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Robert Hersant

Robert Hersant, né le à Vertou et mort le à Saint-Cloud, est un éditeur de presse, fondateur du groupe Hersant et homme politique français.

Robert Hersant
Illustration.
Fonctions
Député européen
–
(11 ans, 8 mois et 28 jours)
Élection 17 juin 1984
RĂ©Ă©lection 18 juin 1989
12 juin 1994
Circonscription France
Législature IIe, IIIe et IV législature
Groupe politique PPE
Député français
–
(2 ans, 1 mois et 12 jours)
Élection
Circonscription Oise
Législature VIIIe (Cinquième République)
Groupe politique UDF
–
(19 ans, 3 mois et 24 jours)
Élection
RĂ©Ă©lection


Circonscription 3e de l’Oise
Législature Ire, IIe, IIIe, IVe et Ve (Cinquième République)
Prédécesseur Création
Successeur Raymond Maillet
–
(2 ans, 10 mois et 19 jours)
Élection
Circonscription Oise
Législature IIIe (Quatrième République)
Biographie
Surnom « Le papivore »
Date de naissance
Lieu de naissance Vertou (Loire-Inférieure)
Date de décès
Lieu de décès Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)
Sépulture Cimetière de Passy
Nationalité Drapeau de la France française
Parti politique Parti radical,
Rassemblement démocratique,
FGDS,
UDR,
Union centriste,
UDF
Enfants Philippe Hersant
Profession Éditeur
Patron de presse
Producteur de télévision


Fondateur et PDG du Groupe Hersant et de la Socpresse :
Le Figaro
L'Auto-Journal
Le Figaro Magazine
Madame Figaro
La Voix du Nord
Midi libre
L'Est républicain
Le Dauphiné libéré
Actionnaire de La Cinq
Etc.

Tombe de Robert Hersant au cimetière de Passy à Paris.

Militant socialiste dans l'entre-deux-guerres, il devient collaborationiste sous l'Occupation. Après la guerre, il a successivement plusieurs étiquettes politiques : radical-socialiste, gaulliste et centriste.

Biographie

Une jeunesse socialiste puis fasciste et antisémite

Avant la Seconde Guerre mondiale, Robert Hersant milite au sein des Jeunesses socialistes (SFIO) de Rouen, où il rencontre notamment l'anarcho-syndicaliste Alexandre Hébert[1]. Après la défaite de 1940, il monte de Rouen à Paris (seul à pied selon certains, avec plusieurs amis des Jeunesses socialistes selon d'autres) pour tenter l'aventure politique.

Il fonde alors le « Jeune front », un groupuscule pronazi situé dans l'orbite du Parti français national-collectiviste (PFNC) de l'ancien journaliste radical-socialiste Pierre Clémenti. La principale activité du « Jeune front » est de distribuer le journal antisémite Au Pilori, l'un des plus extrémistes de la collaboration, subventionné par les autorités allemandes. « Jeune Front » est la section de jeunesse (16-21 ans) des « Gardes françaises ». Hersant obtient début un local pour son groupuscule, au 28, avenue des Champs-Élysées. Les membres du groupe se livrent également à des violences contre les commerçants de confession juive près de leur quartier général[2].

Le , Robert Hersant inaugure devant des journalistes allemands et italiens le « Centre de propagande du Jeune Front », avec une cinquantaine d'invités. À cette occasion, Charles Lefebvre (responsable des Gardes françaises), Henri-Robert Petit et Pierre Clémenti prononceront chacun leur tour un discours. Hersant présente également à cette inauguration l'uniforme de la « garde spéciale du Jeune Front », constitué d'une chemise et d'une culotte bleues, de bottes jaunes, d'un ceinturon avec baudrier et d'un calot bleu marqué du sigle GS (garde spéciale) en lettres dorées, ainsi que d'un brassard blanc sur fond rouge avec un écusson National-Collectiviste.

Hersant fonde également une œuvre de secours destinée à aider les familles pauvres du PFNC, nommée « Hiver 1940 ». Clémenti décide cependant en septembre de se séparer d'Hersant, et le remplace à la tête du Jeune front par Jean-Marie Balestre. Hersant s'associe alors avec ce dernier dans le but de faire scission, mais c'est un échec et Clémenti prend possession du local du Jeune front.

En 1941, Hersant fait son service dans les Chantiers de jeunesse, puis se retrouve au camp de Brévannes, créé dans l'esprit de la Révolution nationale, où il retrouve Jean-Marie Balestre. Il tente de monter un journal, Jeune Force.

Robert Hersant est condamné en 1947 à dix ans d'indignité nationale pour collaboration avec l'Allemagne nazie, mais bénéficie d'une amnistie générale en 1952.

En 1950, il fonde avec Jean-Marie Balestre L'Auto-Journal qui sera à l'origine du groupe Hersant, qui détiendra notamment la Socpresse.

Inamovible député de l'Oise

Robert Hersant est député de l'Oise de 1956 à 1978, soit durant six mandats consécutifs, puis une septième fois pendant la première cohabitation de 1986 à 1988. Son affectation politique varie sur les quatre décennies : radical-socialiste, non-inscrit, gaulliste, centriste, UDF[3].

