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Septimia Bathzabbai ZĂ©nobie

Septimia Bathzabbai ZĂ©nobie (en dialecte palmyrĂ©nien De droite Ă  gauche les lettres BETH, TAW, ZAYIN, BETH, YODH : 𐥥𐥶𐥊𐥥𐥩), plus connue sous la forme hellĂ©nisĂ©e ZĂ©nobie[1], Ă©tait l’épouse d'OdĂ©nat, roi de Palmyre. AprĂšs l'assassinat de celui-ci et de son fils Hairan vers 267, ZĂ©nobie fit transfĂ©rer Ă  son fils Wahballat les titres de son pĂšre, notamment celui de « roi des rois ». Devant l'incapacitĂ© des empereurs Ă  dĂ©fendre la Syrie, elle parvint Ă  rĂ©unir sous son autoritĂ© les provinces de Syrie, d'Arabie et d'Égypte, et commença la conquĂȘte des provinces d'Asie Mineure. Elle proclama Wahballat empereur de Rome et prit le titre d'Augusta comme « mĂšre » de cet empereur. Mais AurĂ©lien, empereur depuis l'automne 270, entreprit Ă  la fin de 271 de combattre ces rivaux. AprĂšs des victoires prĂšs d'Antioche puis prĂšs d'ÉmĂšse, il s'empara de Palmyre (« Tadmor » en aramĂ©en). CapturĂ©e par AurĂ©lien, ZĂ©nobie fut envoyĂ©e Ă  Rome pour figurer au triomphe, aprĂšs quoi on perd sa trace.

ZĂ©nobie
Usurpatrice romaine
Impératrice à Palmyre
Image illustrative de l’article Septimia Bathzabbai ZĂ©nobie
Un antoninien Ă  l'effigie de ZĂ©nobie.
RĂšgne
267 - 272 (~5 ans)
Syrie / Égypte / Cappadoce
Empereur Gallien, Claude II puis Aurélien
Période Les « Trente Tyrans »
Précédé par Odénat
Co-usurpé par Waballath (depuis 270)
Suivi de Rattaché à l'Empire romain
Biographie
Nom de naissance Septimia Bathzabbai ZĂ©nobie
Naissance v. 240
DĂ©cĂšs v. 275 - Tibur (Latium) (?)
Époux OdĂ©nat
Descendance Waballath

Biographie

Queen Zenobia's Last Look Upon Palmyra (Dernier regard de la reine ZĂ©nobie sur Palmyre), une toile de Herbert Schmalz.

Le nom grec « ZĂ©nobie » signifie « Vie de Zeus » ; il n'a aucun rapport direct avec l’aramĂ©en Bath Zabbai (du clan de Zabbai), qui est le nom originel de ZĂ©nobie. Issue probablement d'une famille arabe de la colonie romaine de Palmyre[2], son pĂšre est un notable de la ville, appelĂ© Antiochos[3].

ZĂ©nobie fit de Palmyre un foyer culturel brillant du Proche-Orient, attirant les premiers chrĂ©tiens, des artistes, des rhĂ©teurs et philosophes, dont le platonicien Longin d’ÉmĂšse. Callinicos, philosophe nabatĂ©en natif de PĂ©tra et rhĂ©teur Ă  AthĂšnes, la compare Ă  ClĂ©opĂątre[4]. Elle portait le titre de reine, non pas « reine de Palmyre », titre qui ne fut jamais attestĂ© et n’aurait aucune raison d’ĂȘtre car l'Empire palmyrĂ©nien ne fut jamais un royaume pendant toute son histoire ; nĂ©anmoins, elle restait reine car son Ă©poux Odenath avait pris le titre de « roi des rois », revendiquant la couronne des rois perses aprĂšs avoir vaincu ceux-ci plusieurs fois en Syrie et en MĂ©sopotamie.

