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Antoninien

L'antoninien ou l'antoninianus est une pièce de monnaie romaine d'une valeur de deux deniers, au début du IIIe siècle au moment de sa création. À l'origine en argent, l'antoninianus a progressivement été dévalué et est devenu une monnaie de billon. On la reconnaît à ses particularités signalant une valeur double : sur les antoniniens, l'empereur est coiffé d'une couronne radiée. L'impératrice y est pour sa part représentée le buste posé sur un croissant[1].

En haut: Héliogabale (argent 218-222), Trajan Dèce (argent 249-251), Gallien (billon 253-268 monnaie d'Asie)
En bas: Gallien (cuivre 253-268), Aurélien (argenté 270-275), copie d'origine barbare (cuivre), copie barbare (cuivre)

Création de l'antoninien

Antoninien d'Emilien frappé en 253

Le double denier est créé en 215 par l'empereur Caracalla[2]. Son patronyme officiel (Marcus Aurelius Antoninus) a inspiré l'appellation actuelle d'antoninien mais le nom porté à l'époque par cette monnaie reste incertain.

L'antoninien avait le même titre d'argent que le denier qui était une pièce de 3 grammes constituée après la dévaluation de Septime Sévère par un alliage à parts égales d'argent et de cuivre (billon). L'antoninien fut émis pour une valeur double du denier mais avec un poids de 5 grammes (officiellement 1/64e de livre) et non de 6. De fait, l'introduction de cette monnaie revint à une nouvelle dévaluation, ce qui procura temporairement d'importantes liquidités à l'État impérial. Ce double denier est émis pendant quelques années, puis abandonné jusqu'en 240[2]. Le denier continua à être frappé jusqu'à Gordien III, qui reprit l'émission de l'antoninien[3].

Une expansion désordonnée

Antoninien en billon de Quietus (260-261) Cohen 3

Les besoins croissants de financement de l'État entrainèrent une production croissante d'antoniniens notamment à partir du règne de Gordien III (238-244), tandis que les frappes de deniers se réduisaient.

La multiplication des émissions d'antoniniens par les nombreux empereurs et usurpateurs du milieu du IIIe siècle provoqua un mouvement de dépréciation et d'inflation qui s'accéléra à partir des règnes de Valérien (253-260) et de Gallien (260-268).

  • Les prix montent, les particuliers se mettent Ă  thĂ©sauriser les monnaies ayant le meilleur aloi, et remettent en circulation les plus faibles, crĂ©ant une pĂ©nurie d'argent
  • L'impĂ´t rentre en monnaie dĂ©valuĂ©e tandis que les dĂ©penses militaires augmentent sans arrĂŞt. L'accroissement continu de la masse monĂ©taire en circulation est la solution la plus facile pour les finances impĂ©riales
  • Les ateliers monĂ©taires se multiplient et sont contraints de compenser le manque de mĂ©taux nobles en Ă©mettant des antoniniens de plus en plus lĂ©gers, et de moins en moins argentĂ©s
  • Des ateliers provinciaux plus ou moins tolĂ©rĂ©s, des officines de camps militaires, des faussaires Ă©mettent Ă  leur tour des antoniniens dĂ©valuĂ©s en grande quantitĂ©.
graphe temporel de la teneur en argent
Dès son introdiuction en 215, la teneur en argent de l'antonien n'a cessé de baisser, à l'instar du denier qu'il accompagne dans son déclin.

Le titre en argent (aloi) de l'antoninien s'effondre [4] :

  • 50 % et 5,1 grammes initiaux en 215 sous Caracalla
  • 10 % et 2,5 grammes en 260
  • 2,4 % et 2,5 grammes en 268.

Dans l'empire des Gaules, grâce au stock de métaux monnayables présent sur le front du Rhin, et aux mines d'Espagne, l'antoninien se maintint avec un aloi convenable jusque vers 263 ou 265, pour chuter ensuite comme dans le reste de l'empire. Sous Claude II et Tetricus, la faillite de l'antoninien est totale : vraies et fausses pièces (radiati barbari) circulent par millions d'exemplaires, pèsent moins de 3 grammes et ne contiennent qu'à peine 1 % d'argent. Les frappes d'autres monnaies en cuivre ou en bronze sont pratiquement arrêtées, car leur coût de production dépasse leur valeur théorique. Les émissions de monnaies argentées par les cités orientales de l'empire ne peuvent se maintenir[5]. L'antoninien est devenu l'unique monnaie dans tout l'empire, excepté l'Égypte isolée par son statut particulier.

La réforme d'Aurélien

Revers d'un aurelianus, marqué XX I

En 274, après avoir réunifié l'empire et durement réprimé les fraudes de l'atelier monétaire de Rome, Aurélien modifia le système monétaire, en émettant deux nouvelles monnaies de billon de meilleur aloi que l'antoninien dévalué, pesant 1/84e de livre soit 3,9 grammes, avec deux titres :

  • l'aurelianus marquĂ© XX I en Occident et, K A en chiffres grecs, ce qui s'interprète comme signalant une monnaie contenant 20 parts de cuivre pour 1 part d'argent ;
  • le double aurelianus marquĂ© XI, comprenant 10 parts de cuivre pour 1 part d'argent.

Pour authentifier l'origine des frappes, Aurélien imposa aussi d'apposer au revers une marque spécifique à chaque officine (cf. ateliers monétaires romains), pratique déjà utilisée sous le règne de Gallien et Salonine. Parallèlement à son émission, les antoniniens dévalués furent progressivement retirés. L'aurélianus circula pendant une vingtaine d'années, se déprécia et disparut en 294 sous Dioclétien avec les réformes monétaires de la Tétrarchie. L'aurélianus reste généralement désigné comme antoninien par la plupart des numismates.

Trésors d'antoniniens

Le trésor de Pannecé II d'antoniniens, découvert en 2002, musée Dobré.

Plusieurs trésors constitués d'un nombre important d'antoniniens ont été enfouis et retrouvés à l'époque moderne, parmi lesquels :

Notes et références

  1. (en) « The Antoninianus », sur http://www.24carat.co.uk (consulté le )
  2. Depeyrot 2006, p. 127
  3. Depeyrot 2006, p. 135
  4. Paul Petit, Histoire générale de l'Empire romain, Seuil, 1974, (ISBN 2020026775)
  5. Depeyrot 2006, p. 122
  6. Gérard Aubin, Xavier Loriot et Simone Scheers : Corpus des Trésors monétaires antiques de la France, tome IV, Haute Normandie, Revue archéologique de l'ouest, tome 3, 1986. pp. 160-161, .
  7. La trouvaille des Authieux, un trésor contemporain de la réforme de Dioclécien sur le site bnf.fr.
  8. En 1841, sur le mĂŞme site, un premier trĂ©sor de 30 000 monnaies avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©couvert.
  9. Le trésor de Pannecé sur le site Journal-la-mee.fr
  10. Le fabuleux trésor de Pannecé enfin visible sur le site 20minutes.fr.
  11. Informations et photos sur le site Culture.gouv.fr

Bibliographie

  • Georges Depeyrot, La monnaie romaine : 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C., Paris, Editions Errance, , 212 p. (ISBN 978-2-87772-330-5, BNF 40176090)
  • Jean HiĂ©rnard, « Une source de l'histoire romaine : la monnaie impĂ©riale de Septime SĂ©vère Ă  Constantin : L'empire Romain de 192 Ă  325 », Pallas, Hors-sĂ©rie,‎ , p. 79-125 (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

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