Totò
Antonio Griffo Focas Flavio Angelo Ducas Comneno Porfirogenito Gagliardi De Curtis di Bisanzio[1] (couramment abrégé en Antonio De Curtis) dit Totò (prononcé : [toˈtɔ]), né Antonio Clemente le à Naples et mort le à Rome, est un acteur comique italien. D'abord actif au théâtre, il devient après-guerre l'une des plus grandes vedettes du cinéma italien. Il demeure encore aujourd'hui très populaire en Italie.
Antonio De Curtis
Nom de naissance | Antonio Clemente |
---|---|
Naissance |
Naples, Campanie, Italie |
Nationalité | Italien |
Décès |
Rome, Latium, Italie |
Profession | Acteur |
Films notables |
Gendarmes et Voleurs Un turco napoletano Misère et Noblesse L'Or de Naples La loi, c'est la loi Le Pigeon Signori si nasce Des oiseaux, petits et gros |
Biographie
Le « vaurien » du rione Sanità
Antonio Vincenzo Stefano Clemente[2] naît le dans le rione Sanità de Naples (quartier considéré comme le centre de la « guapperia (it) » napolitaine[3]), via Santa Maria Antesaecula au troisième étage du numéro 107[4] (quelques mois plus tard, en raison de l'exiguïté de la maison, ils déménagent à quelques mètres de là, au deuxième étage du numéro 109 de via Santa Maria Antesaecula[3] - [5], reconnue aujourd'hui comme la maison historique de Totò), d'une relation clandestine entre Anna Clemente (Palerme, - Naples, ) et Giuseppe De Curtis (Naples, - Rome, ), qui, pour garder le secret, ne le reconnaissent pas dans un premier temps, si bien qu'il est inscrit à l'état civil sous le nom d'« Antonio Clemente, fils d'Anna Clemente et de N. N. »[6] - [3] - [7] - [8].
Solitaire et mélancolique[9] - [10], il grandit dans des conditions extrêmement précaires et montre dès l'enfance une forte vocation artistique qui l'empêche de se consacrer à ses études, si bien qu'à partir de la quatrième classe (équivalent CM1 en France), il est rétrogradé à la troisième (équivalent CE2). Cela ne l'embarrasse guère ; au contraire, il amuse souvent ses camarades de classe avec de petits numéros, des grimaces et des plaisanteries[8]. L'enfant occupe souvent ses journées en observant secrètement les gens, surtout ceux qui lui paraissent plus excentriques, en essayant d'imiter leurs mouvements, ce qui lui vaut le surnom de « 'o spione » (litt. « l'espion »). Cette curieuse méthode d'apprentissage l'a beaucoup aidé à caractériser certains des personnages qu'il a interprétés au cours de sa carrière[11].
Après avoir terminé l'école primaire, on l'inscrit à l'internat Cimino, où un incident banal avec l'un des tuteurs, qui le frappe involontairement du poing, lui déforme le nez et le menton. Cette altération morphologique faciale sera déterminante dans l'élaboration de son « masque bouffe »[11]. Il ne progresse pas à l'internat et décide d'abandonner prématurément ses études, sans avoir obtenu son certificat d'études secondaires[12]. Sa mère souhaitant qu'il soit prêtre[8], il fréquente d'abord la paroisse en tant qu'enfant de chœur ; mais, encouragé par ses premiers succès dans des petits spectacles qu'il accomplissait en famille ou en petit comité d'amis (appelés « periodiche » à Naples[13]) et attiré par les spectacles de variétés, il commence en 1913, encore très jeune, à fréquenter les théâtres de banlieue en jouant — sous le pseudonyme de « Clerment »[14] — des macchiettas et des imitations du répertoire de Gustavo De Marco (it), un artiste napolitain caractérisé par son talent d'imiteur et ses gestes amples, semblables à ceux d'une marionnette[13]. C'est sur ces théâtres de banlieue qu'il rencontre des acteurs comme Eduardo De Filippo, Peppino De Filippo et les musiciens Cesare Andrea Bixio et Armando Fragna[15].
Pendant les années de la Première Guerre mondiale, il s'engage comme volontaire dans l'armée royale. Il est affecté au 22e régiment d'infanterie Cremona et stationné d'abord à Pise puis à Pescia[16], puis transféré au 182e bataillon de milice territoriale, une unité stationnée dans le Piémont, mais destinée à partir pour le front français[17]. À la gare d'Alexandrie, le commandant de son bataillon l'arme d'un couteau et l'avertit qu'il devra partager ses quartiers dans le train avec une unité de soldats marocains aux mœurs sexuelles étranges et redoutées. Totò, terrifié, tombe malade[18] (selon certaines rumeurs, il aurait improvisé une crise d'épilepsie) et se fait admettre à l'hôpital militaire local, évitant ainsi de partir pour la France[19]. Il reste en observation pendant une courte période et, à sa sortie de l'hôpital, il est incorporé au 88e régiment d'infanterie Friuli stationné à Livourne[20] ; c'est précisément pendant cette période qu'il subit les sévices et les humiliations continuels d'un gradé ; de cette expérience est née la célèbre devise de l'acteur : « Siamo uomini o caporali? » (litt. « Sommes-nous des hommes ou des caporaux ? »)[18] - [20] - [21].
Les débuts dans la variété
Après son service militaire, il veut devenir officier de marine mais, ne supportant pas la discipline[22], il s'enfuit de chez lui pour reprendre son activité de dessinateur ; il est engagé par l'impresario Eduardo D'Acierno (son sketch Il bel Ciccillo est devenu célèbre, remis au goût du jour en 1949 dans le film Yvonne la Nuit) et connaît son premier succès à la Sala Napoli, un dancing mineur de la capitale de la Campanie, grâce à une parodie de la chanson d'E. A. Mario Vipera, intitulée Vicolo[23], qu'il avait autrefois entendue interprétée au Teatro Orfeo par l'acteur Nino Taranto, auquel il demanda s'il pouvait la lui « voler »[24].
