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Mont Viso

Le mont Viso, ou « le Viso » (en italien Monviso, en occitan mont VĂ­sol ou VĂ­sol), culminant Ă  3 841 mètres, est l'un des plus hauts sommets des Alpes italiennes et le point culminant des Alpes cottiennes. Il se trouve dans la rĂ©gion italienne du PiĂ©mont, Ă  proximitĂ© du Queyras et de la source du PĂ´.

Mont Viso
Vue du mont Viso depuis la Testa di Garitta Nuova.
Vue du mont Viso depuis la Testa di Garitta Nuova.
GĂ©ographie
Altitude 3 841 m[1] - [2]
Massif Alpes cottiennes (Alpes)
CoordonnĂ©es 44° 40′ 03″ nord, 7° 05′ 24″ est[1] - [2]
Administration
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Région Piémont
Province Coni
Ascension
Première , par William Mathews et Frederick William Jacomb, avec Jean-Baptiste Croz et Michel Croz
Voie la plus facile Face sud depuis le refuge Quintino Sella
GĂ©ologie
Roches MĂ©tagabbros, ophiolites
Type Pic pyramidal
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Mont Viso
Géolocalisation sur la carte : Piémont
(Voir situation sur carte : Piémont)
Mont Viso

Toponymie

Son nom Viso vient peut-être de Vesulus ou Vesulo, soit « mont visible ». De fait, côté italien, sa majestueuse et imposante pyramide semble surgir de nulle part, ce qui rend sa silhouette visible et facilement reconnaissable sur une grande distance. François Arnaud, notaire érudit de la vallée de l'Ubaye, qui a beaucoup publié au début du XXe siècle, affirme en citant Pline l'Ancien (Histoire naturelle, livre III, section 16) que les Romains n'ont pas soumis les peuples des Alpes et n'ont nommé sur le versant oriental des Alpes que ce mont caractéristique, Vesulus[3].

GĂ©ographie

Au delà d'une belle rivière, d'une forêt, une chaîne de montagnes ; la plus majestueuse est le mont Viso.
Le mont Viso depuis l'Italie, Ă  Pancalieri. Octobre 2017.

Situation, topographie

Le mont Viso est situé en territoire italien ainsi qu'une grande partie de son massif. Il est entouré par le val Pô (valle Po), la vallée de la Vairaita (valle Varaita) et sur le versant français, par la haute vallée du Guil.

Du haut de ses 3 841 mètres, il domine les Alpes cottiennes, sous-ensemble compris entre les cols frontaliers du Mont-Cenis et de Larche, entre les Alpes grĂ©es au nord et les Alpes maritimes au sud.

Le Viso dĂ©passe remarquablement des sommets environnants, les dominant gĂ©nĂ©ralement de plus de 500 mètres. La seconde plus haute cime dans la rĂ©gion est l'aiguille de Chambeyron, haute de « seulement » 3 412 mètres. Seuls les Écrins rivalisent en altitude, Ă  plus de 60 kilomètres.

Ă€ son pied, prĂ©cisĂ©ment Ă  Pian del Re (2 020 m), dans la haute vallĂ©e du PĂ´, commune de Crissolo, sourd le PĂ´, le plus long fleuve d'Italie, alimentĂ© par les glaciers (actuellement en recul) et les innombrables lacs nichĂ©s aux pied du mont Viso, avec un dĂ©bit relativement stable.

GĂ©ologie

Du point de vue géologique, le mont Viso est un batholite de roches vertes[4].

Le site est réputé sur le plan géologique car c'est un lieu d'observation privilégié des ophiolites, roches de la croûte océanique à l’origine de la formation des Alpes qui témoignent de subductions anté-collision. Le pilier du mont Viso est constitué essentiellement de basalte métamorphisé et de métagabbros éclogites.

Climat

En raison de sa géomorphologie et de sa position, le mont Viso semble « attirer » les brumes de la plaine du Pô. Très souvent, la montagne est dans les nuages dès la fin de la matinée, y compris les jours de beau temps[5].

