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Roman Czerniawski

Roman Czerniawski, né le à Tłuste (Pologne) et mort le à Londres, est un officier d'aviation polonais et un agent secret pendant la Seconde Guerre mondiale au service du gouvernement polonais en exil. Il fut fondateur et chef du réseau de renseignement Interallié en France, puis agent double et la pièce importante du Système Double Cross d'intoxication des services de renseignement allemands développé par le Service de la sûreté britannique (MI-5).

Roman Czerniawski
Roman Czerniawski
Biographie
Naissance

Tovste (d)
Décès
(Ă  75 ans)
Londres
SĂ©pulture
Pseudonymes
Armand, Walenty, Brutus
Nationalité
Formation
Wyższa Szkoła Wojenna (en)
Activités
Autres informations
Armes
Armée de l'air de la 2e République polonaise (d), Special Operations Executive
Grade militaire
Conflit
Distinctions

Biographie

Roman Czerniawski naît le dans le village de Tłuste (voïvodie de Tarnopol, Pologne).

Après avoir obtenu le son diplôme d'officier à l'École de formation des pilotes de la Forces Aériennes Polonaise à Dęblin, Czerniawski est affecté au 11e escadron du 1er régiment aérien. En 1934, il s'entraîne au Centre de formation des officiers de l'aviation. Promu au rang de lieutenant, il poursuit sa formation de pilote et intègre le 11e escadron de chasseurs. En 1938, il obtient le diplômé de l'École supérieure de guerre de Varsovie (Wyższa Szkoła Wojenna) et devient capitaine. On l'affecte au département de l'organisation du commandement de l'aviation polonaise.

Au début de la guerre de 1939, il est pilote dans l'escadron d'état-major. Le , il est délégué au commandement de la défense de Lvov. Après la capitulation de la ville, il s'évacue en avion en Roumanie, puis, il gagne la France où se reconstitue l'armée polonaise.

En , il y suit un cours des états majors à l’École de Guerre. Après avoir obtenu son diplôme en , il devient le chef du 2e bureau de la 1re Division de grenadiers, avec laquelle il participe aux combats sur la ligne Maginot et dans la région du canal de la Marne au Rhin et Lagarde. Après la dissolution de la division et l'armistice du maréchal Pétain que le gouvernement polonais n'a pas accepté, il cherche à gagner la Grande-Bretagne par le sud de la France. Renée Borni avec laquelle il s'est lié d'amitié l'aide en lui donnant les documents de son défunt mari, Armand Borni.

Arrivé à Toulouse, il prend contact avec les anciens du 2e bureau : les majors Mieczysław Zygfryd Słowikowski et Wincenty Zarembski et entame la constitution du réseau clandestin sous le pseudonyme « Armand ». En , il est nommé responsable du centre d'évacuation de Toulouse. Il n’y travaille pas longtemps, car le deuxième bureau du Nord-Ouest a besoin de renseignements militaires venant de la zone occupée du nord de la France et Czerniawski se voit confier la création d'un centre de renseignement à Paris.

Avant de quitter Toulouse, il rencontre Mathilde Carré. Il la recrute considérant que les contacts et les connaissances du temps des études de Mathilde à la Sorbonne peuvent lui être utiles à Paris. Le , le capitaine Czerniawski (alias "Armand", "Walenty") part avec Mathilde pour Paris et très rapidement, dès le milieu du mois, met en place un réseau sous le nom de code "Interallié". Mathilde alias "Victoire", qui vit avec lui, l'aide à recruter et s’occupe de la rédaction des rapports qui sont initialement envoyés à Toulouse, cachés dans les toilettes du train express Paris-Toulouse. Le courrier trouve son destinataire sans incidents. Il n'est pas découvert même lors d'un arrêt accidentel du wagon pendant deux mois.

Armand et Victoire sont recommandés auprès de Me Brault, un avocat spécialisé dans les affaires anglaises et américaines. Il accepte de les mettre en rapport avec nombre de ses relations professionnelles et son cabinet sert de couverture. Au milieu de 1941, le réseau compte 250 agents dont 40 Polonais. C'est le réseau de renseignements le plus étoffé du début de l'occupation.