Au début des années 1920, Giuseppe De Curtis reconnaît Totò comme son fils et régularise la situation familiale en épousant sa mère[25] - [13] - [8]. Réunie, la famille s'installe à Rome, où Totò, au grand dam de ses parents, est engagé comme « straordinario »[19] — c'est-à-dire un comédien remplaçant à utiliser occasionnellement et bénévolement — dans la troupe de l'impresario Umberto Capece, un groupe d'acteurs médiocres et indolents[26]. Il entre ainsi dans la commedia dell'arte et se fait particulièrement apprécier du public en incarnant sur scène l'antagoniste de Polichinelle[26] - [27]. Cependant, le jeune homme doit faire quelques sacrifices pour se rendre au théâtre : n'ayant même pas l'argent pour un billet de tramway, il doit partir de Piazza Indipendenza pour se rendre à Piazza Risorgimento, à l'autre bout de la ville ; à cet égard, pendant la saison hivernale, il demande quelques pièces à l'impresario Capece, qui, d'une manière exagérément brusque et inattendue, le renvoie et le remplace instantanément par un autre « straordinario »[26] - [27]. L'épisode fut un coup dur pour Totò, qui, consterné, quitta le théâtre à contrecœur après avoir récupéré ses effets[26].
Pendant cette brève période de chômage, Totò est totalement découragé et son moral ne remonte que lorsqu'il parvient à gagner un peu d'argent en se produisant dans de petites salles ; au cours de ces expériences, il décide de se concentrer sur le genre théâtral qu'il aime le plus : la variété[28]. Il envisage de se présenter à l'auteur dramatique napolitain Francesco De Marco (célèbre pour ses représentations théâtrales extravagantes), mais se ravise à la dernière minute, probablement par manque d'assurance[28].
L'acteur commence à réfléchir à l'idée de se produire seul et décide donc de garder Gustavo De Marco (sans lien de parenté avec le comédien en chef Francesco) comme modèle d'inspiration, que Totò, en s'exerçant devant le miroir, est capable d'imiter sans effort particulier[28]. Dès qu'il se sent prêt, il décide de faire un essai au théâtre Ambra Jovinelli, qui est à l'époque le haut lieu des spectacles de variétés, où se sont produits des artistes comme Ettore Petrolini, Raffaele Viviani, Armando Gill, Gennaro Pasquariello, Alfredo Bambi et De Marco lui-même[28]. Sous le coup de l'émotion, il se présente au propriétaire du théâtre, Giuseppe Jovinelli, un homme rude, connu et respecté pour s'être affronté dans le passé à un petit chef de la pègre locale. La brève entrevue se déroule de manière inattendue et Totò, à sa grande joie et à son incrédulité, est sélectionné[28]. Il débute avec trois macchiettas de De Marco : Il bel Ciccillo, Vipera et Il Paraguay, qui remportent un grand succès auprès du public et suscitent un enthousiasme impensable de la part de Jovinelli[28]. Le comédien signe un contrat prolongé avec le propriétaire, qui le fait souvent jouer dans diverses parties du spectacle et organise même un match fictif entre lui et le boxeur Oddo Ferretti[28].
Cependant, la reconnaissance publique obtenue au théâtre ne compense pas le mode de vie de l'artiste : le salaire est très bas et il ne peut même pas s'offrir des vêtements élégants et des accessoires raffinés (auxquels il tient beaucoup) ou une coupe de cheveux distinctive avec des favoris comme ceux de Rodolfo Valentino[29]. À cette époque, il se lie d'amitié avec un barbier, Pasqualino, qui, connaissant le milieu théâtral et indulgent à l'égard de la situation financière du jeune homme, parvient à le faire engager par Salvatore Cataldi et Wolfango Cavaniglia, les propriétaires du teatro Sala Umberto (it)[29].
Totò renouvelle sa garde-robe (qui consistait jusqu'alors en une seule tenue de scène, de plus en plus usée) : un chapeau melon usé, un costume du matin trop grand, une chemise piteuse à col bas, un lacet en guise de cravate, un pantalon court et ample, des chaussettes de couleur et de simples chaussures plates noires[13] - [30]. Le soir de la première, l'acteur était à son meilleur, se livrant à des expressions faciales, des pirouettes, des calembours et l'éternelle macchietta de Gustavo De Marco. Au milieu des bis et des applaudissements[29], l'expérience du Sala Umberto I marque l'intronisation définitive de Totò dans le théâtre de variétés[30].
Entre 1923 et 1927, il se produit dans les principaux cafés-concerts d'Italie et se fait un nom dans tout le pays[30]. Grâce à l'augmentation de ses revenus, il peut enfin se permettre de porter des vêtements élégants et de soigner davantage son apparence physique, avec des cheveux coiffés et des favoris à la Rodolfo Valentino[31] ; c'est une période faste surtout en ce qui concerne les femmes, avec lesquelles il a une série d'aventures (surtout avec des « sciantosa (it) » et des ballerines), si bien qu'il acquiert bientôt la réputation d'un véritable « coureur de jupons »[31]. Avant de commencer un de ses spectacles, il jetait toujours un coup d'œil dans le public à la recherche de la « belle de service » à qui il dédierait son spectacle[24] - [32], et qui le plus souvent, après plusieurs soirées, le rejoignait dans sa loge à l'entracte ou à la fin du spectacle[24].
