Tumulus Saint-Michel
Le tumulus Saint-Michel est un tumulus néolithique situé à Carnac, près du golfe du Morbihan, en Bretagne. Tombe géante (35 000 m3) construite 1 300 ans avant les premières pyramides d'Égypte, ce mausolée mégalithique témoigne avec le cairn de Barnenez (Finistère) et le site de Bougon (Poitou) des débuts du mégalithisme atlantique[2].
Tumulus Saint-Michel | |||||
Le tumulus Saint-Michel | |||||
Présentation | |||||
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Nom local | Tumulus du Mont-Saint-Michel | ||||
Chronologie | Ve millénaire av. J.-C.[1] | ||||
Type | Tumulus | ||||
Période | Néolithique | ||||
Fouille | 1862-1864 & 1900-1907[1] | ||||
Protection | Classé MH (1889) | ||||
Visite | Seul l'extérieur se visite | ||||
Caractéristiques | |||||
Dimensions | 125 × 60 × 10 m[1] | ||||
Mobilier | 36 haches, 97 perles, 10 pendeloques[1] | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 47° 35′ 16″ nord, 3° 04′ 24″ ouest | ||||
Pays | France | ||||
Région | Bretagne | ||||
Département | Morbihan | ||||
Commune | Carnac | ||||
Géolocalisation sur la carte : alignements de Carnac
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
Géolocalisation sur la carte : France
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Éléments historiques
La bataille du tumulus Saint-Michel se déroule pendant la Chouannerie, lors de l'expédition de Quiberon, le , et se termina par une victoire des Chouans commandés par Vincent de Tinténiac sur les Républicains.
Lors de sa première exploration en 1862 par des membres de la société polymathique du Morbihan (René Galles et son cousin Louis Galles, aidés de Julien Lefebvre, préfet du Morbihan), les antiquaires percent un puits sommital et mettent au jour un petit caveau central de 5 m2 renfermant une grande quantité de terreau[3] ainsi que du mobilier funéraire prestigieux : onze haches polies en jadéite, vingt-six en fibrolite et un collier de perles et de pendeloques en variscite[4]. Ces pièces de prestige illustrent la circulation d'objets sur une longue distance (les haches en jadéite proviennent de carrières néolithiques dans le Mont Viso, dans les Alpes italiennes ; les perles en variscite de deux gisements ibériques orientés vers la façade atlantique : Encinasola et Palazuelo de las Cuevas (es)) et un réseau d'échange entre des élites locales, témoignant de l’époque où la région de Carnac était un grand centre européen de pouvoir et de richesses au début du cinquième millénaire marqué par le processus d'affirmation des inégalités sociales[5] - [6].
De 1902 à 1907, l'archéologue Zacharie Le Rouzic fouille à nouveau le tumulus Saint-Michel en perçant des galeries de mine. Une galerie boisée menée à partir de l'Est lui permet de découvrir un second dolmen, des caveaux annexes et une série d'une quinzaine de petits coffres irréguliers renfermant des haches, des poteries néolithiques et des lames de silex. Ces découvertes révèlent ainsi la complexité de ce monument, sans doute réservé à une élite princière et édifié vers , au début du Néolithique[7].
En décembre 2012, à la suite de l'effondrement de plusieurs murs de pierre des galeries, le Centre des monuments nationaux fait clôturer le site et l'interdit au public[8]. En 2014, des travaux sont effectués, et le site est redevenu accessible.
Description
Le tumulus Saint-Michel est formé d'une butte de terre et de pierres : il mesure 125 mètres de long, 60 mètres de large et actuellement 10 mètres de hauteur (le sommet ayant été en partie rasé pour y construire une chapelle dédiée à l'Archange et un calvaire), ce qui en fait le plus grand tumulus de la Bretagne[9] - [10].
Constitué de 35 000 m3 de pierres et de terre, il est recouvert d'une couche de vase marine épaisse en moyenne de 1,60 m (assurant l'étanchéité du noyau central), elle-même recouverte d'une chape de pierre de 80 cm d'épaisseur[11]. Il aurait été construit en plusieurs étapes et aurait nécessité près de 300 000 heures de travail[12].
- Le tumulus et la chapelle Saint-Michel.
- Vue sur le bourg de Carnac depuis le sommet.
- Entrée est de la galerie d'exploration du tumulus (1900-1906).
- Chapelle.
- Calvaire.
