AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Secte Moon

La secte Moon, appelĂ©e officiellement fĂ©dĂ©ration des familles pour la paix mondiale et l’unification (en anglais Family Federation for World Peace and Unification, FFWPU)[1] - [2], est une organisation religieuse Ă  caractĂšre sectaire fondĂ©e en CorĂ©e du Sud en 1954 par Sun Myung Moon.

Secte Moon
Image illustrative de l’article Secte Moon
Emblùme officiel de l'Église de l'Unification.
Dirigeant Hak Ja Han
Fondateur Sun Myung Moon
Fondation 1954
Séoul, Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud

Jusqu’en 1996, l’organisation Ă©tait officiellement connue en tant qu’Église de l’unification ou encore association de l’esprit saint pour l’unification du christianisme mondial.

Depuis la mort de Sun Myung Moon en 2012, elle est dirigée par sa seconde épouse, Hak Ja Han[2].

Effectifs

En 2012, l'Église de l'Unification internationale avance le chiffre de 3 millions de membres rĂ©partis dans le monde, dans plus de 200 pays, majoritairement en Asie de l'Est et aux États-Unis[3]. Mais ce chiffre semble irrĂ©aliste pour plusieurs experts internationaux selon lesquels le nombre de membres se situe plutĂŽt autour de 100 000[4] dont 50.000 - 70.000 au Japon et la moitiĂ© de ce chiffre en CorĂ©e du Sud[5]. L'Église de l'Unification est peu implantĂ©e en Europe. Elle compte, selon les estimations de la Miviludes en 2012, entre 200 et 300 membres en France.

Histoire

Les origines en Corée

En 1938, Sun Myung Moon quitte son village pour suivre ses Ă©tudes Ă  SĂ©oul. En 1941, il se rend Ă  Tokyo oĂč il frĂ©quente l'universitĂ© Waseda. En 1943, de retour en CorĂ©e, tout en travaillant dans une entreprise de construction, il est actif au sein d'un mouvement nationaliste corĂ©en de lutte contre l'occupation japonaise, ce qui lui vaut d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© et emprisonnĂ© pendant 4 mois par la police japonaise[6].

La fin de la guerre voit l'apparition en CorĂ©e d'une grande ferveur religieuse et d'une quĂȘte intense du sacrĂ©. Des douzaines de religions nouvelles et d'Ă©glises Ă©vangĂ©liques indĂ©pendantes se constituent pendant cette pĂ©riode, annonçant le retour de JĂ©sus Ă  cette Ă©poque en CorĂ©e[7]. Sun Myung Moon dĂ©cide alors de se consacrer Ă  la prĂ©dication Ă  temps complet.

En juin 1946, alors qu'il est mariĂ© et pĂšre d'un bĂ©bĂ© d'un mois, il dit avoir reçu une rĂ©vĂ©lation lui demandant de se rendre Ă  Pyongyang, en CorĂ©e du Nord sous rĂ©gime communiste, pour y parler de Dieu. Il s'y rend et gagne un petit groupe de disciples. Ses activitĂ©s religieuses attirent l'hostilitĂ© des autoritĂ©s communistes. Il est arrĂȘtĂ© une premiĂšre fois en 1946, puis en 1948 il est envoyĂ© dans le camp de travail de Hung-Nam, oĂč il passe 2 ans et demi.

En 1951, il recommence Ă  prĂȘcher et enseigner dans une cabane qu'il a bĂątie avec de la terre et des cartons d'emballage.

CrĂ©ation de l'Église de l'Unification

En 1954, Sun Myung Moon se rend Ă  SĂ©oul oĂč, le 1er mai 1954, il fonde l'Association de l'Esprit Saint pour l'unification du christianisme mondial, connue plus tard sous le nom d'Église de l'Unification[6].

En 1955, l'Église achĂšte une petite maison Ă  Chong-Padong, pour en faire son lieu de culte principal. Cette annĂ©e-lĂ , la premiĂšre Ă©dition du Principe Divin est distribuĂ©e aux membres. À la fin de l'annĂ©e, l'Église de l'Unification compte trente centres dans toute la CorĂ©e du Sud[8].

De la Corée à l'Europe

En 1959, Young Oon Kim, spĂ©cialiste en religions comparĂ©es, convertie en 1954[9], part aux États-Unis afin d'y prĂȘcher sa religion.

