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SA-9 (Apollo)

SA-9, pour « Saturn Apollo-9 », également désigné A-103[1] - [2] - [Note 1] (COSPAR ID : 1965-009B[3], SATCAT No. 1088[4]), fut le huitième vol du lanceur américain Saturn I et le quatrième vol de sa deuxième version, aussi désignée « Block II ». Il fut également le troisième vol à lancer une maquette (aussi désignée « simulateur de masse », ou « boilerplate ») du module de commande Apollo en orbite terrestre basse[3].

SA-9
(A-103)
SA-9 décollant de son pas de tir, le 16 février 1965.
SA-9 décollant de son pas de tir, le .
Données de la mission
Organisation Drapeau des États-Unis NASA
Vaisseau • CM Apollo BP-16 (maquette)
• Satellite Pegasus 1
Objectif • Vol de tests aérodynamiques
• Étude des micrométéoroïdes
Équipage Aucun
Masse 15 375 kg
Lanceur Saturn I « Block II »
Date de lancement 14 h 37 min 3 s UTC
Site de lancement Drapeau des États-Unis LC-37B (en), Base de lancement de Cap Canaveral
DurĂ©e 3 ans, 6 mois, 13 jours
Retiré du service
Retour dans l'atmosphère
Distance parcourue 3 114 579 139 km
Identifiant COSPAR 1965-009B
Paramètres orbitaux
Nombre d'orbites ~75 918
ApogĂ©e 736 km
PĂ©rigĂ©e 500 km
PĂ©riode orbitale 97,06 minutes
Inclinaison 31,7°
Navigation

Ce vol fut également le premier d'une série de trois vols — SA-9, SA-8 et SA-10 — à embarquer un exemplaire de la série de satellites à vocation scientifique Pegasus[5] - [6], conçus pour étudier et évaluer le danger représenté par les micrométéoroïdes pour les engins spatiaux circulant en orbite basse.

Des problèmes et des retards lors de la fabrication du premier étage du vol SA-8 perturbèrent l'ordre initial des lancements, et le vol SA-9 fut en fait lancé avant le vol SA-8[6] - [7]. L'ordre de numérotation des lanceurs demeura toutefois respecté, le lanceur A-103 du vol SA-9 arrivant derrière le lanceur A-102 du vol SA-7[1] - [2].

Caractéristiques de la mission

Objectifs et nouveautés

Schéma de la séquence de déploiement d'un satellite Pegasus depuis le module de service factice du lanceur Saturn I.

Sur les douze objectifs assignés à la mission, deux étaient liés à la mise en œuvre du satellite Pegasus 1, premier des trois satellites Pegasus devant être tirés par une Saturn I. Huit objectifs étaient liés aux performances des systèmes de la fusée, un était lié au largage de la tour de sauvetage et le dernier était lié à la séparation de la maquette du module de commande Apollo.

Les deux objectifs liés au satellite Pegasus étaient la démonstration du bon fonctionnement des systèmes électroniques, structurels et mécaniques de l'engin, puis la collecte de données sur les micrométéoroïdes en orbite basse[7]. Comme la trajectoire du lancement avait été calculée pour insérer le satellite dans la bonne orbite, elle différait substantiellement de celle des missions précédentes SA-6 et SA-7.