En 1927, il est engagé par Achille Maresca, propriétaire de deux compagnies différentes ; Totò rejoint d'abord la compagnie dont Isa Bluette, l'une des soubrettes les plus en vogue de l'époque, est prima donna, puis, à partir de 1928, celle d'Angela Ippaviz ; les auteurs sont « Ripp » (Luigi Miaglia) et « Bel Ami » (Anacleto Francini)[33]. Dans la première compagnie, il rencontre Mario Castellani, destiné à devenir plus tard l'un de ses partenaires les plus fidèles et les plus appréciés[33] - [34].
En 1929, alors qu'il se trouve à La Spezia avec la compagnie d'Achille Maresca, il est contacté par le baron Vincenzo Scala, propriétaire de la billetterie du Teatro Nuovo de Naples, envoyé par l'impresario Eugenio Aulicio pour l'engager comme vedette dans quelques spectacles de Mario Mangini et Eduardo Scarpetta, dont Miseria e nobiltà, Messalina et I tre moschettieri (où il joue D'Artagnan), aux côtés de Titina De Filippo[33] - [35]. Messalina est restée particulièrement dans les mémoires du public, Totò ayant improvisé un sketch dans lequel il grimpait le long du rideau en faisant des grimaces et des ricanements aux spectateurs, qui s'extasiaient[33] - [36].
Liliana Castagnola
Cependant, les satisfactions professionnelles de l'acteur ne vont pas de pair avec ses satisfactions sentimentales : malgré ses succès féminins et ses nombreuses aventures, il ne se sent pas comblé. Jusqu'à ce que Liliana Castagnola (it) fasse irruption dans sa vie, que Totò aperçoit sur quelques photographies dans une robe de scène aguichante et qui l'impressionne immédiatement[32]. Jusqu'alors, Castagnola avait été un sujet constant de l'actualité mondaine : elle avait été expulsée de France pour avoir incité deux marins à se battre en duel[33], et l'un de ses amants jaloux s'était suicidé après lui avoir tiré deux coups de pistolet, dont l'un l'avait blessée au visage, lui laissant un fragment de balle dans la chair qui lui causait de vives douleurs, et pour lesquelles elle prenait des tranquillisants[37]. À cause de la cicatrice, bien que légère, elle adopte une coupe au carré qui couvre ses joues et son front[32].
Elle arrive à Naples en , engagée par le Teatro Nuovo ; intriguée par le spectacle de l'artiste napolitain, elle se présente un soir à l'un de ses spectacles. Totò ne manque pas l'occasion et commence à la courtiser en lui envoyant des bouquets de roses avec un mot d'admiration à la pension d'artistes où elle habite, ce à quoi elle répond par une lettre d'invitation[32] - [33]. C'est le début d'une histoire d'amour intense, bien que brève et tourmentée. Bien qu'elle soit une femme fatale sur scène et dans la vie réelle, Castagnola éprouve un sentiment sincère et passionné pour l'artiste napolitain, recherchant une relation stable et durable[37].
Après une première phase joyeuse, les problèmes de jalousie commencent : Totò ne supporte pas l'idée que Liliana soit courtisée par des admirateurs lors de ses tournées et cela lui fait craindre d'être cocufié[32], ce qui donne lieu à des querelles incessantes. Tous deux sont alors victimes de ragots et de commérages ; elle entre dans un profond état dépressif et leur relation se détériore. Liliana, qui éprouve un sentiment d'attachement passionnel à l'égard de son homme, propose, pour rester proche de lui, de s'inscrire dans sa propre compagnie[32], mais Totò, se sentant oppressé par son comportement, est à plusieurs reprises sur le point de la quitter, jusqu'à ce qu'il décide d'accepter un contrat avec la compagnie de soubrettes Cabiria, qui l'emmènera à Padoue[33].
L'épilogue tragique de cette relation survient quand Liliana, se sentant abandonnée par son bien-aimé, se suicide en avalant un tube entier de somnifères[32]. Elle est retrouvée morte dans sa chambre d'hôtel, avec à ses côtés une lettre d'adieu à Totò[32] - [38] :
« Antonio, potrai dare a mia sorella Gina tutta la roba che lascio in questa pensione. Meglio che se la goda lei, anziché chi mai mi ha voluto bene. Perché non sei voluto venire a salutarmi per l'ultima volta? Scortese, omaccio! Mi hai fatto felice o infelice? Non so. In questo momento mi trema la mano... Ah, se mi fossi vicino! Mi salveresti, è vero? Antonio, sono calma come non mai. Grazie del sorriso che hai saputo dare alla mia vita grigia e disgraziata. Non guarderò più nessuno. Te l'ho giurato e mantengo. Stasera, rientrando, un gattaccio nero mi è passato dinnanzi. E, ora, mentre scrivo, un altro gatto nero, giù per la strada, miagola in continuazione. Che stupida coincidenza, è vero?... Addio. Lilia tua. »
« Antonio, tu peux donner à ma sœur Gina toutes les affaires que je laisse dans cette pension. Mieux vaut que ce soit elle qui en profite plutôt que ceux qui ne m'ont jamais aimé. Pourquoi n'es-tu pas venu me dire au revoir pour la dernière fois ? Espèce de grossier personnage ! M'as-tu rendu heureuse ou malheureuse ? Je n'en sais rien. En ce moment, ma main tremble... Ah, si tu étais près de moi ! Tu me sauverais, n'est-ce pas ? Antonio, je suis toujours aussi calme. Merci pour le sourire que tu as donné à ma vie morne et misérable. Je ne regarderai plus jamais personne. Je te l'ai juré et je m'y tiens. Ce soir, en rentrant, un chat noir est passé devant moi. Et maintenant, alors que j'écris, un autre chat noir, en bas de la rue, miaule sans cesse. Quelle stupide coïncidence, n'est-ce pas ?... Adieu. Ta Lilia. »
Totò, qui retrouve le corps sans vie de la femme le lendemain matin, est anéanti. Toute sa vie, il fut habité par le poids de la responsabilité, l'incompréhension de l'intensité de ses sentiments et le remords d'avoir pensé que « puisqu'elle avait déjà eu beaucoup d'hommes, il pouvait lui-même avoir des rapports avec elle sans assumer aucune responsabilité »[39]. Il décide de l'enterrer dans la chapelle des De Curtis à Naples, dans la tombe au-dessus de la sienne[18] et déclare que, s'il avait une fille, au lieu de la baptiser du nom de sa grand-mère paternelle Anna (selon la coutume napolitaine), il lui donnerait le nom de Liliana, comme il l'a fait pour sa fille Liliana de Curtis (it)[32] - [37] - [40]. Totò a également conservé un mouchoir imbibé de rimmel qu'il avait ramassé le matin de la découverte du corps de Liliana, avec lequel elle avait probablement essuyé ses larmes alors qu'elle attendait la mort[37] - [40].