Vers le milieu des annĂ©es soixante, plusieurs jeunes EuropĂ©ens qui ont rejoint l'Église de l'Unification aux États-Unis sont envoyĂ©s par Sun Myung Moon dans leurs pays d'origine pour enseigner et tĂ©moigner de leur foi en Europe. De petites communautĂ©s naissent ainsi en Allemagne, en Autriche, en Espagne[10].

À partir de 1965, l'aile allemande de l’Église envoie des membres dans plusieurs pays voisins. En France, le premier missionnaire Reiner Vincenz, allemand, arrive Ă  Paris en fĂ©vrier 1968[11].

Du Japon vers le monde

En 1958, le premier missionnaire de l'Église de l'Unification, Sang Ik Choi, quitte la CorĂ©e pour le Japon. Partageant l'anticommunisme de l'Eglise, le puissant homme politique Nobusuke Kishi favorise son installation dans le pays[12]. L’Église y est officiellement reconnue comme institution religieuse en 1964[5]. Dans les annĂ©es 1960-1970, elle Ă©vangĂ©lise dans les universitĂ©s du pays[5]. Elle est Ă  cette Ă©poque proche de Ryƍichi Sasakawa[13]. De son vivant, Moon montre un intĂ©rĂȘt constant pour nouer des contacts avec les membres du Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate, en particulier Yasuhiro Nakasone, Nobusuke Kishi, Shintarƍ Abe et Takeo Fukuda[14].

Le Japon est alors considĂ©rĂ© comme une source de revenus importante pour l’Église. Selon la thĂ©ologie de l’Église, le Japon et la CorĂ©e sont comparĂ©s aux personnages de la Bible Ève (responsable de la culpabilitĂ© humaine aprĂšs son adultĂšre avec Lucifer[5]) et Adam. Le Japon-Ève ayant envahi la CorĂ©e-Adam, il doit montrer du remord et servir la CorĂ©e du Sud. Des mariages collectifs entre hommes corĂ©ens et femmes japonaises sont organisĂ©s : en 2022, 7.000 Japonaises vivent en CorĂ©e aprĂšs une telle union[5].

AprĂšs 1978, la comparaison Ève/Adam n'est plus utilisĂ©e : la CorĂ©e est dorĂ©navant appelĂ©e « nation pĂšre » et le Japon « nation mĂšre ». Les Japonaises sont alors invitĂ©es Ă  faire des dons d'argent pour compenser les crimes commis par leurs ancĂȘtres[15].

Dans les annĂ©es 1980, l’Église « fait du prosĂ©lytisme en dissimulant qu’elle [est] l’Église de l’unification », recrute des fidĂšles parmi les personnes plus ĂągĂ©es et dĂ©veloppe la mĂ©thode de financement par « ventes spirituelles »[5].

Tours du monde

En 1965 puis en 1969, Sun Myung Moon rĂ©alise deux tours du monde au cours desquels il cĂ©lĂšbre plusieurs mariages collectifs. En 1971, il entame un troisiĂšme tour du monde qui dure 3 ans, Ă  la fin duquel il s'installe aux États-Unis[16]. En 1972, il rĂ©alise sa premiĂšre tournĂ©e de discours publics Ă  travers sept villes amĂ©ricaines. D'autres tournĂ©es suivent, en 1973, 1974 et 1976 qui remportent un grand succĂšs. C'est ainsi que 300 000 personnes participent Ă  la manifestation du 18 septembre 1976 organisĂ©e par l'Église de l'Unification au Washington Monument, Ă  l'occasion du bicentenaire de la dĂ©claration d'indĂ©pendance amĂ©ricaine, autour du thĂšme de la responsabilitĂ© spirituelle des États-Unis pour le salut du monde[17].

ParallÚlement, d'autres manifestations massives ont lieu au Japon et en Corée. Notamment, en 1975, le 8 février, Sun Myung Moon et son épouse Hak Ja Han célÚbrent à Séoul le mariage de 1800 couples provenant de 20 nations, et le 7 juin, toujours à Séoul, Sun Myung Moon s'adresse à un million de personnes au cours d'une manifestation contre la politique d'agression nord-coréenne[17].

AprÚs le décÚs de Sun Myung Moon

Sun Myung Moon meurt le Ă  l'Ăąge de 92 ans[18]. La direction mondiale de l'Église de l'Unification est assurĂ©e par sa veuve, Hak Ja Han.

