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Thecacera pennigera

Thécacère emplumé

Thécacère emplumé
Description de cette image, également commentée ci-après
Thecacera pennigera

Espèce

Thecacera pennigera
(Montagu, 1815)[1]

Synonymes

  • Doris pennigera Montagu, 1815
  • Thecacera lamellata Barnard, 1933
  • Thecacera maculata Eliot, 1905[1]

Le ThĂ©cacère emplumĂ© (Thecacera pennigera) est une espèce de nudibranche de la famille des Polyceridae. Le corps de ce mollusque est blanc et constellĂ© de taches orange et noires. Il mesure jusqu'Ă  30 mm de longueur. L'espèce est reconnaissable grâce Ă  la touffe branchiale en forme de fer Ă  cheval visible sur son dos et aux fourreaux incomplets Ă  la base des rhinophores. T. pennigera a une aire de distribution consĂ©quente comprenant les ocĂ©ans Atlantique, Pacifique, Indien et la mer MĂ©diterranĂ©e.

Taxinomie et Ă©tymologie

L'espèce est décrite par le naturaliste anglais George Montagu en 1815 : il la place dans le genre Doris ; l'holotype est collecté dans des eaux peu profondes, dans le Devon[2]. L'espèce est par la suite déplacée dans le genre Thecacera créé par le zoologiste écossais John Fleming en 1828, inclus au sein de la famille des Polyceridae. En plus du nom original, deux synonymes sont connus : T. maculata par Charles Eliot en 1905,et T. lamellata par Keppel Harcourt Barnard en 1933[1]. Le nom du genre signifie « étui » et « corne » et renvoie aux fourreaux desquels sortent les rhinophores ; l'épithète spécifique signifie « qui porte des plumes ». Le nom normalisé Thécacère emplumé provient de la francisation du nom binominal[3].

Distribution et habitat

Si l'espèce a bien été décrite à partir d'un spécimen collecté sur le littoral anglais, la distribution de l'espèce ne se limite pas à la Manche. En effet, T. pennigera est un cas de répartition cosmopolite dans les eaux tempérées : dans la Manche, le nudibranche a été observé sur le littoral des îles Britanniques, des îles anglo-normandes et du Cotentin. Des observations ont été recensées en mer Méditerranée. L'espèce est également connue dans l'Atlantique, de la côte ouest de l'Irlande et du bassin d'Arcachon au nord jusqu'en Afrique du Sud et au Brésil au sud[3]. Dans les océans Pacifique et Indien, le Thécacère emplumé a été observé au Pakistan, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon et en Corée[4]. Cette répartition géographique très large pourrait être due à l'essor du transport maritime puisque ses proies habituelles sont parmi les organismes les plus fréquents sur les coques des navires[5] - [6]. L'origine première de l'espèce est inconnue mais la variété de coloration des spécimens du Pacifique en comparaison avec l'uniformité de ceux de l'Atlantique pourrait laisser suggérer que le nudibranche est originaire du Pacifique ; la population atlantique aurait alors traversé les océans par navire au début du XIXe siècle[7].

Le biotope du ThĂ©cacère emplumĂ© est composĂ© de fonds rocheux oĂą vivent des bryozoaires du genre Bugula. La prĂ©sence d'hydrozoaires, d'Ă©ponges et de tuniciers Ă  proximitĂ© est rĂ©currente[7]. L'espèce se rencontre depuis la zone intertidale jusqu'Ă  une profondeur d'environ 20 m, parfois Ă  un peu plus de 30 m[8] - [6].

