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Tata Nano

La Tata Nano est une automobile citadine créée par Tata Motors et dévoilée le lors du 9e salon de New Delhi Expo Auto, en Inde. Un des premiers enjeux de la Nano est de répondre de façon adaptée aux besoins du marché local en produisant une voiture accessible au plus grand nombre. Dans un second temps, l’objectif de Tata Motors est de s’implanter sur le marché international, notamment dans des pays comme la Chine, avec une voiture qui aurait les qualités de ses rivales à un prix défiant toute concurrence.

Tata Nano
Tata Nano

Marque Drapeau de l'Inde Tata Motors
Années de production 2008 - 2016
Classe mini-citadine
Usine(s) d’assemblage Drapeau de l'Inde Gujarat
Moteur et transmission
Énergie Essence / air comprimé
Moteur(s) 2 cylindres
Cylindrée 624 cm3
Puissance maximale 33 Ă  38 ch
Couple maximal 48 Ă  51 N m
Transmission Propulsion
Boîte de vitesses Manuelle 4 rapports
Pilotée
Poids et performances
Poids Ă  vide 600 Ă  635 kg
Vitesse maximale 105 Ă  110 km/h
Accélération 0 à 100 km/h en 29.78 s
Consommation mixte 3.85 Ă  4.6 L/100 km
Émission de CO2 101 à 92.7 g/km
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s) Berline, 5 portes, 4 places
Suspensions MacPherson
Dimensions
Longueur 3 100 mm
Largeur 1 500 mm
Hauteur 1 600 mm

La Tata Nano[1] de sĂ©rie (sans chauffage, ni ventilation, ni radio, ni direction assistĂ©e) est prĂ©sentĂ©e comme la voiture neuve la moins chère du monde, avec un prix hors taxes de 100 000 roupies indiennes, soit approximativement 1 560 â‚¬ ou 2 000 $US.

Elle est proposée avec une boîte de vitesses à quatre rapports, puis un peu plus tard équipée en option d'une boîte Easyshift pilotée.

Tata annonce l'arrĂŞt de la Nano en [2].

Modèles

Une Nano en finition GenX.

Lors de sa sortie en Inde, la Nano existe en plusieurs niveaux de finition :

  • Modèle de base, sans options ; pas d'habillage intĂ©rieur ;
  • CX : Habillage intĂ©rieur, climatisation, vitres teintĂ©es ;
  • LX : En plus des options de la CX, ce modèle est Ă©quipĂ© de vitres avant Ă  ouverture Ă©lectrique, de pare-soleil, de pare-chocs de la couleur de la carrosserie, d’un système de verrouillage central et de phares anti-brouillard.
  • GenX: Direction assistĂ©e, frein plus efficace, autoradio plus performant proposant le Bluetooth, boĂ®te Easyshift pilotĂ©e avec mode Sport.

Histoire

Le concept

Le concept de la Nano revient à l’industriel indien Ratan Tata. Observant les deux-roues qui circulent dans les rues de Calcutta, transportant jusqu'à quatre personnes, des familles entières, Ratan se demande comment concilier les exigences de sécurité avec les possibilités financières de ces familles[3]. Ratan Tata pense alors à un modèle qui combinerait la légèreté et le prix d’un scooter avec la stabilité d’une quatre-roues mais ne réussit pas à intéresser l’Association des fabricants de pièces automobiles, l’ACMA (Automotive Component Manufacturers' Association) à son idée[3]. En 1998, Chrysler expérimente avec un prototype, la Chrysler CCV, destiné aux pays émergents, qui utilise des matériaux de synthèse, plus légers, mais qui ne sera pas commercialisé. En Inde, la Maruti 800, sortie en 1984, devient une des voitures les plus populaires sur le marché national, donnant aux constructeurs indiens une idée de ce qu’attendent les consommateurs.

Le concept de la Nano va désormais s’articuler autour de ces trois objectifs : garantir la sécurité des passagers, maintenir le prix accessible au plus grand nombre, trouver une formule qui assure la popularité du véhicule[3].

Spécificités techniques

L'accès au moteur situé à l'arrière s'effectue en repliant les sièges.
  • Tata Motors collabore avec Bosch pour concevoir un moteur Ă  la fois puissant, mais plus simple que celui des voitures qui sont alors commercialisĂ©es.
  • Le nombre d’essuie-glace est rĂ©duit Ă  un (comme certaines CitroĂ«n).
  • La taille rĂ©duite des roues, plus lĂ©gères, plus Ă©conomiques en termes de pneus, Ă©limine la nĂ©cessitĂ© de la direction assistĂ©e (comme la Mini).
  • Les roues arrière motrices sont lĂ©gèrement plus larges que les roues avant pour assurer une tenue de route correcte dans les virages[4] (comme la Smart).
  • La carrosserie de mĂ©tal doit combiner lĂ©gèretĂ© pour le coĂ»t et rigiditĂ© pour la sĂ©curitĂ©[4].
  • Pour augmenter la place dans l’habitacle, les ingĂ©nieurs installent le moteur Ă  l’arrière ; il sera accessible en repoussant les sièges des passagers[4] (comme la Smart).