Corée

La FĂ©dĂ©ration pour la paix universelle organise du au en CorĂ©e du Sud Ă  Gapyeong, Ă  l'est de SĂ©oul, un sommet mondial rassemblant 30 000 personnes venues du monde entier, pour cĂ©lĂ©brer le centenaire de la naissance de son fondateur, et ce, en dĂ©pit des injonctions du gouvernement corĂ©en demandant aux autoritĂ©s religieuses de ne pas tenir de grands rassemblements en raison de la pandĂ©mie de Covid-19. À cette occasion, l'organisation procĂšde au mariage de 6 000 couples. Plusieurs mĂ©dias dans le monde relatent la participation de personnalitĂ©s issues de diffĂ©rents pays, comme Felipe GonzĂĄlez, Goodluck Jonathan, Jimmy Morales, Dioncounda TraorĂ© ou encore JosĂ© Manuel Barroso[19] - [20].

Japon

En 2021, une association d'avocats japonais critique l'ancien Premier ministre Shinzƍ Abe pour son appui envers l’Église de l'unification[21]. Son assassinat en juillet 2022 est une vengeance d'un membre d'une famille perturbĂ©e par l'appartenance de l'un de ses membres Ă  l'Église de l'Unification[22] - [23] - [24]. Ce meurtre entraĂźne une Ă©motion internationale mais aussi, au Japon, un dĂ©bat intense sur les liens entre la classe politique et l'Église de l’unification, l'assassin revendiquant s'ĂȘtre attaquĂ© Ă  Abe en raison de ses rapports avec celle-ci. Shinzo Abe est le petit-fils de Nobusuke Kishi, qui avait aidĂ© l’Église Ă  s'implanter au Japon[25].

L’Église de l’Unification avait des liens avec l’aile droite du parti libĂ©ral-dĂ©mocrate[26] et, par le travail bĂ©nĂ©vole et la mobilisation[27] de ses membres, aidait certains candidats lors des Ă©lections[25], mais, le 31 aoĂ»t 2022, le Premier ministre Fumio Kishida dĂ©clare que le parti libĂ©ral-dĂ©mocrate coupera tous ses liens avec l'Église de l’unification et prĂ©sente ses excuses pour la perte de confiance envers les hommes politiques qu'ils ont entraĂźnĂ©e[28]. AprĂšs une enquĂȘte interne menĂ©e par le parti libĂ©ral-dĂ©mocrate sur ses rapports avec l’Église de l'unification, il est annoncĂ© que 379 parlementaires nationaux membres du parti ont eu des liens avec elle, que 29 d'entre eux ont reçu d'elle des dons d'argent et qu'au moins 17 d'entre eux ont bĂ©nĂ©ficiĂ© du travail bĂ©nĂ©vole de membres de l'organisation religieuse lors d’élections[29]. En octobre 2022, le Premier ministre Fumio Kishida demande qu'une enquĂȘte soit ouverte sur l’Église de l'Unification, sur les dons d'argent qu'elle demande Ă  ses fidĂšles et sur ses pratiques supposĂ©es de manipulation psychologique[30].

Le mĂȘme mois, plusieurs membres du parti libĂ©ral-dĂ©mocrate reconnaissent avoir signĂ© en Ă©change de soutien Ă©lectoral un « pacte politique »[31] - [32], un document soutenant les idĂ©es et projets dĂ©fendus par l’Église, notamment modifier les clauses pacifistes de la constitution japonaise, augmenter le budget de l’armĂ©e et s'opposer Ă  la lĂ©galisation du mariage homosexuel[33].

En novembre 2022, la branche japonaise de l’Église de l'Unification reconnaĂźt avoir organisĂ© de nombreuses adoptions d'enfants entre familles membres de l’Église sans suivre les procĂ©dures lĂ©gales. Le Ministre de la SantĂ© Katsunobu Katƍ demande Ă  son ministĂšre d’enquĂȘter sur ce sujet[34]. 31 adoptions ont eu lieu entre membres de l'Église entre 2018 et 2022[35]. En janvier 2023, le gouvernement japonais demande Ă  l’Église de l'Unification de veiller Ă  respecter les procĂ©dures lĂ©gales lors d'adoptions d'enfants, en particulier d'agir sous supervision d'une autoritĂ© prĂ©fectorale[36].

