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Tortue des bois

Glyptemys insculpta

Glyptemys insculpta
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Tortue des bois

EspĂšce

Glyptemys insculpta
(Le Conte, 1830)

Synonymes

  • Testudo insculpta Le Conte, 1830
  • Emys speciosa Gray, 1830
  • Emys speciosa levigata Gray, 1831
  • Clemmys insculpta (Le Conte, 1830)

Statut de conservation UICN

( EN )
EN A2cd+4c : En danger

Statut CITES

Sur l'annexe  II  de la CITES Annexe II , RĂ©v. du 11/06/1992

Glyptemys insculpta, la Tortue des bois, est une espĂšce de tortue de la famille des Emydidae[1], endĂ©mique de l'AmĂ©rique du Nord. Sa carapace peut atteindre de 14 Ă  20 cm de long et prĂ©sente des motifs pyramidaux en relief sur le dessus. Son allure gĂ©nĂ©rale est assez semblable Ă  celle de sa cousine la Tortue de Muhlenberg (Glyptemys muhlenbergii) − seule autre membre du genre Glyptemys − ainsi qu'aux proches Clemmys guttata et Emys blandingii.

Cette tortue se rencontre dans une vaste zone couvrant le nord-est de l'AmĂ©rique du Nord, allant de la Nouvelle-Écosse au Minnesota d'est en ouest et jusqu'en Virginie au sud. Par le passĂ© sa rĂ©partition Ă©tait beaucoup plus dĂ©calĂ©e vers le sud Ă  cause des glaciations recouvrant le nord du continent, et des squelettes ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s jusqu'en GĂ©orgie. Ce reptile passe la plupart de son temps dans ou prĂšs de riviĂšres larges et peu profondes, prĂ©fĂ©rant les eaux claires et les fonds de sable. Il se rencontre Ă©galement dans les forĂȘts et prairies mais rarement loin d'une eau courante. C'est un animal diurne peu ou pas territorial qui hiberne l'hiver et estive durant les pĂ©riodes les plus chaudes de l'Ă©tĂ©.

La Tortue des bois est omnivore et se nourrit Ă  la fois de proies terrestres et aquatiques. Elle peut parcourir en moyenne 108 m par jour ce qui est une assez bonne performance pour une tortue. Elle est la proie potentielle de plusieurs animaux dans son aire de rĂ©partition, comme les raton-laveurs trĂšs abondants dans cette zone. Les humains sont Ă©galement responsables de nombreux dĂ©cĂšs par la destruction de leur habitat, les morts liĂ©es aux vĂ©hicules, la collecte illĂ©gale et la destruction accidentelle par les activitĂ©s agricoles. En dehors de ces menaces elle peut vivre jusqu'Ă  40 ans dans la nature et prĂšs de 60 ans en captivitĂ©.

Description

Plastron d'un spécimen adulte
Spécimen adulte

La Tortue des bois atteint de 14 Ă  20 cm de long[2] pour un maximum de 23,4 cm[3] - [4]. Sa carapace est rugueuse et de couleur brun-grisĂątre, beige ou brun, et sa partie supĂ©rieure consiste en un motif pyramidal de creux et de nervures[2], les spĂ©cimens les plus ĂągĂ©s prĂ©sentant gĂ©nĂ©ralement une carapace usĂ©e et Ă©rodĂ©e. Adultes elles peuvent peser jusqu'Ă  kg[5].

Les plus grandes scutelles présentent des lignes noires ou jaunes. Le plastron (la partie ventrale de la carapace) est jaunùtre[2] avec des taches noires, la partie postérieure se terminant par une marque en forme de « V »[3]. La peau visible sur la partie ventrale, le cou, les pattes et la queue est de couleur orange à rouge avec parfois des lignes plus pùles au niveau de la mùchoire[3]. La peau visible au-dessus est généralement gris sombre à noir bien qu'il existe des individus présentant des points jaunes. Ces couleurs peuvent varier en éclat selon les saisons[4].

