Saint-amour (AOC)
Le saint-amour est un vin rouge français d'appellation d'origine contrôlée produit à l'extrémité méridionale du département de Saône-et-Loire dans la région viticole du Beaujolais.
Saint-amour (AOC) | |
Bouteille de saint-amour. | |
Désignation(s) | Saint-amour (AOC) |
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Appellation(s) principale(s) | saint-amour[1] |
Type d'appellation(s) | AOC-AOP |
Reconnue depuis | 1946 |
Pays | France |
Région parente | vignoble du Beaujolais |
Localisation | Saône-et-Loire |
Climat | tempéré océanique à tendance continentale |
Sol | argilo-siliceux, sous-sol granitique |
Superficie plantée | 320 hectares en 2017[2] |
Cépages dominants | gamay N[3] |
Vins produits | rouges |
Production | 14 855 hectolitres en 2010[2] |
Pieds à l'hectare | minimum de 6 000 pieds par hectare[4] |
Rendement moyen à l'hectare | maximum 58 à 63 hectolitres par hectare[4] |
L'appellation couvre la commune de Saint-Amour-Bellevue, dans le vignoble du Beaujolais. Elle est l'un des dix crus de ce vignoble, qui sont du nord au sud : le saint-amour, le juliénas, le chénas, le moulin-à-vent, le fleurie, le chiroubles, le morgon, le régnié, le brouilly et le côte-de-brouilly.
Histoire
Barman à Paris avant la guerre, Louis Dailly côtoie le monde du vin où il rencontre son épouse, Thérèse Bridet, elle-même originaire de Saint-Vérand à quelques kilomètres de Saint-Amour, son village natal. Ils se marient et reviennent à Saint-Amour pour exploiter le domaine familial. Ils auront deux filles, Colette et Evelyne.
A l’époque des décrets des appellations des Crus de Beaujolais (1936), les vignes situées sur la commune de Saint-Amour sont encore en appellation Beaujolais-Villages.
Par militantisme et par conviction que le vin issu de ce terroir méritait par sa qualité de devenir un Cru à son tour, et avec l’aide de dirigeants de l’INAO, Louis Dailly s’est battu pour enfin faire signer le décret, acte de naissance du Saint-Amour le 8 février 1946.
Le saint-amour est reconnu par l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao) comme appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis le décret du [5].
Étymologie
Le saint-amour doit son nom, dit-on, à un soldat romain[6].
Situation
Le saint-amour est produit dans le département de Saône-et-Loire, à la limite avec celui du Rhône. L'aire de production se trouve à l'extrémité nord du vignoble du Beaujolais, au cœur de Saint-Amour-Bellevue, un village traditionnel, charmant, accueillant et typique où l'ambiance vigneronne chaleureuse domine. Situé à quelques kilomètres de l'axe de circulation le plus important d'Europe, le village est géographiquement très proche de la Bourgogne.
Climatologie
La station météo de Charnay-lès-Mâcon, près de Mâcon (à 216 mètres d'altitude) est la plus proche de l'aire d'appellation, mais cette station est plus au nord et en bordure de Saône. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | −0,6 | 0,7 | 2,5 | 5,2 | 8,9 | 12,3 | 12,4 | 13,9 | 11,1 | 7,5 | 2,9 | 0,1 | 6,6 |
Température moyenne (°C) | 2,1 | 4 | 6,8 | 10 | 13,9 | 17,5 | 20,1 | 19,4 | 16,4 | 11,7 | 6 | 2,7 | 10,9 |
Température maximale moyenne (°C) | 4,9 | 7,3 | 11,1 | 14,8 | 18,9 | 22,8 | 25,7 | 24,9 | 21,7 | 15,9 | 9,1 | 5,3 | 15,2 |
Ensoleillement (h) | 56,1 | 87,8 | 146,5 | 185,9 | 211,6 | 249,3 | 288,9 | 250,2 | 202,8 | 124,5 | 68,6 | 52,5 | 1 924,7 |
Précipitations (mm) | 66,3 | 60,9 | 58,7 | 69,4 | 85,9 | 74,7 | 58,1 | 77,1 | 75,7 | 71,7 | 72,7 | 70,4 | 841,4 |
Vignoble
Les coteaux de Saint-Amour reçoivent un bon ensoleillement. L'altitude y varie de 250 à 470 mètres. Les coteaux orientés est et sud-est culminent à 300 mètres au Bourg. Les ceps sont posés sur une arène de granite de Fleurie en décomposition. L'appellation couvre 320 hectares en 2017, ce qui représente 2 % de la superficie du vignoble du Beaujolais. C'est le deuxième plus petit cru du Beaujolais, mais il est celui qui a la plus grande variété de terroirs (17 sont identifiés sur la carte des sols réalisées en 2014).
