Vesunna (mythologie)
Vesunna , parfois qualifiée de Tutela Augusta (« auguste protectrice »), est une déesse poliade de l'eau et de la fécondité. Étant à l'origine une divinité gauloise, son culte a été repris dans la religion romaine. Tutelle de la cité Vesunna (quartier sud de Périgueux aujourd'hui) à laquelle elle a donné son nom, elle était vénérée par les Pétrocores qui habitaient cette région, par le biais de processions, de rites et de sacrifices.
Vesunna | |
DĂ©esse de la religion gauloise puis de la religion de la Rome antique | |
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La figure de proue de Vesunna I, usinée par la SOCRA, est une allégorie de la déesse. | |
Caractéristiques | |
Autre(s) nom(s) | Tutela Vesunna Augusta |
Nom latin | Tutela Augusta Vesunna |
Fonction principale | Déesse de l'eau et de la fécondité |
Lieu d'origine | Vesunna (quartier sud de PĂ©rigueux aujourd'hui) |
Période d'origine | Ier siècle av. J.-C. / Antiquité celte et gauloise |
Associé(s) | Grannos |
Culte | |
RĂ©gion de culte | Rome antique (Gaule, Germanie) |
Temple(s) | Temple de Vesunna |
Lieu principal de célébration | Vesunna (quartier sud de Périgueux aujourd'hui) |
Symboles | |
Attribut(s) | Corne d'abondance, corbeille de fruits |
Animal | Grue, cigogne, Ă©chassier |
Étymologie
« Vesunna tutélaire et auguste », est connue par une inscription latine sous la forme Tutela Augusta Vesunna[note 1] - [1]. Son nom l'a souvent fait confondre avec la déesse Vénus[2]. À l'époque romaine, vers le deuxième siècle, un notable local Soter Secundus, gaulois romanisé ayant conservé l'adoration de cette déesse celtique, n'a pas seulement considéré Vesunna comme « divine » et « tutélaire », mais « tutélaire » et « auguste »[3].
Le nom, qui a connu plusieurs variantes (Vesuna Petrucoriorum, Vesunna, Vesunnia, Vesona, ou encore Ouesouna), correspondrait à celui d'une « source divinisée »[1] - [4]. Il serait composé de la racine préceltique °vis-, dont serait dérivé ves (qui pourrait correspondre à « tombeau ou tumulus »), et du suffixe celtique ou ligure ona (« fontaine »)[1] - [4].
Histoire
Culte gaulois
Vesunna était vénérée en Gaule ainsi qu'en Germanie[5]. Aucun attribut d'elle datant de cette période n'a été retrouvé[6].
Le dieu solaire Grannos est associé chez les Pétrocores à la déesse Vesunna[7]. Il ne faut pas confondre cette déesse celtique avec l'ancienne divinité italo-étrusque Vesuna[8].
Vesunna et le peuple pétrocore
Elle apparaît comme divinité indigène tutélaire des Pétrocores, qui habitaient la cité de Vesunna, correspondant aujourd'hui au quartier sud de Périgueux[9] - [10]. Ces derniers lui rendaient un culte dans le temple gallo-romain de Vesunna, érigé au IIe siècle par les riches habitants de cette cité[11] - [12]. Il ne reste du temple que la tour de Vésone, située dans la cella[13] ; dans ce lieu se dressait aussi une statue de la déesse pour lui rendre hommage[14].
Dans le péristyle du temple qui lui était dédié, se déroulaient des processions. Selon Suzanne Boireau-Tartarat, Vesunna était « une divinité aquatique[15], que la foule venait honorer en procession, apportant peut-être des offrandes jusqu'au bord de l'Isle », ou encore « une déesse de la fécondité vraisemblablement : il y avait certainement un contact entre la rivière et la représentation de la déesse pour raviver sa force de reproduction ». Le culte de la déesse se manifestait lors des fêtes locales, notamment pour l'anniversaire de la fondation de la cité. L'ensemble de la civitas la vénérait, notamment lors de rites et de sacrifices de béliers, de vaches ou encore de chevaux, car des archéologues ont trouvé des ossements sur le lieu d'implantation du temple[16].
Des traces du culte de la déesse demeurent encore dans l'épigraphie gallo-romaine du musée d'art et d'archéologie du Périgord[17] - [18].
Vesunna était vénérée, dans les temples de la cité, aux côtés de Mercure et Apollon[19] qui, dans l'Interpretatio Romana, correspondent à Lug et Grannos.
Représentation
Dans la grotte du château Barrière bâti sur l'enceinte gallo-romaine construite à la fin du IIIe siècle[20], ont été trouvées des représentations de grues, de cigognes et d'échassiers, considérées par Édouard Galy comme des symboles de la déesse Vesunna[21].
Étant une « Mère protectrice de la ville », elle est montrée à travers des statues acéphales en calcaire, « drapée et assise dans un fauteuil. Elle tient de la main gauche une corne d'abondance et de la droite, une corbeille de fruits »[19]. Les petites statuettes en terre cuite la personnifiaient « assise allaitant un ou deux bébés »[22].
MĂ©moire
Le , le musée Vesunna, construit selon les plans de l'architecte Jean Nouvel sur les vestiges du temple gallo-romain, ouvrit ses portes au public[23].
