Secte Moon
La secte Moon, appelĂ©e officiellement fĂ©dĂ©ration des familles pour la paix mondiale et lâunification (en anglais Family Federation for World Peace and Unification, FFWPU)[1] - [2], est une organisation religieuse Ă caractĂšre sectaire fondĂ©e en CorĂ©e du Sud en 1954 par Sun Myung Moon.
Secte Moon | |
EmblĂšme officiel de l'Ăglise de l'Unification. | |
Dirigeant | Hak Ja Han |
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Fondateur | Sun Myung Moon |
Fondation | 1954 Séoul, Corée du Sud |
Jusquâen 1996, lâorganisation Ă©tait officiellement connue en tant quâĂglise de lâunification ou encore association de lâesprit saint pour lâunification du christianisme mondial.
Depuis la mort de Sun Myung Moon en 2012, elle est dirigée par sa seconde épouse, Hak Ja Han[2].
Effectifs
En 2012, l'Ăglise de l'Unification internationale avance le chiffre de 3 millions de membres rĂ©partis dans le monde, dans plus de 200 pays, majoritairement en Asie de l'Est et aux Ătats-Unis[3]. Mais ce chiffre semble irrĂ©aliste pour plusieurs experts internationaux selon lesquels le nombre de membres se situe plutĂŽt autour de 100 000[4] dont 50.000 - 70.000 au Japon et la moitiĂ© de ce chiffre en CorĂ©e du Sud[5]. L'Ăglise de l'Unification est peu implantĂ©e en Europe. Elle compte, selon les estimations de la Miviludes en 2012, entre 200 et 300 membres en France.
Histoire
Les origines en Corée
En 1938, Sun Myung Moon quitte son village pour suivre ses Ă©tudes Ă SĂ©oul. En 1941, il se rend Ă Tokyo oĂč il frĂ©quente l'universitĂ© Waseda. En 1943, de retour en CorĂ©e, tout en travaillant dans une entreprise de construction, il est actif au sein d'un mouvement nationaliste corĂ©en de lutte contre l'occupation japonaise, ce qui lui vaut d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© et emprisonnĂ© pendant 4 mois par la police japonaise[6].
La fin de la guerre voit l'apparition en CorĂ©e d'une grande ferveur religieuse et d'une quĂȘte intense du sacrĂ©. Des douzaines de religions nouvelles et d'Ă©glises Ă©vangĂ©liques indĂ©pendantes se constituent pendant cette pĂ©riode, annonçant le retour de JĂ©sus Ă cette Ă©poque en CorĂ©e[7]. Sun Myung Moon dĂ©cide alors de se consacrer Ă la prĂ©dication Ă temps complet.
En juin 1946, alors qu'il est mariĂ© et pĂšre d'un bĂ©bĂ© d'un mois, il dit avoir reçu une rĂ©vĂ©lation lui demandant de se rendre Ă Pyongyang, en CorĂ©e du Nord sous rĂ©gime communiste, pour y parler de Dieu. Il s'y rend et gagne un petit groupe de disciples. Ses activitĂ©s religieuses attirent l'hostilitĂ© des autoritĂ©s communistes. Il est arrĂȘtĂ© une premiĂšre fois en 1946, puis en 1948 il est envoyĂ© dans le camp de travail de Hung-Nam, oĂč il passe 2 ans et demi.
En 1951, il recommence Ă prĂȘcher et enseigner dans une cabane qu'il a bĂątie avec de la terre et des cartons d'emballage.
CrĂ©ation de l'Ăglise de l'Unification
En 1954, Sun Myung Moon se rend Ă SĂ©oul oĂč, le 1er mai 1954, il fonde l'Association de l'Esprit Saint pour l'unification du christianisme mondial, connue plus tard sous le nom d'Ăglise de l'Unification[6].
En 1955, l'Ăglise achĂšte une petite maison Ă Chong-Padong, pour en faire son lieu de culte principal. Cette annĂ©e-lĂ , la premiĂšre Ă©dition du Principe Divin est distribuĂ©e aux membres. Ă la fin de l'annĂ©e, l'Ăglise de l'Unification compte trente centres dans toute la CorĂ©e du Sud[8].
De la Corée à l'Europe
En 1959, Young Oon Kim, spĂ©cialiste en religions comparĂ©es, convertie en 1954[9], part aux Ătats-Unis afin d'y prĂȘcher sa religion.