Le mĂȘme mois, Keiko Nagaoka, la ministre de la culture, annonce qu'un questionnaire a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă  l’Église de l'Unification au sujet, notamment, de son patrimoine, de ses modes de dĂ©cision et de ses transactions financiĂšres. C'est la premiĂšre fois que le gouvernement japonais fait usage de son « droit de questionner » depuis l'incorporation de cette mesure dans la loi sur les organisations religieuses lors d'une rĂ©vision lĂ©gislative en 1995. La ministre a justifiĂ© sa dĂ©cision par le fait que l’Église, ces derniĂšres annĂ©es, a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  payer en tout 1,4 milliard de yens de compensations Ă  des plaignants Ă  la suite de 22 procĂšs[37]. Le 14 dĂ©cembre 2022, une deuxiĂšme sĂ©rie de questions est envoyĂ©e Ă  l’Église de l'Unification, portant prĂ©cisĂ©ment sur les 22 procĂšs[38]. L’Église de l'Unification, quant Ă  elle, considĂšre ces demandes illĂ©gitimes car elle n'a jamais Ă©tĂ© condamnĂ©e en tant qu'institution, prĂ©cisant que les agents jugĂ©s coupables et devant payer des compensations financiĂšres aux plaignants n’étaient pas des cadres dirigeants de l’Eglise[39]. Le 18 janvier 2023, une troisiĂšme sĂ©rie de questions est envoyĂ©e Ă  l’Église de l'Unification, portant sur ses finances, en particulier sur les transferts financiers entre la branche japonaise de l'organisation et son siĂšge central en CorĂ©e du Sud[40].

En dĂ©cembre 2022, une enquĂȘte de l'Agence Kyodo montre que l’Église de l'Unification a aussi de nombreux liens avec des personnalitĂ©s politiques locales (gouverneurs de prĂ©fecture ou membres de conseils rĂ©gionaux)[41].

En janvier 2023, une loi sur les dons d'argent indus au bĂ©nĂ©fice d'organisations religieuses entre en vigueur au Japon ; elle a Ă©tĂ© conçue en rĂ©action aux plaintes de disciples de l’Église de l'Unification ou de leurs descendants au sujet de dons Ă©levĂ©s et rĂ©pĂ©tĂ©s Ă  l'organisation. Elle prĂ©voit que ces dons peuvent ĂȘtre annulĂ©s pendant une pĂ©riode de dix ans, et elle interdit qu'une organisation religieuse demande qu'un don soit financĂ© par la vente d'une propriĂ©tĂ© ou par un emprunt[42].

En janvier 2023, une association d'avocats reprĂ©sentant des anciens membres de l’Église dĂ©clarent que celle-ci a rĂ©glĂ© Ă  l'amiable des disputes avec 46 anciens fidĂšles demandant en tout le remboursement d'1.400.000.000 yens donnĂ©s Ă  l'organisation religieuse. La somme d'argent effectivement remboursĂ©e n'est pas prĂ©cisĂ©e[43].

Théologie de l'Unification

En mai 1951, Sun Myung Moon commence Ă  Ă©crire le Wolli-WonbĂŽn, texte d'origine du Principe divin. Il le termine en mai de l'annĂ©e suivante. Ce manuscrit de 690 pages rĂ©unit les bases thĂ©ologiques de l’Église de l'Unification. Un des premiers disciples Ă  Busan, Hyo-won Eu, collabore plus tard avec lui pour produire la deuxiĂšme version du Principe Divin, devenue depuis l'enseignement officiel[44].

Les Principes divins se prĂ©sentent comme la suite inspirĂ©e des Ă©crits sacrĂ©s judĂ©o-chrĂ©tiens[45]. Ils affirment que Dieu, en crĂ©ant l'homme et la femme, avait pour but de s'incarner en eux et de vivre avec eux une relation d'amour parent-enfants[46], que la chute d'Adam et Ève a Ă©tĂ© un drame absolu puisque l'amour dans ce premier couple a Ă©tĂ© vĂ©cu centrĂ© sur Satan, au lieu d'ĂȘtre centrĂ© sur Dieu, puis transmis Ă  ses descendants ; dĂšs cet instant, Dieu a travaillĂ© avec toutes les grandes figures de l'Ancien Testament pour rĂ©unir les conditions lui permettant d'envoyer un nouvel Adam et une nouvelle Ève. Il a ainsi prĂ©parĂ© le peuple juif pendant quatre mille ans, pour recevoir et accueillir le Christ ou le Messie, ce nouvel Adam, venu pour vivre et non pas pour mourir, mais celui-ci a Ă©tĂ© tuĂ© au lieu d'ĂȘtre accueilli[47] - [48]. Selon les Principes, il a ressuscitĂ© spirituellement ; Dieu a dĂ» alors prĂ©parer un autre peuple, le peuple corĂ©en, pour envoyer, deux mille ans plus tard, un troisiĂšme Adam, avec ce mĂȘme but d'Ă©pouser une nouvelle Ève, rĂ©alisant ainsi les noces de l'Agneau dont parle l'Apocalypse[6] - [46].

