Viande de cheval
La viande de cheval, ou viande chevaline, est un aliment composé des tissus musculaires du cheval, consommé dans plusieurs pays qui en ont parfois fait des spécialités telles que le charqui. Sollicitée par ses amateurs pour ses qualités nutritives et montrée du doigt par ses détracteurs pour sa nature, la viande de cheval suscite depuis longtemps la controverse. Sa consommation est appelée hippophagie.
Caractéristiques nutritionnelles
La viande chevaline est une viande rouge. Elle est riche en protĂ©ines (en moyenne 20 g pour 100 g[1]). Selon le centre d'information sur les viandes, elle permet ainsi d'apporter en quantitĂ© des acides aminĂ©s indispensables comme la leucine, la lysine et l'histidine. Elle a une faible teneur en lipides (2 Ă 4 %[2]). De plus, elle possĂšde une grande proportion d'acides gras insaturĂ©s, dont certains ne peuvent ĂȘtre synthĂ©tisĂ©s par l'organisme. La viande a cette originalitĂ© d'apporter des glucides grĂące Ă sa richesse en glycogĂšne. Cela lui confĂšre un petit goĂ»t sucrĂ© caractĂ©ristique. La viande chevaline est aussi particuliĂšrement bien pourvue en vitamines hydrosolubles B12 mais aussi en vitamines B3 et B6[3].
La viande chevaline est caractĂ©risĂ©e par une haute teneur en fer (environ 4 mg/100 g)[4]. Ce fer, d'origine hĂ©minique, offre l'avantage d'ĂȘtre bien assimilĂ© par l'organisme. Sa teneur en fer lui valait d'ĂȘtre prescrite par les mĂ©decins au XIXe siĂšcle pour lutter contre l'anĂ©mie[5] - [6].
Ainsi, ses valeurs nutritives sont, pour 100 g de viande crue[4] :
- Ă©nergie : 125 kcal ;
- protéines : 16 g ;
- lipides : 4,5 g ;
- glucides : 1 g.
Les Ă©quidĂ©s pouvant fortement bioaccumuler le cadmium contenu dans leur alimentation, dans leurs reins notamment, il existe dans certains pays dont la France, une lĂ©gislation spĂ©cifique concernant les abats des animaux « tardivement abattus »[7]. Des Ă©tudes de teneur en cadmium (notation « Cd ») rĂ©alisĂ©es sur des abats d'Ă©quidĂ©s (cheval, Ăąne, muletâŠ) ont montrĂ© une teneur moyenne de 10 ”g/g de cadmium[7]. La dose journaliĂšre tolĂ©rable temporaire (« DJT-t ») ayant Ă©tĂ© rĂ©glementairement limitĂ©e au maximum de 1 ”g kgâ1 jourâ1, toute commercialisation d'abats d'Ă©quidĂ©s tardivement abattus est interdite[7]. En effet, mĂȘme si ces abats Ă©taient la seule source alimentaire de cadmium pour les humains, cette interdiction serait justifiĂ©e car une consommation moyenne hebdomadaire de seulement 100 g d'abats conduirait Ă exposer le consommateur Ă 1 000 ”g/semaine, soit pour quelqu'un de 60 kg, plus que le doublement de la DJT-t, laquelle le limite Ă une ingestion de Cd infĂ©rieure Ă 60 ”g/jour, soit 420 ”g/semaine[7]. Les normes actuelles Ă respecter sont, pour le cadmium : 0,5 mg/kg dans les foies, 1 mg/kg dans les rognons, et 0,2 mg/kg dans la viande (rĂšglement « CE 1881/2006 »[8]).
Production
En 2009, la chambre de l'agriculture britannique a publié les chiffres de production de viande chevaline dans plusieurs pays :
Pays | Tonnes annuelles |
---|---|
Mexique | 78 000 |
Argentine | 57 000 |
Kazakhstan | 55 000 |
Mongolie | 38 000 |
Kirghizistan | 25 000 |
Australie | 24 000 |
Brésil | 21 000 |
Canada | 18 000 |
Pologne | 18 000 |
Italie | 16 000 * |
Roumanie | 14 000 |
Chili | 10 000 |
Sénégal | 9 500 |
Uruguay | 8 000 |
France | 7 500 |
Colombie | 6 000 |
Espagne | 5 000 * |
- * y compris les Ăąnes.
L'Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE) estimait à 42 700 le nombre d'éleveurs en France en 2010 pour un cheptel de 950 000 équidés[10]. Ce recensement décompte 400 000 chevaux de selle, 220 000 poneys, 180 000 chevaux de course, 80 000 chevaux lourds ou de trait et 70 000 ùnes.
Donnée | 2010 | 2019 |
---|---|---|
Nombre d'Ă©leveurs | 42 700 | 30 170 |
Nombre d'équidés | 950 000 | 1 051 000 |
Nombre de chevaux de selle et poneys | 400 000 | 704 000 |
Nombre de chevaux de trait et Ăąnes | 150 000 | 190 000 |
Nombre de chevaux de course | 180 000 | 158 000 |
Cuisine
La viande chevaline se cuisine comme la viande bovine. En tant que viande maigre, elle se consomme plutĂŽt saignante, afin de prĂ©server ses qualitĂ©s gustatives[11], et doit ĂȘtre saisie rapidement dans une poĂȘle trĂšs chaude, de maniĂšre Ă lui Ă©viter de s'assĂ©cher. Il existe des recettes spĂ©cifiques pour l'accommoder, comme le steak tartare et le steak de cheval au poivre[12].
Spécialités
En Ukraine, particuliÚrement en Crimée et dans d'autres régions des steppes du sud, la viande de cheval est consommée sous forme de saucisses appelées Mahan et Sudzhuk. Ces saucisses sont notamment l'alimentation traditionnelle des Tatars de Crimée.
