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Tigre (contre-torpilleur)

Le Tigre est un contre-torpilleur français de la classe Jaguar construit pour la Marine française au dĂ©but des annĂ©es 1920.

Tigre
illustration de Tigre (contre-torpilleur)

Autres noms FR23
Type Contre-torpilleur
Classe Jaguar
Histoire
A servi dans Marine nationale
Regia Marina
Pavillon des forces navales françaises libres Forces navales françaises libres
Commanditaire Marine française
Constructeur Ateliers et chantiers de Bretagne
Chantier naval Nantes, Loire-Atlantique
Commandé
Quille posée
Lancement
Armé
Commission
Statut DĂ©moli en 1955
Équipage
Commandant De 1945 Ă  1946 :Gabriel Castelli
Équipage 12 officiers et 209 membres d'équipage en temps de guerre
Caractéristiques techniques
Longueur 126,78 m
MaĂ®tre-bau 11,40 m
Tirant d'eau 4,10 m
DĂ©placement 2 400 tonnes
Ă€ pleine charge 3 050 tonnes
Propulsion 2 hélices
2 turbines Ă  vapeur "Rateau-Bretagne"
Puissance 50 000 chevaux
5 chaudières "du Temple"
Vitesse 35 nœuds (64,8 km/h)
Caractéristiques militaires
Armement D'origine :
5 × canons de 130 mm modèle 1919 en affûts simples
2 × canons de 75 mm modèle 1924 antiaériens en affûts simples
2 Ă— plateformes lance-torpilles triple Schneider modèle 1920T de 550 mm
2 Ă— rampes et 4 Ă— lanceurs pour une quarantaine de grenades anti-sous-marine
Électronique asdic 128C
Radar
Rayon d'action 3000 nautiques Ă  13 nĹ“uds (24,1 km/h) (522 tonnes de mazout)
Carrière
Pavillon Pavillon national français France
Port d'attache Base navale de Toulon

Il est mis sur cale aux Ateliers et chantiers de Bretagne (ACB) Ă  Nantes le , lancĂ© le et armĂ© pour essais le . Il est admis au service actif le .

Conception

Caractéristiques générales

Comme tous les bâtiments français de l'Ă©poque, les unitĂ©s de la classe Jaguar ont une coupe Ă©lĂ©gante avec une longue teugue, une Ă©trave Ă  guibre inclinĂ© et un large devers. L'arrière se termine par un cul en sifflet. Les superstructures limitĂ©es et ses trois cheminĂ©es lĂ©gèrement inclinĂ©es donnent au navire une impression de vitesse, mĂŞme Ă  quai. La coque est construite selon le système longitudinal et divisĂ©e en douze tranches sĂ©parĂ©es par onze cloisons Ă©tanches[1].

Le Tigre Ă  un dĂ©placement standard de 2 400 tonnes (2 126 tonnes Washington) et Ă  pleine charge de 3 050 tonnes (2 976 tonnes Washington). Sa longueur hors-tout est de 126,78 mètres, sa largeur au maĂ®tre-bau de 11,40 mètres et son tirant d'eau arrière est de 4,10 mètres. Il Ă©tait propulsĂ© par deux groupes de turbines Ă  engrenages Â« Rateau-Bretagne », alimentĂ©es en vapeur par cinq chaudières Ă  retour de flamme type « Du Temple » construites par les Forges et Chantiers de la Gironde, timbrĂ©es Ă  (18 kg/cm2 216°), dĂ©veloppant 50 000 ch et entraĂ®nant deux hĂ©lices. Sa vitesse maximale est de 35 nĹ“uds, il atteindra cependant 36,7 nĹ“uds lors de l'essai de « 9e heure » Ă  feux poussĂ©es, le . Sa distance franchissable est de 3 000 nautiques Ă  13 nĹ“uds, 1 000 nautiques Ă  28 nĹ“uds et 600 nautiques Ă  34 nĹ“uds (capacitĂ© en mazout de 522 tonnes). Les contre-torpilleurs classe Jaguar se rĂ©vèlent ĂŞtre des navires stables et marins mais l'instabilitĂ© latĂ©rale est importante, les rendant sensible Ă  la gĂ®te et au roulis. Quant aux qualitĂ©s Ă©volutives, elles sont mĂ©diocres avec un rayon de giration de 525 mètres Ă  20 nĹ“uds[1]

Le Tigre reçoit en un radar de navigation amĂ©ricain SL (portĂ©e environ 15 nautiques) puis fin 1944-dĂ©but 1945, un radar de veille aĂ©rienne SA (portĂ©e : environ 40 nautiques). Un asdic 128 est montĂ© en et remplacĂ© par un sonar 128 C dĂ©but 1944[1]

Son Ă©quipage se compose de 12 officiers, 22 officiers mariniers et 165 quartiers maĂ®tres et matelots en temps de paix et de 12 officiers et 25 officiers mariniers 184 quartiers maĂ®tres et matelots en temps de guerre.

