Accueil🇫🇷Chercher

SA-7 (Apollo)

SA-7, pour « Saturn Apollo-7 », également désigné A-102[1] - [2] - [Note 1] (COSPAR ID : 1964-057A[3], SATCAT No. 883[4]), fut le septième vol du lanceur américain Saturn I et le troisième vol de sa deuxième version, aussi désignée « Block II ». Il fut également le deuxième vol à lancer une maquette (aussi désignée « simulateur de masse », ou « boilerplate ») du module de commande Apollo en orbite terrestre basse[3].

SA-7
(A-102)
SA-7 décollant de son pas de tir, le 18 septembre 1964.
SA-7 décollant de son pas de tir, le .
Données de la mission
Organisation Drapeau des États-Unis NASA
Vaisseau Module de commande Apollo BP-15 (maquette)
Objectif Vol d'essais
Équipage Aucun
Lanceur Saturn I « Block II »
Date de lancement 16 h 22 min 43 s UTC
Site de lancement Drapeau des États-Unis LC-37B (en), Base de lancement de Cap Canaveral
Durée 7 h 30 min
Dernier contact (après 5 orbites)
Retour dans l'atmosphère
Identifiant COSPAR 1964-057A
Paramètres orbitaux
Nombre d'orbites 59
ApogĂ©e 206 km
PĂ©rigĂ©e 177 km
PĂ©riode orbitale 88,32 minutes
Inclinaison 31,7°
Navigation

Prenant place au cĹ“ur de la montĂ©e en puissance du programme Apollo et similaire au vol SA-6[5], SA-7 dĂ©colla le de Cap Canaveral, en Floride, pour des essais se dĂ©roulant sur cinq orbites, soit un vol d'environ 7 h 30 min. Le vaisseau et son Ă©tage supĂ©rieur effectuèrent toutefois un total de 59 orbites avant de rentrer dans l'atmosphère et retomber dans l'OcĂ©an Indien, le .

Ce vol marqua également la fin des tests de recherche et de développement de la fusée Saturn. Après le septième lancement réussi, les officiels de la NASA déclarèrent le lanceur Saturn I « opérationnel »[6].

Objectifs de la mission

Le vol SA-7 fut conçu pour rĂ©pĂ©ter le vol de la mission SA-6. Afin de vĂ©rifier les caractĂ©ristiques aĂ©rodynamiques du module de commande et de service Apollo (ou CSM, pour « Command and Service Module »), le vol embarquait Ă  nouveau une maquette du module de commande[3] - [7], surnommĂ©e « boilerplate » (en français : « tĂ´le d'acier de haute qualitĂ© relativement Ă©paisse utilisĂ©e dans la construction d'une chaudière »), jouant en fait le rĂ´le de simulateur de masse[7]. DĂ©signĂ©e « BP-15 »[3] — pour « Boilerplate-15 » —, elle avait une masse de 7 800 kg et reproduisait la forme et la taille du module de commande « rĂ©el » totalement Ă©quipĂ©[3] - [8]. Ses deux seules diffĂ©rences avec la BP-13 employĂ©e pour le vol prĂ©cĂ©dent venaient du fait que, sur la BP-15 l'un des « quads » (groupes de quatre propulseurs) simulant le système de contrĂ´le par rĂ©action RCS avait reçu des capteurs pour enregistrer les vibrations et les tempĂ©ratures subies pendant le lancement. L'autre diffĂ©rence majeure du vol SA-7 fut la prĂ©sence et l'utilisation d'une tour de sauvetage qui serait larguĂ©e en utilisant ses moteurs d'abandon et de contrĂ´le en tangage. Le tout Ă©tait fixĂ© au sommet d'un module de service factice rĂ©alisĂ© en aluminium, qui restait fixĂ© au deuxième Ă©tage S-IV et Ă  sa case Ă  instruments[3]. En orbite, l'ensemble formĂ© par le CSM et le deuxième Ă©tage avaient une masse de 16 650 kg[3].

La maquette du CSM Ă©tait Ă©quipĂ©e de 113 capteurs, enregistrant les contraintes, la pression et les accĂ©lĂ©rations rencontrĂ©es au cours du vol[3]. Elle Ă©tait Ă©galement Ă©quipĂ©e de trois installations de tĂ©lĂ©mesure[3].

La mission SA-7 fut la première au cours de laquelle une fusĂ©e Saturn embarqua une unitĂ© d'instruments programmable[6], alors que les vols prĂ©cĂ©dents avaient utilisĂ© une « boĂ®te noire » qui Ă©tait prĂ©programmĂ©e[6]. En effet, depuis 1954, les fusĂ©es Redstone, Jupiter, Pershing et Saturn avaient utilisĂ© un enregistreur multicanaux de 15 kg, communĂ©ment surnommĂ© « black box » (en français : « boĂ®te noire »), pour gĂ©nĂ©rer les commandes de vol telles que l'arrĂŞt des moteurs centraux, la mise Ă  feu des fusĂ©es de tassement ou les ouvertures de vannes de carburant[6]. Sur le vol SA-7, il devenait possible de reprogrammer l'ordinateur pendant le vol, ce qui devait potentiellement permettre de corriger directement n'importe-quel comportement anormal[6].

