Tiémé
Tiémé est une sous-préfecture de la région du Denguélé, au nord-ouest de la Côte d'Ivoire, en Afrique de l'ouest. Elle se situe entre les villes de Boundiali et d'Odienné.
Tiémé | |||
Administration | |||
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Pays | Côte d'Ivoire | ||
District | Denguélé | ||
Région | Kabadougou | ||
Département | Odienné | ||
Démographie | |||
Population | 7 210 hab. (1998) | ||
Densité | 40 hab./km2 | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 9° 32′ 40″ nord, 7° 19′ 00″ ouest | ||
Superficie | 18 000 ha = 180 km2 | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : Côte d'Ivoire
Géolocalisation sur la carte : Côte d'Ivoire
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La ville de Tiémé hébergea René Caillié lors de son voyage de Conakry à Tombouctou au début du XIXe siècle. Il y restera pendant cinq mois, victime du scorbut, et efficacement soigné par les villageois, selon leurs méthodes traditionnelles.
Dans la région, l'indigotier pousse spontanément sans culture et sert surtout à teindre les fils de coton puis à fabriquer des étoffes de couleur.
Géographie
D’une superficie d’environ 180 km2, englobant une population estimée en 1998 à 7 210 habitants[1], la sous-préfecture de Tiémé est un espace dominé par l’ethnie Malinké, comprenant également des personnes d’origine Sénoufo et une frange infime non autochtone composée pour l’essentiel, de fonctionnaires ivoiriens et d’éleveurs peuls.
Le climat, de type soudanien est caractérisé par deux saisons nettement séparées : une saison sèche de quatre mois et une saison des pluies couvrant le reste de l'année.
Les pluies inégalement réparties sur l’année sont encadrées par une période d’harmattan contingente de la saison sèche, étalée de janvier à mars puis de novembre à décembre.
Ce régime pluviométrique irrégulier s'avère un facteur déterminant pour les activités de production des populations locales tournées en majorité vers l’élevage et l’agriculture.
La végétation est constituée par une savane arbustive, renforcée par des bosquets plus luxuriants dans les talwegs, où l’humidité se conserve bien plus longtemps après les pluies.
Histoire
La poussée du commerce de longue distance à travers les forêts et jusqu’à la côte à partir du XVe siècle, la propagation de l’Islam consécutive à ce commerce et l’éclatement de l’ancien empire du Mali à partir du XVe siècle auraient été à l’origine de migrations massives des peuples Malinké, Bambara et Sénoufo qui se sont repoussés mutuellement du Nord vers le Sud, favorisant ainsi le contexte de la création de Tiémé[2]. Ainsi, selon la tradition orale, bien avant l'arrivée des sylla sur le sol de Tiémé, toujours selon la tradition orale, les premiers habitants et propriétaires de Tiémé furent les Sénoufos, les Diarrassouba animistes les fondateurs de Tiémé partis de Kamoutigué, en République du Mali, à la recherche d’une montagne dont la description leur aurait été révélée par une prophétie divine, et conduits par (Soumaila Sylla qui était le père de Frékaba ; Frékaba était le père de Karamogogbèmana), un chef religieux, auraient transité par la localité de Tohi en République de Guinée (où Soumaila Sylla serait décédé), avant de s’installer sur le site actuel de la ville. Et selon la tradition orale, à l'arrivée des Sylla qui étaient des marabouts musulmans, ils déclarèrent aux Diarrassouba autochtones installés à Tangasso ou Tahansso (village à proximité de Tiemé 3 km) être à la recherche d'un sol à côté d'une montagne (le Mont Toukehiba). Et Tiémé est en langue Sénoufo. Et à travers leur périple et dans toute la région du Kabadougou, les sylla n'ont trouvé le coran que dans le seul village de fréfougoula (le village natal de feu Mamadou Ben Soumahoro), il faut par la même occasion dire qu'effectivement à la recherche des fameuses montagnes ou collines, une partie s'est installée à Sihana (vers Séguéla) et à ceux-là, on avait dit (si on ne trouve pas mieux, on reviendra vers vous) et comme les voyages duraient des décennies, une partie du contingent est restée à Sihana.
En raison de sa position stratégique, Tiémé sera l’enjeu majeur de guerres qui opposeront les trois royaumes voisins du Kabassarana, du Nafana et du Nöolo tout au long du XVIIIe siècle et jusqu’à l’époque du conquérant Almamy Samory Touré[2].
Après la décolonisation de la Côte d’Ivoire en 1960, Tiémé sera érigée successivement en chef-lieu de sous-préfecture en 1974[3], et en Commune en 1985[4].
Administration
La sous-préfecture dont Tiémé est le chef-lieu est une subdivision du département d’Odienné. Elle est limitée au nord par les sous-préfectures de Kaniasso et Goulia, au sud par les sous-préfectures de Séguelon et Dioulatiédougou, à l’est par le Département de Madinani et à l’Ouest par la sous-préfecture d’Odienné. Cet ensemble de 180 kilomètres carrés est composé de six (6) localités que sont Tiémé, Zégbao, Tahanso, N’dognigué, Tiémokosso et Komédougou.