Vers le milieu des annĂ©es soixante, plusieurs jeunes EuropĂ©ens qui ont rejoint l'Ăglise de l'Unification aux Ătats-Unis sont envoyĂ©s par Sun Myung Moon dans leurs pays d'origine pour enseigner et tĂ©moigner de leur foi en Europe. De petites communautĂ©s naissent ainsi en Allemagne, en Autriche, en Espagne[10].
Ă partir de 1965, l'aile allemande de lâĂglise envoie des membres dans plusieurs pays voisins. En France, le premier missionnaire Reiner Vincenz, allemand, arrive Ă Paris en fĂ©vrier 1968[11].
Du Japon vers le monde
En 1958, le premier missionnaire de l'Ăglise de l'Unification, Sang Ik Choi, quitte la CorĂ©e pour le Japon. Partageant l'anticommunisme de l'Eglise, le puissant homme politique Nobusuke Kishi favorise son installation dans le pays[12]. LâĂglise y est officiellement reconnue comme institution religieuse en 1964[5]. Dans les annĂ©es 1960-1970, elle Ă©vangĂ©lise dans les universitĂ©s du pays[5]. Elle est Ă cette Ă©poque proche de RyĆichi Sasakawa[13]. De son vivant, Moon montre un intĂ©rĂȘt constant pour nouer des contacts avec les membres du Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate, en particulier Yasuhiro Nakasone, Nobusuke Kishi, ShintarĆ Abe et Takeo Fukuda[14].
Le Japon est alors considĂ©rĂ© comme une source de revenus importante pour lâĂglise. Selon la thĂ©ologie de lâĂglise, le Japon et la CorĂ©e sont comparĂ©s aux personnages de la Bible Ăve (responsable de la culpabilitĂ© humaine aprĂšs son adultĂšre avec Lucifer[5]) et Adam. Le Japon-Ăve ayant envahi la CorĂ©e-Adam, il doit montrer du remord et servir la CorĂ©e du Sud. Des mariages collectifs entre hommes corĂ©ens et femmes japonaises sont organisĂ©s : en 2022, 7.000 Japonaises vivent en CorĂ©e aprĂšs une telle union[5].
AprĂšs 1978, la comparaison Ăve/Adam n'est plus utilisĂ©e : la CorĂ©e est dorĂ©navant appelĂ©e « nation pĂšre » et le Japon « nation mĂšre ». Les Japonaises sont alors invitĂ©es Ă faire des dons d'argent pour compenser les crimes commis par leurs ancĂȘtres[15].
Dans les annĂ©es 1980, lâĂglise « fait du prosĂ©lytisme en dissimulant quâelle [est] lâĂglise de lâunification », recrute des fidĂšles parmi les personnes plus ĂągĂ©es et dĂ©veloppe la mĂ©thode de financement par « ventes spirituelles »[5].
Tours du monde
En 1965 puis en 1969, Sun Myung Moon rĂ©alise deux tours du monde au cours desquels il cĂ©lĂšbre plusieurs mariages collectifs. En 1971, il entame un troisiĂšme tour du monde qui dure 3 ans, Ă la fin duquel il s'installe aux Ătats-Unis[16]. En 1972, il rĂ©alise sa premiĂšre tournĂ©e de discours publics Ă travers sept villes amĂ©ricaines. D'autres tournĂ©es suivent, en 1973, 1974 et 1976 qui remportent un grand succĂšs. C'est ainsi que 300 000 personnes participent Ă la manifestation du 18 septembre 1976 organisĂ©e par l'Ăglise de l'Unification au Washington Monument, Ă l'occasion du bicentenaire de la dĂ©claration d'indĂ©pendance amĂ©ricaine, autour du thĂšme de la responsabilitĂ© spirituelle des Ătats-Unis pour le salut du monde[17].
ParallÚlement, d'autres manifestations massives ont lieu au Japon et en Corée. Notamment, en 1975, le 8 février, Sun Myung Moon et son épouse Hak Ja Han célÚbrent à Séoul le mariage de 1800 couples provenant de 20 nations, et le 7 juin, toujours à Séoul, Sun Myung Moon s'adresse à un million de personnes au cours d'une manifestation contre la politique d'agression nord-coréenne[17].
AprÚs le décÚs de Sun Myung Moon
Sun Myung Moon meurt le Ă l'Ăąge de 92 ans[18]. La direction mondiale de l'Ăglise de l'Unification est assurĂ©e par sa veuve, Hak Ja Han.
