Accueil🇫🇷Chercher

Valle de los CaĂ­dos

El Valle de Cuelgamuros, prĂ©cĂ©demment Valle de los CaĂ­dos[1], est un monument espagnol de l’époque franquiste, situĂ© dans la vallĂ©e de Cuelgamuros (Sierra de Guadarrama), sur la commune de San Lorenzo de El Escorial dans la CommunautĂ© autonome de Madrid, Ă  moins de 50 km au nord-ouest de la capitale espagnole.

Valle de Cuelgamuros
Présentation
Type
Architecte
Pedro Muguruza
Diego Méndez , sculpteur Juan de Àvalos
Construction
Ouverture
Hauteur
152,4 m
Propriétaire
Patrimonialité
Red List of Endangered Heritage item (d) ()
Site web
Localisation
Pays
Communauté autonome
Commune
Emplacement
Valle de Cuelgamuros (d)
Coordonnées
40° 38′ 29″ N, 4° 09′ 26″ O
Localisation sur la carte d’Espagne
voir sur la carte d’Espagne
Localisation sur la carte de la Communauté de Madrid
voir sur la carte de la Communauté de Madrid

La construction du monument, qui regroupe une basilique catholique, une abbaye et une croix haute de 150 mètres[2], fut ordonnée par le dictateur espagnol Francisco Franco en 1940. L'édification, menée entre 1940 et 1958, fut l'œuvre de quelque 20 000 prisonniers politiques républicains condamnés aux travaux forcés[3] - [4].

Par la suite, en 1958, le Caudillo décida d'en faire un mausolée pour l'ensemble des combattants morts de la guerre civile y compris les combattants républicains, pourvu qu'ils fussent catholiques..

Les restes de 33 833 personnes sont dissĂ©minĂ©s dans le monument[5], jusque dans les fondations[6] - [7]. La sĂ©pulture de Francisco Franco, enterrĂ©e dans la crypte depuis 1975, fut exhumĂ©e le 24 octobre 2019 pour sa relocalisation au cimetière de Mingorrubio d'El Pardo. Celle de JosĂ© Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange espagnole, demeure Ă©galement dans la crypte. Son exhumation et postĂ©rieure relocalisation a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ©e le 20 avril 2023[8].

Construction

Dirigée par les architectes Pedro Muguruza et Diego Méndez, la construction de la basilique, au cœur de la Castille, au nord-ouest de Madrid, à quelques kilomètres de l'Escurial dans la vallée de Cuelgamuros commence en 1942. L'inauguration a lieu, en présence du général Franco, le .

Cet hommage fait aux morts de la guerre civile est Ă©difiĂ© officiellement pour rĂ©concilier rĂ©publicains et franquistes, en permettant Ă  toutes les rĂ©gions d'Espagne d'envoyer les dĂ©pouilles qui allaient se retrouver privĂ©es de sĂ©pulture, dix ans après leur inhumation. En effet, Ă  cause d'un dĂ©cret encore en vigueur, la sĂ©pulture d'origine ne pouvait ĂŞtre utilisĂ©e indĂ©finiment sans donner lieu Ă  un transfert des restes vers une fosse commune ou un caveau pour les plus aisĂ©s. C'est pourquoi, par ordre ministĂ©riel datĂ© du , ladite basilique entend offrir une demeure Ă©ternelle Ă  des Espagnols morts, ayant Ă©tĂ© baptisĂ©s et dont les proches en ont fait la demande. Selon le dĂ©cret-loi du , 33 000 corps peuvent dĂ©sormais y reposer sans distinction sociale ou politique et ce en dĂ©pit de l'opposition du jĂ©suite P. Guerrero. Celui-ci rĂ©clame en , dans un article de la RazĂłn y Fe, que le repos Ă©ternel soit accordĂ© aux seuls morts de son camp.