Archives et sources
- Plan du tumulus Saint-Michel, par Zacharie Le Rouzic.
- Plan aquarellé du tumulus Saint-Michel, par René Kerviler.
- Le tumulus Saint-Michel (photographie de 1921).
Mobilier archéologique
Le mobilier archéologique du tumulus Saint-Michel est aujourd'hui présenté au Musée de Préhistoire de Carnac, d'un côté ses collections propre et de l'autre un prêt du Musée d'histoire et d'archéologie de la ville de Vannes.
- Haches en jadéite alpine italienne.
- Haches en fibrolite, peut-être hispaniques (région de Madrid).
- Collier en variscite espagnole (en bas à gauche de la vitrine).
Protection
Le tumulus fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1889[13].
Folklore
Selon la légende, le tumulus aurait été le résultat d'un culte dédié à Saint-Michel (d'où le nom de Mont Saint-Michel de Carnac donné au tumulus jusqu'au XIXe siècle), où les habitants auraient dû fournir sac de terre ou sac de pierre en son honneur. En échange, le saint en aurait fait un lieu d'abondance, d'où tombent pièces d'or et d'argent[14].
Références
- Ministère de la Culture, « Le tumulus Saint-Michel », sur Mégalithes du Morbihan (consulté le )
- « Balade mégalithique. Découvrir le tumulus Saint Michel », sur letelegramme.fr, .
- René Galles Fouilles du Mont Saint Michel à Carnac, Septembre 1862, Société Polymathique de Vannes
- Anne-Elisabeth Riskine, Carnac, l'armée de pierres, Imprimerie Nationale, , p. 90.
- Antoine Chancerel, Jean Le Gall, Nicolas Le Maux, Charles-Tanguy Le Roux et Laure Dédouit, « Haches fusiformes et analyses géochimiques : deux nouvelles pistes pour l’étude des haches néolithiques en dolérite », Gallia Préhistoire, no 58,‎ , p. 217-275 (DOI 10.4000/galliap.1006).
- Guirec Querré, Thomas Calligaro, Serge Cassen, « Origine des bijoux néolithiques en callaïs de l’ouest de la France », in Guirec Querré, Serge Cassen et Emmanuelle Vigier (eds), La parure en callaïs du Néolithique européen, Archaeopress, 2019, p.129-199
- Jacques Briard, Dolmens et menhirs de Bretagne, Ed. J.-P. Gisserot, , p. 22.
- « Le tumulus Saint-Michel n'est plus accessible au public », sur ouest-france.fr,
- Eugène Royer et Joël Bigot, Les chapelles bretonnes, Éditions Jean-Paul Gisserot, , p. 17.
- Gérard Le Bouëdec, Morbihan : de la préhistoire à nos jours, Bordessoules, , p. 47.
- « Carnac. Le tumulus Saint-Michel, promontoire historique et spectaculaire », sur letelegramme.fr, .
- Cyrille Chaigneau, « Carnac : sur les traces du royaume disparu », émission Science grand format sur France 5, 7 avril 2022, 50 min 25 s.
- Notice no PA00091140, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Christine Boujot et Emmanuelle Vigier, Carnac et environs : architectures mégalithiques, Éd. du Patrimoine-Centre des monuments nationaux, cop. 2012 (ISBN 978-2-7577-0206-2 et 2-7577-0206-8, OCLC 805058016, lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Richard Bradley, The Significance of Monuments: On the Shaping of Human Experience in Neolithic and Bronze Age Europe, Routledge, Londres, 1998, p. 55-56 (ISBN 9780415152037) (schémas)
- G. de Closmadeuc, Tombeau celtique récemment découvert au Mont Saint-Michel de Carnac, Cauderan, Vannes, 1862, 21 p.
- Zacharie Le Rouzic, Tumulus du mont Saint-Michel : fouilles de 1900 Ã 1906, Lafolye et Lamarzelle, Vannes, 1932, 51 p.
- James Miln, Fouilles faites à Carnac : Morbihan : les Bossenno et le mont Saint-Michel, Paris, Didier, 1877 (en ligne) ;
(en) Excavations at Carnac : Brittany : a record of archaeological researches in the Bossenno and the Mont Saint-Michel, Edinburgh, D. Douglas, 1877 (en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- Le tumulus Saint-Michel (Mégalithes du Morbihan, Ministère de la Culture)
- http://www.morbihan56.fr (Tumulus St Michel)