Conformément à l'engagement qu'il avait déjà pris, il part le soir même pour une tournée avec la compagnie à Padoue. Nous sommes en mars 1930. De retour à Rome le mois suivant, il se produit à nouveau dans plusieurs spectacles à la Sala Umberto I, où il revisite son répertoire de macchietta et essaye de nouvelles créations, se faisant également passer pour Charlot, en hommage à Charlie Chaplin[33]. Il retourne ensuite travailler avec l'impresario Maresca, avec lequel il entame une nouvelle tournée en jouant ses succès des années précédentes[33].
L'avanspettacolo et les premiers pas au cinéma
Toujours en 1930, Stefano Pittaluga, qui vient de produire La Dernière Berceuse (le premier film sonore italien) via la Cines, cherche de nouveaux visages à porter au grand écran. Les talents comiques de Totò ne lui échappent pas et, comme il est sur le point de produire un film (Il ladro disgraziato), il le fait auditionner[41]. Le film ne verra jamais le jour, en partie parce que le réalisateur veut que Totò imite Buster Keaton, une idée qui ne plaît pas à l'acteur[42].
En 1932, il devient le directeur artistique de sa propre troupe spécialisée dans l'avanspettacolo[35], un genre théâtral qui se popularise en Italie jusqu'en 1940[43]. Lors d'une tournée à Florence, il rencontre Diana Bandini Rogliani (it), alors âgée de 16 ans (le jeune âge de la jeune fille suscite d'abord quelques réticences de sa part[44]), avec laquelle il a peu après une fille qu'il baptise Liliana, en hommage à la défunte Castagnola (it)[43].
Les années 1930 sont une période faste pour le comédien qui, même s'il ne gagne pas beaucoup d'argent, se sent professionnellement établi : il monte, avec son premier acolyte Guglielmo Inglese (plus tard Eduardo Passarelli)[42], de nombreux spectacles dans toute l'Italie. Sur la base de scénarios souvent approximatifs, Totò peut donner libre cours aux ressources créatives de son humour surréaliste, avec des mimiques grotesques et des déformations/inventions linguistiques, allant jusqu'à jouer Don Quichotte avec un déguisement de soubrette[43] ; il apprend ainsi l'art du « guitto (it) », c'est-à-dire ces acteurs qui jouent sans scénario bien établi (de nombreuses macchiette qu'il reproposera plus tard dans son répertoire cinématographique : Le Fou, Le Chirurgien, Le Mannequin)[43], un art auquel Totò ajoute des caractéristiques qui lui sont propres, aussi prompt à se moquer des puissants qu'à exalter les besoins et les instincts primaires de l'homme : la faim, la sexualité, la santé mentale[45], exprimant tout cela avec des calembours bien marqués mais sans tomber dans la vulgarité[11] - [46] - [47]. Le fait qu'il ait vécu dans la pauvreté pendant des années a façonné cette forme d'expression ; il était lui-même d'avis que « la misère est le scénario de la vraie comédie... » et qu'« on ne peut être un vrai comique sans avoir fait la guerre à la vie »[11] - [48]. Il a ainsi développé son propre personnage d'acteur original, devenant l'un des principaux acteurs de la saison dans l'avanspettacolo[43].
En 1934, il s'installe à Rome avec sa fille Liliana et sa compagne Diana Rogliani (it) (dont il est obsessionnellement jaloux), qu'il épouse en avril de l'année suivante[43]. C'est à cette époque que plusieurs personnalités importantes tentent de l'imposer au cinéma : parmi elles, Umberto Barbaro et Cesare Zavattini[43], qui essaient de lui confier le rôle de Blim dans le film Je donnerai un million de Mario Camerini, rôle qui revient à Luigi Almirante[42]. Ces projets n'aboutissant pas, les vrais débuts ont lieu en 1937 avec Fermo con le mani : le producteur Gustavo Lombardo, fondateur de Titanus, engage Totò après l'avoir remarqué alors qu'il déjeunait dans un restaurant de Rome[49]. La réalisation est confiée au metteur en scène Gero Zambuto. Le film, dont l'intention première était de proposer au public italien une alternative au personnage de Charlot, fut conçu avec de très maigres moyens et ne connut pas un grand succès[11].