Opposition et critiques

Aux États-Unis et en Europe, les parents de jeunes fidĂšles de l'Église de l'Unification qui dĂ©sapprouvent le choix de leurs enfants, s'organisent en associations, accusant l'Église de "lavage de cerveau"[49]. Ils s'adressent parfois Ă  des "dĂ©programmeurs", qui organisent des kidnappings et administrent des "traitements" Ă  leurs enfants pour les convaincre d'abandonner l'Église[44].

C'est ainsi qu'en France, sept personnes sont inculpĂ©es en 1982 pour avoir, Ă  la demande de sa propre famille, enlevĂ© puis sĂ©questrĂ© Claire ChĂąteau[50], jeune membre majeure, qui rĂ©ussit Ă  s'enfuir et Ă  rejoindre l'Église de l'Unification[44].

L'Église de l'Unification est classĂ©e comme « secte » par la Commissions d'enquĂȘte parlementaires sur les sectes en France en 1995[51].

En France, l'Union nationale des associations de dĂ©fense des familles et de l'individu, a pour origine une association de Rennes crĂ©Ă©e en 1974 par un mĂ©decin et son Ă©pouse dont le fils a rejoint l’Église de l'Unification[52].

Face Ă  ces accusations rĂ©pĂ©tĂ©es et relayĂ©es par les mĂ©dias, l'Église de l'Unification fait souvent appel Ă  des tribunaux. C'est ainsi qu'en 1981, elle gagne de nombreux procĂšs aux États-Unis[53].

Au Japon, dans les annĂ©es 1980, l’Église est critiquĂ©e pour ses techniques de collecte de fonds, les « ventes spirituelles » : les fidĂšles sont convaincus que leurs problĂšmes proviennent d'un « karma ancestral » et que l'achat d'objets sacrĂ©s, qui leur sont vendus chers, peut les rĂ©soudre. En 2009, plusieurs personnes liĂ©es Ă  ces pratiques sont arrĂȘtĂ©es[15]. En outre, selon l’Église, le Japon a causĂ© de nombreux maux envers la CorĂ©e, maux pour lesquels les Japonais doivent se repentir[54]. Paradoxalement, l’Église entretient de nombreux liens avec l'aile la plus conservatrice et nationaliste du Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate, Ă  cause de leur anticommunisme commun, ce qui est difficile Ă  comprendre pour l'opinion publique[54]. L’Église est Ă©galement critiquĂ©e pour avoir encouragĂ© la pratique d'adoptions d'enfants entre membres de l'organisation[55].

L'Église est interdite Ă  Singapour en 1982, le gouvernement estimant qu'elle pouvait avoir des effets nĂ©fastes sur la sociĂ©tĂ©[56].

Diversification

DĂ©veloppement Ă©conomique

ParallĂšlement, l'Église de l'Unification se dĂ©veloppe sur le plan Ă©conomique dans de nombreux secteurs, principalement la construction, l'alimentation, l’automobile, le tourisme, l’éducation et les mĂ©dias. Sun Myung Moon devient milliardaire[16].

Le dirigeant de l'Église de l'unification a ainsi fondĂ© plusieurs organisations dans les domaines des mĂ©dias (dont le journal Washington Times). Il est Ă©galement Ă  l'origine de plusieurs entreprises, dont une usine automobile en CorĂ©e du Nord (Pyonghwa Motors) et une sociĂ©tĂ© nommĂ©e Tong II.

Création d'organisations et de fédérations

L'Église de l'Unification s'investit dans la crĂ©ation et le dĂ©veloppement de dizaines d'organisations et de fondations. Nombre d'entre elles Ă©largissent leur champs d'action et attirent de nombreuses personnalitĂ©s<[57].

La Conférence internationale pour l'unité des sciences (International conference for the unity for science, ICUS), la Fondation culturelle internationale (International cultural foundation , ICF), l'Académie des professeurs pour la paix mondiale (Professors academy for world peace, PWPA) organisent des conférences académiques internationales[58].

La Fédération internationale pour la victoire sur le communisme (International federation for victory over communism, IFVOC) et la Freedom leadership foundation organisent jusqu'en 1989 des conférences et des activités internationales dans un but anticommuniste[57].