Enfin, les moteurs H-1 de la fusée de ce vol étaient des modèles révisés, dont les turbopompes étaient équipées d'engrenages renforcés, ce qui devait éviter de reproduire la casse de turbopompe subie par l'un des moteurs du premier étage lors de l'ascension du vol précédent[9].

Vol

Préparation pré-vol

Comme celle des vols précédents, la préparation pré-vol de la mission SA-7 connut son lot de péripéties[6]. Elle établit deux premières au département des opérations de lancement du Centre spatial Kennedy.

DĂ©but , des techniciens dĂ©couvrirent un dĂ´me d'oxygène liquide fissurĂ© sur le moteur H-1 no 6 du premier Ă©tage S-I. Ce fut la première fois que l'Ă©quipe de lancement dĂ»t remplacer un moteur complet sur une fusĂ©e Saturn. Toutefois, cette expĂ©rience ne resta pas longtemps une nouveautĂ© ; en effet, les officiels de la NASA, estimant que les fissures Ă©taient du mĂŞme type que la « corrosion de contrainte » qui avait lourdement affectĂ© les chemises des circuits hydrauliques et pneumatiques de la mission SA-5[10], dĂ©cidèrent de renvoyer les huit moteurs du premier Ă©tage Ă  l'usine de Rocketdyne Ă  Neosho, dans le Missouri[6]. Le dĂ©montage de chacun de ces moteurs, d'une masse de 725 kg, demanda de nombreux efforts aux Ă©quipes de mĂ©caniciens de Chrysler et du Centre spatial Kennedy, en particulier en raison des très nombreux câblages, conduites hydrauliques, conduites des ergols, conduites d'Ă©chappement et capteurs Ă  dĂ©connecter[6].

Le remplacement des moteurs du S-I recula le calendrier du lancement d'environ deux semaines, la date de lancement passant de fin août à mi-septembre[6]. Quelques jours supplémentaires furent perdus à cause de l'arrivée des cyclones Cleo et Dora sur les côtes de la Floride, le . La fusée, installée au milieu de ses structures de service, ne fut heureusement pas endommagée par les vents de 110 km/h qui frappèrent la région[6].

Le , le président Lyndon B. Johnson effectua une visite surprise des installations, coïncidant exactement avec le premier test de démonstration de compte-à-rebours, un exercice ajouté aux procédures pré-vol après l'incident embarrassant de l'obturateur oublié dans les circuits des réservoirs de la mission SA-5[11] - [12]. Par conséquent, le Bureau prévisionnel technique de Robert Moser décida d'exécuter un dernier test avec la fusée remplie et un décompte réel, avec seulement un abandon de lancement au dernier moment, pour simuler de manière réaliste un lancement[11]. Le test se déroula à merveille, et cette procédure de « dernier test » devint un standard pour les missions suivantes[11].

Lancement

La fusĂ©e dĂ©colla le Ă  16 h 22 min 43 s UTC depuis le pas de tir LC-37B (en), Ă  Cap Canaveral[1] - [2] - [3] - [13], juste avant midi, heure locale. Le premier Ă©tage fonctionna pendant 147,7 secondes, avec une sĂ©paration se produisant 0,8 seconde plus tard. Le deuxième Ă©tage dĂ©marra 1,7 seconde plus tard, et la tour de sauvetage fut larguĂ©e Ă  160,2 secondes après le lancement. Le deuxième Ă©tage fonctionna jusqu'Ă  621,1 secondes après le dĂ©collage, emmenant sa masse et celle de la maquette du CSM sur une orbite de 212,66 Ă— 226,5 km[3] - [14].

La mission remplit tous ses objectifs, renvoyant en continu les donnĂ©es collectĂ©es par les 113 capteurs via la tĂ©lĂ©mesure pendant environ cinq orbites, avant que les batteries ne tombent Ă  court d'Ă©nergie. L'ensemble formĂ© par le deuxième Ă©tage et la maquette du CSM fut suivi par les stations terrestres jusqu'Ă  son retour dans l'atmosphère au cours de sa 59e orbite, au-dessus de l'ocĂ©an Indien, le [3] - [14].

Analyse post-lancement

Le vol SA-7 se déroula de manière nominale et remplit parfaitement ses objectifs, le vaisseau démontrant des performances en accord avec les attentes de ses concepteurs[1] - [2] - [3] - [5] - [11] - [14] - [15]. Ce vol marqua également la fin des tests de recherche et de développement de la fusée Saturn. Après ce septième lancement réussi, les officiels de la NASA déclarèrent le lanceur Saturn I « opérationnel »[6], trois lancements avant les prévisions initiales[15].