Biographie/suite
En 1933, alors qu'il est déjà un acteur reconnu au théâtre, il se fait légalement adopter par un aristocrate, le marquis Francesco Maria Gagliardi Focas, ce qui lui permet ensuite, alors qu'il a grandi dans la pauvreté, de porter à l'état-civil le nom complet de Antonio Griffo Focas Flavio Angelo Ducas Comneno Porfirogenito Gagliardi De Curtis di Bisanzio. Il peut ainsi faire reconnaître une impressionnante série de titres de noblesse, hérités de son père adoptif, parmi lesquels prince, comte palatin, duc de Macédoine, exarque de Ravenne et chevalier du Saint-Empire[50].
Il apparaît pour la première fois au cinéma en 1937 avec Fermo con le mani ! de Gero Zambuto, qui sera suivi en 1939 de Animali pazzi de Carlo Ludovico Bragaglia et en 1940 de Totò, apôtre et martyr (San Giovanni decollato) d'Amleto Palermi.
Ces films sans grand succès le poussent à continuer au théâtre où il obtient des accueils triomphaux dans des spectacles mis en scène par Antonio Galdieri et où, parfois, il donne la réplique à Anna Magnani.
En 1947, Mario Mattoli lui ouvre la voie du succès sur pellicule avec Les Deux Orphelins (I due orfanelli). Il va, dès lors, travailler de plus en plus pour le cinéma, ce qui l'amènera à quitter petit à petit les planches.
Au cours de sa carrière il joua dans plus de cent films. Ses nombreux rôles comiques lui assurèrent une grande notoriété. Il jouera aux côtés de grands noms du cinéma italiens tels que Paolo Stoppa, Titina De Filippo, Peppino De Filippo, Aldo Fabrizi, Giovanna Ralli, Gino Cervi, Vittorio De Sica, Silvana Pampanini, Erminio Macario (un autre grand acteur burlesque de l'époque), Anna Magnani, Marisa Merlini, Sandra Milo, Alberto Sordi, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Renato Salvatori, Carla Gravina, Claudia Cardinale, Marcello Mastroianni, Silvana Mangano ainsi que de célèbres acteurs internationaux tels que Joséphine Baker, Mistinguett, Fernandel, Louis de Funès, Jean-Claude Brialy, Jean Rochefort, Claudine Auger, Viviane Romance, Orson Welles ou Ben Gazzara. De grands réalisateurs italiens l'ont fait travailler comme Mario Monicelli, Steno, Luigi Comencini, Mario Costa, Lucio Fulci, Sergio Corbucci, Dino Risi, Alessandro Blasetti, Vittorio De Sica, Roberto Rossellini et Pier Paolo Pasolini.
Aveugle de l'œil gauche depuis 1938 à la suite d'un décollement de rétine, Totò est victime en 1957 d'une maladie de l'œil droit. Il reste aveugle durant un an, puis récupère partiellement la vue, ce qui lui permet de recommencer à travailler. Du fait de ses problèmes de vision, il doit renoncer définitivement au théâtre, mais tourne pour le cinéma jusqu'à la fin de sa vie.
À la fin de sa vie, il tourne à trois reprises avec Pier Paolo Pasolini. La première de leurs collaborations, Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini), vaut à Totò une mention spéciale au Festival de Cannes 1966.
Auteur également de chansons à succès, la plus célèbre étant sûrement Malafemmena (it) (littéralement « la mauvaise femme ») en 1951, ainsi que de poésies napolitaines parues dans le recueil 'A livella[51] en 1964.
Totò est mort d'une crise cardiaque, le , à Rome, à l'âge de 69 ans.
Franc-maçon, il a été membre dès 1945 de la loge maçonnique « Fulgor » de Naples, et il a fondé la loge « Fulgor Artis », dont il a été vénérable maître, deux loges de l'obédience de la Serenissima Gran Loggia Nazionale italiana[52].
Filmographie
Totò a joué dans pas moins de 97 films pour le grand écran de 1937 à sa mort (en 1967), presque toujours en tant qu'acteur principal, pour une moyenne de plus de 4 par an (un chiffre qui ne tient pas compte de son interruption pendant la guerre). Il a travaillé avec 42 réalisateurs différents[53], ceux avec lesquels il a produit le plus étant Mario Mattoli (16 films), Steno (14 films), Camillo Mastrocinque (11 films), Sergio Corbucci (7 films), Mario Monicelli (7 films) et Carlo Ludovico Bragaglia (6 films)[53]. En outre, il faut également tenir compte d'un nombre important de projets qui n'ont jamais été réalisés[54].