Corée
La Fédération pour la paix universelle organise du au en Corée du Sud à Gapyeong, à l'est de Séoul, un sommet mondial rassemblant 30 000 personnes venues du monde entier, pour célébrer le centenaire de la naissance de son fondateur, et ce, en dépit des injonctions du gouvernement coréen demandant aux autorités religieuses de ne pas tenir de grands rassemblements en raison de la pandémie de Covid-19. à cette occasion, l'organisation procÚde au mariage de 6 000 couples. Plusieurs médias dans le monde relatent la participation de personnalités issues de différents pays, comme Felipe Gonzålez, Goodluck Jonathan, Jimmy Morales, Dioncounda Traoré ou encore José Manuel Barroso[19] - [20].
Japon
En 2021, une association d'avocats japonais critique l'ancien Premier ministre ShinzĆ Abe pour son appui envers lâĂglise de l'unification[21]. Son assassinat en juillet 2022 est une vengeance d'un membre d'une famille perturbĂ©e par l'appartenance de l'un de ses membres Ă l'Ăglise de l'Unification[22] - [23] - [24]. Ce meurtre entraĂźne une Ă©motion internationale mais aussi, au Japon, un dĂ©bat intense sur les liens entre la classe politique et l'Ăglise de lâunification, l'assassin revendiquant s'ĂȘtre attaquĂ© Ă Abe en raison de ses rapports avec celle-ci. Shinzo Abe est le petit-fils de Nobusuke Kishi, qui avait aidĂ© lâĂglise Ă s'implanter au Japon[25].
LâĂglise de lâUnification avait des liens avec lâaile droite du parti libĂ©ral-dĂ©mocrate[26] et, par le travail bĂ©nĂ©vole et la mobilisation[27] de ses membres, aidait certains candidats lors des Ă©lections[25], mais, le 31 aoĂ»t 2022, le Premier ministre Fumio Kishida dĂ©clare que le parti libĂ©ral-dĂ©mocrate coupera tous ses liens avec l'Ăglise de lâunification et prĂ©sente ses excuses pour la perte de confiance envers les hommes politiques qu'ils ont entraĂźnĂ©e[28]. AprĂšs une enquĂȘte interne menĂ©e par le parti libĂ©ral-dĂ©mocrate sur ses rapports avec lâĂglise de l'unification, il est annoncĂ© que 379 parlementaires nationaux membres du parti ont eu des liens avec elle, que 29 d'entre eux ont reçu d'elle des dons d'argent et qu'au moins 17 d'entre eux ont bĂ©nĂ©ficiĂ© du travail bĂ©nĂ©vole de membres de l'organisation religieuse lors dâĂ©lections[29]. En octobre 2022, le Premier ministre Fumio Kishida demande qu'une enquĂȘte soit ouverte sur lâĂglise de l'Unification, sur les dons d'argent qu'elle demande Ă ses fidĂšles et sur ses pratiques supposĂ©es de manipulation psychologique[30].
Le mĂȘme mois, plusieurs membres du parti libĂ©ral-dĂ©mocrate reconnaissent avoir signĂ© en Ă©change de soutien Ă©lectoral un « pacte politique »[31] - [32], un document soutenant les idĂ©es et projets dĂ©fendus par lâĂglise, notamment modifier les clauses pacifistes de la constitution japonaise, augmenter le budget de lâarmĂ©e et s'opposer Ă la lĂ©galisation du mariage homosexuel[33].
En novembre 2022, la branche japonaise de lâĂglise de l'Unification reconnaĂźt avoir organisĂ© de nombreuses adoptions d'enfants entre familles membres de lâĂglise sans suivre les procĂ©dures lĂ©gales. Le Ministre de la SantĂ© Katsunobu KatĆ demande Ă son ministĂšre dâenquĂȘter sur ce sujet[34]. 31 adoptions ont eu lieu entre membres de l'Ăglise entre 2018 et 2022[35]. En janvier 2023, le gouvernement japonais demande Ă lâĂglise de l'Unification de veiller Ă respecter les procĂ©dures lĂ©gales lors d'adoptions d'enfants, en particulier d'agir sous supervision d'une autoritĂ© prĂ©fectorale[36].