Le lanceur consistait en un premier Ă©tage S-I, un deuxième Ă©tage S-IV et une case Ă  instruments (Instruments Unit, IU). Il emportait une maquette du module de commande[1] - [3] - [7], surnommĂ©e « boilerplate » (en français : « tĂ´le d'acier de haute qualitĂ© relativement Ă©paisse utilisĂ©e dans la construction d'une chaudière »), jouant en fait le rĂ´le de simulateur de masse. DĂ©signĂ©e « BP-16 »[1] - [3] — pour « Boilerplate-16 » —, elle avait une masse de 4 500 kg et reproduisait la forme et la taille du module de commande « rĂ©el » totalement Ă©quipĂ©[3] - [8]. LarguĂ©e une fois arrivĂ©e en orbite, elle Ă©tait surmontĂ©e d'une tour de sauvetage, qui devait elle ĂŞtre larguĂ©e plus tĂ´t pendant l'ascension, juste après la sĂ©paration entre le premier et le deuxième Ă©tages[3]. L'ensemble Ă©tait fixĂ© au sommet d'un module de service factice rĂ©alisĂ© en aluminium, lui-mĂŞme fixĂ© au S-IV via un adaptateur. Le satellite, d'une masse de 1 451,5 kg[3] et mesurant 5,28 Ă— 2,13 Ă— 2,41 m, Ă©tait repliĂ© sur lui-mĂŞme, enfermĂ© Ă  l'intĂ©rieur du module de service et fixĂ© Ă  l'adaptateur, ce dernier Ă©tant fixĂ© au deuxième Ă©tage de la fusĂ©e[3]. La maquette du module de commande servait ainsi Ă©galement de carĂ©nage pour protĂ©ger le satellite[3]. Une fois arrivĂ© en orbite, l'ensemble formĂ© par le deuxième Ă©tage — vidĂ© de ses ergols —, la case Ă  Ă©quipements, l'adaptateur, le module de service factice et le satellite, avait une masse de 10 500 kg[3]. La configuration Ă©tait telle que ces Ă©lĂ©ments restaient attachĂ©s une fois arrivĂ©s en orbite, le satellite se dĂ©ployant depuis l'intĂ©rieur du module de service factice ; seule la maquette du module de commande devait se sĂ©parer du reste de la fusĂ©e et Ă©voluer sur une orbite diffĂ©rente[7] - [3]. Lorsque les panneaux de capteurs du satellite Ă©taient dĂ©ployĂ©s, l'envergure atteignait 29,3 m[3].

Avec le vol SA-9, les lanceurs Saturn I commencèrent à embarquer un nouveau type de case à instruments[9], qui ressemblait de plus en plus aux futures unités à instruments qui seraient embarqués par les vols des fusées Saturn IB et Saturn V[9]. Sur l'ancienne version de cette unité, afin de réaliser un contrôle thermique correct, les baies à équipements tubulaires étaient pressurisées et baignées dans un gaz inerte[9]. Toutefois, sur la nouvelle version, les instruments étaient directement installés sur les parois du segment cylindrique, et la nouvelle conception supprimait la pressurisation et l'emploi de gaz inerte[9]. L'élimination de ces systèmes permit de réduire la masse de la case à équipements, mais également sa hauteur, qui fut divisée par deux[9], ce qui améliora au passage les caractéristiques aérodynamiques des futurs exemplaires de la Saturn I « Block II »[9].

Afin de pouvoir embarquer le satellite Pegasus, le deuxième étage S-IV et la case à instruments durent subir d'autres modifications mineures[10]. Comme l'absorption de chaleur risquait d'affecter l'équilibre thermique du satellite, la compagnie Douglas livra cet exemplaire du S-IV avec une couche de peinture spéciale pour diminuer le facteur thermique[10]. Il reçut également un nouvel équipement, qui consistait en un « système auxiliaire d'évents non propulsifs » (en anglais : « auxiliary non propulsive vent system »), devant limiter les oscillations excessives et rendre la stabilisation en orbite plus efficace[10]. Les concepteurs y intégrèrent également la nouvelle version de la case à instruments[10].

Inversion de l'ordre des lancements

Initialement prévues pour faire partie du programme de qualification de la fusée Saturn I, les trois missions Pegasus furent en fait effectuées comme des missions opérationnelles, après que les dirigeants de la NASA décidèrent de déclarer le lanceur opérationnel, à la suite du succès du vol SA-7[6] - [11] - [12].

La séquence de lancement des missions initialement prévue fut inversée pour les vols SA-8 et SA-9, en raison de changements dans le processus de leur fabrication[5]. En effet, tous les exemplaires du premier étage S-I des lanceurs des précédentes missions avaient été fabriqués au Marshall Space Flight Center (MSFC) de la NASA, également concepteur de l'étage[6]. Mais, à partir de l'année 1961, la NASA décida de délaisser l'idée de la fabrication « en interne » du matériel spatial pour se reposer sur des contractants industriels[6] - [13]. La Chrysler Corporation fut désignée comme contractant principal pour la fabrication du S-I au Centre d'assemblage de Michoud, en Louisiane, devant produire et assurer les essais de vingt exemplaires de l'étage pour les fusées Saturn[13]. La compagnie Douglas, qui avait déjà reçu le contrat pour les deuxièmes étages S-IV l'année précédente, ne changeait rien et continuait de fabriquer et livrer des étages S-IV à Cap Canaveral[13]. Comme la compagnie Chrysler commençait tout juste à accumuler de l'expérience, la fabrication et les tests du premier étage du vol SA-8 furent bien plus lents que ceux du dernier exemplaire du premier étage fabriqué au Centre Marshall[5] - [6] - [7]. Finalement, le vol SA-9 décolla trois mois avant le vol SA-8[5]. Ironie du sort, le dernier étage S-I fabriqué par le Centre Marshall allait servir à lancer Pegasus 1, le premier satellite conçu et fabriqué par ce même centre[6].