Les difficultés de production

La production de 250 000 exemplaires par an dans un premier temps puis de 500 000/an est prĂ©vue dans l'usine de Singur, État du Bengale occidental. Cependant, l'hostilitĂ© des paysans dont les terres ont Ă©tĂ© rĂ©quisitionnĂ©es pour la construction de l'usine, mouvement qui bĂ©nĂ©ficie du soutien de Mamata Banerjee, leader de l'opposition au parti au pouvoir, a dĂ©cidĂ© les dirigeants de Tata Motors Ă  arrĂŞter le chantier. L'entreprise a investi 350 millions de dollars dans l'aventure. Ces Ă©vĂ©nements pourraient retarder la livraison des nanos, prĂ©vue pour [5] - [6] - [7]. Au dĂ©but du mois d', Tata Motors prend la dĂ©cision de dĂ©localiser l'usine au Gujarat[8].

Les aléas qui affectent l’ensemble de l'économie mondiale en 2008 provoquent des inquiétudes sur la capacité de Tata à tenir ses promesses. Le prix symbolique annoncé de 100 000 roupies lors du lancement est menacé lors de la hausse du cours des matières premières en 2008, de même que pour tous les produits manufacturés[9]. En , Hyundai abandonne l'idée d'une voiture bon marché, laissant Renault-Nissan et Bajaj Auto, qui avaient conclu un accord en , comme seuls concurrents possibles de la Tata Nano sur le marché indien[9]. La baisse des cours des matières premières éloigne cette menace, mais la crise de 2008 a touché l’entreprise, qui a perdu 58,5 millions de dollars au cours du dernier trimestre de l’année[10]. De plus Tata Motors s'est endettée en pour racheter Jaguar et Land Rover à Ford[11]. Le succès de la Nano représente un gros enjeu pour la compagnie, qui annonce la sortie du véhicule avec sept mois de retard pour le [10] - [11].

En 2009, Tata Motors ne dispose que d’une unitĂ© de production Ă  Pantnagar (Uttaranchal) près de New Delhi. L’usine, qui produisait des camionnettes, a dĂ» ĂŞtre reconvertie[12], les installations dĂ©diĂ©es Ă  la voiture dans le Gujarat Ă©tant encore en construction[11] ; elle doit revoir la production Ă  la baisse. La compagnie estime pouvoir livrer 50 000 vĂ©hicules au lieu des 250 000 initialement prĂ©vus[10]. Le journal Le Monde estime que les retards de production ont jouĂ© en faveur des concurrents, Maruti ou Bajaj, qui prĂ©parent une riposte[10]. Le magazine libĂ©ral britannique The Economist note qu’aux sept mois de retard sur les dates annoncĂ©es, il faut ajouter un nouveau dĂ©lai avant que les clients ne puissent passer commande et plusieurs mois d’attente avant que le vĂ©hicule ne leur soit livrĂ©[11]. Seuls les 100 000 premiers acheteurs pourront bĂ©nĂ©ficier du tarif annoncĂ© de 1 lakh, et si les commandes dĂ©passent ce chiffre, ils seront tirĂ©s au sort[13]. Pour les autres acheteurs, le prix de base en est de 123 360 roupies.

RĂ©actions

La voiture

Intérieur de la Nano.

La voiture est bien accueillie par les médias et le public indiens[13] : « Nano's real and cool » titre The Times of India, notant que l’attente du public est maintenant récompensée par ce véhicule « esthétique, spacieux, doté de quatre sièges, économique, assez puissant et agréable à conduire. Et en plus, il est incroyablement bon marché »[14]. La revue spécialisée Zigwheels annonce : « elle est enfin là, tant pis pour les sceptiques [15]» avant de faire un compte rendu positif de ses performances. Le courrier des lecteurs insiste à la fois sur l’intérêt de la Nano comme véhicule urbain, sur ses prouesses technologiques mais aussi sur l’importance pour l’Inde de produire une voiture qui fait entrer l’industrie automobile nationale sur la scène internationale[15]. Même écho positif chez le magazine Overdrive[3].

Impact environnemental

Du côté écologiste, les remarques sont plus mitigées. Miser sur la voiture privée, c'est renoncer à développer les transports en commun et adopter un modèle qui a déjà démontré ses dangers dans les pays occidentaux : ralentissement de la circulation dans les grandes villes et pollution accrue, un « cauchemar » pour le prix Nobel Rajendra Kumar Pachauri qui préside le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat[16]. Est-ce que la Nano est capable de tenir ses promesses en matière d’environnement[17] ? Quel impact pourrait avoir le « transport privé de masse » sur la planète lorsqu’un des pays les plus peuplés du monde comme l’Inde adopte le modèle consumériste occidental[17] ?