Acteur de cinéma
- 1935 : Fermo con le mani de Gero Zambuto : comte Totò di Torretora
- 1937 : Animali pazzi de Carlo Ludovico Bragaglia : baron Tolomeo dei Tolomei
- 1940 : Totò, apôtre et martyr (San Giovanni decollato) d'Amleto Palermi et Giorgio Bianchi : maître Agostino Miciacio
- 1941 : L'allegro fantasma d'Amleto Palermi
- 1943 : Due cuori fra le belve (it) de Giorgio Simonelli
- 1943 : Arcobaleno (it) de Giorgio Ferroni
- 1945 : Il ratto delle sabine (it) de Mario Bonnard
- 1947 : Les Deux Orphelins (I due orfanelli) de Mario Mattoli avec Luigi Almirante : Gasparre
- 1948 : Totò au Tour d'Italie (Totò al giro d'Italia) de Mario Mattoli
- 1948 : Arènes en folie (Fifa e arena) de Mario Mattoli
- 1949 : Yvonne la Nuit de Giuseppe Amato : Nino, le fantaisiste
- 1949 : L'Empereur de Capri (L'imperatore di Capri) de Luigi Comencini
- 1949 : Les Pompiers chez les pin-up (I pompieri di Viggiù) de Mario Mattoli
- 1949 : Totò cherche un appartement (Totò cerca casa) de Mario Monicelli et Steno
- 1949 : Totò le Moko de Carlo Ludovico Bragaglia
- 1950 : Naples millionnaire (Napoli milionaria) d'Eduardo De Filippo : Pasquale Miele
- 1950 : Deux Légionnaires au harem (Totò sceicco) de Mario Mattoli
- 1950 : Quarantasette morto che parla de Carlo Ludovico Bragaglia
- 1950 : Figaro qua, Figaro là (it) de Carlo Ludovico Bragaglia
- 1950 : Les Six Femmes de Barbe Bleue (Le sei mogli di Barbablù) de Carlo Ludovico Bragaglia
- 1950 : Totò cherche une épouse (Totò cerca moglie) de Carlo Ludovico Bragaglia
- 1950 : Totò Tarzan (Tototarzan) de Mario Mattoli
- 1951 : Gendarmes et Voleurs (Guardie e ladri) de Mario Monicelli et Steno : Ferdinando Esposito
- 1951 : Sette ore di guai de Marcello Marchesi et Vittorio Metz
- 1951 : Totò e i re di Roma de Mario Monicelli et Steno
- 1951 : Totò terzo uomo de Mario Mattoli
- 1952 : Totò et les femmes de Mario Monicelli et Steno
- 1952 : Totò en couleurs (Totò a colori) de Steno
- 1953 : Il più comico spettacolo del mondo de Mario Mattoli
- 1953 : Un turco napoletano de Mario Mattoli
- 1953 : Totò, Peppino e una di quelle d'Aldo Fabrizi
- 1953 : L'uomo, la bestia e la virtù de Steno : professeur Paolino
- 1954 : L'Or de Naples (L'oro di Napoli) de Vittorio De Sica, segment La Gouape (Il guappo) : Don Saverio Petrillo
- 1954 : Où est la liberté ? (Dov'è la libertà ?) de Roberto Rossellini : Salvatore Lojacono
- 1954 : Misère et Noblesse (Miseria e nobiltà) de Mario Mattoli
- 1954 : Quelques pas dans la vie (Tempi nostri) d'Alessandro Blasetti et Paul Paviot
- 1954 : Il medico dei pazzi de Mario Mattoli
- 1954 : Questa è la vita segment La patente de Luigi Zampa
- 1954 : Totò en enfer (Totò all'inferno) de Camillo Mastrocinque
- 1954 : Totò cerca pace de Mario Mattoli
- 1954 : Les Trois Voleurs (I tre ladri) de Lionello De Felice
- 1955 : Cette folle jeunesse (Racconti romani) de Gianni Franciolini
- 1955 : Carrousel des variétés (Carosello del varietà) d'Aldo Bonaldi et Aldo Quinti
- 1955 : Il coraggio de Domenico Paolella
- 1955 : Destinazione Piovarolo (it) de Domenico Paolella
- 1955 : Siamo uomini o caporali de Camillo Mastrocinque
- 1955 : Totò e Carolina de Mario Monicelli
- 1956 : Totò faux-monnayeur (La banda degli onesti) de Camillo Mastrocinque
- 1956 : Totò quitte ou double (Totò lascia o raddoppia?) de Camillo Mastrocinque
- 1956 : Totò, Peppino et les hors-la-loi (Totò, Peppino e i fuorilegge) de Camillo Mastrocinque
- 1956 : Totò, Peppino et la danseuse (Totò, Peppino e... la malafemmina) de Camillo Mastrocinque
- 1957 : Dites 33 (Totò, Vittorio e la dottoressa) de Camillo Mastrocinque
- 1958 : La loi, c'est la loi (La legge è legge) de Christian-Jaque : Giuseppe La Paglia
- 1958 : Le Pigeon (I soliti ignoti) de Mario Monicelli : Dante Cruciani
- 1958 : Totò nella luna de Steno
- 1958 : Mon gosse (Totò e Marcellino) d'Antonio Musu
- 1958 : Jambes d'or (Gambe d'oro) de Turi Vasile et Antonio Margheriti
- 1958 : Parisien malgré lui (Totò a Parigi) de Camillo Mastrocinque
- 1958 : Totò, Peppino et les fanatiques (Totò, Peppino e le fanatiche) de Mario Mattoli
- 1959 : Fripouillard et Cie (I tartassati) de Steno
- 1959 : I ladri de Lucio Fulci
- 1959 : Débrouillez-vous ! (Arrangiatevi) de Mauro Bolognini
- 1959 : La cambiale de Camillo Mastrocinque
- 1959 : Totò à Madrid ou Un coup fumant (Totò, Eva e il pennello proibito) de Steno
- 1960 : Totò, Fabrizi e i giovani d'oggi de Mario Mattoli
- 1960 : Chi si ferma è perduto de Sergio Corbucci
- 1960 : Le Lit pour trois (Letto a tre piazze) de Steno
- 1960 : Nous les durs ! (Noi duri) de Camillo Mastrocinque
- 1960 : Larmes de joie (Risate di gioia) de Mario Monicelli
- 1960 : Signori si nasce de Mario Mattoli
- 1961 : Totò, Peppino e... la dolce vita de Sergio Corbucci
- 1961 : Les Deux Brigadiers (I due marescialli) de Sergio Corbucci
- 1961 : Son Excellence est restée dîner (Sua Eccellenza si fermò a mangiare) de Mario Mattoli
- 1961 : Totò l'Embrouille (Totòtruffa 62) de Camillo Mastrocinque