Une fois matures les mĂąles atteignent 23,4 cm et sont plus larges que les femelles, ces derniĂšres atteignant en gĂ©nĂ©ral 20,4 cm[4]. Les mĂąles ont Ă©galement de plus grandes griffes, une tĂȘte plus large, un plastron concave, une carapace plus bombĂ©e et une queue plus longue[3]. Le plastron des juvĂ©niles et des femelles est plat mais celui des mĂąles devient concave avec l'Ăąge[5]. La coloration du cou, du menton, et de l'intĂ©rieur des jambes est plus Ă©clatante chez les mĂąles, ces derniĂšres Ă©tant gĂ©nĂ©ralement jaunĂątres[4].

Les nouveau-nĂ©s mesurent entre 2,8 et 3,8 cm (carapace) et leur plastron est gris-sale Ă  brun. Leur queue est gĂ©nĂ©ralement de mĂȘme taille que leur carapace et leur cou et leurs pattes n'ont habituellement pas de couleur vive comme les adultes[2]. De plus, leur carapace est aussi large que longue et est dĂ©pourvue de motifs pyramidaux[3].

Confusion possible avec d'autres tortues

Les tortues Terrapene carolina et Emys blandingii ont une rĂ©partition gĂ©ographique qui recoupe celle de Glyptemys insculpta et sont assez similaires d'aspect. Toutefois ces deux tortues possĂšdent un plastron articulĂ© qui leur permet de fermer leur carapace lorsqu'elles se cachent, ce qui n'est pas le cas de pour la Tortue des bois. Malaclemys terrapin prĂ©sente Ă©galement une carapace assez proche de celle de la Tortue des bois mais sa peau est grise et elle ne partage pas le mĂȘme habitat, prĂ©fĂ©rant les eaux saumĂątres ou salĂ©es[2]. Enfin Clemmys guttata et Glyptemys muhlenbergii sont Ă©galement assez similaires mais ne prĂ©sentent pas les sculptures caractĂ©ristiques prĂ©sentes sur la carapace de la Tortue des bois[4].

RĂ©partition

Distribution, en Amérique du Nord

La Tortue des bois se rencontre dans une vaste zone couvrant le nord-est de l'AmĂ©rique du Nord, allant de la Nouvelle-Écosse au Minnesota d'est en ouest et au nord et jusqu'en Virginie au sud. Ceci concerne en pratique les États suivants[1] :

Environ 30 % des individus se trouvent au Canada[5]. Cette tortue forme souvent des populations d'assez petite taille et isolĂ©es les unes des autres. Dans la partie nord de sa rĂ©partition (Canada) les populations sont d'assez faible densitĂ© avec une moyenne de 0,44 individus par hectare, alors que dans le sud de sa rĂ©partition cette densitĂ© varie entre 6 et 90 individus par hectare. Les populations comprennent souvent plus de femelles que de mĂąles[4].

Biologie et mƓurs

Tortue des bois se préparant à rentrer dans l'eau

Cette espÚce peut vivre prÚs de 40 ans dans la nature et approcher 60 ans en captivité.

Au printemps cette espÚce est active toute la journée et parcours en général les eaux d'un ruisseau sur plusieurs centaines de mÚtres, la recherche de nourriture ayant plutÎt lieu en début et fin de journée[4]. RéguliÚrement elle se chauffe au soleil afin d'assurer sa thermorégulation, sa température corporelle pouvant alors monter à 37 °C.
Toutefois lors de trÚs fortes chaleurs de l'été elle estive, en se reposant sous la végétation et autres débris dans des flaques peu profondes. Durant l'été elle va adopter un comportement principalement terrestre. La nuit sa température corporelle chute entre 15 et 20 °C et elle se repose alors généralement dans de petites criques ou à proximité, souvent prÚs de broussailles[3].
À partir du mois de novembre Glyptemys insculpta limite son activitĂ© et entre en hibernation. Elle passe ainsi l'hiver au fond d'une petite riviĂšre, seule ou en grands groupes, en s'enterrant dans la boue. Elle se dĂ©place alors trĂšs rarement et est vulnĂ©rable aux inondations qui peuvent la surprendre.
Elle sort d'hibernation à partir du mois de mars ou avril, les mùles étant en général plus actifs en cette période que les femelles[4].