Échec commercial

Les experts notent que la crise de 2008 a créé une conjoncture favorable au marché de l’occasion, et que les acheteurs potentiels pourraient se tourner vers des modèles de seconde main plus luxueux si Tata Motors ne pouvait suffire à alimenter la demande[3].

Les avis sont partagés sur l’avenir de la Nano sur le marché international[18]. Les uns notent que Tata a su s’adapter à un marché émergent que la plupart des constructeurs actuels méconnaissent[18] et que l’Inde possède des atouts uniques : savoir-faire hautement compétitif, main-d’œuvre bon marché, environnement multiple qui lui permet de tester les véhicules dans toutes les conditions possibles, marché intérieur suffisamment important pour espérer amortir les investissements[18]. Chez les constructeurs automobiles, la sortie de la Nano est perçue comme un défi. Bajaj Auto, Chrysler, Renault-Nissan, Toyota Motor avaient déjà annoncé qu’ils travaillaient à un nouveau modèle de voiture économique. Skoda décide d’avancer la sortie d’un nouveau modèle de petite voiture[19].

Alors que l'objectif initial Ă©tait de produire 20 000 unitĂ©s par mois, les ventes annuelles ne sont que d'environ 10 000 unitĂ©s en 2014. La production chute Ă  400 vĂ©hicules en [2] et le , Tata Motors reconnaĂ®t officiellement que la Nano n'a produit que des pertes et annonce l'arrĂŞt de la production.

Version européenne

La version europĂ©enne de la Tata Nano est dĂ©voilĂ©e au Salon de Genève 2009. Elle est mieux Ă©quipĂ©e en matière de confort et de sĂ©curitĂ© (Crash Tests EuroNCAP) que la version destinĂ©e aux marchĂ©s Ă©mergents. En particulier, elle respecte la norme europĂ©enne d'Ă©mission Euro 5. Son coĂ»t est estimĂ© Ă  5 000 â‚¬[20].PrĂ©vue pour 2010-2011 puis repoussĂ©e Ă  2015[21], sa commercialisation n'a finalement jamais eu lieu.

Annexes

Les « voitures pour tous »

Notes et références

  1. Le nom de Nano a sans doute été choisi en référence à la petite taille de la voiture.
  2. Guillaume Delacroix, « Tata fait part du décès de la Nano », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) « Tata Nano special, part II - The Dream », Overdrive,‎ (lire en ligne)
  4. (en) « Tata Nano special, part III - The Innovations », http://www.overdrive.in/story-articles-articles/tata_nano_the_innovations-11262-1.html,‎
  5. La Nouvelle République, 04/09/2008, « Tata arrête le chantier de l'usine de l'auto la moins chère du monde ».
  6. BBC News : 23 août 2008, The head of the opposition party in the Indian state of West Bengal has called for an indefinite siege of the factory building the world's cheapest car (Le chef de l'opposition de l'état indien du Bengale occidental appelle à un siège illimité autour du chantier de construction de l'usine de la voiture la moins chère du monde).
  7. Le Monde, 5 septembre 2008, Les paysans indiens poussent Tata Ă  retarder la fabrication de la Nano.
  8. International Herald Tribune, 8 octobre 2008, (en) "Tata finds a new home for Nano factory" ( « Tata trouve un nouveau gîte pour l'usine Nano »)
  9. The New York Times, 5 août 2008, « Tata Nano Could Be Too Cheap to Succeed » (La Tata Nano pourrait être trop bon marché pour être rentable)
  10. « L'indien Tata lance enfin la Nano, la voiture la moins chère du monde », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. (en) « The world's cheapest car is set to go on sale », The Economist,‎ (lire en ligne)
  12. Interview de Ratan Tata par Forbes magazine, Naazneen Karmali, « Delivering On A Promise: Tata Rolls Out The Nano-langue=en », Forbes,‎
  13. (en) Randeep ramesh, « Tata Nano: World's cheapest car is India's answer for cash-strapped drivers », The Guardian, Mumbai,‎
  14. [..] good looking, spacious, seats four, frugal, decently powerful and fun to drive. Plus, it’s incredibly cheap (en) « Nano's real and cool », The Times Of India,‎ (lire en ligne)
  15. Adil Jal Darukhanawala, « Tata Nano First Drive » (consulté le )
  16. (en) Salil Panchal, « No-frills nano could take years to delivery », Motoring,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. (en) George Monbiot, « Is the world's cheapest car on the road to ruin? », The Guardian,‎
  18. (en) Swati Prasad, « India's Nano to challenge global auto industry », Zednet news,‎ .
  19. (en) « Skoda advances small car launch », Times of India,‎ (lire en ligne)
  20. « Tata lancera la Nano le 23 mars 2009 », CCFA, .
  21. « La Tata Nano débarque en Europe en 2015 », sur news.autoplus.fr

Liens externes

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