En dĂ©pit des donations privĂ©es pour 234 450 574 pesetas, les retards dans sa construction donnent lieu Ă  des rĂ©Ă©valuations du budget, obligeant les autoritĂ©s publiques Ă  solliciter d'autres types de financement comme les bĂ©nĂ©fices de la loterie annuelle du et diverses manifestations de charitĂ©. Contrairement Ă  certains projets moins solennels, les contribuables espagnols, eux, ne participent pas.

ExceptĂ© les condamnĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©, qui voient leurs peines commuĂ©es Ă  30 ans, les autres volontaires obtiennent deux jours de rĂ©duction pour un jour travaillĂ©. Sur un total de 2 643 ouvriers, 243 seulement sont concernĂ©s par la proposition de rĂ©duction des peines. Celle-ci est mise en place pendant les premières annĂ©es et ensuite abandonnĂ©e par manque de volontaires spĂ©cialisĂ©s.

Parmi eux, se trouvent l'écrivain Manuel Lamana et Nicolas Sánchez Albornoz, deux étudiants, condamnés aux travaux forcés pour avoir tracé des graffiti sur les murs de l'université en 1948, qui réussissent par la suite à s'enfuir et dont l'histoire est racontée dans le film Los años bárbaros de Fernando Colomo en 1998. Selon les chiffres officiels, entre 14 et 18 personnes au total sont mortes dans ce chantier situé en pleine montagne.

Le monument, créé sous le patronage d'une fondation du chef de l'État, est placé sous la surveillance du patrimoine national par un décret du . Depuis 1982, il dépend administrativement du nouvel organisme chargé de la gestion des biens culturels.

Architecture

Tombe du Général Franco jusqu'au 24 octobre 2019.

Un escalier monumental mène Ă  l'entrĂ©e du complexe, qui comprend Ă©galement un monastère bĂ©nĂ©dictin depuis le . Les quinze mystères du rosaire sont reprĂ©sentĂ©s sur la massive porte d'entrĂ©e en bronze de 10 m de hauteur, et juste en dessous, les douze apĂ´tres. L'ensemble a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 1956 par le sculpteur Fernando Cruz Solis.

Dès l'entrée de la basilique, un panneau en marbre indique que « Francisco Franco, Caudillo de España », a inauguré le monument le et que la basilique a été consacrée par le pape Jean XXIII le .

La principale particularitĂ© architecturale de la basilique est d'avoir Ă©tĂ© creusĂ©e sous une colline de la Sierra de Guadarrama. La longueur totale de la crypte est de 262 mètres sous terre. Le long tunnel (axe d'entrĂ©e) qui mène Ă  la croisĂ©e et au transept se divise en plusieurs parties. La première partie comprend l'accès avec vestibule (long de 11 mètres), le second vestibule et un espace intermĂ©diaire, alors que la deuxième partie est la nef haute et large de 22 m avec de chaque cĂ´tĂ© trois chapelles. Un dernier tronçon mène Ă  la croisĂ©e et au transept (long de 41 m). Quatre grands personnages disposĂ©s de chaque cĂ´tĂ© de ce dernier tronçon et vĂŞtus comme les pleureurs du Moyen Ă‚ge rappellent le caractère de mausolĂ©e du transept. Ces allĂ©gories reprĂ©sentent respectivement l'armĂ©e de terre, de l'air, la marine et les milices. De chaque cĂ´tĂ© de la croisĂ©e sont situĂ©es la chapelle du Saint Sacrement et celle de la Sainte Mise au Tombeau. La Sacristie jouxte ces deux chapelles alors que les sĂ©pultures de Primo de Rivera et du gĂ©nĂ©ral Franco sont situĂ©es de part et d'autre de la croisĂ©e, l'une tournĂ©e vers l'axe d'entrĂ©e et l'autre vers le chĹ“ur des moines.

Croix

La croix et ses statues.