Les mĂąles sont agressifs, et il existe une hiĂ©rarchie, les plus gros et ĂągĂ©s Ă©tant les dominants. Les mĂąles dominĂ©s fuient en gĂ©nĂ©ral, ou sont sujets Ă  des coups tels des morsures, bousculades
 Un mĂąle dominant peut mĂȘme tenter d'empĂȘcher un mĂąle plus « faible » de se reproduire, ce qui a donc un impact direct sur la capacitĂ© de reproduction. Cela dit bien que la taille soit gĂ©nĂ©ralement liĂ©e, c'est surtout l'agressivitĂ© qui dĂ©termine le vainqueur. Ces combats augmentent durant l'automne ainsi qu'au printemps, avec les accouplements[4].

Cette tortue peut se dĂ©placer relativement rapidement (pour une tortue) avec une vitesse moyenne supĂ©rieure Ă  0,32 k/h, et sur de longues distances. Des Ă©tudes ont par ailleurs montrĂ© qu'elle possĂšde un bon sens de l'orientation, Ă©quivalent Ă  celui des rats, et elles sont capables de retrouver leur lieu de vie mĂȘme aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es de 2,4 km[4].

Alimentation

Cette tortue est omnivore et consomme des plantes et animaux capturés à la fois sur terre et dans l'eau. Elle se nourrit de coléoptÚres, de mille-pattes, de limaces, ainsi que de certains champignons tels Amanita muscaria et Leccinum arcolatum, mais aussi de mousses, herbes et également parfois de charognes. Elle trouve sa nourriture en général dans la vase, les buissons et algues[4].

Reproduction

Cette espĂšce de tortue est ovipare[6]. Elle atteint sa maturitĂ© tardivement, entre 14 et 18 ans, et a une fĂ©conditĂ© faible, mais les adultes ont un taux Ă©levĂ© de survie − ce qui n'est pas le cas des nouveau-nĂ©s et des jeunes[7].

Les mĂąles, bien qu'agressifs entre eux, ne sont pas territoriaux. La reproduction a lieu principalement au printemps et Ă©galement en automne, mais peut se produire durant toute la pĂ©riode d'activitĂ©, parfois jusqu'en dĂ©cembre[4]. Les mĂąles initient gĂ©nĂ©ralement une « danse » de sĂ©duction, en gĂ©nĂ©ral au bord d'une riviĂšre. Ils poussent les femelles de façon insistante, pouvant conduire Ă  la fuite de la femelle, que le mĂąle va alors poursuivre. La cour se poursuit avec des mouvements d'approche et de recul, en Ă©tendant la tĂȘte, puis des balancements de tĂȘte latĂ©raux[2]. Ces parades nuptiales peuvent durer plusieurs heures. Pour l'accouplement le mĂąle mord la femelle au cou afin de la chevaucher, durant 20 Ă  30 minutes, et ceci a gĂ©nĂ©ralement lieu dans l'eau Ă  faible profondeur mĂȘme si des accouplements sur la terre ferme peuvent se produire. Une femelle peut ĂȘtre fertilisĂ©e par de 1 Ă  8 mĂąles durant la saison, et elle peut avoir des petits issus de plusieurs mĂąles[4]

La ponte liĂ©e aux accouplements du printemps a lieu de mai Ă  juillet. Les Ɠufs sont dĂ©posĂ©s dans un sol meuble, Ă  l'abri des inondations et bien exposĂ© au soleil. La femelle peut parfois parcourir 250 m pour trouver un site adĂ©quat, lequel est souvent partagĂ© par plusieurs femelles. Avant la ponte elle peut prĂ©parer plusieurs faux nids. Elle creuse ensuite un trou de petite taille − de 5 Ă  10 cm de profondeur − et y dĂ©pose de 3 Ă  20 Ɠufs, en moyenne 7[2], puis les recouvre.
Les Ɠufs, ovoĂŻdes et blancs, mesurent en moyenne 3,7 Ă— 2,36 cm pour un poids de 12,7 g. Les Ɠufs Ă©closent entre aoĂ»t et octobre, et font environ 3,65 cm de long[4].

Les petits grandissent vite et mesurent dĂ©jĂ  11,5 cm aprĂšs 5 ans, et atteignent leur taille adulte (de 16,5 Ă  17 cm, selon le sexe) vers 16 ans.

Des cas d'hybridations entre cette espÚce et Emydoidea blandingii[8] ainsi que Clemmys marmorata[9] sont rapportés.