L’assassinat d’OdĂ©nat et de son fils aĂźnĂ© Herodes en l'an 267, dans des conditions obscures, peut-ĂȘtre par un parent proche – qui Ă©tait sans doute le neveu d’OdĂ©nat, selon Jean Zonaras, et que l’Histoire Auguste nomme Maeonius et dit que celui-ci aurait Ă©tĂ© son cousin –, l’encouragea Ă  aller droit au but. DotĂ©e d’une forte personnalitĂ©, ZĂ©nobie profita de l’incapacitĂ© des empereurs romains Ă  dĂ©fendre la Syrie contre les Perses sassanides, ainsi que de l’anarchie rĂ©gnant Ă  la tĂȘte de l’Empire, pour proclamer son jeune fils Wahballat empereur de Rome, peu avant le , tandis qu'elle prit elle-mĂȘme le titre d’Augusta ou impĂ©ratrice. Ses troupes, dirigĂ©es par le gĂ©nĂ©ral Zabdas, prirent l’Égypte Ă  l'automne 270[5]. Elle dĂ©tenait sous son autoritĂ© la Syrie, la PhĂ©nicie. Elle Ă©tendit son autoritĂ© en Asie Mineure jusqu'Ă  Ancyre Ă  la mort de Claude, et visait Ă  s'emparer du reste de celle-ci, jusqu'en Bithynie.

Carte de l'empire Palmyrien
L'empire Palmyrien en 271 ap. J.-C. (en jaune).

Cependant les difficultĂ©s naquirent avec l’arrivĂ©e au pouvoir d'un nouvel empereur, le puissant et Ă©nergique AurĂ©lien, dotĂ© d’une plus forte personnalitĂ© que ses prĂ©dĂ©cesseurs. ZĂ©nobie tenta de nĂ©gocier avec ce nouveau souverain afin que son fils fĂ»t associĂ© Ă  son pouvoir, comme semblent en tĂ©moigner des monnaies Ă©mises en Égypte portant l’effigie des deux personnages. Elle fait en effet frapper monnaie Ă  Antioche et Ă  Alexandrie (en 270). Pour ces derniĂšres, le buste d'AurĂ©lien, le nouvel empereur romain qualifiĂ© d'« auguste », et celui de Wahballat qualifiĂ© d'« empereur », se font face[6]. Mais AurĂ©lien refusa et dĂ©cida de mettre un terme dĂ©finitif aux activitĂ©s de la reine-impĂ©ratrice. En Égypte, des troupes romaines fidĂšles Ă  l’autoritĂ© d'AurĂ©lien finirent par chasser les troupes palmyrĂ©niennes.

AurĂ©lien entreprit une expĂ©dition en 272 et remporta une sĂ©rie de victoires sur les troupes palmyrĂ©niennes en Asie Mineure, puis Ă  proximitĂ© d’Antioche, enfin prĂšs d’ÉmĂšse. La route de Palmyre Ă©tait dĂ©sormais ouverte ; la ville tomba sans combat, car elle ne disposait pas de remparts. Elle fut mise Ă  sac, mais ne fut pas dĂ©truite. L’empereur fit ZĂ©nobie prisonniĂšre alors qu’elle tentait de trouver refuge au-delĂ  de l’Euphrate. EmmenĂ©e Ă  Rome, elle orna son triomphe et fut condamnĂ©e Ă  l’exil Ă  Tibur (aujourd’hui Tivoli) – quoique les sources soient trĂšs contradictoires sur le sort rĂ©servĂ© Ă  la reine aprĂšs le triomphe d'AurĂ©lien. On ignore la date, le lieu et la cause de sa mort.

Dans la culture

La reine ZĂ©nobie devant l’empereur AurĂ©lien, tableau de Giambattista Tiepolo, musĂ©e du Prado.