Le mĂȘme mois, Keiko Nagaoka, la ministre de la culture, annonce qu'un questionnaire a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă lâĂglise de l'Unification au sujet, notamment, de son patrimoine, de ses modes de dĂ©cision et de ses transactions financiĂšres. C'est la premiĂšre fois que le gouvernement japonais fait usage de son « droit de questionner » depuis l'incorporation de cette mesure dans la loi sur les organisations religieuses lors d'une rĂ©vision lĂ©gislative en 1995. La ministre a justifiĂ© sa dĂ©cision par le fait que lâĂglise, ces derniĂšres annĂ©es, a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă payer en tout 1,4 milliard de yens de compensations Ă des plaignants Ă la suite de 22 procĂšs[37]. Le 14 dĂ©cembre 2022, une deuxiĂšme sĂ©rie de questions est envoyĂ©e Ă lâĂglise de l'Unification, portant prĂ©cisĂ©ment sur les 22 procĂšs[38]. LâĂglise de l'Unification, quant Ă elle, considĂšre ces demandes illĂ©gitimes car elle n'a jamais Ă©tĂ© condamnĂ©e en tant qu'institution, prĂ©cisant que les agents jugĂ©s coupables et devant payer des compensations financiĂšres aux plaignants nâĂ©taient pas des cadres dirigeants de lâEglise[39]. Le 18 janvier 2023, une troisiĂšme sĂ©rie de questions est envoyĂ©e Ă lâĂglise de l'Unification, portant sur ses finances, en particulier sur les transferts financiers entre la branche japonaise de l'organisation et son siĂšge central en CorĂ©e du Sud[40].
En dĂ©cembre 2022, une enquĂȘte de l'Agence Kyodo montre que lâĂglise de l'Unification a aussi de nombreux liens avec des personnalitĂ©s politiques locales (gouverneurs de prĂ©fecture ou membres de conseils rĂ©gionaux)[41].
En janvier 2023, une loi sur les dons d'argent indus au bĂ©nĂ©fice d'organisations religieuses entre en vigueur au Japon ; elle a Ă©tĂ© conçue en rĂ©action aux plaintes de disciples de lâĂglise de l'Unification ou de leurs descendants au sujet de dons Ă©levĂ©s et rĂ©pĂ©tĂ©s Ă l'organisation. Elle prĂ©voit que ces dons peuvent ĂȘtre annulĂ©s pendant une pĂ©riode de dix ans, et elle interdit qu'une organisation religieuse demande qu'un don soit financĂ© par la vente d'une propriĂ©tĂ© ou par un emprunt[42].
En janvier 2023, une association d'avocats reprĂ©sentant des anciens membres de lâĂglise dĂ©clarent que celle-ci a rĂ©glĂ© Ă l'amiable des disputes avec 46 anciens fidĂšles demandant en tout le remboursement d'1.400.000.000 yens donnĂ©s Ă l'organisation religieuse. La somme d'argent effectivement remboursĂ©e n'est pas prĂ©cisĂ©e[43].
Théologie de l'Unification
En mai 1951, Sun Myung Moon commence Ă Ă©crire le Wolli-WonbĂŽn, texte d'origine du Principe divin. Il le termine en mai de l'annĂ©e suivante. Ce manuscrit de 690 pages rĂ©unit les bases thĂ©ologiques de lâĂglise de l'Unification. Un des premiers disciples Ă Busan, Hyo-won Eu, collabore plus tard avec lui pour produire la deuxiĂšme version du Principe Divin, devenue depuis l'enseignement officiel[44].
Les Principes divins se prĂ©sentent comme la suite inspirĂ©e des Ă©crits sacrĂ©s judĂ©o-chrĂ©tiens[45]. Ils affirment que Dieu, en crĂ©ant l'homme et la femme, avait pour but de s'incarner en eux et de vivre avec eux une relation d'amour parent-enfants[46], que la chute d'Adam et Ăve a Ă©tĂ© un drame absolu puisque l'amour dans ce premier couple a Ă©tĂ© vĂ©cu centrĂ© sur Satan, au lieu d'ĂȘtre centrĂ© sur Dieu, puis transmis Ă ses descendants ; dĂšs cet instant, Dieu a travaillĂ© avec toutes les grandes figures de l'Ancien Testament pour rĂ©unir les conditions lui permettant d'envoyer un nouvel Adam et une nouvelle Ăve. Il a ainsi prĂ©parĂ© le peuple juif pendant quatre mille ans, pour recevoir et accueillir le Christ ou le Messie, ce nouvel Adam, venu pour vivre et non pas pour mourir, mais celui-ci a Ă©tĂ© tuĂ© au lieu d'ĂȘtre accueilli[47] - [48]. Selon les Principes, il a ressuscitĂ© spirituellement ; Dieu a dĂ» alors prĂ©parer un autre peuple, le peuple corĂ©en, pour envoyer, deux mille ans plus tard, un troisiĂšme Adam, avec ce mĂȘme but d'Ă©pouser une nouvelle Ăve, rĂ©alisant ainsi les noces de l'Agneau dont parle l'Apocalypse[6] - [46].