Taxinomie

Cette espÚce a été décrite en premier par le naturaliste américain John Eatton Le Conte sous le nom de Testudo insculpta en 1830. Bien qu'ensuite placée dans le genre Clemmys est maintenant classée dans le genre Glyptemys car cette tortue et l'autre membre de ce genre, Glyptemys muhlenbergii, partagent des marqueurs génétiques spécifiques et différents du seul membre actuel du genre Clemmys, Clemmys guttata[4].

MĂȘme si aucune sous-espĂšce n'est reconnue il existe des diffĂ©rences morphologiques selon les zones oĂč on rencontre cette tortue. Les individus vivant Ă  l'ouest de sa rĂ©partition prĂ©sentent des couleurs plus pĂąles au niveau des pattes et du cou que celles vivant Ă  l'est de cette rĂ©partition. Par ailleurs les populations du sud ont une diversitĂ© gĂ©nĂ©tique plus faible que les autres[4].

Par le passé la population de cette tortue s'est déplacée vers le sud à cause de l'extension des glaciers durant les épisodes glaciaires, et des vestiges de populations datant du Rancholabréen ont été trouvés jusqu'en Géorgie et au Tennessee, bien plus au sud que leur répartition actuelle. Lors du recul des glaces Glyptemys insculpta est remontée au nord jusqu'à sa répartition actuelle[4].

Menaces

De nombreux animaux sont des prĂ©dateurs de la Tortue des bois, ou en tout cas constituent une menace pour elle. C'est le cas des tortues Chelydra, des porcs-Ă©pics, des ratons laveurs, des loutres, des renards et des chats, ces espĂšces pouvant dĂ©truire les Ɠufs avant Ă©closion et s'attaquer aux jeunes. Certains animaux comme les corbeaux ou le coyote ciblent spĂ©cifiquement les nids et peuvent dĂ©truire l'intĂ©gralitĂ© d'une ponte. Cette tortue souffre Ă©galement d'infestations de sangsues.
On note que les populations du nord ont tendance Ă  avoir plus de cicatrices d'attaques que celles du sud[4].

Malgré une distribution assez étendue le nombre de Tortues des bois diminue. Ceci est en grande partie lié à l'activité humaine qui détruit son habitat, et s'y ajoutent les destructions involontaires liées au trafic routier et aux prélÚvements. Les femelles, en recherche de sites de ponte, sont les principales victimes des écrasements par des véhicules. Une solution pourrait venir de la création de tunnels sous les routes pour permettre à cette espÚce de se déplacer sans risque[3].

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe d'ailleurs cette espÚce comme « En danger » (EN) sur sa liste rouge[10] et la Convention sur le commerce international des espÚces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) la place en annexe II pour la réglementation du commerce international[11].

Voir aussi

Publication originale

  • Le Conte, 1830 : Description of the species of North American tortoises. Annals of the Lyceum of Natural History of New York, vol. 3, p. 91-131 (texte intĂ©gral).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Wood turtle » (voir la liste des auteurs).
  1. TFTSG, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. « Wood Turtle Glyptemys insculpta » [PDF], sur nhesp.org, Natural Heritage & Endangered Species Program, (consultĂ© le ), p. 1–3
  3. Kenneth Bowen et James C. Gillingham, « R9 Species Conservation Assessment for Wood Turtle – Glyptemys insculpta (LeConte, 1830) » [PDF], (consultĂ© le )
  4. C. Ernst & J. Lovich : Turtles of the United States and Canada. The Johns Hopkins University Press, Baltimore, Maryland, 2009. (ISBN 978-0-8018-9121-2)
  5. « Assessment and Update Status Report on the Wood Turtle Glyptemys insculpta in Canada » [PDF], Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada, (consulté le ), iv-42
  6. Reptarium Reptile Database, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  7. Galois, Patrick. et Québec (Province). Direction de la faune et des habitats., Rapport sur la situation de la tortue des bois (Clemmys insculpta) au Québec, Direction de la faune et des habitats, Faune et parcs, (ISBN 2550343093, OCLC 813662594, lire en ligne)
  8. J.H. Harding & S.K. Davis, 1999 : Clemmys insculpta (wood turtle) and Emydoidea blandingii (Blandings’ turtle). Hybridization. Herpetological Review, vol. 30, p. 225-226
  9. U. Fritz, 2001 : Handbuch der Reptilien und Amphibien Europas, Band 3/IIIA Schildkröten I. Aula-Verlag, Wiebelsheim
  10. UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  11. CITES, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
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