Musique

  • En 2007, le dramaturge et compositeur libanais Mansour Rahbani Ă©crit une biographie presque fictive de ZĂ©nobie Ă  travers une comĂ©die musicale en arabe littĂ©raire, avec, dans le rĂŽle principal, la chanteuse libanaise Carole Samaha. Dans cet opĂ©ra, s’inspirant probablement du livre de Violaine Vanoyeke ZĂ©nobie, l’hĂ©ritiĂšre de ClĂ©opĂątre, il affirme que ZĂ©nobie avait pour conscience l’esprit de la reine d’Égypte ClĂ©opĂątre, et se trouvait dans la volontĂ© qu’AurĂ©lien tombe sous son charme comme Marc Antoine tomba sous le charme de ClĂ©opĂątre, ce qui ne fut pas le cas. Enfin, il dĂ©clare que ZĂ©nobie fut probablement le premier personnage historique arabe Ă  revendiquer les droits et libertĂ©s des Arabes, et la premiĂšre femme du Proche-Orient Ă  se rĂ©volter contre la tyrannie. C'est une illustration de l'imaginaire nationaliste syrien au sujet de ZĂ©nobie, mĂȘme si aucune source antique n'incite Ă  aller dans ce sens.

Peinture et sculpture

Giambattista Tiepolo, La Reine ZĂ©nobie haranguant ses soldats, v. 1725-1730.
  • ZĂ©nobie est souvent reprĂ©sentĂ©e en peinture et en sculpture, surtout par les artistes nĂ©oclassiques ; mais il faut veiller Ă  ne pas la confondre avec une autre ZĂ©nobie, ArmĂ©nienne du Ier siĂšcle dont les mĂ©saventures sont contĂ©es par Tacite.
  • Giovanni Battista Tiepolo en peinture lui consacra un cycle de plusieurs toiles commandĂ©es vers 1717 par Alvise Zenobio pour son palais vĂ©nitien[7], dont La Reine ZĂ©nobie s'adressant Ă  ses soldats Ă  la National Gallery of Art de Washington[8], Chasseur Ă  cheval et Chasseur avec cerf Ă  la Fondazione Cariplo de Milan.
  • On peut aussi citer Zenobia, Queen of Palmyra (1857) de Harriet Hosmer, Art Institute of Chicago ou Zenobia in Chains (1859) de Harriet Hosmer, Saint Louis Art Museum en sculpture.
  • L'artiste Franco-Syrien Rohan Houssein, invitĂ© Ă  l'UniversitĂ© de Malmö en SuĂšde en 2013, rĂ©alise la toile Zenobia is crying, pour l'exposition Syrian Art for Peace. La peinture reprĂ©sente la Syrie, incarnĂ©e par la fĂ©minitĂ© de la reine, en dĂ©tresse face Ă  l'ignominie de la guerre.
  • L'artiste franco-syrien George Baylouni[9], a rĂ©alisĂ© en 2012 un tableau reprĂ©sentant la reine ZĂ©nobie (acrylique sur toile - 149 x 100cm)[10], ceci trois ans avant le saccage du site archĂ©ologique de Palmyre. La peinture, produite dans des tons ocres rappelant selon l'artiste les couleurs des terres mĂ©sopotamiennes, reprĂ©sente la reine ZĂ©nobie. Celle-ci est sciemment ensanglantĂ©e par l'artiste[11].

Art contemporain

Littérature

La littérature a souvent utilisé le personnage de la reine Zénobie comme Pedro Calderón de la Barca dans La gran Cenobia (1625) ou Geoffrey Chaucer qui raconte sa vie dans une des tragédies du conte du Moine des Contes de Canterbury. Louis de Wohl fait de nombreuses références à Zénobie dans The Living Wood (1947) et Alexander Baron lui consacre The Queen of the East (1956).

Romans
  • Bernard Simiot, Moi, ZĂ©nobie, reine de Palmyre, Seuil, 2002, 376 p.
  • Myriam Antaki, Souviens-toi de Palmyre, Grasset, 2003
  • RaphaĂ«l Toriel, J’ai le cƓur Ă  Palmyre, Beyrouth, les Éd. de la Revue PhĂ©nicienne, 2010
  • A.B Daniel (prĂ©face de Jack Lang), Reine de Palmyre, XO Éditions, 2016

Le prénom Zénobie est souvent utilisé pour son caractÚre exotique et pour des personnages féminins de pouvoir comme dans The Blithedale Romance de Nathaniel Hawthorne, Rites of Passage de William Golding, Joy in the Morning de P.G. Wodehouse, Stranger in a Strange Land de Heinlein, Zenobia de l'auteur surréaliste Gellu Naum, dans la série Conan de Robert E. Howard, Fletcher and Zenobia d'Edward Gorey et Ethan Frome d'Edith Wharton.