Armement

Son armement principal se compose de 5 canons de 130 mm modèle 1919 en affĂ»ts simples sous masque (deux Ă  l'avant superposĂ©s, un au milieu derrière la 3e cheminĂ©e et deux Ă  l'arrière superposĂ©s). Ce canon de 40 calibres tire des obus en acier Ă  fausse ogive de 32 kg Ă  18 500 mètres Ă  +36° Ă  raison de 4 Ă  6 coups par minute. L'affĂ»t simple pèse 12,75 tonnes avec masque et permet aux canons de pointer en site de -10° Ă  +36° et en azimut sur 150° de chaque cĂ´tĂ©. La dotation en munitions est de 1 000 obus pour les Jaguar (soit 200 obus par canon) plus 60 obus Ă©clairants pour les affĂ»ts II et IV. ÉquipĂ© d'une culasse Ă  vis, le matĂ©riel se rĂ©vèle infĂ©rieur aux canons Ă  culasse Ă  coins copiĂ©s sur les allemands mais Ă  la diffĂ©rence des canons ultĂ©rieurs, il se rĂ©vèle robuste et simple d'utilisation. La conduite de tir est assurĂ©e par un tĂ©lĂ©mètre Ă  coĂŻncidence de 3 mètres, remplacĂ© par un tĂ©lĂ©mètre stĂ©rĂ©oscopique de 3 mètres en 1931, et de 5 mètres en 1937. En , la pièce III du Tigre a Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©e[1].

Tape de bouche de canon de 130 mm, offerte au Maître Buquet en 1948. Bronze de Mohon.

Son armement secondaire se compose de deux canons de 75 mm modèle 1924 (installĂ©s sur chaque bord entre l'affĂ»t lance-torpilles arrière et l'affĂ»t III de 130 mm). Ce canon de 50 calibres tire des obus de 6 kilos Ă  15 000 mètres avec un plafond de 7 500 mètres Ă  raison de 8 Ă  15 coups par minute. L'affĂ»t simple permet au canon de pointer en site de -10° Ă  +90° et en azimut sur 150° de chaque cĂ´tĂ©. Mais peu efficaces faute d'une conduite de tir dĂ©ficiente, ils sont dĂ©barquĂ©s en 1933/34. Il est Ă©quipĂ© Ă©galement de quatre mitrailleuses de 8 mm en deux affĂ»ts doubles, de 8 mitrailleuses Hotchkiss de 13,2 mm modèle 1929 en quatre affĂ»ts doubles remplaçant les canons de 75 mm. La mitrailleuse de 13,2 mm dispose d'un canon de 76 calibres ayant une portĂ©e maximale de 3 500 mètres, une cadence de tir pratique de 250 coups/minute (liĂ© au système d'alimentation, des boĂ®tiers chargeurs de 30 cartouches). Ă€ noter qu'en 1939, on envisagea de transformer ces contre-torpilleurs en escorteurs antiaĂ©riens avec le remplacement de leurs canons de 130 mm par deux affĂ»ts doubles de 100 mm modèle 1931, mais la production insuffisante de ce matĂ©riel et les Ă©vĂ©nements de firent annuler ce projet. Ce n'Ă©tait pas le premier changement d'armement envisagĂ©, au milieu des annĂ©es 1920, les canons de 130 mm auraient pu ĂŞtre remplacĂ©s par des canons de 138 mm modèle 1925 Ă©quipant les GuĂ©pard[1].

Deux plates-formes triples lance-torpilles Schneider modèle 1920 T sont installĂ©s axialement (la n° 1 entre les cheminĂ©es 2 et 3 et la n° 2 entre le rouf supportant la pièce III et le rouf supportant la pièce IV) pour des torpilles modèle 1923 DT, pesant 2 068 kg avec une charge militaire de 310 kg. Mesurant 8,280 mètres de long, elles peuvent atteindre des cibles entre 9 000 mètres Ă  39 nĹ“uds et 13 000 mètres Ă  35 nĹ“uds. Il est Ă©quipĂ© de quatre lanceurs, deux grenadeurs de sillage (rampes) pour six grenades « Guilbaud » de 200 kg (poids de la charge militaire, le poids le global Ă©tant de 253 kg) et quatre mortiers « Thornycroft » modèle 1918 pour les grenades « Guilbaud » de 100 kg (poids rĂ©el 130,4 kg). L’approvisionnement global en 1934 est de vingt grenades de 200 kg et de douze de 100 kg. Il Ă©tait Ă©galement possible d'embarquer des grenades de 52 kg Ă  mouillage manuel et deux torpilles remorquĂ©es « Ginocchio »[1].