Histoire

Plus bas, les pentes du Viso furent le siège d'une carrière nĂ©olithique de jade, entre 2 000 et 2 400 mètres d'altitude. Son pic d'exploitation est Ă©valuĂ© Ă  5000 av. J.-C. La jadĂ©ite Ă©tait utilisĂ©e pour fabriquer des haches cĂ©rĂ©monielles, que l'on retrouve dans toute l'Europe occidentale.

Non loin[6] se trouve le pertuis du Viso, premier tunnel creusĂ© sous les Alpes, Ă  la fin du XVe siècle, entre 2 915 et 2 900 m d'altitude (galerie en pente vers le cĂ´tĂ© piĂ©montais). RĂ©alisĂ© Ă  l'initiative de Ludovico II de Saluces pour relier au DauphinĂ© son marquisat et sĂ©curiser la route du sel issu de l'Ă©tang de Berre, ce projet, prĂ©sentĂ© au Parlement de Grenoble, a reçu l'aide du roi de France, Louis XI, du marquis de Montferrat et du seigneur de Provence. AchevĂ© en 1480, après deux annĂ©es de travaux, d'une longueur de 75 mètres, il permettait le passage d'un mulet bâtĂ© et d'un homme courbĂ© et est encore praticable de nos jours. Il permettait d'Ă©viter le difficile col de la Traversette, Ă  2 947 mètres d'altitude, de rĂ©duire de trois jours le trajet de Grenoble Ă  Saluces, en Ă©vitant le duchĂ© de Savoie qui contrĂ´le alors le col du Mont-Cenis, et de raccourcir sensiblement l'itinĂ©raire de la Provence Ă  Turin par rapport au col de Montgenèvre.

La première ascension certaine du mont Viso fut réalisée par William Mathews, Frederick William Jacomb, Michel Croz et Jean-Baptiste Croz, le . Moins d'un an plus tard, le , Francis Fox Tuckett réitérait l'exploit, accompagné des guides Michel Croz de Chamonix, Peter Perren de Zermatt et Bartolomeo Peyrot de Bobbio Pellice, premier Italien à atteindre ce sommet. En 1863, l'ascension victorieuse par Quintino Sella et les guides de la Val Varaita Giovanni Battista Abbà, Raimondo Gertoux et Giuseppe Bodoino allait déboucher sur la fondation du Club alpin italien par Quintino Sella. En 1879, Paul Guillemin et André Salvador de Quatrefages réussirent l'ascension par la face nord-ouest. L'arête orientale a été gravie pour la première fois par Guido Rey en compagnie du guide Antonio Castagneri en avril 1887 tandis que le face nord-est fut conquise par le même Guido Rey en 1898. Aldo Bonacossa réalisa l'ascension directe de la face nord-ouest du mont Viso avec L. Binaghi et Vitale Bramani en 1931.

Des recherches conduites par Olivier Joseph, Paul Billon-Grand, Eugenio Garoglio et Alexandre Nicolas, notamment dans les archives du service historique de la Défense, ont permis de comprendre l’ampleur des travaux conduits sur le terrain par les officiers-géographes aux XVIIIe et XIXe siècles. Selon elles, deux ascensions du mont Viso eurent lieu avant la « première » de William Matthews, dans le cadre des opérations de relevé topographique du territoire du Dauphiné ordonnées par l'État-major en 1751 : la première par les porteurs chargés de monter le matériel nécessaire à l'édification des signaux nécessaires pour effectuer les triangulations, et la seconde par les ingénieurs cartographes afin d'effectuer leurs relevés[7].

Activités

Voie normale
Face ouest du mont Viso, depuis le col Vallante.

La voie normale d'ascension du mont Viso consiste à gravir sa face sud, un parcours sans grande difficulté technique mais très exigeant en raison du terrain et des nombreuses désescalades et assez fréquenté pendant les mois d'été.

Ce versant est classé F (facile) ou PD (peu difficile) selon les conditions d'enneigement.

