Victor Iturria
Victor Iturria (Bassussarry, 22 octobre 1914 - Mort pour la France[1] au Gâvre[2] le 25 août 1944) est un militaire français, Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 29 Décembre 1944. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'illustre dès la bataille de France au cours de laquelle il est blessé. Ralliant la France libre il participe aux combats au Moyen-Orient et en Afrique du Nord avant d'être parachuté en France où il est tué dans une embuscade.
Victor Iturria | ||
Victor Iturria | ||
Naissance | Bassussarry (Pyrénées-Atlantiques) |
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Décès | Le Gâvre (Loire-Atlantique) Mort au combat |
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Origine | France | |
Allégeance | République française Forces françaises libres |
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Arme | Infanterie | |
Grade | Sergent-chef | |
Années de service | 1934 – 1944 | |
Conflits | Seconde Guerre mondiale | |
Distinctions | Commandeur de la Légion d'honneur Compagnon de la Libération Médaille militaire Croix de guerre 1939-1945 |
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Biographie
Jeunesse et engagement
Victor Iturria naît le 22 octobre 1914 à Bassussarry, dans les Pyrénées-Atlantiques, au sein d'une famille d'agriculteur[3]. Dixième d'une fratrie de douze enfants, il se laisse parfois aller à de petits actes de contrebande afin de subvenir aux besoins de sa famille qui a quitté Bassussarry pour le village de Sare[4]. Tailleur de pierre doté d'une excellente condition physique, il s'illustre régionalement grâce à ses talents en pelote basque[5]. Il effectue son service militaire de 1934 à 1936 au 20e régiment de dragons à Limoges[6].
Seconde Guerre mondiale
Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1939, Victor Iturria est mobilisé au 2e régiment de hussards, lequel est aussitôt dissous pour former plusieurs groupes de reconnaissance de corps d'armée ou de division[6]. Après avoir connu la drôle de guerre, il est muté au 4e régiment de dragons avec lequel il est engagé dans la bataille de France[3]. Caporal et tireur sur canon antichar de 25mm, il s'illustre particulièrement le 23 mai à Souchez lorsqu'il détruit sept chars allemands[4]. Il reçoit une citation pour cette action dans laquelle il est grièvement blessé[6]. Évacué de Dunkerque, il est transféré vers un hôpital d'Angleterre. Immobilisé pendant plus d'un mois, c'est sur son lit d'hôpital qu'il apprend la nouvelle de l'armistice du 22 juin 1940 et prend connaissance de l'appel du général de Gaulle[6].
Dès son rétablissement en juillet, il s'engage dans les forces françaises libres et rejoint les rangs de la 1re compagnie d'infanterie de l'air (1re CIA) sous les ordres du capitaine Georges Bergé[3]. L'unité est envoyée en stage parachutiste à Ringway et Victor Iturria fait la démonstration de ses aptitudes physiques et également de son excellence dans le lancer de grenade, impressionnant même Winston Churchill, en visite d'inspection, en lançant un projectile dans un béret placé à cinquante mètres[6] - [7]. Obtenant son brevet de parachutiste le 21 février 1941, Iturria embarque avec son unité le 21 juillet suivant en direction du Moyen-Orient[4]. En septembre, la 1re CIA devient le peloton parachutiste du Levant puis, passant dans l'armée de l'air, la 1re compagnie de chasseurs parachutistes des forces aériennes françaises libres (1re CCP)[3]. L'unité stationne à Beyrouth puis à Damas avant de partir pour Kabret, au bord du canal de Suez, en janvier 1942[5]. La 1re CCP est alors intégrée aux Special Air Service du major Stirling et devient le French Squadron[6].
Promu caporal-chef le 1er mai 1942, Victor Iturria se distingue avec son unité lors de nombreuses actions menées en en Égypte et en Libye contre les positions allemandes[4]. Le 12 juin, sous les ordres de l'aspirant Zirnheld et en compagnie de Philippe Fauquet, il participe à l'attaque de l'aérodrome de Berka-3 près de Benghazi où sa désormais légendaire précision au lancer de grenade permet de neutraliser rapidement les sentinelles protégeant les avions ennemis[6] - [4]. Il prend part, tout au long de l'été 1942, à de nombreuses autres actions en Libye, en Tunisie et en Crète, participant à la destruction de plus de 400 avions allemands et italiens[4]. Le 1er septembre, il est promu sergent[4]. En janvier 1943, au départ du Caire, il part avec ses camarades pour un raid de plus de 3 000 kilomètres les menant jusqu'en Tunisie[6]. Sous les ordres du sous-lieutenant Legrand, il participe à la destruction des voies de communication en arrière de la ligne Mareth[6] - [4]. En février à Alger, le sergent Iturria reçoit la médaille militaire des mains du général Giraud[4].