Modifications

Le , quand eut lieu le sabordage de la flotte Ă  Toulon, le Tigre est en « gardiennage d'armistice », sans Ă©quipage. Les Italiens le rĂ©cupèrent intact et le nomment FR 23. Ils modifient son artillerie et il dispose alors d'un canon de 37 mm allemand et de sept canons de 20 mm (quatre allemands et trois italiens). En le Tigre est rĂ©cupĂ©rĂ© par la marine nationale. Il dispose de six canons Oerlikon de 20 mm mais ne reçoit pas les deux canons de 40 mm en affĂ»ts simples envisagĂ©s. En , le contre-torpilleur dispose de deux canons de 40 mm en affĂ»t double (Ă  l'emplacement occupĂ© jadis par la pièces III de 130 mm) et de dix canons de 20 mm. Il reçoit Ă©galement deux grenadeurs de sillage anglais Ă  plat pont et quatre mortiers « Thornycroft » en remplacement du matĂ©riel français pour un stock global de 48 grenades anglaises et de 12 grenades françaises. Sa plateforme triple avant de tubes lance-torpilles dĂ©barquĂ©e par les Italiens en 1943 et la place occupĂ©e par la plate-forme arrière est dĂ©placĂ©e en 1945 pour des questions de stabilitĂ©[1].

Historique

Entre-deux-guerres

Du au , le Tigre fait escale Ă  Portsmouth lors de la visite en Angleterre du PrĂ©sident de la rĂ©publique Doumergue en compagnie de ses sister-ships Chacal et Jaguar, du torpilleur d'escadre Bourrasque et des croiseurs lĂ©gers Duguay Trouin et Lamotte-Picquet. Le , le PrĂ©sident de la rĂ©publique, Gaston Doumergue passe en revue la première escadre en rade de l'Estaque Ă  Marseille. AccompagnĂ©s par l'Ouragan, les torpilleurs Bourrasque et Orage escortent le prĂ©sident Doumergue lors de sa visite en Angleterre du au , faisant escale Ă  Portsmouth en compagnie des croiseurs Lamotte-Picquet et Duguay Trouin et des contre-torpilleurs Jaguar, Tigre et Chacal avant de rentrer en MĂ©diterranĂ©e. En , il forme au sein de la 1re escadre en MĂ©diterranĂ©e, la 5e division lĂ©gère gère (5e DL) ses sister-ships Panthère et Chacal[1]. Il est Ă  Rouen en Ă  l'occasion de la visite du PrĂ©sident Paul Doumergue.

Le Tigre et le Chacal accompagnent le croiseur lĂ©ger Primauguet en Afrique-Occidentale française entre le et le . Ă€ partir du , il est en partie chargĂ© de l'EALM (École d'Application du Lancement Ă  la Mer), Ă©tant successivement intĂ©grĂ© Ă  la 9e DL en 1932/33 puis Ă  la 11e DL de 1934 Ă  1936, avant d'ĂŞtre rattachĂ© Ă  la fin de 1938 Ă  la 4e DCT en compagnie de ses sister-ships Lynx et Panthère. Cette division devait ĂŞtre affectĂ©e dans l'Atlantique mais en raison de la guerre d'Espagne, elle reste en MĂ©diterranĂ©e oĂą elle intègre le Dispositif SpĂ©cial en MĂ©diterranĂ©e (DSM), destinĂ© Ă  protĂ©ger la navigation commerciale des interfĂ©rences du conflit[1].

Entre-temps, ses canons de 75 mm sont remplacĂ©s par quatre affĂ»ts doubles de 13,2 millimètres antiaĂ©riens.