En 1991, Sun Myung Moon regroupe un certain nombre d'organisations sous plusieurs fédérations internationales. La Fédération pour la paix mondiale et la Fédération inter-religieuse pour la paix mondiale sont créées simultanément cette année-là[58].

En 2005, Sun Myung Moon et Hak Ja Han fondent la Fédération pour la paix universelle (Universal peace federation, UPF)[59], réseau regroupant des parlementaires du monde entier[60].

Engagement politique

Pendant la guerre froide, l'Église de l'Unification se positionne contre le bloc communiste. Elle s’attire ainsi la sympathie du rĂ©gime militaire de CorĂ©e du Sud et de Richard Nixon aux États-Unis. Elle lui apporte son soutien lors du scandale du Watergate. En 1980, des membres de l'Église crĂ©ent l'organisation CAUSA International[61] basĂ©e Ă  New York, pour lutter contre le communisme par l'Ă©ducation[62].

Sun Myung Moon Ɠuvre Ă  travers le mouvement CAUSA pour dĂ©noncer l'idĂ©ologie communiste. Il rencontre MikhaĂŻl Gorbatchev et son Ă©pouse Ă  Moscou en 1990[63]. En 1991, il rencontre le dirigeant nord-corĂ©en Kim Il-sung[64] - [65] - [66] Ă  Pyongyang en CorĂ©e du Nord.

Sun Myung Moon était en bons termes avec le dictateur communiste nord-coréen Kim Jong-il. Il espérait ainsi favoriser le dialogue entre les deux Corées[67].

Liens avec le Front national

En France et en Belgique, certains membres ont eu dans les annĂ©es 1980 des liens Ă©troits avec diffĂ©rents partis politiques d'extrĂȘme-droite comme le Front national français ou belge. En particulier, en 1984 et 1989, Gustave Pordea[68] puis Pierre Ceyrac sont Ă©lus au Parlement europĂ©en sur la liste du Front national français.

L'Église de l'Unification s'associe au FN français Ă  partir des Ă©lections lĂ©gislatives de 1986 : Ă  la suite d'une rencontre organisĂ©e Ă  Saint-Cloud entre le colonel corĂ©en Bo Hi Pak, le chef politique de l’Église de l’unification, Sun Myung Moon et Henri Blanchard, prĂ©sident français de l'Église de l’unification, un « accord direct de coopĂ©ration » est conclu entre Sun Myung Moon et le FN qui inclut une « aide logistique nationale et internationale » et des « arrangements financiers importants »[69]. L'Église de l’unification participe au financement du FN et joue les intermĂ©diaires dans plusieurs dĂ©placements internationaux de Jean-Marie Le Pen lors de la campagne prĂ©sidentielle de 1988[70]. En contrepartie, le FN positionne Pierre Ceyrac, reprĂ©sentant de l'Église de l’unification, en position Ă©ligible lors des lĂ©gislatives de 1986[69]. Elle rompt ses relations avec le parti aprĂšs les propos du prĂ©sident du FN sur les chambres Ă  gaz[70] - [71].

Suisse

En Suisse, Yves Nidegger a Ă©tĂ© le responsable suisse de l'Église de l'unification, avant qu'il ne la quitte en 1994[3]. Disposant de lieux de culte Ă  Bienne, Lausanne, Lugano et Zurich, l'organisation compterait environ 350 membres dans le pays[3].


