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Uluzzien

L'Uluzzien est une culture archĂ©ologique de transition entre la fin du PalĂ©olithique moyen et le dĂ©but du PalĂ©olithique supĂ©rieur[5] - [6]. La culture Uluzienne correspond Ă  une des « industries de transition en Europe Â»[6] faisant le lien entre le MoustĂ©rien europĂ©en attribuĂ© Ă  l'Homme de NĂ©andertal et l'Aurignacien attribuĂ© l'Homme moderne.

Uluzzien
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Lames et lamelles au site de Colle Rotondo en Italie centrale, culture Uluzienne[1]
DĂ©finition
Autres noms culture d'Uluzzo
Lieu Ă©ponyme Baie d'Uluzzo
Caractéristiques
Répartition géographique Italie, PéloponnÚse (GrÚce)
Période Paléolithique supérieur
Chronologie environ 46000 Ă  39000 ans cal BP (~44000 Ă  ~37000 av. J.C.)[2] - [3]
Type humain associé Homme de Néandertal ou Homme moderne
Tendance climatique Interpléniglaciaire
période d'instabilité climatique entre deux pléniglaciaires,
marquée par des crises froides[4].

Sa rĂ©partition gĂ©ographique correspond Ă  toute l'Italie, avec une concentration de sites en Toscane et dans le sud (Campanie-Pouilles-Calabre), et aussi dans le PĂ©loponnĂšse en GrĂšce[7]. Le nom « Uluzzien Â» vient de la petite localitĂ© et la baie d'Uluzzo dans les Pouilles oĂč se trouvent la grotte d'Uluzzo et surtout la grotte du Cheval (grotta El Cavallo en italien) qui est le site de rĂ©fĂ©rence pour cette culture[8].

Par rapport à la culture précédente du Moustérien, il présente des innovations comme la présence de parures en coquillages de mollusques[3] et le débitage laminaire en série d'outils. Toutefois, il sera remplacée par l'Aurignacien sans qu'il y ait de lien "génétique" entre les deux.

L'attribution de cette culture à l'Homme de Néandertal ou à l'Homme moderne n'est pas tranchée, plusieurs thÚses actuellement coexistent :

  1. Innovations indépendantes des derniers Néandertaliens sans aucune influence de l'Homme moderne;
  2. Acculturation des NĂ©andertaliens Ă  des techniques de l'Homme moderne par des transferts culturels venus du Proche-Orient sans migration de ces derniers;
  3. Migration d'hommes modernes non porteurs de l'Aurignacien depuis le Proche-Orient, et remplacement des derniers NĂ©andertaliens.

Les deux premiĂšres thĂ©ories sont les plus anciennes, l'Uluzzien Ă©tant attribuĂ© aux NĂ©andertaliens, le dĂ©bats tournant autour des innovations culturelles de l'Uluzzien par rapport au MoustĂ©rien prĂ©cĂ©dent (innovations propres ou importations?). Toutefois, une Ă©tude parue dans la revue Nature en 2011 montre que des restes humains de la grotte du Cheval, deux dents dĂ©ciduales, appartiendraient Ă  Homo sapiens et non Ă  l'Homme de NĂ©andertal autochtone, comme on le croyait jusqu'ici[9] - [8]. Des ornements personnels situĂ©s dans la mĂȘme couche ont donnĂ© un Ăąge entre 47 530 et 43 000 ans par la datation au carbone 14. Cette culture prĂ©cĂ©derait ainsi l'industrie aurignacienne Ă©galement attribuĂ©e Ă  Homo sapiens, et expliquerait son caractĂšre intrusif par rapport au MoustĂ©rien. En outre, cette Ă©tude montre aussi que la cohabitation en Europe des deux groupes humains a eu lieu sur une pĂ©riode de temps plus importante que ce qui Ă©tait communĂ©ment admis[9] - [8]. Toutefois, l'association entre ces dents et la couche Uluzzienne dans la Grotte du Cheval est contestĂ©e[3], les couches uluzziennes, protoaurignaciennes et aurignaciennes ayant subi des mĂ©langes.

Historique

En 1964, les fouilles menĂ©es par Palma de Cesnola Ă  la grotte du Cheval livre une industrie lithique ne ressemblant ni aux grandes cultures pan-europĂ©ennes synchrones que sont le MoustĂ©rien et l'Aurignacien[8]. Au contraire, cette culture semble confinĂ©e Ă  l'Italie, la culture synchrone la plus ressemblante Ă©tant le ChĂątelperronien situĂ©e en France et en Espagne. Les couches stratigraphiques D et E de grotte du Cheval dans la baie d'Uluzzo servirent donc Ă  dĂ©finir cette nouvelle culture archĂ©ologique qui fut nommĂ©e « culture d'Uluzzo Â» ou plus simplement « Uluzzien Â».

Répartition géographique

Sites uluzziens (cercles blancs, triangles et Ă©toiles).

On le trouve principalement en Italie, mais aussi en GrĂšce. En Italie on peut citer les grottes[2] - [10] :

Caractéristiques

Coupe stratigraphique dans la grotte La Fabbrica en Italie centrale[1]. Moustérien en bas, Uluzzien au milieu, et Protoaurignacien en haut.
Coquillages de la grotte du Cheval, la lettre D renvoie aux niveaux uluzziens (lettre B pour les niveaux Ă©pigravettiens).

