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Grotte du Cheval (Italie)

La Grotte du Cheval (en italien Grotta del Cavallo) est une grotte calcaire située dans la région des Pouilles, en Italie, près de Nardò. On y a trouvé, dans une couche datée du Paléolithique supérieur initial, des outils lithiques attribués à une industrie dite de transition, appelée l'Uluzzien, ainsi que deux dents humaines déciduales, aujourd'hui attribuées à Homo sapiens, mais dont l'association éventuelle avec l'industrie uluzzienne demeure discutée.

Grotte du Cheval
(it) Grotta del Cavallo
La grotte du Cheval, surplombant la mer
Localisation
Coordonnées
40° 09′ 18″ N, 17° 57′ 36″ E
Adresse
Localité voisine
Caractéristiques
Occupation humaine
environ 45 000 ans AP (Uluzzien)
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
GĂ©olocalisation sur la carte : Pouilles
(Voir situation sur carte : Pouilles)

Historique

La grotte du Cheval a été découverte en 1960, et deux campagnes de fouilles ont suivi, de 1963 à 1966, puis de 1986 à 2008. Elle a été perturbée par des pillards pendant la période séparant les deux vagues de fouilles, endommageant les couches correspondant au Paléolithique supérieur. La grotte a donc été interdite au public[1].

Description

La grotte se situe quinze mètres au-dessus du niveau actuel de la mer. Elle présente une entrée arrondie large de cinq mètres et haute de deux mètres, surplombant la mer.

Stratigraphie

La grotte contient une riche succession stratigraphique de 7 mètres de hauteur, qui s'est dĂ©posĂ©e au-dessus d'une plage formĂ©e durant une pĂ©riode interglaciaire. La partie la plus Ă©paisse correspond au PalĂ©olithique moyen, associĂ© Ă  la culture nĂ©andertalienne du MoustĂ©rien. La couche D-E, datĂ©e du PalĂ©olithique supĂ©rieur initial, a livrĂ© une industrie lithique dite de transition, intermĂ©diaire entre le MoustĂ©rien et l'Aurignacien, qu'on a dĂ©nommĂ©e par la suite l'Uluzzien, et que l'on ne connait Ă  ce jour qu'en Italie et en Grèce.

Stratigraphie[2] :

Restes humains

En 1964, deux dents de lait humaines (des prémolaires) sont découvertes dans la couche D-E. En 1967, les chercheurs les décrivent comme étant d'origine néandertalienne, et supposent que les outils de pierre et les décorations de perles uluzziens représentent donc une culture néandertalienne[3] - [4]. L'Uluzzien ressemble au Châtelperronien, trouvé en France et en Espagne au début du Paléolithique supérieur, et qui est généralement attribué aux Néandertaliens, bien que cela soit encore discuté[5] - [6].

En 2011, une Ă©quipe de chercheurs, dirigĂ©e par Stephano Benazzi, du DĂ©partement d'Anthropologie de l'universitĂ© de Vienne, publie une Ă©tude dans la revue Nature, qui conclut que les dents ne sont pas d'origine nĂ©andertalienne, mais appartiennent Ă  Homo sapiens et datent de 45 000 Ă  43 000 ans AP. Selon Benazzi, ces rĂ©sultats permettent de soutenir l'hypothèse selon laquelle l'Uluzzien ne doit pas ĂŞtre attribuĂ© aux NĂ©andertaliens mais Ă  Homo sapiens[7] - [4]. Ces vestiges d'Homo sapiens passaient pour ĂŞtre les plus anciens connus en Europe[8], avant la dĂ©couverte publiĂ©e en 2020 de restes fossiles d'Homme moderne d'environ 45 000 ans, dĂ©couverts dans la grotte de Bacho Kiro, en Bulgarie, et dont la datation est mieux Ă©tablie[9].

L'attribution des dents à Homo sapiens est généralement acceptée par la communauté scientifique, mais leur association avec l'industrie uluzzienne est contestée, car les dents auraient pu glisser dans une couche plus profonde et plus ancienne au cours du temps[2] - [10]. Savoir qui sont les auteurs de l'Uluzzien demeure donc un sujet de débat parmi les chercheurs.

Notes et références

  1. (en) S. Benazzi et al., « Grotta del Cavallo : Description of the site and history of excavations », Nature : Supplementary Information,‎ (lire en ligne)
  2. (en) JoĂŁo ZilhĂŁo (es), William E. Banks, Francesco d'Errico (en) et Patrizia Gioia, « Analysis of Site Formation and Assemblage Integrity Does Not Support Attribution of the Uluzzian to Modern Humans at Grotta del Cavallo », Plos One, vol. 10, no 7,‎ (DOI 10.1371/journal.pone.0131181).
  3. (en) Marta Camps (Ă©d.), Sourcebook of Paleolithic Transitions. Methods, Theories, and Interpretations, Springer, , p. 385.
  4. (en) Ewen Callaway, « Who were Europe’s first humans ? », sur Nature blog,
  5. (en) Thomas Higham (en), Roger Jacobi (en), Michèle Julien, Francine David, Laura Basell, Rachel Wood (en), William Davies et Christopher Bronk Ramsey (en), « Chronology of the Grotte du Renne (France) and implications for the context of ornaments and human remains within the Chatelperronian », PNAS,‎ (DOI 10.1073/pnas.1007963107).
  6. (en) Paul Mellars (en), « Neanderthal symbolism and ornament manufacture : The bursting of a bubble? », PNAS,‎ (DOI 10.1073/pnas.1014588107).
  7. (en) S. Benazzi et al., « Early dispersal of modern humans in Europe and implications for Neanderthal behaviour », Nature, vol. 479,‎ , p. 525–528 (lire en ligne)
  8. « L'Homme moderne arrivé en Europe plus tôt que prévu », CNRS (communiqué de presse),
  9. (en) Jean-Jacques Hublin, Nikolay Sirakov, Vera Aldeias et al., « Initial Upper Palaeolithic Homo sapiens from Bacho Kiro Cave, Bulgaria », Nature,‎ , p. 299-302 (lire en ligne).
  10. (en) JoĂŁo ZilhĂŁo (es), William Banks, Francesco d'Errico (en) et Patrizia Gioia, « Cogito ergo agenda actionis sum philosophical (and other) transactions on the Grotta del Cavallo, the science of archeology, and the ethics of publication », Researchgate, .

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