Le livre Reine de Palmyre de A. B. Daniel relate la vie de Zénobie de maniÚre romanesque. Il est cependant fondé sur une recherche des faits historiques.

Théùtre

Boris Vian utilise le nom de ZĂ©nobie pour un personnage de sa piĂšce Les bĂątisseurs d'empire, en 1959.

Patronymie

  • Au XIXe siĂšcle, ZĂ©nobie et Palmyre sont un temps des prĂ©noms en vogue pour les nouveau-nĂ©s.

Culture populaire

Au XXe siÚcle, la reine est l'une des égéries des nationalistes syriens, qui l'appellent « Al-Zabba »[14].

Notes et références

  1. (en) « Palmyra's ancient queen: Zenobia, secular Arab heroine - Qantara.de », Qantara.de - Dialogue with the Islamic World,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  2. (en) Trevor Bryce, Ancient Syria : a three thousand year history, (ISBN 978-0-19-100292-2, 0-19-100292-5 et 1-306-63760-0, OCLC 877868387, lire en ligne)
  3. Sartre et Sartre-Fauriat 2014, p. 17.
  4. Paul Veyne, Palmyre. L'irremplaçable trésor, Paris, Albin Michel, , p. 82.
  5. Sartre et Sartre-Fauriat 2014, p. 104-108.
  6. Veyne 2015, p. 85.
  7. Fondation Cariplo
  8. ZĂ©nobie et ses soldats, Washington
  9. George Baylouni, « Mémoire de Terre », sur www.george-baylouni.wixsite.com/baylouni, (consulté le )
  10. Paul VeyssiÚre, « Mémoire de Terre », sur www.george-baylouni.wixsite.com/baylouni, (consulté le )
  11. Paul VeyssiÚre, « Mémoire de Terre », sur www.george-baylouni.wixsite.com/baylouni, (consulté le )
  12. Musée de Brooklyn - Centre Elizabeth A. Sackler - Zénobie
  13. Judy Chicago, The Dinner Party : From Creation to Preservation, Londres, Merrel 2007. (ISBN 1-85894-370-1).
  14. Karen IsĂšre, « Palmyre dans la ligne de mire », Paris Match,‎ , p. 54-57.

Annexes

Bibliographie

  • Jean Starcky et Michel Gawlikowski, Palmyre, J. Maisonneuve, , 160 p.
  • (it) E. Equini Schneider, Septimia Zenobia Sebaste, Rome, « L'Erma » di Bretschneider, .
  • (en) Richard Stoneman, Palmyra and its Empire : Zenobia revolt against Rome, Michigan, , 246 p. (ISBN 0-472-08315-5, lire en ligne).
  • Annie Sartre-Fauriat et Maurice Sartre, Palmyre, la citĂ© des caravanes, Paris, Gallimard DĂ©couvertes, .
  • Blanche LohĂ©ac-Ammoun, ZĂ©nobie reine de Palmyre, Le RĂ©veil, , prix Sobrier-Arnould 1965.
  • Maurice Sartre et Annie Sartre-Fauriat, ZĂ©nobie : de Palmyre Ă  Rome, Paris, Perrin, , 348 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 9782262040970, BNF 43911911, prĂ©sentation en ligne).
  • ZĂ©nobie, l'hĂ©ritiĂšre de ClĂ©opĂątre de Violaine Vanoyeke (Editions Michel Lafon ; Ă©d. Le livre de Poche)
    livre historique sur l'histoire de ZĂ©nobie et de Palmyre.

Articles connexes

Liens externes

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