Armand, qui a également des contacts avec ses homologues français, envoie Mathilde à Vichy auprès d'officiers du Deuxième Bureau. Certains officiers de renseignement français restent fidèles à leurs alliés anglais et ne dédaignent pas de travailler avec eux en échange des informations sur les réseaux alliés en zone occupée. De nombreuses informations précieuses sont acquises et transférées à Londres via Toulouse. Malheureusement, les services de renseignement britanniques, se méfiant de Vichy, ignorent certains comme ceux à propos du débarquement à Tripoli des troupes de l'Afrika Korps ou à propos des sous-marins allemands.

Au début de 1941, Armand reçoit un poste de radio. Pendant longtemps, il ne pouvait pas établir de communication avec Londres. Ce ne fut possible que le . Afin de maintenir la sécurité, l'envoi de messages est limité à quelques minutes. Cela permet d'envoyer environ 40 mots, puis ce nombre est porté à 100 mots. Le réseau fournit des informations précieuses sur les mouvements des troupes allemandes, les dépôts de munitions, les aéroports, les batteries sur la côte et les fortifications en cours de construction. Les rapports hebdomadaires sont très volumineux, de 20 à 50 pages dactylographiés. Pour faciliter le travail des coursiers clandestins, Armand fait photographier les rapports ce qui réduit considérablement la taille des envois.

En , après un an d'activité, Czerniawski est convoqué et transporté dans un avion britannique à Londres.

Dans l'état-major du commandant en chef polonais, il est présenté au général Sikorski qui le décore de l'ordre militaire Virtuti Militari, classe V. Il y rencontre également le colonel Stanisław Gano, le chef du 2e bureau polonais et des représentants des services de renseignement britanniques. Il rentre en France le , déposé près de Tours.

Le , le contre-espionnage allemand tombe sur la trace d'Armand et le Czerniawski est arrêté. Renée Borni et Mathilde Carré sont également emprisonnées. Mathilde accepte de collaborer et révèle aux Allemands la cache contenant des dossiers personnels des membres du réseau et des copies des documents envoyés à Londres. Les Allemands sont si étonnés de l'exactitude des renseignements qu'ils organisèrent une exposition de ces documents afin que les employés d'Abwehr puissent en prendre connaissance.

Les Allemands veulent retourner Armand aussi. Le colonel Oscar Reile, le chef de l’Abwehr à Paris, lui rend visite en prison à plusieurs reprises et lui propose de coopérer. Finalement Czerniawski accepte en échange de la garantie que les 64 membres de son réseau arrêtés ne seront pas fusillés mais traités en prisonniers de guerre. Avec l'accord de l'amiral Wilhelm Canaris, le , Armand, devenu "Hubert" pour les Allemands, s'évade lors d'un convoi de la prison de Fresnes. Cependant, l'évadé n'est pas Czerniawski. Le vrai Armand est escorté par Abwehr à l'aéroport. Il s’envole à Madrid où il se rend à l'ambassade de Pologne pour être transféré à Londres.

Ă€ Londres, Czerniawski est d'abord interrogĂ© par le MI5. Il justifie sa prĂ©sence en Angleterre par la version convenue avec les Allemands (celle de l’évasion du lors d’un accident de la circulation). Les Britanniques le remettent aux Polonais qui le soumettent Ă  un interrogatoire serrĂ© de nouveau. Il finit par obtenir un rendez-vous avec le colonel Gano Ă  qui il rĂ©vèle son accord avec l’Abwehr pour espionner en Angleterre. Il lui expose aussi son projet d'utiliser sa nouvelle couverture pour manipuler Ă  son tour les Allemands. Mis au courant, le gĂ©nĂ©ral Sikorski marque son intĂ©rĂŞt pour le projet de Czerniawski, sans vouloir prendre la responsabilitĂ© de le piloter. Ainsi, Czerniawski, « Hubert Â» pour les Allemands, est mis Ă  la disposition des Britanniques et devient agent du Système Double Cross sous le pseudo de « Brutus Â». Mis Ă  part le colonel Gano et le gĂ©nĂ©ral Sikorski, aucun Polonais n'est au courant du rĂ´le qu’il joue ainsi pendant près de deux ans. Plus tard, les Britanniques le nomment officier de liaison auprès du gĂ©nĂ©ral Bradley, puis du gĂ©nĂ©ral Eisenhower.

