« Le 27 juin 1795, la flotte anglaise portant les troupes de débarquement, ayant enfin paru dans la baie, nous nous portâmes vers la côte ayant M. de Tinténiac à notre tête. Le bourg de Carnac et la butte de Saint-Michel étaient occupés par les troupes du général républicain Roman. Le général Tinténiac dirigea une colonne sur le bourg et nous marchâmes avec lui vers Saint-Michel où flottait le drapeau tricolore. Mes marins, sans hésitation aucune, montèrent la butte sous le feu de l'ennemi, et nous n'étions devancés que par le général qui y courait de toutes ses forces. A notre arrivée au sommet, les Bleus descendaient rapidement du côté opposé se dirigeant vers le bourg. Aussitôt on fait descendre les insignes de la Révolution, Tinténiac défait ses habits, tire sa chemise, l'attache à la drisse du pavillon, et improvise ainsi le drapeau blanc. Le général m'ordonne de poursuivre les troupes républicaines qui fuient dans la direction de Plouharnel, lui marche vers la côte pour se mettre en communication avec l'escadre. Dans leur fuite, douze soldats de Roman s'étaient dirigés vers le village de Pau et se trouvèrent, d'un côté, coupés par la mer, de l'autre par les miens qui les avaient devancés sur la route de Plouharnel, et ils furent obligés de se rendre : ces militaires étaient armés de carabines que l'on chargeait à coups de marteau, et après leur désarmementje les fis conduire au général ; je continuai la poursuite jusqu'au village du Pontneuf, en Plouharnel, où, tout haletants et trempés de sueur, nous nous arrêtâmes pour nous rafraîchir, et là , je reçus l'ordre de prendre poste au village de Saint-Barbe, en face du fort Penthièvre[1]. »