- 1962 : Les Deux Colonels (I due colonnelli) de Steno
- 1962 : Le Jour le plus court (Il giorno più corto) de Sergio Corbucci
- 1962 : L'Amnésique de Collegno (Lo smemorato di Collegno) de Sergio Corbucci
- 1962 : Totò contre Maciste (Totò contro Maciste) de Fernando Cerchio
- 1962 : Totò diabolique (Totò diabolicus) de Steno
- 1962 : Totò la nuit (Totò di notte n. 1) de Mario Amendola
- 1962 : Totò et Peppino séparés à Berlin (Totò e Peppino divisi a Berlino) de Giorgio Bianchi
- 1963 : Il comandante de Paolo Heusch
- 1963 : Le Religieux de Monza (Il monaco di Monza) de Sergio Corbucci
- 1963 : Les Motorisées (Le motorizzate) de Marino Girolami
- 1963 : Gli onorevoli de Sergio Corbucci
- 1963 : Totò contre les quatre (Totò contro i quattro) de Steno
- 1963 : Totò et Cléopâtre (it) (Totò e Cleopatra) de Fernando Cerchio
- 1963 : Totò sexy (it) de Mario Amendola
- 1964 : Ah ! Les Belles Familles (Le belle famiglie) d'Ugo Gregoretti
- 1964 : Che fine ha fatto Totò Baby? d'Ottavio Alessi
- 1964 : Totò contre le pirate noir (it) (Totò contro il pirata nero) de Fernando Cerchio
- 1964 : Totò d'Arabia de José Antonio de la Loma
- 1965 : Les Amants latins (it) (Gli amanti latini) de Mario Costa
- 1965 : La Mandragore (La mandragola) d'Alberto Lattuada
- 1965 : Rita, la figlia americana (it) de Piero Vivarelli
- 1966 : Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) de Pier Paolo Pasolini, rôle d'Innocenti Totò / frère Cicillo
- 1966 : Les Sorcières (Le streghe), segment La Terre vue de la Lune (La Terra vista dalla luna) de Pier Paolo Pasolini : Ciancicato Miao
- 1966 : Caprice à l'italienne, segment Che cosa sono le nuvole, de Pier Paolo Pasolini
- 1966 : Opération San Gennaro (Operazione San Gennaro) de Dino Risi
- 1968 : Caprice à l'italienne (Capriccio all'italiana), segment Le Monstre du dimanche (Il mostro della domenica) de Steno : Anziano père, et segment Que sont les nuages ? (Che cosa sono le nuvole ?) de Pier Paolo Pasolini : Iago
Acteur de télévision
- 1967 : Il latitante de Daniele D'Anza : Gennaro Lapezza
- 1967 : Il tuttofare de Daniele D'Anza : Rosario De Gennaro
- 1967 : Il grande maestro de Daniele D'Anza : Mardoccheo Stonatelli
- 1967 : Don Giovannino de Bruno Corbucci : Barnaba Parmiggiani
- 1967 : La scommessa de Bruno Corbucci : Oberdan Lo Cascio
- 1967 : Totò ciak de Bruno Corbucci : l'agent secret
- 1967 : Totò a Napoli de Bruno Corbucci et Mario Amendola : le guide
- 1967 : Totò yè yè de Bruno Corbucci et Mario Amendola : le violoncelliste
- 1967 : Premio Nobel de Michele Galdieri (it) et Bruno Corbucci : Serafino Bolletta
- Totò a Natale de Bruno Corbucci — inédit / film perdu
Récompenses
- 1952 : Ruban d'argent du meilleur acteur pour Gendarmes et voleurs (Guardie e ladri) de Mario Monicelli
- 1966 : Mention spéciale au Festival de Cannes pour sa performance d'acteur
- 1967 : Ruban d'argent du meilleur acteur pour Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e Uccellini) de Pier Paolo Pasolini
Anecdotes
- En 1933, Totò, alors âgé de 35 ans, est adopté par le marquis Francesco Maria Gagliardi Focas, qui lui transmet ses titres nobiliaires.
- En 1937, alors qu'il a presque 40 ans, son père, le marquis Giuseppe De Curtis le reconnaît légalement en lui donnant la possibilité d'utiliser son nom et de s'enorgueillir des titres nobiliaires dus à son ascendance et à son adoption : le nom que Totò arborera fièrement sera :
- Antonio Griffo Focas Flavio Dicas Commeno Porfirogenito Gagliardi De Curtis di Bisanzio, altezza imperiale, conte palatino, cavaliere del sacro Romano Impero, esarca di Ravenna, duca di Macedonia e di Illiria, principe di Costantinopoli, di Sicilia, di Tessaglia, di Ponte, di Moldavia, di Dardania, del Peloponneso, conte di Cipro e di Epiro, conte e duca di Drivasto e Durazzo.
- (Antonio Griffo Focas Flavio Dicas Commeno Porfirogenito Gagliardi De Curtis de Byzance, altesse impériale, comte palatin, chevalier du Saint-Empire romain, exarque de Ravenne, duc de Macédoine et d'Illyrie, prince de Constantinople, de Sicile, de Thessalie, du Pont, de Moldavie, de Dardanie, du Péloponnèse, comte de Chypre et d'Épire, comte et duc de Drivasto et de Durazzo.)[55]
- Fred Pasquali le doublait généralement dans les versions françaises de ses films.
- Louis de Funès, avant d'être connu, l'a doublé pour le film L'Or de Naples. Totò jouera cinq ans plus tard avec lui dans Toto à Madrid. Neuf ans plus tard, ce film n'étant (d'après l'absence de statistiques d'exploitation du film) jamais sorti en France, un distributeur veut profiter de la popularité de Louis de Funès en sortant le film et en mettant De Funès en tête d'affiche et reléguant Totò au second rôle (du moins sur l'affiche) et en le renommant Un coup fumant. De Funès, par respect pour Totò, lance un procès contre le distributeur et obtient que le film ne sorte pas. Les Français ne découvriront ce film qu'en DVD, en 2005[56].