La ville de Tiémé, chef-lieu de sous-préfecture et de Commune est située à 28 kilomètres d’Odienné sur l’axe routier Odienné-Boundiali et peuplée de 9350 habitants(?) en majorité d’ethnie Malinké et de religion musulmane.
Les services publics présents qui y ont été déployés (avant la crise) sont la Mairie de Tiémé, le Maire actuel M. SYLLA Ousmane est en poste depuis 2018 ; la Brigade de la Gendarmerie nationale, quatre établissements d’enseignement primaire et un établissement d’enseignement secondaire, les dispensaires de Tiémé et Zégbao ainsi que la maternité de Tiémé et un poste vétérinaire.
Les services parapublics sont constitués par le centre émetteur de la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI), l’Agence ivoirienne de presse (AIP), la Compagnie ivoirienne d’électricité, la Poste de Côte d'Ivoire, la Société de distribution d'eau de la Côte d'Ivoire (SODECI), et l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER).
Aspects socioculturels
Organisation traditionnelle
L’organisation sociale traditionnelle est structurée selon le type Malinké observable notamment au sud du Mali et comportant des principaux clans (dyamu, signifiant aussi patronyme), des réseaux (kabila, signifiant aussi lignage) et diverses autres relations tissées entre les habitants et se présentant comme une certaine reproduction des « castes » sociales (nyamankala) et des interdits de mariage[5].
Sous ce rapport, la société traditionnelle est constituée d’un seul clan, les Sylla, structuré en quatre lignages : les Kabila des Gbémana, Baboura, Mochiana, Férébara auxquels s’ajoutent les familles alliées regroupées dans le kabila des Fofana-Diarrassouba.
Les lignages des Sylla de Tiémé sont spécialisés dans l’exercice des pouvoirs. Les Baboura et Mochiana exercent les pouvoirs politiques traditionnels (chefferie) à tour de rôle tandis que les pouvoirs religieux, en l’occurrence le choix de l’Imam et la gestion des lieux de cultes, relèvent également à tour de rôle, de la responsabilité des Gbémana et Férébara.
Religion
Le domaine religieux est dominé par l’Islam qui regroupe l’écrasante majorité de la population et confère un pouvoir politique et social réel aux responsables religieux locaux. Élevé au rang d’institution dans la localité, l’Islam rythme et sous-tend l’ensemble de l'activité socioéconomique de la circonscription. Les principaux lieux de culte sont les mosquées de Tiémé, Zégbao, Tahanso et N'doniégué.
Les religions d’obédience chrétienne y sont représentées de manière marginale et se localisent essentiellement dans la ville de Tiémé où elles n’ont ni responsable ecclésiastique, ni temple : leurs adeptes se retrouvent dans des locaux privés pour y effectuer leurs prières. L’influence de ces religions au niveau local, est pratiquement nulle. Toutefois, la domination sans partage de l’Islam dans la vie privée et communautaire des populations, s’accompagne d’une survivance de traditions animistes ancestrales encore tenaces.
D’une manière générale, on ne peut négliger les racines profondes des habitants dont très peu échappent réellement à la perception cosmogonique animiste. Sans le laisser paraître, cette perception influence encore puissamment les populations locales. Comme au Mali, l’animisme se réfère ici à des croyances ancestrales et les gris-gris ayant vocation à protéger leurs utilisateurs se superposent à des pratiques islamiques authentiques[6].
René Caillié et Tiémé
La ville de Tiémé abrite René Caillié à l'occasion du voyage que celui-ci effectue de Conakry à Tombouctou au début du XIXe siècle. Terrassé par le scorbut, il y séjourne pendant cinq mois.
Il est pris en charge par une vielle du village du nom d'Assita, sur le plan médical, par les populations villageoises qui lui administrent avec succès des soins traditionnels.
René Caillié, avant de quitter Tiémé, a construit un petit monument pour marquer son passage. Il est aujourd'hui situé dans le centre-ville en face du centre culturel.
Notes et références
- Institut National des Statistiques : Recensement général de la population et de l'habitation(RGPH), 1998
- Taba-Lanciné Sylla, « Panorama de la commune de Tiémé », in l’Écho du Mont Toukéiba, n° 1, premier semestre 1986, p.5
- décret N° 74-499 du 3 octobre 1974, portant création de sept sous-préfectures dans le département d'Odienné, Journal Officiel de la République de Côte-d'Ivoire, 1974, page 1888
- Loi N° 85-1085 du 17 octobre 1985, portant création de quatre-vingt dix-huit (98) communes, Journal Officiel de la République de Côte-d'Ivoire, N° 47 du 21 octobre 1985, page 499
- Marie Miran: Islam, histoire et modernité en Côte d'Ivoire, page 119
- Organisation sociale au Mali
Sources
- René Caillié, Voyage à Tombouctou, 1830.
- Oswald Durand, René Caillié à Tombouctou
- Mme H. Célarié, La prodigieuse aventure d'un enfant du peuple. René Caillié, 1938.