Notes et références

  1. « CESNUR - From the Unification Church to the Unification Movement, 1994-1999: Five Years of Dramatic Changes », sur www.cesnur.org (consulté le )
  2. « Japon : qu'est-ce que la "secte Moon" ? », sur TV5MONDE, (consulté le )
  3. Anne-Sylvie Sprenger, « La secte Moon est toujours prĂ©sente en Suisse », Le temps,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. « Articles du 03/09/2012 », sur ladepeche.fr (consulté le ).
  5. Interview de Yoshihide Sakurai par Kimie Itakura, La secte Moon et ses victimes japonaises : la nĂ©cessitĂ© d’une Ă©ducation religieuse, Nippon.com (7 novembre 2022).
  6. Massimo Introvigne, Moon et l'Eglise de l'Unification, Cesnur, , 142 p. (ISBN 88-85237-24-X), p. 45 Ă  68
  7. Philippe ThiĂ©bault, La pensĂ©e corĂ©enne : aux sources de l'esprit-cƓur, Autres temps, dl 2006, 400 p. (ISBN 2-84521-255-0 et 978-2-84521-255-8, OCLC 470488915)
  8. Massimo Introvigne, Moon et l'Eglise de l'Unification, Cesnur, , 142 p. (ISBN 88-85237-24-X), p. 26
  9. Boyer 1986, p. 119.
  10. Massimo Introvigne, Moon et l'Eglise de l'Unification, Torino (Italie), Cesnur, , 139 p. (ISBN 88-85237-24-X), p. 27
  11. Massimo Introvigne, Moon et l’Église de l'Unification, Paris, Cesnur, , 142 p. (ISBN 88-85237-24-X), p. 27
  12. M. Yamaguchi, EXPLAINER: The Unification Church's ties to Japan's politics, Associated Press (News4Jax) (15 juillet 2022).
  13. Bonds between LDP, Unification Church date back half a century, The Asahi Shimbun (17 juin 2022).
  14. H. Tanaka et al., Ex-Japan PM Nakasone was target of political maneuvers by Unification Church founder: probe, The Mainichi (1er février 2023).
  15. Hiroyuki Tanaka, Hirohiko Sakaguchi, Chiharu Shibue, Unification Church founder said savings of people in Japan were for followers, The Mainichi (12 novembre 2022).
  16. « Japon : qu'est-ce que la "secte Moon" ? », sur TV5MONDE, (consulté le )
  17. Massimo Introvigne, Moon et l'Eglise de l'Unification, Cesnur, , 142 p. (ISBN 88-85237-24-X), p. 31-32
  18. « Le fondateur de la secte Moon est mort », sur LEFIGARO, (consulté le )
  19. « Des personnalités à un rassemblement de Moon / UNADFI », sur UNADFI (consulté le ).
  20. AFP, « CorĂ©e du Sud: mariage collectif chez les moonistes malgrĂ© le virus », Challenges,‎ (lire en ligne AccĂšs payant, consultĂ© le ).
  21. Condé Nast, « Au Japon, l'assassinat de Shinzo Abe révÚle les liens entre la secte Moon et l'élite politique », sur Vanity Fair, (consulté le )
  22. B. Lutaud, Assassinat de Shinzo Abe : que sait-on de l'homme qui a tiré sur l'ancien premier ministre japonais ?, Le Figaro (9 juillet 2022)
  23. M. Penn, The Crime That Killed Shinzo Abe, Shingetsu News Agency (10 juillet 2022).
  24. (en) Justin McCurry, « Shinzo Abe killing: ‘Moonies’ church confirms suspect’s mother is member », The Guardian,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  25. H. Yoda, Shinzo Abe’s Assassin and Japan’s Complicated Spirituality, The New Yorker (26 juillet 2022).
  26. « « Au Japon, les liens de la secte Moon avec l’aile droite du Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate de Shinzo Abe sont tabous » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  27. Ex-Diet member describes crucial church role in winning seat, The Asahi Shimbun (20 août 2022).
  28. AP, Japan’s PM cuts ties to Unification church after Shinzo Abe death, The Guardian (31 aoĂ»t 2022).
  29. (en) Zaheena Rasheed, « The church linked to Abe’s killing, Japan’s political troubles », sur www.aljazeera.com (consultĂ© le )
  30. « Le Premier ministre japonais demande une enquĂȘte sur la secte Moon, soupconnĂ©e de manipuler ses adeptes », sur nippon.com, (consultĂ© le )
  31. (en) « Kishida demurs on LDP probe into ‘policy pacts’ with church | The Asahi Shimbun: Breaking News, Japan News and Analysis », sur The Asahi Shimbun (consultĂ© le )
  32. (en) « Asahi survey: 8 legislators shown ‘policy pacts’ by church | The Asahi Shimbun: Breaking News, Japan News and Analysis », sur The Asahi Shimbun (consultĂ© le )
  33. Agence Kyodo, Unification Church asks ruling party members to promote its policies, The Mainichi (20 octobre 2022)
  34. (en) « Ministry to look into church’s in-house practice for adoptions | The Asahi Shimbun: Breaking News, Japan News and Analysis », sur The Asahi Shimbun (consultĂ© le )
