Vallée de la chimie
La vallée de la chimie[1] (anciennement couloir de la chimie) est une zone au sud de la Métropole de Lyon et du département du Rhône située sur plusieurs communes et qui comporte une grande concentration d'industries chimiques avec, pour une bonne partie d'entre elles, un classement Seveso 2. Sur une dizaine de kilomètres, le long de l'autoroute A7, se succèdent des établissements de l’industrie chimique et pétrochimique : Solvay, Elkem Silicones, Novacyl, raffinerie Total, Air liquide, etc.
Vallée de la chimie | ||||
Administration | ||||
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Pays | France | |||
RĂ©gion | Auvergne-RhĂ´ne-Alpes | |||
Département | Rhône, Isère | |||
GĂ©ographie | ||||
Coordonnées | 45° 40′ 25″ nord, 4° 51′ 34″ est | |||
Localisation | ||||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
GĂ©olocalisation sur la carte : RhĂ´ne
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Situation géographique
Cette zone s'étend sur un ensemble de treize communes rhodaniennes et une commune iséroise[2], toutes situées dans l'unité urbaine de Lyon[3] :
- Lyon (7ème arrondissement) ;
- Pierre-BĂ©nite ;
- Saint-Fons ;
- Irigny ;
- Feyzin ;
- Vernaison ;
- Solaize ;
- Millery ;
- Sérézin-du-Rhône ;
- Grigny ;
- Ternay ;
- Givors ;
- Chasse-sur-RhĂ´ne ;
- Loire-sur-RhĂ´ne.
Les Ă©tablissements chimiques qui la composent disposent de plusieurs moyens de transport des produits chimiques : le transport fluvial avec le RhĂ´ne, le transport routier avec l'autoroute A7 et le transport ferroviaire.
Historique
En 1853, Claude-Marie Perret installe à Saint-Fons son usine de fabrication d'acide sulfurique[4]. Rachetée par Saint-Gobain en 1872[5], elle devient « la Grande Usine ». L'implantation de cette usine attire autour d’elle des fabriques de soude, de colle, de colorants et de gélatine, utilisatrices d'acide sulfurique. En 1859, le chimiste lyonnais François-Emmanuel Verguin découvre par hasard la fuchsine, véritable révolution dans l’industrie des colorants. Cette découverte ouvre la voie à de nombreuses industries chimiques qui s’installent peu à peu le long de la vallée du Rhône.
En 1872, Monnet et Dury implantent à l’écart de l'agglomération lyonnaise, une des premières usines chimiques françaises. Monnet-Dury devient Gilliard-Monnet et Cartier en 1886, puis la Société chimique des usines du Rhône en 1895, et enfin Rhône-Poulenc[5]. La société, qui produit alors des teintures pour l'industrie de la soie, s'installe dans la zone marécageuse des lônes du Rhône pour mieux s’alimenter en eau. Elle se lance ensuite dans la pharmacie (production de l'aspirine), la production de produits chimiques pour l'industrie photographique des Auguste et Louis Lumière et la fabrication du textile artificiel.
En 1899, la Société pour l'industrie chimique à Bâle (future Ciba) acquiert à Saint-Fons une usine fabriquant des colorants[6]. En 1902, la société La Volta lyonnaise de Georges Coutagne installe à Pierre-Bénite la première usine française d'acide sulfurique anhydre pour répondre aux besoins de l’industrie des colorants[7]. Cette usine devient Atochem, en 1983, Atofina, en 2000, puis Arkema, en 2004[7].
En 1928, la Société Lumière implante une usine à Feyzin pour la production de plaques photographiques. Elle est rachetée en 1960 par Ciba-Geigy.
En 1964, Elf démarre la raffinerie de Feyzin. C'est à l'époque l'une des raffineries les plus modernes d'Europe. Deux ans plus tard, la catastrophe de la raffinerie de Feyzin cause la mort de dix-huit personnes. À la fin des années 1960, l’aménagement hydroélectrique de Pierre-Bénite par la Compagnie nationale du Rhône, permet l’extension de la zone industrielle. La création de 500 ha artificiels permettent l'installation d’une gare de triage SNCF et le passage de l’autoroute A7.