Seconde Guerre mondiale

Lorsque la guerre éclate en , la 4e DTC est envoyée dans l'Atlantique afin d'assurer des missions d'escorte entre Brest et Gibraltar, six convois étant protégés jusqu'en . La 4e DCT amputée du Panthère intègre la force X destinée à contrer les opérations de la marine italienne en Méditerranée orientale puis la Force de Raid à partir du mois de mai, force qui est déployée en Méditerranée occidentale en vue d'une probable entrée en guerre de l'Italie. L'organisation tactique choisie voit les deux contre-torpilleurs de cette division intégrer le Groupe Provence en compagnie des cuirassés Provence et Bretagne[1]

La Force de Raid est immobilisĂ©e Ă  Mers el-Kebir par l'Armistice qui entre en vigueur le , lui laissant un avenir incertain. Le , les britanniques dĂ©clenchent l'opĂ©ration Catapult qui voit la force H tenter de neutraliser les navires français afin de ne pas les voir tomber dans les mains des allemands ou italiens. Si le cuirassĂ© Bretagne est coulĂ©, son sister-ship Provence gravement endommagĂ© et le croiseur de bataille Dunkerque sĂ©rieusement endommagĂ©, le Strasbourg parvint Ă  appareiller en compagnie notamment des contre-torpilleurs Lynx et Tigre, Ă©chappant au Hood et rentrant Ă  Toulon le lendemain. La 4e DCT est dissoute en et les trois contre-torpilleurs qui la composait Ă  l'automne 1939 sont placĂ©s en gardiennage d'armistice[1]

En , le navire est équipé d'un asdic britannique de type 123 ; de plus, deux lanceurs de charge de profondeurs sont réinstallés, le canon n ° 3 est retiré et son arrimage de profondeur est assuré par une vingtaine de lests, douze de 200 kg et huit de 100 kg dans le but de retrouver sa stabilité[1].

Le , le Tigre Ă©tait dĂ©sarmĂ©, en « gardiennage d'armistice », sans Ă©quipage Ă  bord et accostĂ© aux appontements de Milhaud (nom de la partie occidentale de la base navale de Toulon). Non sabordĂ©, il est rĂ©cupĂ©rĂ© par les Italiens et redĂ©signĂ© FR 23. RemorquĂ© en Ă  La Spezia, il doit ĂŞtre transformĂ© en transport rapide pour relier l'Italie et la Tunisie ; mais quand l'Italie signe l'armistice, le navire est Ă  Tarente sans avoir participĂ© Ă  cette mission Ă  prĂ©sent devenue sans objet, avec la capitulation de l'Afrikakorps en Tunisie le . RestituĂ© Ă  la France Ă  Bizerte en , il est en mauvais Ă©tat et doit gagner Casablanca oĂą il est en travaux de janvier Ă  , date Ă  laquelle il reprend enfin le combat, effectuant des escortes de convois entre l'Afrique du Nord et la Corse. Il est indisponible Ă  la suite d'une modernisation de la mi- Ă  fin , perdant sa chaufferie et sa cheminĂ©e avant, recevant une DCA et une dĂ©tection moderne. De nouveau disponible, il intègre la Flank Force, le groupement occasionnel chargĂ© d'appuyer la progression des troupes alliĂ©es en Italie du Nord et de nettoyer le golfe de GĂŞnes de la poussière navale allemande et italienne (RĂ©publique de Salo)[1].

Fin de service

La guerre terminée, il mène diverses opérations commandées par le capitaine de corvette Gabriel Castelli. De servitude et de soutien au profit des écoles mais sa carrière est déjà derrière lui. Mis en réserve spéciale A à Saint-Mandrier-sur-Mer le , il est condamné le avant d'être vendu à la démolition en et promptement démantelé[1]

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Maurizio Brescia, Mussolini's Navy : A Reference Guide to the Regina Marina 1930–45, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, , 240 p. (ISBN 978-1-59114-544-8)
  • Enrico Cernuschi et Vincent P. O'Hara, Warship 2013, Londres, Conway, , 134–48 p. (ISBN 978-1-84486-205-4), « Toulon: The Self-Destruction and Salvage of the French Fleet »
  • Conway's All the World's Fighting Ships 1922–1946, Greenwich, UK, Conway Maritime Press, , 456 p. (ISBN 0-85177-146-7)
  • John Jordan et Robert Dumas, French Battleships : 1922–1956, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, , 232 p. (ISBN 978-1-59114-416-8)
  • John Jordan et Jean Moulin, French Destroyers : Torpilleurs d'Escadre & Contre-Torpilleurs 1922–1956, Barnsley, UK, Seaforth Publishing, , 296 p. (ISBN 978-1-84832-198-4, lire en ligne)
  • JĂĽrgen Rohwer, Chronology of the War at Sea 1939–1945 : The Naval History of World War Two, Annapolis, Maryland, Third Revised, , 532 p. (ISBN 1-59114-119-2)
  • M. J. Whitley, Destroyers of World War Two : An International Encyclopedia, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, , 320 p. (ISBN 0-87021-326-1)

Liens externes

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