharmaceuticals CRS Press, L-NY-W Medpharm GmbH Scientific Publishers, Stuttgart ; 2001, p.527-9
  3. Toiu A, Pñrvu AE, Oniga I, TămaƟ M., Evaluation of anti-inflammatory activity of alcoholic extract from Viola tricolor, Rev Med Chir Soc Med Nat Iasi. 2007 Apr-Jun ; 111(2):525-9.
  4. Kraft K., Hobbs C. Pocket Guide to Herbal Medicine, Thieme Ă©d., 2004
  5. http://www.01sante.com/xoops/modules/icontent/index.php?page=416
  6. Viola tricolor, www.botanical.com/botanical/mgmh/h/hearts10.html
  7. RimkienĂš S. et al., The Cumulation of Wild Pansy (Viola tricolor L.) accessions: the possibility of species preservation ans usage in medicine Medicina (2003) 39(4) p. 411-416
  8. www.phytotherapies.org/actions_detail.cfm?id=15
  9. Toiu A. et al., HPLC Analysis of Salicylic Acid Derivatives from Viola Species Chemistry of Natural Compounds, vol. 44, n° 3, 2008, p. 3578
  10. Cunha, AMF, Raghuram, A, Silva, GJB, AraĂșjo, EL, Batista, JEM, Castro-Chaves, C, A survey on diuretic plants of the world: Preliminary Results, CO8, XIII Congresso Italo-Latino Americano di Etnomedicina,2004
  11. Susan G. Wynn, Barbara FougĂšre, Veterinary Herbal Medicine, Mosby Ă©d., 2007, p. 316

Liens externes

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