Description

T. pennigera tel que représenté dans la monographie d'Albany Hancock et Joshua Alder en 1855.

T. pennigera mesure gĂ©nĂ©ralement entre 15 et 30 mm[7]. Le corps est blanc translucide et constellĂ© de petits points jaunes, bleus et noirs ; les taches orangĂ©es sont lĂ©gèrement plus grandes que les autres mais les points noirs sont plus nombreux[9] - [10]. Les spĂ©cimens de l'Atlantique ont une coloration lĂ©gèrement diffĂ©rente de ceux du Pacifique : les points de couleur sont d'une taille sensiblement infĂ©rieure[11]. Le corps est plus large sur la partie antĂ©rieure que postĂ©rieure et se termine par un pied long et Ă©troit ; une membrane comparable Ă  une quille de navire est disposĂ©e latĂ©ralement et de chaque cĂ´tĂ© du pied[6]. La tĂŞte est relativement aplatie et large ; la paire de rhinophores est situĂ©e sur le dessus de la tĂŞte, chacun d'entre eux s'Ă©lève depuis un fourreau qui ne les enserre pas complètement. Les rhinophores sont lamellĂ©s et de la mĂŞme couleur que le reste du corps. L'absence de tentacules oraux et de digitations sur le voile oral se fait remarquer[3] - [6]. Sur le dos, la touffe branchiale en forme de fer Ă  cheval est composĂ©e de trois Ă  cinq « feuilles distinctes ». La papille anale est placĂ©e au centre. Deux digitations Ă  l'apex blanc opaque sont situĂ©es juste derrière cette touffe : elles pourraient avoir un rĂ´le dĂ©fensif[7] - [6] - [9].

Le Thécacère emplumé peut présenter de légers risques de confusions avec d'autres espèces à l'apparence similaire. Il se distingue de Polycera quadrilineata par une taille plus petite, par l'absence de tentacules oraux et par la présence systématique de points noirs quand ceux-ci sont exceptionnels chez P. quadrilineata[3]. Polycera hummi a une coloration approchante mais la distinction est facile en comparant les fourreaux des rhinophores[7].

Écologie

Les espèces du genre Bugula, ici B. turrita, sont les proies habituelles du nudibranche, mais aussi le substrat sur lequel est déposé la ponte.

T. pennigera est une espèce nocturne. Bien que répartie sur un immense espace, les populations sont difficiles à observer à cause de la faible densité et du camouflage entrainé par leur coloration ; les observations sont facilitées quand la nourriture est présente en abondance[7]. Ce prédateur est un carnivore spécialisé qui se nourrit de bryozoaires principalement issus du genre Bugula[6] - [4]. L'espèce B. plumosa est l'une des proies les plus courantes, notamment dans l'océan Atlantique[9]. Selon certaines observations, ce nudibranche se nourrit exceptionnellement d'algues[3]. La présence d'hydrozoaires, d'éponges et de tuniciers à proximité est récurrente[7].

Comme les autres nudibranches, cette espèce est hermaphrodite : la couleur de la ponte (ou « oothèque ») est comprise entre le fauve et le blanc[3]. Elle prend la forme d'un ruban en spirale composé de milliers d'œufs minuscules. La ponte est déposée sur un substrat arborescent : il s'agit le plus souvent des bryozoaires dont le nudibranche se nourrit. La ponte sert souvent d'indicateur à la présence du nudibranche[6] - [7].

Les prédateurs de T. pennigera ne sont pas connus mais il est possible qu'il en existe[7].

Annexes

Références taxinomiques

Notes et références

  1. World Register of Marine Species, consulté le 10 mars 2016
  2. (en) George Montagu, « Descriptions of several new or rare animals, principally marine, discovered on the South coast of Devonshire. », Transactions of the Linnean Society of London, vol. 11, no 1,‎ , p. 1-26 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Philippe Le Granché et Yves Müller, « Thécacère emplumé », sur doris.ffessm.fr, (consulté le ).
  4. (en) William B. Rudman, « Thecacera pennigera (Montagu, 1815) », sur seaslugforum.net, (consulté le ).
  5. (en) R. C. Willan, « The opisthobranch Thecacera pennigera (Montagu) in New Zealand, with a discussion of the genus. », The Veliger, vol. 18, no 4,‎ , p. 347-352.
  6. (en) Aketza Herrero, Manuel Ballesteros, Enric Madrenas, Miquel Pontes et al., « Thecacera pennigera », sur opistobranquis.info, (consulté le ).
  7. (en) J. Masterson, « Thecacera pennigera (Winged Thecacera) », sur Smithsonian Marin Station, (consulté le ).
  8. (en) C. Swennen, « Data on distribution, reproduction and ecology of the nudibranchiate molluscs occuring in the Netherlands. », Netherlands Journal of Sea Research, vol. 1, nos 1-2,‎ , p. 191-240.
  9. (en) B. E. Picton et C. C. Morrow, « Thecacera pennigera (Montagu, 1813) », sur habitas.org.uk, (consulté le ).
  10. Anne Bay-Nouailhat, « Thecacera pennigera », sur mer-littoral.org, (consulté le ).
  11. (en) William B. Rudman, « Thecacera pennigera from eastern Australia », sur seaslugforum.net, (consulté le ).
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