L'Uluzzien est défini historiquement à partir de la grotte du Cheval, mais cette derniÚre peut présenter des intrusions protoaurignaciennes dans les strates uluziennes supérieures (par exemple, présence problématique de 3 lamelles Dufour typiques du Protoaurignacien)[3] - [1]. En conséquence, c'est par comparaison avec d'autres grottes à couches uluzziennes que l'Uluzzien est actuellement défini[1]:

  • Industrie lithique :
  • Autre :
    • PrĂ©sence de parures (colliers, bracelets) avec des coquillages marins collectĂ©s, percĂ©s intentionnellement, puis assemblĂ©s vraisemblablement Ă  l'aide d'une cordelette vĂ©gĂ©tale.
    • Utilisation de nombreux outils en os,
    • Traces d'utilisation d'ocre sur pierre.

L'Uluzzien se sépare du Moustérien classique par une production en série de lames à partir d'un nucléus par débitage laminaire. Toutefois, ce débitage n'est pas non plus le débitage laminaire classique que l'on trouve dans les grandes cultures du Paléolithique supérieur qui le suivent. Par comparaison avec d'autres cultures archéologiques, l'Uluzzien se rapproche plus du Chùtelperronien que du Moustérien ou de l'Aurignacien.

Les Uluzziens fabriquaient et utilisaient des perles Ă  partir de coquilles de mollusques marins tels que des scaphopodes type dentale, des escargots marins dits bigorneaux (Columbella rustica et Cyclope neritea), ainsi que d'autres espĂšces[2].

Chronologie

En Italie, l'Uluzzien est précédé par le Moustérien attribué à l'Homme de Néandertal, et est suivi par le Protoaurignacien puis l'Aurignacien attribués à l'Homme moderne.

L'Éruption ignimbritique de Campanie dans le sud de l'Italie a Ă©tĂ© proposĂ©e comme explication possible Ă  la fin de l'Uluzzien. Cette super-Ă©ruption, d'indice d'explosivitĂ© 7-8, a Ă©tĂ© datĂ©e de 39 280 Â± 110 ans BP calibrĂ© (par des mĂ©thodes isotopiques Argon 40 / Argon 39) soit environ 37 000 ans av. J.-C.)[11].

Notes et références

  1. Paola Villa, Luca Pollarolo, Jacopo Conforti, Fabrizio Marra, Cristian Biagioni, Ilaria Degano, Jeannette J. Lucejko, Carlo Tozzi, Massimo Pennacchioni, Giovanni Zanchetta, Cristiano Nicosia, Marco Martini, Emanuela Sibilia, Laura Panzeri, « From Neandertals to modern humans: New data on the Uluzzian », Plos One, 13(5): e0196786, (consulté le ).
  2. Katerina Douka, Thomas F.G. Higham, Rachel Wood, Paolo Boscato, Paolo Gambassini, Panagiotis Karkanas, Marco Peresani, Anna Maria Ronchitelli, « On the chronology of the Uluzzian Â», Journal of Human Evolution, volume 68, pages 1-13, 2014.
  3. JoĂŁo ZilhĂŁo, William E. Banks, Francesco d’Errico, Patrizia Gioia, « Analysis of Site Formation and Assemblage Integrity Does Not Support Attribution of the Uluzzian to Modern Humans at Grotta del Cavallo », Plos One, volume 10, numĂ©ro 7, (consultĂ© le ).
  4. Un plĂ©niglaciaire dĂ©signe un maximum ou pĂ©riode "forte" d'une glaciation pendant laquelle les tempĂ©ratures sont les plus froides et les glaciers d'extension maximale. Un interplĂ©niglaciaire dĂ©signe une pĂ©riode de "redoux" entre deux maxima, il fait nĂ©anmoins partie d'une pĂ©riode de glaciation, les tempĂ©ratures restant froides et les glaciers importants. Il ne doit pas ĂȘtre confondu avec un interglaciaire comme la pĂ©riode actuelle (tempĂ©ratures modĂ©rĂ©es voire chaudes, fonte des glaciers).
  5. Janusz K. Kozlowski, Marcel Otte, « La formation de l’Aurignacien en Europe », L’Anthropologie, volume 104, pages 3-15, (consultĂ© le ).
  6. Marie-HĂ©lĂšne Moncel, Jean-Luc Voisin, « Les « industries de transition » et le mode de spĂ©ciation des groupes nĂ©andertaliens en Europe entre 40 et 30 ka », Comptes Rendus Palevol, volume 5, issues 1–2, pages 183-192, (consultĂ© le ).
  7. M. Kaczanowska et al., « La fin du PalĂ©olithique moyen et le dĂ©but du PalĂ©olithique supĂ©rieur en GrĂšce : la sĂ©quence de la Grotte 1 de Klissoura », L’Anthropologie, volume 105, issue 4, pages 469-504, .
  8. Jean-Luc Voisin, « Mais qui sont les responsables des industries de transition, Néandertaliens ou Hommes modernes ? », Hominidés.com (consulté le ).
  9. Stefano Benazzi, Katerina Douka, Cinzia Fornai, Catherine C. Bauer, Ottmar Kullmer, Jiƙí Svoboda, IldikĂł Pap, Francesco Mallegni, Priscilla Bayle, Michael Coquerelle, Silvana Condemi, Annamaria Ronchitelli, Katerina Harvati, Gerhard W. Weber, « Early dispersal of modern humans in Europe and implications for Neanderthal behaviour », Nature, volume=479, numĂ©ro 7374, pages 525–528, (consultĂ© le ).
  10. Arturo Palma di Cesnola, « Le PalĂ©olithique supĂ©rieur en Italie Â», Ă©ditions JĂ©rĂŽme Millon, 490 pages, 2001.
  11. Francesco G. Fedele, « The Campanian Ignimbrite Eruption, Heinrich Event 4, and Palaeolithic Change in Europe: A High‐Resolution Investigation », chapitre du livre "volcanism and Earth's atmosphere", .

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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