  35. Ministry directs Unification Church to halt in-church adoptions, The Asahi Shimbun (24 janvier 2023).
  36. Agence Kyodo, Japan warns Unification Church over murky child adoption practice, The Mainichi (23 janvier 2023).
  37. (en) « Japan to probe Unification Church, eyes depriving tax benefits », Mainichi Daily News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  38. (en) « Ministry mails 2nd batch of questions to embattled church | The Asahi Shimbun: Breaking News, Japan News and Analysis », sur The Asahi Shimbun (consulté le )
  39. (en) « Unification Church claims abuse as it faces more questions | The Asahi Shimbun: Breaking News, Japan News and Analysis », sur The Asahi Shimbun (consulté le )
  40. Third inquiry into Unification Church focuses on money flow, The Asahi Shimbun ((19 janvier 2023).
  41. (en) « 334 prefectural assembly members had ties with Unification Church », Mainichi Daily News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ); voir aussi (en) « 2 assemblymen found to have ties to Unification Church group », The Asahi Shimbun,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  42. Law on dubious donations to religious groups takes effect, The Asahi Shimbun (5 janvier 2023).
  43. Church settled 46 money battles since compliance order in 2009, The Asahi Shimbun (24 janvier 2023).
  44. Boyer 1986, p. 10-11.
  45. Jean Séguy, « Mouvement de Moon », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le )
  46. « Moon, Mouvement de », sur Universalis
  47. « Fiche CLIMS ‱ Eglise de l'Unification », sur www.clims.ch (consultĂ© le )
  48. « Présentation du Principe Divin - [PDF Document] », sur vdocuments.mx (consulté le )
  49. « Des fichiers de la secte de Moon et des documents comptables ont Ă©tĂ© saisis Les revers du " rĂ©vĂ©rend " », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  50. « Sept personnes sont inculpĂ©es Ă  Besançon pour avoir sĂ©questrĂ© une adepte de Moon. La secte a l'intention de se porter partie civile Un drame en trois actes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  51. « Commission d'enquĂȘte sur les sectes – AssemblĂ©e nationale », sur assemblee-nationale.fr (consultĂ© le ).
  52. « Moon - Eglise de l’Unification / UNADFI », sur unadfi.org (consultĂ© le ).
  53. Massimo Introvigne, Moon et l'Eglise de l'Unification, Cesnur, , 142 p. (ISBN 88-85237-24-X), p. 33
  54. I. Makihara, Les liens entre la secte Moon et la droite japonaise : comment en finir avec la controverse ?, Nippon.com (2 février 2023).
  55. Editorial: Japan gov't needs to uncover Unification Church's murky adoption practice, The Mainichi (1er février 2023).
  56. U.S. Department of State, 2016 Report on International Religious Freedom: Singapore.
  57. Boyer 1986, p. 47.
  58. Massimo Introvigne, Moon et l'Eglise de l'Unification, Torino Italie, Cesnur, , p. 34
  59. (en) « Universal Peace Federation », sur United Nations Economic and Social Commission for Western Asia, (consulté le )
  60. (en-US) « La Fédération pour la paix universelle : façade sectaire ou ONG respectable ? Un livre blanc », (consulté le )
  61. « The Role of Rev. Sun Myung Moon in Downfall of Communism », sur causafoundation.org (consulté le ).
  62. "Moon's 'Cause' Takes Aim At Communism in Americas", Washington Post, 28 August 1983.
  63. Gilles Chemin, « Shinzo Abe et la secte Moon : les dessous d’un assassinat explosif », (consultĂ© le )
  64. https://www.lalibre.be/international/2012/09/04/quand-moon-visait-rome-PVZHCT74VVCPDKXH4GVSA4GR3A/
  65. https://www.linternaute.com/actualite/monde/1031351-secte-moon-comment-son-gourou-a-t-il-fait-fortune/
  66. https://www.gemppi.org/sectes-et-mouvances/profils-religieux/la-secte-moon/
  67. « Adulé et controversé, le révérend Moon est décédé », sur Perspective Monde, (consulté le )
  68. Valérie Igounet, Le Front National : de 1972 à nos jours. Le parti, les hommes, les idées., Le Seuil, 502 p. (lire en ligne)
  69. Valérie Igounet, « Dans le rétro du FN: 1988, ou la tentative de «vendre» la candidature Le Pen », sur Mediapart, (consulté le ).
  70. Dominique Albertini, « Trente ans aprÚs, les 35 députés FN de 1986 sont presque tous partis », sur www.liberation.fr, (consulté le ).
  71. « Quand le Front national avait rendez-vous avec la secte Moon », sur lesinrocks.com, 12 septembre 2012.

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.