L'appellation est située sur un plateau au sud de la Saône-et-Loire sur la commune de Saint-Amour-Bellevue exclusivement.
Encépagement
Le cépage essentiel est le gamay noir à jus blanc ; trois autres sont autorisés comme cépages accessoires, limités à 15 % au sein de chaque parcelle : l'aligoté B[3], le chardonnay B et le melon B.
Le gamay est un cépage peu vigoureux, faible, mais fertile et dont la production doit être maîtrisée, car il a tendance à s'épuiser[8]. Les meilleurs vins de gamay sont obtenus, à l’opposé du pinot noir, sur des sols acides et granitiques. Son débourrement précoce le rend également sensible aux gelées de printemps. Il se montre parfois sensible au millerandage lorsque les conditions climatiques sont défavorables au moment de la floraison[8]. Le gamay présente l’avantage de produire une petite récolte sur les contre-bourgeons. Le vin de gamay possède une couleur rouge nuancée de violet, il est pauvre en tanins et dévoile une bonne acidité. Il possède généralement un caractère fruité (fruits rouges, fruits noirs) mais peut exprimer plus de complexité s'il est vinifié selon la méthode traditionnelle avec chapeau grillé (les raisins sont maintenus dans le jus par une grille pour avoir une meilleure extraction de la couleur et des tannins) ou avec éraflage pour permettre une macération plus longue afin d'obtenir des vins plus charnus et plus complexes. Le Gamay exprime des profils aromatiques spécifiques à chaque terroir et à ses vignerons qui, au cours des siècles, ont acquis des connaissances et de riches expériences sur ce cépage et les sols sur lesquels il s'épanouit. Chaque terroir va exprimer un arôme en particulier et le vigneron va jouer avec ces subtilités.
Culture de la vigne
La taille est courte, en gobelet, éventail ou cordon, simple, double ou charmet avec 3 à 5 coursons à 1 ou 2 yeux. La conduite ancienne traditionnelle était en gobelet à densité élevée (entre 9 000 et 11 000 pieds par hectare). Aujourd'hui, le besoin de mécaniser le vignoble conduit les viticulteurs à planter à densité plus faible, mais supérieure à 6 000 pieds par hectare[4].
L'écartement entre rangs ne peut excéder 2,3 mètres et entre ceps sur le rang, il doit être au minimum de 0,80 mètre. Pour les vignes non palissées en gobelet, l'écartement maximum entre rangs ne doit pas excéder 1,5 mètre. Des allées peuvent être aménagées en arrachant un rang de vigne. L'allée ne doit pas excéder 3 mètres et doit bénéficier d'un couvert végétal spontané ou semé. Les tournières doivent bénéficier d'un couvert végétal permanent. La hauteur de feuillage entre la limite inférieure du feuillage et la hauteur de rognage doit dépasser 0,6 fois l'écartement entre rangs et un palissage est obligatoire si l'écartement entre rangs dépasse 1,5 mètre.
La taille courte est obligatoire. Traditionnellement en gobelet, la taille en cordon ou la taille « charmet » (taille inventée par M. Charmet en sud-Beaujolais, intermédiaire entre la taille en cordon et celle en éventail) sont aujourd'hui pratiquées. La taille est limitée à huit yeux porteurs de grappe après épamprage et un bras à deux yeux peut être ajouté en vue de rajeunir la souche[4].
Vendanges et rendements
Le rendement est limité à un maximum de 58 hectolitres par hectare ; le rendement butoir est de 63 hectolitres par hectare. Le rendement réel est très en dessous du maximum autorisé par le cahier des charges, par exemple le rendement moyen pour l'ensemble de l'appellation lors des vendanges 2010 est de 47,9 hectolitres par hectare[9].
Les vendanges sont faites à la main, les grappes de raisin devant arriver intactes dans les cuves. Le premier jour des vendanges (appelé « levée du ban des vendanges ») varie selon la maturité des baies, qui dépend lui-même de l'ensoleillement reçu : les années relativement chaudes les raisins sont vendangés tôt, les années relativement froides les vendanges sont plus tardives.
Années | Débuts des vendanges | Années | Débuts des vendanges | Années | Débuts des vendanges |
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1997 | 30 août | 2002 | 7 septembre | 2007 | 25 août |
1998 | 2 septembre | 2003 | 14 août | 2008 | 15 septembre |
1999 | 7 septembre | 2004 | 11 septembre | 2009 | 27 août |
2000 | 28 août | 2005 | 5 septembre | 2010 | 13 septembre |
2001 | 6 septembre | 2006 | 5 septembre | 2011 | 24 août |
Vins
Vinification et élevage
Le mode de vinification du beaujolais explique beaucoup le type de vins très particulier qui y est produit. On l'appelle la macération carbonique : le raisin est encuvé entier et la cuve est fermée pendant quelques jours. La saturation de la cuve empêche les raisins de respirer, les obligeant à un mode de fonctionnement anaérobie. Cette évolution à l'intérieur du grain de raisin s'apparente à un début de fermentation. Elle produit un peu d'alcool et des précurseurs d'arômes. Ensuite, le raisin est foulé et une fermentation traditionnelle se poursuit.