Opposition et critiques
Aux Ătats-Unis et en Europe, les parents de jeunes fidĂšles de l'Ăglise de l'Unification qui dĂ©sapprouvent le choix de leurs enfants, s'organisent en associations, accusant l'Ăglise de "lavage de cerveau"[49]. Ils s'adressent parfois Ă des "dĂ©programmeurs", qui organisent des kidnappings et administrent des "traitements" Ă leurs enfants pour les convaincre d'abandonner l'Ăglise[44].
C'est ainsi qu'en France, sept personnes sont inculpĂ©es en 1982 pour avoir, Ă la demande de sa propre famille, enlevĂ© puis sĂ©questrĂ© Claire ChĂąteau[50], jeune membre majeure, qui rĂ©ussit Ă s'enfuir et Ă rejoindre l'Ăglise de l'Unification[44].
L'Ăglise de l'Unification est classĂ©e comme « secte » par la Commissions d'enquĂȘte parlementaires sur les sectes en France en 1995[51].
En France, l'Union nationale des associations de dĂ©fense des familles et de l'individu, a pour origine une association de Rennes crĂ©Ă©e en 1974 par un mĂ©decin et son Ă©pouse dont le fils a rejoint lâĂglise de l'Unification[52].
Face Ă ces accusations rĂ©pĂ©tĂ©es et relayĂ©es par les mĂ©dias, l'Ăglise de l'Unification fait souvent appel Ă des tribunaux. C'est ainsi qu'en 1981, elle gagne de nombreux procĂšs aux Ătats-Unis[53].
Au Japon, dans les annĂ©es 1980, lâĂglise est critiquĂ©e pour ses techniques de collecte de fonds, les « ventes spirituelles » : les fidĂšles sont convaincus que leurs problĂšmes proviennent d'un « karma ancestral » et que l'achat d'objets sacrĂ©s, qui leur sont vendus chers, peut les rĂ©soudre. En 2009, plusieurs personnes liĂ©es Ă ces pratiques sont arrĂȘtĂ©es[15]. En outre, selon lâĂglise, le Japon a causĂ© de nombreux maux envers la CorĂ©e, maux pour lesquels les Japonais doivent se repentir[54]. Paradoxalement, lâĂglise entretient de nombreux liens avec l'aile la plus conservatrice et nationaliste du Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate, Ă cause de leur anticommunisme commun, ce qui est difficile Ă comprendre pour l'opinion publique[54]. LâĂglise est Ă©galement critiquĂ©e pour avoir encouragĂ© la pratique d'adoptions d'enfants entre membres de l'organisation[55].
L'Ăglise est interdite Ă Singapour en 1982, le gouvernement estimant qu'elle pouvait avoir des effets nĂ©fastes sur la sociĂ©tĂ©[56].
Diversification
DĂ©veloppement Ă©conomique
ParallĂšlement, l'Ăglise de l'Unification se dĂ©veloppe sur le plan Ă©conomique dans de nombreux secteurs, principalement la construction, l'alimentation, lâautomobile, le tourisme, lâĂ©ducation et les mĂ©dias. Sun Myung Moon devient milliardaire[16].
Le dirigeant de l'Ăglise de l'unification a ainsi fondĂ© plusieurs organisations dans les domaines des mĂ©dias (dont le journal Washington Times). Il est Ă©galement Ă l'origine de plusieurs entreprises, dont une usine automobile en CorĂ©e du Nord (Pyonghwa Motors) et une sociĂ©tĂ© nommĂ©e Tong II.
Création d'organisations et de fédérations
L'Ăglise de l'Unification s'investit dans la crĂ©ation et le dĂ©veloppement de dizaines d'organisations et de fondations. Nombre d'entre elles Ă©largissent leur champs d'action et attirent de nombreuses personnalitĂ©s<[57].
La Conférence internationale pour l'unité des sciences (International conference for the unity for science, ICUS), la Fondation culturelle internationale (International cultural foundation , ICF), l'Académie des professeurs pour la paix mondiale (Professors academy for world peace, PWPA) organisent des conférences académiques internationales[58].
La Fédération internationale pour la victoire sur le communisme (International federation for victory over communism, IFVOC) et la Freedom leadership foundation organisent jusqu'en 1989 des conférences et des activités internationales dans un but anticommuniste[57].