Les premiers messages d’Hubert parviennent aux Allemands en , et il acquiert rapidement leur confiance. Il agit d’abord dans le cadre de l’opération Starkey qui cherche à faire croire aux Allemands à un débarquement des Alliés dans le Pas-de-Calais, prétendument planifié pour le . Le but visé est de les conduire à y maintenir stérilement quelques divisions à l’ouest et d’empêcher le déplacement et l’engagement de ces divisions sur le front russe.

À partir du , Czerniawski est engagé dans l’opération Fortitude ainsi que l'opération Bodyguard qui visent à induire en erreur les services de renseignement allemands quant au lieu et la date du débarquement allié. Il accrédite l’idée que le premier débarquement est un leurre et que le véritable doit avoir lieu plus tard, dans la région du Pas-de-Calais. Hitler y croit et refuse de former des groupes de retraite. Les divergences révélées dans ces rapports par les Allemands, Brutus les explique par les frictions entre les Alliés. Il envoie son dernier message d'adieu après la traversée du Rhin par les troupes alliées. Le colonel Reile écrira plus tard dans ses mémoires que Berlin croyait en Hubert et n'en douta pas jusqu'à la fin de la guerre.

Après la guerre, Roman Czerniawski reste en exil et fait partie d'un groupe qui deviendra plus tard l'Association polonaise des aviateurs en Grande-Bretagne.

Il meurt le à Londres, à l'âge de 75 ans et il est enterré au cimetière des aviateurs polonais à Newark-on-Trent.

Publications

  • (en) Roman Garby-Czerniawski, The Big Network, London, George Ronald, 1961.
  • DĂ©positions du capitaine Czerniawski des 18, 19 et Ă  Londres, PISM (Polish Institute and Sikorski Museum, Londres), cote Kol 96/27.
  • L’Espion qui trompa Hitler, interview de Roman Czerniawski recueillie par Michel Leclercq, Paris-Match, no 1872 .

DĂ©corations

Identités

  • RĂ©seau INTERALLIÉ :
    • Fausse identitĂ© : Armand Borni (identitĂ© du mari dĂ©cĂ©dĂ© de RenĂ©e Borni), d’oĂą le pseudo « Armand Â» frĂ©quemment employĂ© ; Juan Garancia Luengo (faux papiers pour passer en Espagne)
    • Pseudo : Walenty (ou Valenty, ou Valentin)
  • Comme agent double en Angleterre :
    • Pour les Britanniques (MI-5) : Brutus
    • Pour les Allemands (Abwehr) : Hubert

Sources

  • Janusz PiekaĹ‚kiewicz, Les grandes rĂ©ussites de l’espionnage, traduit de l’allemand par M. Ĺ’uvrard, Librairie Arthème Fayard et Paris-Match, 1971.
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit… (prĂ©face de Jacques Mallet), 5e Ă©dition française, Éditions Vario, 2004, (ISBN 2-913663-10-9).
  • Jean Medrala, Les RĂ©seaux de renseignements franco-polonais 1940-1944. RĂ©seau F, Marine, Famille-InteralliĂ©, RĂ©seau F2, Étoile, PSW-Afrique, Enigma-Ă©quipe 300, Suisse3, L’Harmattan, 2005 (ISBN 2-7475-8157-8 et 978-2-7475-8157-8).
  • La RĂ©sistance polonaise en France, DVD Ă©ditĂ© par l'AERI et la SociĂ©tĂ© Historique et LittĂ©raire Polonaise sous la coordination de Jean Medrala (ISBN 978-2-915742-29-9).
  • Ben Macintyre, Les Espions du DĂ©barquement, Ixelles Editions (ISBN 978-2-87515-153-7).
  • Borowiak J., Armad-Brutus [w:] Rzeczpospolita PodchorÄ…ĹĽacka 3/2002
  • Czerniawski R., Historia "Marsza LotnikĂłw" [w:] Gapa 14 (2/2015)
  • Pawlak J., Absolwenci SzkoĹ‚y OrlÄ…t, Wydawnictwo Retro-Art, Warszawa, 2002
  • PepĹ‚oĹ„ski A., Wywiad Polskich SiĹ‚ Zbrojnych na Zachodzie 1939-1945, Agencja Wydawnicza Jerzy Mostowski, Warszawa, 1995
  • ĹšliĹĽewski G., "TuryĹ›ci Sikorskiego", czyli kurs na zachĂłd [w:] Za liniÄ… wroga, Wydawnictwo Gretza, Warszawa, 2015

Notes

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