Certains plats de la cuisine allemande sont traditionnellement prĂ©parĂ©s Ă base de viande de cheval. Le Sauerbraten en RhĂ©nanie[13] en est un exemple ; cependant, la baisse de la consommation du cheval incite beaucoup de restaurateurs Ă utiliser plutĂŽt de la viande de bĆuf ou de porc pour cette spĂ©cialitĂ©.
En Alsace, le rossbif (de ross = cheval) est une spécialité de viande de cheval marinée.
En Belgique, le steak de cheval était fortement consommé jusque dans les années 1980. Année au cours de laquelle les boucheries chevalines ont commencé à décliner. Traditionnellement le steak de cheval et le cervelas s'accompagnent de frites, cressonnette et de sauce Piccalilli ou sauce poivre.
En Suisse, le steak de cheval est assez frĂ©quent, surtout en Suisse romande, mais aussi de plus en plus dans la partie alĂ©manique. La viande de cheval est utilisĂ©e pour une grande variĂ©tĂ© de saucisses au nord du pays, en rĂ©gion alĂ©manique. Une spĂ©cialitĂ© appenzelloise connue sous le nom de mostbröckli (de) est faite avec de la viande de cheval ou de bĆuf. Comme en Italie du nord, les salametti tessinois (saucisses) sont parfois faits avec de la viande de cheval. La viande de cheval peut ĂȘtre Ă©galement utilisĂ©e dans la fondue bourguignonne.
La viande de cheval est bien connue en SlovĂ©nie, trĂšs populaire dans la cuisine traditionnelle de la rĂ©gion centrale de Carniole et de Kras. Le steak de poulain (ĆŸrebiÄkov zrezek) se retrouve dans de nombreux restaurants et dans les fast-food de Ljubljana, sous le nom de hot-horse, en hamburgers[14] - [15].
Santé et controverses
La trichinose est une maladie transmise la plupart du temps par le porc et le sanglier. La viande de cheval peut ĂȘtre un vecteur de la trichinellose, maladie parasitaire intestinale parfois mortelle et transmise par la consommation de viande trop peu cuite. En vingt-cinq ans, entre 1975 et 2000, 6 500 cas de trichinellose dus Ă la viande de cheval ont Ă©tĂ© constatĂ©s en Europe, selon la Fondation Brigitte-Bardot, dont prĂšs de 2 400 en France. Cinq d'entre eux ont entraĂźnĂ© la mort[16].
Le CIV (centre d'information des viandes, qui dĂ©fend la consommation de viande de cheval) affirme que ce risque est dĂ©sormais maĂźtrisĂ©. Lors d'une confĂ©rence organisĂ©e le , Vincent Carlier, membre de lâAcadĂ©mie vĂ©tĂ©rinaire de France, posait comme prĂ©ambule quâil nây a plus de risque particulier pour la santĂ© du consommateur en France concernant la consommation de viande chevaline car les mesures de protection lui sont appliquĂ©es comme pour lâensemble des viandes. Si la trichinellose a, par le passĂ©, Ă©tĂ© un risque sanitaire, ce risque serait aujourdâhui nĂ©gligeable, puisque seuls cinq cas issus de lâimportation auraient Ă©tĂ© dĂ©nombrĂ©s depuis 2000, et qu'ils ont tous Ă©tĂ© retirĂ©s de la consommation[17].
Pour la controverse autour de l'hippophagie et les tabous culturels et religieux, voir les diffĂ©rentes positions concernant lâhippophagie.
En 2013, un scandale dĂ©voile une fraude d'ampleur europĂ©enne faisant passer de la viande de cheval pour de la viande de bĆuf dans des plats prĂ©parĂ©s.
Notes et références
- Site la-viande.fr - Les protĂ©ine et la viande â source AFSSA.
- Site la-viande.fr Les lipides et la viande.
- Site la-viande.fr Les vitamines et la viande â Source AFSSA - CNERNA - CNRS.
- « Cheval », e-sante.be, 12 juillet 2001.
- Geoffroy St Hilaire, « Ăcrits de Geoffroy St Hilaire sur la viande chevaline »,
- Docteur Géo Davis, « Recommandations du Docteur Géo Davis au sujet de la viande chevaline »,
- « Cours et corrigé de biotechnologie, partie relative à la toxicité des métaux pour l'Homme. »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?)
- RÚglement 1881/2006 consolidé de l'Union Européenne sur les teneurs autorisées en contaminants.
- (en) « Argentina-Horse Meat world production figures », Farming UK, (consulté le )
- Site la-viande Le cheptel français et la production équine
- Site la-viande.fr Conseils et astuces pour cuisiner la viande chevaline
- « Recettes du Québec : Steak de cheval au poivre », sur (consulté le )
- (de) « Regionale KĂŒche - GegensĂ€tze, die perfekt harmonieren », sur Cityinfo-koeln.de (consultĂ© le )
- « Hot Horse », ljubljana-life.com (consulté le )
- Dan Ryan, « Taste LjubljanaâCapital Ideas », (consultĂ© le )
- « Campagne de Brigitte Bardot », sur Je ne mange pas de cheval, Fondation Brigitte Bardot (consulté le )
- Interbev Equins, « Résumé de la Conférence de presse CIV sur la viande chevaline »
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site généraliste d'information pour la consommation de viande chevaline
- Site de la FĂ©dĂ©ration nationale du cheval, syndicat portant la parole des Ă©leveurs et des exploitants diversifiĂ©s dans le cheval et explication dĂ©taillĂ©e de la raison d'ĂȘtre de la filiĂšre viande chevaline
- La viande de cheval, plaquette d'information du gouvernement du Québec