Vol

Préparation pré-vol

Les différents étages et systèmes constituant le lanceur du vol SA-9 arrivèrent au Centre spatial de Cap Canaveral entre les 10 et [1]. Le satellite Pegasus 1 arriva le [6]

Les officiels de la NASA planifièrent le lancement de SA-9 pour le , et les techniciens de la Base de lancement de Cap Canaveral travaillèrent d'arrache-pied pour pouvoir respecter le calendrier des préparations pré-vol[10]. Une fois la charge utile Pegasus enfermée dans la maquette de vaisseau Apollo servant de carénage et fixée à son adaptateur, le personnel fixa l'ensemble à l'étage S-IV, le [10]. Le jour suivant, les employés finirent de fixer la maquette du module de commande à la fusée. Désireux de réaliser des opérations de manière optimale, le personnel de la NASA et des principaux contractants continuèrent à s'affairer autour du satellite jusqu'aux dernières minutes avant le lancement[10]. Ainsi, le , seulement deux jours avant le lancement, les techniciens du Centre Marshall et de la Fairchild réalisèrent d'ultimes modifications dans le sous-système de détection des micrométéoroïdes du satellite[10].

Dans l'ensemble, les préparations pré-lancement de la mission se déroulèrent sans problème majeur et, le , la fusée était présente sur son pas de tir, prête à décoller[1] - [5].

Lancement

La fusée décolla le à 14 h 37 min 3 s UTC (9 h 37 min 3 s EST) depuis le pas de tir LC-37B (en), à Cap Canaveral[1] - [2] - [3] - [5] - [7] - [10], embarquant avec elle le plus gros satellite jamais lancé jusqu'alors[10]. Ce fut également la première fois qu'une fusée Saturn fut utilisée pour emmener une charge utile scientifique dans l'espace[10].

Il n'y eut que deux arrĂŞts techniques du compte-Ă -rebours avant le lancement[5]. Le premier, d'une durĂ©e de 30 minutes fut utilisĂ© pour effectuer un cycle de dĂ©charge/recharge d'une des batteries du satellite[5], afin de vĂ©rifier son bon fonctionnement[14]. Le deuxième, d'une durĂ©e de 1 h 7 min[14], fut causĂ© par une panne de courant ayant affectĂ© l'ordinateur du centre de sĂ©curitĂ© des vols de l'Eastern Test Range[5].

Le lancement fut nominal et, approximativement 10 min 30 s après le dĂ©collage, le vaisseau spatial fut insĂ©rĂ© sur une orbite de 495 Ă— 743 km[1] - [14] avec une inclinaison Ă  31.76° et une pĂ©riode orbitale de 97,1 minutes[14]. La tour de sauvetage fut larguĂ©e pendant l'ascension, tandis que la maquette du module de commande fut larguĂ©e vers une orbite diffĂ©rente de celle du lanceur, afin de ne pas perturber les mesures scientifiques du satellite Pegasus[10]. La masse totale placĂ©e en orbite Ă©tait de 15 375 kg, dont 1 451,5 kg pour le satellite seul[3]. Une camĂ©ra tĂ©lĂ©commandĂ©e, installĂ©e au sommet de l'Ă©tage S-IV, retransmit l'observation Ă©trange du dĂ©ploiement silencieux et hĂ©sitant des « ailes » du Pegasus[10].