Une croix de pierre de 150 mètres de haut, la plus grande du monde, surmonte la montagne [9]. Construite entre 1950 et 1956, elle est situĂ©e au-dessus-mĂŞme de la croisĂ©e. Huit statues monumentales sont reprĂ©sentĂ©es aux quatre coins de sa base (les quatre Ă©vangĂ©listes et les quatre vertus cardinales).

Un monument symbolique

« Tombés pour Dieu et l'Espagne ».

Les sĂ©pultures de JosĂ© Antonio Primo de Rivera (du au ) et de Franco (de jusqu'au , date de son exhumation) sont situĂ©es au pied de l'autel, du cĂ´tĂ© de la nef. Les ossuaires rĂ©unissent Ă©galement les dĂ©pouilles de 33 872 combattants inhumĂ©s anonymement dans des ossuaires. Outre ses aspects figuratifs, l'ensemble architectural Ă©tait dotĂ© d'une fonction idĂ©ologique : en rassemblant des morts des deux camps, Franco dĂ©veloppait ainsi la rhĂ©torique mystique et nationaliste caractĂ©ristique du franquisme tout en cherchant Ă  imposer un symbole d'unitĂ© nationale. Mais comme Javier MartĂ­n Artajo se le demandait dans Ya datĂ© du , « sera-t-il possible que les efforts des uns et des autres permettent aux morts ou aux vivants d'un bord et de l'autre, voire du milieu, de retrouver l'apaisement que suppose un pareil monument ? ».

Tous les , une Sainte Messe au Caudillo y est célébrée dans le cadre des célébrations au général Franco. Y sont célébrées l'œuvre de Franco lorsqu'il dirigeait l'Espagne et les valeurs franquistes (l'ordre, le catholicisme, la tradition et la patrie).

Le chercheur Francisco Ferrándiz du CSIC décrit le monument comme « une tranchée franquiste protégée par l'extrême-droite[10] ».

Polémiques

Une première polémique eut lieu le quand le journal de centre-gauche El País publia les protestations de ceux qui entendaient s'opposer aux exhumations de Franco et Primo de Rivera. Joaquín Leguina qualifia un pareil projet « d'absurde et d'arbitraire », ajoutant « ils font partie de notre Histoire, laissons-les en paix ».

En 2005, le monument a été au centre d'une polémique quand les formations politiques de gauche alliées dans la coalition du premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero ont demandé la fermeture sinon la réhabilitation du mémorial, faisant part de leur souhait que la tombe du dictateur et celle du dirigeant phalangiste José Antonio Primo de Rivera soient transférées vers des cimetières privés.

En visite officielle en Espagne en , le président russe Vladimir Poutine a effectué un parallèle inattendu entre le lieu abritant la dépouille du général Franco (lieu qu'il avait visité lors d'une visite privée dans les années 1990) et le mausolée qui expose celle de Lénine à Moscou, conservé « pour éviter de semer la division dans la société ». S'opposant à tout parallèle entre les deux régimes, il faisait remarquer que si la personnalité de Franco était controversée, il avait été enterré dans un Panthéon avec tous les honneurs, et que les Russes n'avaient pas moins souffert que les Espagnols pendant leur propre guerre civile.

Une recommandation du Conseil de l'Europe de , condamnant « avec fermeté les multiples et graves violations des droits de l'homme commises en Espagne par le régime franquiste de 1939 à 1975 », demande que soit mise en place une exposition permanente et pédagogique sur le franquisme, rappelant les souffrances des prisonniers républicains sous le régime et, en particulier, « expliquant comment elle [la Basilique] a été construite par des prisonniers républicains ». La polémique existe en effet, puisque chacun d'eux obtenait un jour de réduction de peine pour deux jours travaillés[11].