Au dĂ©part il est nĂ©cessaire de rallier le refuge de Quintino Sella (2 640 m), depuis Pian del Re (Piano della Regina). Il faut ensuite contourner la montagne et franchir le col des Sagnettes (2 991 m) pour se diriger vers la face sud. Ă€ partir du bivouac Lino Andreotti (3 225 m), le mur est attaquĂ© et gravi assez aisĂ©ment, avec des pas d'escalade ne dĂ©passant pas le 3+. L'ascension complète de la voie normale est effectuĂ©e en deux jours : il est conseillĂ© de dormir au refuge Quintino Sella le premier jour (environ 2 heures de marche depuis Pian del Re) puis de partir le lendemain Ă  l'aube car la course se fait dans la journĂ©e (environ 5 heures de marche pour atteindre le sommet). L'ascension entière affiche 2 000 mètres de dĂ©nivelĂ©, auquel il faut rajouter la redescente du col des Sagnettes (environ 150 m). L'arrivĂ©e de la voie normale se fait par la face est.

Un autre dĂ©part est possible depuis Castello (Italie) Ă  1 600 m via le col Agnel (Queyras) sur 2 jours. Ă€ la sortie du village, prendre direction refuge Vallanta puis Ă  l'altitude 2 000 m prendre Ă  droite en direction du bivouac Boarelli (2 830 m, 12 places) par le très raide vallon de la Forciolline qui rejoint les lacs de Forciolline. Du bivouac, prendre la direction du bivouac Andreotti (3 200 m) en rejoignant la voie normale qui vient du refuge Quintino Sella. L'ascension du mont Viso dĂ©bute Ă  ce bivouac.

ArĂŞte est

Une seconde possibilité consiste à gravir en suivant l'arête est. Ce parcours comporte toutefois davantage de difficultés que la voie normale. Elle est cotée PD[8] ou AD-[9] selon les topos. Cette ascension est de l'ordre de l'escalade. Vue sa longueur elle est considérée ADinf en évitant la Tour; sinon D pour la Tour.

À partir du refuge de Quintino Sella, contourner le Grand lac du Viso et se diriger vers l'ouest, jusqu'au pied de la face est. Cet itinéraire présente des passages de deuxième et troisième degré voire quatrième degré si on ne contourne pas la tour de Saint-Robert. Suivre un cheminement d'escalade logique et direct jusqu'au pied de la Tour. Soit l'escalader directement (4a, 4b, 4c) soit l'éviter par un couloir à gauche. Suivre ensuite une ligne directe jusqu'au sommet (5 à 6 h).

Voie Coolidge

Enfin un tout autre parcours, à la fois original et long, emprunte la face nord. Il a été parcouru la première fois par William Auguste Coolidge. Il nécessite de franchir le glacier Coolidge et le couloir du même nom.

Tour du Viso

Depuis de nombreuses années, l'usage s'est diffusé parmi les amateurs de trekking et de randonnée pédestre de réaliser le tour du mont Viso à pied, soit en bivouaquant, soit en passant la nuit dans les refuges. C'est une manière particulièrement agréable de découvrir les facettes de cette montagne, agrémentée par la présence de nombreux lacs d'altitude.

Refuges

Plusieurs refuges alpins situés au pied du mont Viso offrent la possibilité de servir de base pour l'ascension ou bien d'étape lors d'un tour du Viso.

Dans la haute-vallée du Pô :

  • refuge Quintino Sella (it) (2 640 m) ;
  • refuge Vitale Giacoletti (2 741 m).

Dans la haute vallée de la Varaita :

  • refuge Vallanta (2 450 m) ;
  • refuge Gagliardone (2 430 m).

Enfin côté français, dans la vallée du Guil :

  • refuge du Viso (2 460 m) ;
  • bivouac Berardo (it) (2 735 m) ;
  • bivouac Boarelli ou Forciolline (it) (2 810 m) ;
  • bivouac Andreotti (it) (3 225 m) prĂ©sent sur la voie normale mais Ă  n'utiliser qu'en cas d'urgence.

Protection environnementale

Mont Viso *
Image illustrative de l’article Mont Viso
Le mont Viso, octobre 2017.
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Pays Drapeau de la France France, Drapeau de l'Italie Italie
Région française Provence-Alpes-Côte d'Azur
Région italienne Piémont
CoordonnĂ©es 44° 40′ 03″ nord, 7° 05′ 30″ est
Création 2013
Superficie 427 080 ha
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
localisation
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification géographique UNESCO

Le Conseil international de coordination du programme de l'Unesco sur l'Homme et la biosphère (MAB, pour Man and the Biosphere), réuni à Paris du 27 au 30 mai 2013, a décidé d'intégrer le mont Viso au réseau mondial des réserves de biosphère[10]. En juin 2014, cette réserve de biosphère devient une réserve de biosphère transfrontière à cheval entre l'Italie et la France[11].