Devenir, prospective
En 2014, puis en 2016 et 2018, avec un partenariat public-privé d'une trentaine d'entreprises, la Mission Vallée de la chimie, créée au sein de la Métropole de Lyon et dirigée par Frédéric Laroche) a lancé un "Appel des 30" invitant des entreprises de la chimie verte, de l'environnement et des énergies renouvelables à venir s'installer sur les espaces encore disponibles dans la Vallée de la chimie, afin de « réorienter l'activité de la zone ».
L'appel à projets de 2014 a retenu 16 initiatives (12 entreprises et 4 opérateurs immobiliers) dont deux ont vu le jour en 2016.
En 2016, 90 000 m2 de toitures et parkings d'entreprises volontaires et déjà installées sont proposés pour accueillir des modules photovoltaïques (Kem One, Total ou Arkema). La pollution du sol interdit toutefois le travail salarié, l'accueil du public ainsi que les activités agricoles à vocation alimentaire. L'appel de 2016 se propose donc d'utiliser 30 ha de ce « foncier inutilisable [à un] paysager productif », qui pourrait par exemple être destiné à la production de biomasse énergie, de plantations de phytoremédiation ou de cultures destinées à la chimie biosourcée. Selon Frédéric Laroche, « l'état des sols et la dépollution qu'il implique est un obstacle majeur », mais le nouveau PPRT offre une visibilité aux industries potentiellement intéressées.
Un troisième appel est prévu avant 2020 avec le souhait de créer au total et en 6 ans « 300 nouveaux emplois sur 60 hectares ».
En 2017, Serpol (filiale de Serfim Dépollution qui collecte et transfère des sols pollués) s'est associé au groupe Vicat pour créer sur ce site une plateforme dénommée « Terenvie » destinée à la valorisation des terres polluées. Vicat via sa filiale Vicat Eco Valorisation, intègrera une partie de ce matériau comme substitut à certaines ressources naturelles pour son ciment[9].
Pollution de la zone
La préfecture du Rhône déconseille la consommation des oeufs issus d'une partie des communes de la vallée de la chimie, en raison de la forte présence de polluants éternels (PFAS) dans les analyses des oeufs[10]. Les mesures font apparaître 13,44 µg/kg de poids à l'état frais, dans un échantillon recueilli à Pierre-Bénite, alors que la valeur règlementaire européenne est fixée à 1,70 µg/kg.
Liens externes
Bibliographie
- François Duchêne et Léa Marchand (photogr. David Desaleux), Lyon, vallée de la chimie : Traversée d'un paysage industriel, Lyon, Libel, coll. « Lignes de vil[ll]es », , 176 p. (ISBN 978-2-917659-44-1)
Notes et références
- « Accueil », sur Lyon Vallée de la Chimie (consulté le ).
- « Vallée de la chimie - Eléments de diagnostic pour le projet de territoire », sur Urbalyon (Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise), p. 7
- « Unité urbaine de Lyon », sur Insee
- Arkema, Présentation de l'usine de Saint-Fons [archive du ], sur www.arkema.fr.
- Sophie Morel, Étude historique et patrimoniale de la Vallée de la chimie, Lyon, Agence d'urbanisme de Lyon, , 38 p. (OCLC 933427251).
- « Ciba Spécialités Chimiques SA » [archive du ], sur www.lyon-spiral.org, Historique de l'établissement [archive].
- Arkema, « Site industriel de Pierre-Bénite » [archive du ] [PDF], sur www.arkema.com, (consulté le ), p. 12.
- Dominique Bomstein, « Appel des 30 : la Vallée de la chimie en quête d'éco-entreprises », sur Environnement-Magazine.fr, (consulté le ).
- « Une plateforme pour la valorisation des terres polluées », sur Environnement-Magazine.fr, (consulté le ).
- Astrid Saint Auguste, « Polluants éternels : les œufs ne doivent plus être consommés au sud de Lyon », sur Sciences et Avenir, (consulté le )