En , le gouvernement a demandé et obtenu de la Fondation Francisco Franco que la cérémonie religieuse traditionnelle en l'honneur des morts de la guerre civile ne mentionne plus explicitement le Caudillo ni le fondateur de la phalange, Primo de Rivera, et que tous les insignes politiques et drapeaux de l'époque franquiste restent en dehors de la basilique[12]. Cette démarche eut lieu dans le cadre du projet de loi mémorielle déposé par le gouvernement Zapatero visant à retirer les symboles du régime franquiste des frontons des établissements publics appartenant à l’État espagnol.

Le , le Congrès des députés adopte une résolution fondée sur la loi sur la mémoire historique demandant au gouvernement que les dépouilles de Francisco Franco et de José Antonio Primo de Rivera soient exhumées de la basilique et déplacées vers un endroit du site moins en vue. Le gouvernement n'avait toutefois pas l'obligation de faire suite à cette demande[13]. En , le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez annonce vouloir transférer la dépouille de Francisco Franco vers un autre endroit[14], conformément à sa décision antérieure de faire du mausolée un monument dédié à « la reconnaissance et à la mémoire de tous les Espagnols[15] ». Le , le gouvernement espagnol adopte un décret qui établit que la dépouille de Franco devra être exhumée avant la fin de 2018[16]. Le , la Cour Suprême espagnole autorise l'exhumation du corps de Franco, afin que celui-ci soit inhumé dans le cimetière du Pardo[17], ce qui a été fait le .

Notes et références

  1. Jefatura del Estado, Ley 20/2022, de 19 de octubre, de Memoria Democrática, (lire en ligne), p. 142367–142421
  2. « Sta. Cruz Del Valle de Los Caídos. Guía Turística | PDF | Religión y creencia », sur Scribd (consulté le )
  3. (es) « La historia no deformada del Valle de los Caídos », sur www.larazon.es, (consulté le )
  4. (es) « No, los presos del Valle de los Caídos no eran voluntarios: los datos que desmienten al prior Santiago Cantera », sur www.lasexta.com, (consulté le )
  5. « Estos son los otros muertos del Valle de los Caídos », sur web.archive.org, (consulté le )
  6. (es) Natalia Junquera et El País, « Fotos: Así están las tumbas del Valle de los Caídos por dentro », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le )
  7. (es) Francisco Ferrándiz, « Guerras sin fin: guía para descifrar el Valle de los Caídos en la España contemporánea », Política y Sociedad, vol. 48, no 3,‎ , p. 481–500 (ISSN 1988-3129, DOI 10.5209/rev_POSO.2011.v48.n3.36425, lire en ligne, consulté le )
  8. (es) elDiario.es, « Primo de Rivera será exhumado el lunes en cumplimiento de la Ley de Memoria Democrática », sur elDiario.es, (consulté le )
  9. (en) Annie Bennett, « Inside Spain's most chilling and controversial tourist attraction », telegraph.co.uk, UK,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Diego Torres, « Spain’s Franco plan: Bring up the body », Politico,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « APCE - Recommandation 1736 (2006) - Nécessité de condamner le franquisme au niveau international », sur assembly.coe.int (consulté le )
  12. El Valle de los CaĂ­dos quiere librarse de los 'ultras'
  13. Espagne: les députés réclament que Franco quitte son mausolée, La Libre Belgique, 11 mai 2017
  14. (en) Cat Contiguglia, « Hundreds in Spain protest transfer of Franco’s remains », Politico,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) « Spain's government to remove Franco's remains from mausoleum », Reuters,‎ 18 j2018 (lire en ligne, consulté le ).
  16. « La famille de Franco s'occupera du corps du dictateur espagnol », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. .

Voir aussi

Bibliographie

  • (es) JosĂ© Luis Sancho, Santa Cruz del Valle de los Caidos, Reales Sitios de Espana, Patrimonio Nacional, 2004
  • JosĂ© Maria Gironella, Les Cyprès croient en Dieu .(2 tomes), Ă©ditions Plon, 1961
  • JosĂ© Maria Gironella, Un million de morts (2 tomes), Ă©ditions Plon, 1963.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.