Notes et références
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Totò » (voir la liste des auteurs).
- René MARX, Toto, Le rire de Naples, Editions Henri Berger, , 116 p. (ISBN 2909776018).
- (it) « UN’ECLATANTE PRETESA AL TRONO DI BISANZIO: IL CASO DE CURTIS », sur antoniodecurtis.com
- (it) « Totò Biografia: La prima infanzia », sur antoniodecurtis.org
- Éloge de Totò par Federico Salvatore dans Life in Naples.
- Capecelatro et Gallo 2008, p. 16.
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 130.
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 129.
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 22-24.
- (it) « SONO TOTO' , DIO CHE TRISTEZZA! »,
- (it) « Vi racconto mio nonno Totò », sur ilgiornale.it,
- (it) « Totò, un altro pianeta - Documentario di 15 episodi sulla vita di Totò, ideato e presentato da Giancarlo Governi per Raiuno », sur antoniodecurtis.org
- Bispuri 2000, p. 41.
- (it) Goffredo Fofi, « Totò », sur treccani.it
- (it) « L'infanzia », sur antoniodecurtis.com
- Bispuri 2000, p. 59.
- Capecelatro et Gallo 2008, p. 28.
- Ioni et Guarini 1999, p. 307.
- (it) « Quell'intervista della Fallaci a Totò «Signorina, a me Totò non piace» », sur primabergamo.it
- Caldiron 2002, p. 7.
- (it) Massimiliano Di Galasso, « Antonio de Curtis in arte TOTO’ (1898-1967) »
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 19-21.
- (it) Luigi Silori, « Luigi Silori intervista Totò nel 1965 », sur antoniodecurtis.org
- Bispuri 2000, p. 62.
- (it) Giancarlo Governi, Totò 100 - Vita, opere e immortalità del principe Antonio De Curtis, Rome, Studioimmagine
- (it) Federica Pescatori, « Totò », sur treccani.it
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 25-29.
- (it) « teche.rai.it », sur teche.rai.it (version du 28 mai 2015 sur Internet Archive)
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 35-56.
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 57-64.
- (it) « Totò Biografia: Luci del varietà », sur antoniodecurtis.org
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 66.
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 78-111.
- (it) « Totò Biografia: La formazione del comico », sur antoniodecurtis.org
- (it) « Mario Castellani e Totò », sur antoniodecurtis.com
- (it) « Il teatro di Totò: L'avanspettacolo », sur antoniodecurtis.org
- Amorosi et Ferraù 1996, p. 75.
- (it) « Liliana (Eugenia) Castagnola », sur enciclopediadelledonne.it
- (it) « "Liliana Castagnola" », sur antoniodecurtis.com
- De Curtis et Amorosi 2003.
- Bispuri 2000, p. 265.
- (it) Alberto Anile, Il cinema di Totò, , p. 29
- (it) « Totò Biografia: Il burattino al cinema », sur antoniodecurtis.org
- (it) « Totò Biografia: La stagione dell'avanspettacolo », sur antoniodecurtis.org
- Caldiron 2001, p. 15.
- Zucchelli 2015, p. 286.
- (it) « Totò, l’uomo e l’artista », sur la-mattina.it (version du 31 octobre 2014 sur Internet Archive)
- (it) « Totò Biografia: Non ci vedo », sur antoniodecurtis.org
- (it) « Il tradimento di una maschera », sur antoniodecurtis.org
- (it) « "Primi film" », sur antoniodecurtis.com
- Site antoniodecurtis.com, rubrique biographie.
- littéralement « le niveau », l'outil du maçon, métaphore de la mort, qui « nivelle » les différences sociales.
- (it) Vittorio gnocchini, L'Italia dei Liberi Muratori, Roma-Milano, Mimesis-Erasmo, 2005, p. 95-96.
- (it) Giancarlo Governi, Totò 100 - Vita, opere e immortalità del principe Antonio De Curtis, Rome, Studioimmagine
- (it) « Il cinema di Totò », sur antoniodecurtis.com
- Les villes de Drivasto (Drisht) et Durazzo (Durrës) sont des villes fortifiées situées en Albanie.
- Bertrand Dicale, Louis de Funès, de A à Z, Paris, Tana, , 456 p. (ISBN 2845677855).
Bibliographie
- (it) Edmondo Capecelatro et Daniele Gallo, Totò: vita e arte di un genio, Milan, Gruppo Editoriale Viator, (ISBN 88-903872-0-3)
- (it) Matilde Amorosi et Alessandro Ferraù, Totò. Siamo uomini o caporali? Diario semiserio di Antonio de Curtis, Liliana de Curtis, Rome, Newton & Compton, coll. « I nuovi best seller Newton », (ISBN 88-8183-306-9)
- (it) Ennio Bispuri, Vita di Totò, Rome, Gremese Editore, (ISBN 88-8440-002-3)
- (it) Costanzo Ioni et Ruggero Guarini, Tutto Totò, Rome, Gremese Editore, (ISBN 88-7742-327-7)
- (it) Orio Caldiron, Il principe Totò, Rome, Gremese Editore, (ISBN 88-8440-216-6)
- (it) Orio Caldiron, Totò, Rome, Gremese Editore, (ISBN 88-7742-413-3)
- (it) Liliana de Curtis et Matilde Amorosi, Totò, femmene e malafemmene, Milan, Rizzoli Editore, (ISBN 88-17-10817-0)
- (it) Alessandro Zucchelli, Perché non mi capisci, Morrisville, Lulu Press, Inc.,
Liens externes
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- (it) Totò, Antonio De Curtis
- (it) Site en hommage à Totò