Peu de temps après, il retourne en Angleterre où il est promu sergent-chef le 16 juin[4]. En juillet, le French Squadron devient le 1er bataillon d'infanterie de l'air, renommé en novembre suivant 4e bataillon d'infanterie de l'air (4e BIA)[3]. Entraîné avec son unité dans la perspective de futures actions sur le territoire français, il devient lui-même instructeur[4]. Le 1er avril 1944, le 4e BIA est renforcé et devient le 2e régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP)[5]. Le 3 août, Victor Iturria est parachuté en Bretagne[3]. Il participe à la réduction de la poche de Lorient en prenant part à l'attaque de cette ville puis de Quiberon quelques jours plus tard[6]. Descendant ensuite vers Nantes avec le 2e RCP, il effectue des patrouilles le long de la Loire[3].
Le 25 août 1944, en bordure de la forêt du Gâvre alors qu'il se dirige vers Blain, il tombe dans une embuscade allemande au cours de laquelle lui et un camarade sont tués par une rafale de mitrailleuse[6]. Rapatrié dans son pays basque natal, il est inhumé dans son village de Sare[3].
DĂ©corations
Chevalier de la Légion d'honneur | Compagnon de la Libération | Médaille militaire | |||
Croix de guerre 1939-1945 Avec deux palmes |
Médaille des blessés de guerre Avec deux étoiles |
Médaille de la Résistance française Avec rosette | |||
MĂ©daille coloniale Avec agrafe "Libye" |
Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre |
Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 | |||
Military Cross (Royaume-Uni) |
Hommages
- La 300e promotion de l'École nationale des sous-officiers d'active (2014-2015) a été baptisée en son honneur[8].
- À Sare, sur les murs du fronton de pelote basque, un monument en son honneur a été érigé, le représentant à la fois en soldat et en pelotari[9]. Son nom est également inscrit sur le monument aux mort de la commune[10].
- À Plumelec, son nom est inscrit sur le monument aux parachutistes SAS de la France libre[11].
- Au Gâvre, une stèle commémorative a été érigée sur les lieux de sa mort[12].
- Monument sur le fronton de pelote basque de Sare.
- Stèle commémorative au Gâvre.
Références
- « Fiche sur le site "Mémoire des Hommes" »
- Bien que la ville de Blain soit souvent mentionnée comme lieu de décès, le lieu de l'embuscade où Victor Iturria a été tué est situé sur le territoire de la commune du Gâvre, près de la maison forestière de Carheil (47°29'56N, 1°51'59O)
- « Biographie - Ordre National de la Libération »
- « Plaquette 300e promotion ENSOA »
- Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, (ISBN 978-2-35639-033-2 et 2-35639-033-2)
- Jean-Christophe Notin, 1061 Compagnons : histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2)
- « A la mémoire du sergent-chef Iturria », sur sare.blogs.sudouest.fr (consulté le )
- « ENSOA, Musée du sous-officier - Liste des promotions »
- « Monument Victor Iturria - Site tourisme Béarn, Pays Basque »
- « Mémorial Genweb - Monument aux morts - Sare »
- « Mémorial Genweb - Monument des parachutistes SAS - Plumenec »
- « Mémorial Genweb - Stèle commémorative - Le Gâvre »
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : Histoire des Compagnons de la Libération, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2).
- Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, , 1230 p. (ISBN 2-356-39033-2).
- François Marcot, Dictionnaire historique de la résistance, Robert Laffont, (ISBN 2-221-09997-4).
- François Broche, L'épopée de la France libre : 1940-1946, Paris, Pygmalion, (ISBN 2-85704-633-2).
- MĂ©morial des Compagnons 1940-1945 : Compagnons morts entre le 18 juin 1940 et le 8 mai 1945, Paris, Imprimerie nationale, .
- Henri Corta, Les bérets rouge, Amicale des anciens parachutistes SAS, .
- Henri Corta, Qui ose gagne : France-Belgique 1943-1945, les parachutistes du 2e RCP / 4th SAS), Service historique de l'armée de terre, (ISBN 978-2-86323-103-6).
- Roger Flamand, Paras de la France libre, Presses de la Cité, (ISBN 978-2-258-00036-0).
- Henri Deplante, La liberté tombée du ciel, Ramsay, (ISBN 2859560157).
- David Portier, Les Parachutistes SAS de la France Libre 1940-1945, Nimrod, .
- Serge Vaculik, Béret rouge : Scènes de la vie des commandos parachutistes S.A.S., Arthaud, .
- Olivier Porteau, « Esquisse d’un bilan réévalué de l’action des parachutistes français en Bretagne : mission militaire et/ou politique ? », En Envor, no no 2,‎ (lire en ligne).
- Olivier Porteau, Pour une histoire de la France libre : L’Action combinée du 2e régiment de chasseurs parachutistes et de la Résistance bretonne dans le dispositif stratégique de l’opération Overlord, Presses universitaires de Rennes, .