Dans la littérature et l’art

Huile sur toile, vue du grand belvédère du mont Viso, dans la vallée d'Abriès.

L'imposante silhouette du mont Viso, dominant les sommets avoisinants d'au moins 500 m n'a pas manquĂ© d'impressionner les Ă©crivains. Virgile le dĂ©crit dĂ©jĂ  dans le livre X de l’ÉnĂ©ide, quelques annĂ©es avant notre ère. Dante, en 1314, dans les chants XVI (vers 95) de l'Enfer et VI (50-51) du Paradis, lui emboĂ®te le pas dans la Divine ComĂ©die et PĂ©trarque ne manque pas d'en faire autant. La rĂ©putation du mont franchit les mers puisque le poète anglais du XIVe siècle Geoffrey Chaucer le cite dans Les Contes de Canterbury.

Un dicton populaire en langue piémontaise illustre le caractère imprévisible de la météorologie en montagne :

« Quand che Viso a l'ha 'l capel, o ch'a fà brut o ch'a fà bel;
ma se 'l capel lo quata tut, o ch'a fĂ  bel o ch'a fĂ  brut
»

ce qui signifie à peu près :

« Quand le Viso a le chapeau [la cime est dans les nuages], ou c'est du mauvais, ou c'est du beau [temps] ;
mais si le chapeau le couvre tout [entier], ou c'est du beau, ou c'est du mauvais »

Contrairement aux Suisses qui considèrent que le logo de la sociĂ©tĂ© de production de cinĂ©ma amĂ©ricaine Paramount Pictures est inspirĂ©e du Cervin, la plupart des Italiens y reconnaissent la face est du mont Viso, telle qu'on peut la voir depuis Turin, Ă  60 km environ.

Bibliographie

  • Aristide Albert et Agostino Ferrari, Le Mont Viso., Val-des-Près, Éditions transhumances, , 50 p (ISBN 2-914102-01-1). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • François Arnaud, Appendice complĂ©mentaire et rectificatif de la carte d'État-Major des bassins de l'Ubaye et du Haut Verdon, Mâcon, Imprimerie Protat, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • GĂ©rard Bordes (directeur de la publication), Grande EncyclopĂ©die de la Montagne, t. 8, Paris, Éditions Atlas, , 2400 p. (ISBN 2-7312-0179-7, OCLC 461745836, BNF 34633934).
  • Olivier Joseph, « Les ascensions oubliĂ©es des officiers gĂ©ographes dans les Alpes du Sud, La carte de Bourcet, 1749-1755, la carte gĂ©nĂ©rale de la France, dite carte de l’État-Major, 1823-1830, 1851-54. Recherches menĂ©es par Olivier Joseph et Paul Billon-Grand (France), et par Eugenio Garoglio (CeSRAMP UniversitĂ© de Turin). Avec la collaboration d’Alexandre Nicolas, cartographe. », Revue Annuelle du Club Alpin Français de Maurienne, vol. ComplĂ©ment de la revue 2016,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • Marie-Pascale MallĂ©, « Tunnel dit le « Pertuis du Viso » : Lieu-dit col de la Traversette », Inventaire gĂ©nĂ©ral du patrimoine culture, no IA00124944,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • Jean-Marie Morisset, Les Alpes du soleil. Haut-Var, VĂ©subie, TinĂ©e, Roya, Saint-Jeannet, Ubaye, Queyras, Viso, Paris, DenoĂ«l, coll. « Les 100 plus belles courses et randonnĂ©es », (ISBN 2-207-22492-9).
  • Bernard Ranc et Antoine Pirovano, 3000 sans frontière : Alpes du Sud, La Ravoire, Gap Ă©ditions, (ISBN 978-2-7417-0207-8 et 2-7417-0207-1, BNF 36696984).

Notes et références

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