En 2011, elle était l'une des vingt-cinq femmes honorées dans l'exposition itinérante « Femmes célèbres du Périgord », organisée par le conseil général de la Dordogne, avec la sociologue Victoria Man-Estier[9]. Le , à l'occasion de la journée internationale des femmes, le journal Sud Ouest réalisa une enquête où la question du sondage était : « Qui est votre Périgourdine préférée ? ». La déesse Vesunna représentait 8,5 % des suffrages exprimés[24].
Le , un rabaska est baptisé « Vesunna I »[25]. Depuis, des balades touristiques de Périgueux sur l'Isle, jusqu'à la guinguette Barnabé[26], sont organisées deux fois par semaine[25]. La figure de proue, usinée par la SOCRA, est une allégorie de la déesse[25].
Notes et références
Notes
- TVTELAE AV/VESVNNAE/SECVNDVS/SOT.T.I.L.D.S.D/ qui se transcrit Tutelae Augustae Vesunnae Secundus Soter testamento iussit loco de suo dedit (Galy 1859, p. 265-266). Ce que Galy traduit : « À Vesunna, tutélaire et auguste. Secundus Soter ordonna, par testament, qu'on lui consacrât cet autel, il fournit à ses frais le lieu où il était placé » (Galy 1859, p. 267).
- Les dédicaces d'autel proviennent de l'ouvrage suivant : Émile Espérandieu, Musée de Périgueux. Inscriptions antiques, Périgueux, Imprimerie de la Dordogne, (lire en ligne), p. 22-26.
Références
- Guy Penaud, Le Grand Livre de PĂ©rigueux, Ă©ditions la Lauze, 2003, (ISBN 2-912032-50-4), p. 568, 573-574.
- Galy 1859, p. 180.
- Galy 1859, p. 173.
- Chantal Tanet et Tristan Hordé, Dictionnaire des noms de lieux du Périgord, Éditions Fanlac, 2000, (ISBN 2-86577-215-2), p. 262.
- (en) Sunniva Dewaele, « Lexicon of the World of the Celtic Gods » [PDF], sur www.sangreal.be (consulté le ), p. 29.
- (en) « Vesunna (archive) », sur www.celtnet.org.uk (consulté le ).
- (en) John Arnott MacCulloch, The Religion of the Ancient Celts, The Floating Press, , 574 p. (ISBN 978-1-77541-401-8, lire en ligne), p. 69.
- (en) Martin Litchfield West, Indo-European Poetry and Myth, Oxford University Press, , 525 p. (ISBN 978-0-19-928075-9, lire en ligne), p. 144.
- « Femmes célèbres du Périgord » [PDF], sur le site du conseil général de la Dordogne (consulté le ), p. 2.
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, vol. 1, Librairie Droz, , 1871 p. (ISBN 978-2-600-02883-7, lire en ligne), p. 162.
- PĂ©nisson 2013, p. 105.
- École pratique des hautes études, Bibliothèque de l'École des hautes études : Sciences historiques et philologiques, , chap. 296, p. 587.
- Boireau-Tartarat 2007, p. 59.
- François Giron, « Périgueux (Vesunna) », Le Point,‎ (lire en ligne).
- (en) Joshua Whatmough, The Foundations of Roman Italy, Methuen & Company, Limited, coll. « Methuen's handbooks of archaeology », , 420 p., p. 144.
- Boireau-Tartarat 2007, p. 60.
- Gazette des beaux-arts, t. 17, , 582 p. (ISSN 0016-5530, lire en ligne), p. 472.
- Académie des inscriptions et belles-lettres, L'Année épigraphique, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-056445-4), p. 450.
- Lachaise 2000, p. 96.
- « Vestiges de la citadelle gallo-romaine de Vésone », notice no PA00082727, base Mérimée, ministère français de la Culture (consultée le 9 février 2014).
- Galy 1859, p. 188.
- Lachaise 2000, p. 97.
- « Le bâtiment du musée », sur www.perigueux-vesunna.fr (consulté le ).
- Julie Martinez, « Quelle est votre Périgourdine préférée ? », Sud Ouest,‎ (lire en ligne).
- Marie Berthoumieu, « Un canoë géant pour redécouvrir Périgueux », Dordogne libre, no 21092,‎ , p. 3.
- Adrien Vergnolle, « Périgueux : de la voie verte à la voie bleue ? », Sud Ouest,‎ (lire en ligne).
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Édouard Galy, Inscription inédite. Le portique du temple de Vesunna, déesse tutélaire des Pétrocores, par le Dr É. Galy, Dupont, , 8 p. (présentation en ligne)
- Élisabeth Pénisson (dir.) et al. (préf. Michel Moyrand et Bernard Cazeau, ill. Garance de Galzain), Quoi de neuf chez les Pétrucores ? : Dix ans d'archéologie en Périgord gallo-romain, Périgueux, Éditions Fanlac, , 128 p. (ISBN 978-2-86577-278-0)
- Édouard Galy, Séances générales tenues à Périgueux et à Cambrai en 1858, vol. 25, Paris, Derache, (lire en ligne), « Vésone et ses monuments sous la domination romaine »
- Suzanne Boireau-Tartarat, Promenades spirituelles en PĂ©rigord, Paris, Ă©ditions Albin Michel, , 336 p. (ISBN 978-2-226-17822-0)
- Bernard Lachaise (dir.) et al., Histoire du Périgord, Périgueux, Éditions Fanlac, , 322 p. (ISBN 2-86577-216-0)