La vitesse, l'altitude et l'angle de la trajectoire de vol au moment de l'arrêt de l'étage S-I furent légèrement plus importants que prévus[14]. Lors de l'arrêt de l'étage S-IV, l'altitude était légèrement plus basse et la vitesse légèrement plus importante que prévu, ce qui donna au vaisseau une orbite plus elliptique que prévue[14]. La télémesure fonctionna parfaitement pendant tout le vol, retransmettant en continu les paramètres de tous les capteurs, à l'exception d'une petite coupure lors de la séparation des étages[14]. Les mesures indiquèrent que le véhicule se comportait de façon satisfaisante dans son environnement. Les valeurs d'échauffement rencontrées pendant le vol sur divers points de la fusée furent globalement similaires à ceux relevés lors de la mission précédente SA-6, avec des valeurs dans les tolérances pour la maquette du CSM et des valeurs bien en dessous des limites prévues pour l'assemblage de la tour de sauvetage[14]. Le fonctionnement de la tour de sauvetage se déroula comme prévu, même s'il ne fut pas possible de savoir si le moteur de tangage avait été allumé ou non. Toutefois, les analyses de la trajectoire laissèrent supposer que les divers moteurs de la tour de sauvetage avaient fonctionné normalement et qu'elle s'était bien écartée de la trajectoire de la fusée après son largage[14].

Les niveaux de vibrations mesurés furent globalement similaires à ceux de la mission précédente, mais les niveaux mesurés au niveau du système de contrôle par réaction — qui avait été équipé de capteurs pour ce vol — furent au-dessus des limites prévues à la conception[14].

Le seul « problème » rencontré au cours du vol fut l'échec à la récupération des huit nacelles contenant les caméras qui avaient été conçues pour observer la séparation des deux étages[16]. Larguées pour être récupérées sur Terre après la séparation des étages, elles atterrirent bien plus loin que dans la zone prévue, en plein cœur de l'ouragan Gladys[16], ce qui empêcha les unités de récupération de mener à bien les recherches pour les récupérer[16]. Toutefois, deux des nacelles s'échouèrent sur le littoral sept semaines plus tard : elles étaient couvertes de crustacés, mais le précieux film qu'elles contenaient était intact[16]...

Notes et références

Notes

  1. « A-102 » provient cependant du numéro de série attribué à cet exemplaire de la fusée Saturn I. Les sites officiels de la NASA désignent tous le nom officiel de la mission comme étant « SA-7 »[1] - [2] - [3].

Références

  1. (en) « Saturn Test Flights », sur www.nasa.gov, NASA, (consulté le ).
  2. (en) « SA-7 », NASA (consulté le ).
  3. (en) « Saturn SA-7 » [archive du ], NASA (consulté le ).
  4. (en) Jonathan McDowell, « Satellite Catalog », Jonathan's Space Page (consulté le ).
  5. (en) Brooks et al. 2009, p. 142.
  6. (en) Benson et Faherty 1978, p. 216.
  7. (en) Benson et Faherty 1978, p. 191.
  8. (en) Benson et Faherty 1978, p. 215.
  9. (en) Bilstein 2015, p. 104.
  10. (en) Benson et Faherty 1978, p. 208.
  11. (en) Benson et Faherty 1978, p. 217.
  12. (en) Benson et Faherty 1978, p. 212.
  13. (en) Lee Mohon, « This Week in NASA History: Saturn I SA-7 Launches – Sept. 18, 1964 », NASA, (consulté le ).
  14. (en) Apollo Program Summary Report, JSC-09423, p. 2-5, 2-6.
  15. (en) Bilstein 2015, p. 329.
  16. (en) Bilstein 2015, p. 328.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Courtney G. Brooks, James M. Grimwood, Loyd S. Swenson, Jr. et Paul Dickson, Chariots for Apollo : The NASA History of Manned Lunar Spacecraft to 1969, Dover Publications Inc., coll. « Dover Books on Astronomy », (1re Ă©d. 1979), 576 p. (ISBN 978-0-486-46756-6 et 0-486-46756-2, lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Charles D. Benson et William Barnaby Faherty, Moonport : A History of Apollo Launch Facilities and Operations, CreateSpace Independent Publishing Platform, coll. « The NASA History Series », , 1re Ă©d., 656 p. (ISBN 1-4700-5267-9 et 978-1-47005-267-6, lire en ligne [PDF]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Roger E. Bilstein, Stages to Saturn : A Technological History of the Apollo/Saturn Launch Vehicles, Andesite Press, coll. « The NASA History Series », (1re Ă©d. 1996), 538 p. (ISBN 978-1-297-49441-3 et 1-297-49441-5, lire en ligne [PDF]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Apollo Program Summary Report (JSC-09423), Houston, Texas, États-Unis, NASA, (lire en ligne [PDF]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Ivan D. Ertel et Mary Louise Morse, The Apollo Spacecraft : A Chronology, vol. 1 : Through November 7, 1962, CreateSpace Independent Publishing Platform, coll. « The NASA Historical Series », (1re Ă©d. 1969), 284 p. (ISBN 978-1-4954-1397-1 et 1-4954-1397-7, lire en ligne [PDF]).


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.