Analyse post-lancement

La trajectoire et la vitesse orbitale atteintes furent très proches de celles prĂ©vues[14]. La capsule Apollo — servant de carĂ©nage pour le satellite — se sĂ©para du reste de la fusĂ©e environ 804 s après le lancement, puis le dĂ©ploiement des longs panneaux de dĂ©tecteurs du satellite dĂ©buta une minute plus tard[14]. La durĂ©e de vie prĂ©vue du satellite en orbite devait ĂŞtre de 1 188 jours[14]. Il fut retirĂ© du service le [14]. Bien que quelques dysfonctionnements mineurs eurent lieu Ă  la fois sur la fusĂ©e et sur le satellite, la mission SA-9 fut quand-mĂŞme dĂ©clarĂ©e rĂ©ussie, car tous les objectifs fixĂ©s avaient Ă©tĂ© atteints[14]. Le vaisseau resta en orbite jusqu'au , puis plongea dans l'atmosphère et s'Ă©crasa dans l'ocĂ©an.

Les dégâts causés au pas de tir par les moteurs de la fusée pendant le lancement furent décrits comme étant « les plus légers à ce jour »[5]. Il y eut toutefois un léger dégât des eaux à cause d'un joint torique cassé, et une cascade d'eau vint inonder les équipements électriques et de soutien du lanceur[5].

Au cours de sa quatrième orbite, le satellite enregistra son premier impact de micromĂ©tĂ©oroĂŻde[7] - [15]. Deux semaines plus tard, le compte atteignit Ă  peine une vingtaine d'impacts, et en mai, on ne comptait pas plus de 70 impacts[7] - [15]. Les missions suivantes du programme Pegasus n'enregistrèrent pas plus d'impacts et permirent aux scientifiques de se rendre compte que les micromĂ©tĂ©oroĂŻdes ne reprĂ©sentaient pas forcĂ©ment un grand danger pour les futurs vaisseaux Apollo[7].

Notes et références

Notes

  1. « A-103 » provient cependant du numéro de série attribué à cet exemplaire de la fusée Saturn I. Les sites officiels de la NASA désignent tous le nom officiel de la mission comme étant « SA-9 »[1] - [2] - [3].

Références

  1. (en) « Saturn Test Flights », sur www.nasa.gov, NASA, (consulté le ).
  2. (en) « SA-9 », NASA (consulté le ).
  3. (en) « Pegasus 1 » [archive du ], NASA (consulté le ).
  4. (en) Jonathan McDowell, « Satellite Catalog », Jonathan's Space Page (consulté le ).
  5. (en) Benson et Faherty 1978, p. 217–219.
  6. (en) Bilstein 2015, p. 331.
  7. (en) Brooks et al. 2009, p. 181.
  8. (en) Benson et Faherty 1978, p. 215.
  9. (en) Bilstein 2015, p. 245.
  10. (en) Bilstein 2015, p. 332.
  11. (en) Benson et Faherty 1978, p. 216.
  12. (en) Bilstein 2015, p. 329.
  13. (en) Benson et Faherty 1978, p. 180.
  14. (en) Apollo Program Summary Report, JSC-09423, p. 2-7 Ă  2-9.
  15. (en) Bilstein 2015, p. 332–333.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Charles D. Benson et William Barnaby Faherty, Moonport : A History of Apollo Launch Facilities and Operations, CreateSpace Independent Publishing Platform, coll. « The NASA History Series », , 1re Ă©d., 656 p. (ISBN 1-4700-5267-9 et 978-1-47005-267-6, lire en ligne [PDF]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Roger E. Bilstein, Stages to Saturn : A Technological History of the Apollo/Saturn Launch Vehicles, Andesite Press, coll. « The NASA History Series », (1re Ă©d. 1996), 538 p. (ISBN 978-1-297-49441-3 et 1-297-49441-5, lire en ligne [PDF]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Courtney G. Brooks, James M. Grimwood, Loyd S. Swenson, Jr. et Paul Dickson, Chariots for Apollo : The NASA History of Manned Lunar Spacecraft to 1969, Dover Publications Inc., coll. « Dover Books on Astronomy », (1re Ă©d. 1979), 576 p. (ISBN 978-0-486-46756-6 et 0-486-46756-2, lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Apollo Program Summary Report (JSC-09423), Houston, Texas, États-Unis, NASA, (lire en ligne [PDF]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Ivan D. Ertel et Mary Louise Morse, The Apollo Spacecraft : A Chronology, vol. 1 : Through November 7, 1962, CreateSpace Independent Publishing Platform, coll. « The NASA Historical Series », (1re Ă©d. 1969), 284 p. (ISBN 978-1-4954-1397-1 et 1-4954-1397-7, lire en ligne [PDF]).


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