En 1991, Sun Myung Moon regroupe un certain nombre d'organisations sous plusieurs fédérations internationales. La Fédération pour la paix mondiale et la Fédération inter-religieuse pour la paix mondiale sont créées simultanément cette année-là [58].
En 2005, Sun Myung Moon et Hak Ja Han fondent la Fédération pour la paix universelle (Universal peace federation, UPF)[59], réseau regroupant des parlementaires du monde entier[60].
Engagement politique
Pendant la guerre froide, l'Ăglise de l'Unification se positionne contre le bloc communiste. Elle sâattire ainsi la sympathie du rĂ©gime militaire de CorĂ©e du Sud et de Richard Nixon aux Ătats-Unis. Elle lui apporte son soutien lors du scandale du Watergate. En 1980, des membres de l'Ăglise crĂ©ent l'organisation CAUSA International[61] basĂ©e Ă New York, pour lutter contre le communisme par l'Ă©ducation[62].
Sun Myung Moon Ćuvre Ă travers le mouvement CAUSA pour dĂ©noncer l'idĂ©ologie communiste. Il rencontre MikhaĂŻl Gorbatchev et son Ă©pouse Ă Moscou en 1990[63]. En 1991, il rencontre le dirigeant nord-corĂ©en Kim Il-sung[64] - [65] - [66] Ă Pyongyang en CorĂ©e du Nord.
Sun Myung Moon était en bons termes avec le dictateur communiste nord-coréen Kim Jong-il. Il espérait ainsi favoriser le dialogue entre les deux Corées[67].
Liens avec le Front national
En France et en Belgique, certains membres ont eu dans les annĂ©es 1980 des liens Ă©troits avec diffĂ©rents partis politiques d'extrĂȘme-droite comme le Front national français ou belge. En particulier, en 1984 et 1989, Gustave Pordea[68] puis Pierre Ceyrac sont Ă©lus au Parlement europĂ©en sur la liste du Front national français.
L'Ăglise de l'Unification s'associe au FN français Ă partir des Ă©lections lĂ©gislatives de 1986 : Ă la suite d'une rencontre organisĂ©e Ă Saint-Cloud entre le colonel corĂ©en Bo Hi Pak, le chef politique de lâĂglise de lâunification, Sun Myung Moon et Henri Blanchard, prĂ©sident français de l'Ăglise de lâunification, un « accord direct de coopĂ©ration » est conclu entre Sun Myung Moon et le FN qui inclut une « aide logistique nationale et internationale » et des « arrangements financiers importants »[69]. L'Ăglise de lâunification participe au financement du FN et joue les intermĂ©diaires dans plusieurs dĂ©placements internationaux de Jean-Marie Le Pen lors de la campagne prĂ©sidentielle de 1988[70]. En contrepartie, le FN positionne Pierre Ceyrac, reprĂ©sentant de l'Ăglise de lâunification, en position Ă©ligible lors des lĂ©gislatives de 1986[69]. Elle rompt ses relations avec le parti aprĂšs les propos du prĂ©sident du FN sur les chambres Ă gaz[70] - [71].
Notes et références
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Bibliographie
- Nansook Hong, L'Ombre de Moon, EditionsÊ» 1, 1998 (ISBN 978-2-86391-883-8)
- Jean-François Boyer, L'empire Moon, Editions La Découverte, (ISBN 2-7071-1604-1 et 978-2-7071-1604-8, OCLC 14241121, lire en ligne), p. 119
Articles connexes
- Liste de membres de l'Ăglise de l'Unification (en), dont
- Pierre Ceyrac, secrétaire général du Mouvement CAUSA (Confédérations des Associations pour l'Unification des Sociétés Américaines) pour l'Europe
- Ăglise de l'Unification des Ătats-Unis (en)
- Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (UNADFI, France)
- Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes, France)
- Organisations affiliĂ©es Ă l'Ăglise de l'Unification (en)
- Controverses concernant l'Ăglise de l'Unification (en)
Liens externes
- Sites officiels : (en) familyfed.org et (ja) ffwpu.jp
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Mélanie Tournier, Adulé et controversé, le révérend Moon est décédé, Perspective Monde (Faculté des lettres et sciences humaines. Université de Sherbrooke, Québec, Canada) (30 octobre 2012)
- (en) Site amĂ©ricain de l'Ăglise de l'Unification
- Site français de l'Ăglise de l'Unification