Pour les dix crus du Beaujolais, surtout pour ceux destinés à être élevé pendant une année et à être gardé quelques années de plus en bouteille, la vinification est semi-carbonique, à mi-chemin de la macération carbonique et de la vinification bourguignonne. Le raisin est récolté manuellement, encuvé entier sans éraflage. La fermentation débute comme pour une macération carbonique, mais au moment où le marc destiné au primeur est décuvé et pressé, les cuves destinées au vin de garde sont pigées et la macération se poursuit jusqu'à épuisement presque complet des sucres. Le vin est ensuite écoulé, le marc pressé et la fermentation malolactique peut s'enclencher tant que la température n'est pas trop descendue.
Gastronomie
Il peut donner deux types de vins différents, selon les choix de vinification pratiquée par les vignerons. Les premiers, de macérations plus courtes, sont plus légers, plus aromatiques, séducteurs et joyeux. Ils peuvent être consommés tôt après la récolte. Avec une macération plus longue ils seront plus charpentés et plus tanniques, plus gras aussi et ce sera des vins à « attendre », en moyenne 4 à 5 ans. Cette différence jouera également sur la robe qui ira de rubis étincelante pour les premiers au pourpre profond pour les seconds. Jeune il sera typé et complexe. Il dégagera de délicats arômes de fruits rouges, de pivoine et, parfois, de pêche et d'abricot. Les vins plus charnus évoqueront le kirsch, les épices et le réséda. Quelle que soit la vinification adoptée, le saint-amour conjugue élégance et finesse. Vin très fruité, particulièrement agréable en bouche, il gagnera en puissance avec le temps. Les vins aux cuvaisons plus longues seront profonds et voluptueux. Il se gardera de 12 à 15 mois à 5 ans, selon le millésime et le vinificateur. Les vins sont riches et voluptueux.
Économie
Commercialisation
Les vins bénéficiant de l'appellation peuvent être repliés sur les appellations régionales beaujolaises (beaujolais et beaujolais-villages), mais aussi bourguignonnes, c'est-à-dire qu'ils peuvent être commercialisés sous les appellations bourgogne, bourgogne grand ordinaire, bourgogne ordinaire, bourgogne passe-tout-grains, bourgogne aligoté et crémant de Bourgogne (dont l'aire de production s'étend sur le Beaujolais, selon les deux décrets du [11]).
Liste de producteurs
Quelques producteurs de saint-amour :
- Domaine Dailly ;
- Domaine de Gry-Sablon ;
- Domaine des Chers ;
- Domaine des Ravinets ;
- Domaine de Bergeron.
- Château de la Greffière
- Domaine Toutant
Notes et références
- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
- Collectif, Le guide Hachette des vins 2012, Paris, Hachette livre, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237699-1), p. 184.
- Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
- Secrétariat général du gouvernement français, « Décret no 2009-1343 du 29 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Brouilly », « Chénas », « Chiroubles », « Côte de Brouilly », « Fleurie », « Juliénas », « Morgon », « Moulin-à-Vent », « Saint-Amour » et « Régnié » », sur legifrance.gouv.fr.
- « Décret no 46-166 du 8 février 1946 relatif à l'appellation "saint-amour" », sur legifrance.gouv.fr, publié au JORF du 10 février 1946, page 1198.
- « Les vins de Saint-amour », sur hachette-vins.com, (consulté le )
- « Archives climatologiques mensuelles de Mâcon-Charnay de 1961 à 1990 », sur infoclimat.fr.
- Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées, Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, Le Grau-du-Roi, ENTAV, , 357 p. (ISBN 2-9509682-0-1).
- Le rendement réel est calculé en divisant le volume de la production par la surface exploitée, soit 14855 / 310 = 47,91 hectolitres par hectare. Source : Guide Hachette des vins, op. cit..
- « Histoire du vignoble du Beaujolais », sur sommelier-a-domicile.com.
- Décret du 16 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Bourgogne », « Bourgogne grand ordinaire », « Bourgogne ordinaire », « Bourgogne Passe-tout-grains » et « Bourgogne aligoté » et décret no 2009-1269 du 19 octobre 2009 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Crémant de Bourgogne ».
Voir aussi
Articles connexes
- Le vignoble de Bourgogne, le vignoble du Beaujolais
- Le gamay, la macération carbonique
- Le beaujolais, le beaujolais-villages
- Les autres crus de Beaujolais : brouilly, chénas, chiroubles, côte-de-brouilly, fleurie, juliénas, morgon, moulin-à-vent et régnié.