En 1956, l'Assemblée nationale se prononce sur la validité de son élection. Le député gaulliste Jean Legendre monte à la tribune et prononce un réquisitoire contre le député de l'Oise, relevant des irrégularités pendant sa campagne électorale mais aussi son passé collaborationniste. Jean-Marie Le Pen, député poujadiste de la Seine, témoignera ensuite : « Ce fut une séance absolument dramatique. Au fur et à mesure que Legendre parlait, les travées se vidaient autour d'Hersant. Quand le dernier député resté près de lui est parti, Hersant s'est retrouvé seul. De voir ce type accablé, acculé, ça nous a dégoûtés, Demarquet et moi, et on s'est abstenus ». L'amendement de Jean Legendre, qui exclut Robert Hersant pour faits de collaboration et escroquerie, est voté par 125 voix, essentiellement poujadistes et communistes, face à 11 contre[4].

Son parcours politique se poursuit à gauche, au Parti radical-socialiste, puis à la FGDS. Connu pour son compagnonnage avec la gauche socialiste, il est contacté par la puissante fédération du Nord-Pas-de-Calais, qui rencontre alors des difficultés à moderniser sa presse. En 1967, il rachète Nord Matin, le journal SFIO des bassins miniers. Foncièrement anticommuniste, il demande sa radiation du groupe FGDS de l’Assemblée en 1968, lorsque celle-ci se rapproche du PCF. La signature du programme commun vient clore son compagnonnage à gauche de l’échiquier politique[5].

Un patron de presse de droite

Dans les années 1970, Robert Hersant passera à droite et deviendra un soutien de la droite libérale et conservatrice, avec notamment le rachat du Figaro. Il devient alors le symbole du patron de presse conquérant. Cet appétit de conquête le fait alors surnommer « le papivore ». À cette époque, il est surnommé « Herr Sant » par Le Canard enchaîné[6]. Il explique vouloir soutenir la droite à travers les médias : « Certains mènent le bon combat à la tête de partis politiques, moi à la direction d'importants moyens d’information »[7]. En 1984, la majorité de gauche tente de faire adopter une loi restreignant la concentration dans la presse, afin de contraindre Robert Hersant à vendre une partie de son empire. Mais cette loi, largement vidée de sa substance par le Conseil constitutionnel, est abrogée après le retour de la droite au pouvoir, en 1986.

Le fiasco de La Cinq

À la suite de l'annonce de la création de futures chaînes de télévision privées par François Mitterrand[8], le 14 janvier 1985, Robert Hersant crée TVE (TélEurop)[9] - [10] ou TVES (Télévision européenne par satellite)[11]. Il recrute Jean-Marie Cavada, Patrice Duhamel, Philippe Ramond (ancien directeur de Canal+ jusqu'au 11 janvier 1985). Le 30 juillet 1985, il investit 35 millions de francs afin d'acquérir du matériel et des locaux. TVE prend place au 241, boulevard Pereire à Paris, dans un ancien garage Renault de 4 220 mètres carrés acquis pour 15 millions de francs. Depuis le 1er octobre, plusieurs émissions de télévision y sont tournées, dont NRJ 6, magazine musical de TV6[12]. En 1987, Robert Hersant devient l'opérateur de chaîne française de télévision « La Cinq » en s'associant à Silvio Berlusconi, magnat de la télévision italienne. Après avoir racheté à TF1 quelques animateurs vedettes, le fiasco financier arrive rapidement. Le public ne suit pas les stars de TF1 vers La Cinq et malgré les séries américaines, les dessins animés japonais, l'information et les droits TV du tennis et des motos, l'audience, et donc les recettes publicitaires, sombrent. Acculé, Robert Hersant vend ses parts à Jean-Luc Lagardère pour éviter la faillite de son groupe de presse.

Fin de parcours

En 1996, le groupe de Robert Hersant emploie 8 000 personnes et gĂ©nère 6 milliards de francs de chiffre d'affaires. Hersant meurt en 1996 Ă  Saint-Cloud. Après sa mort, une partie de son groupe, Socpresse, est vendue Ă  Serge Dassault.

RĂ©sultats Ă©lectoraux

LĂ©gislatives de 1978 (6e circ. des Hauts-de-Seine) ( )
Candidat Parti Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Florence d'Harcourt sortante rĂ©Ă©lue diss. RPR 20 819 42,70 32 181 100,00
Robert Hersant UDF (RPR, CNIP) 9 970 20,45 Retrait
GĂ©rard Brisset PS 6 424 13,17
Annie Mandois PCF 4 958 10,17
GĂ©rard Orthlieb Divers Ă©cologiste 2 183 4,48
Jacques Mannez Divers droite 1 104 2,26
Beno Perlmutter FRP 817 1,68
Berthe Zbrizer-Burtin Divers droite 543 1,11
Gilles NĂ©ret-Minet FN 455 0,93
GĂ©rard Weill Divers droite 396 0,81
Annie Genvillot LO 349 0,72
Joseph-Bruno de La Salle ExtrĂŞme droite (PFN) 341 0,70
RĂ©my Galland LCR 201 0,41
Jean-Didier Scrive ExtrĂŞme droite 134 0,27
Jean-Louis Tissier Divers 67 0,14
Inscrits 63 823 100,00 63 823 100,00
Abstentions 11 952 18,73 15 364 24,07
Votants 51 871 81,27 48 459 75,93
Blancs et nuls 753 1,45 1 282 2,65
ExprimĂ©s 51 118 98,55 47 177 97,35
Source : CEVIPOF

Références

  1. Christophe Forcari, « Quand s'affichent de vieilles connivences trotsko-fachos. Le lambertiste Alexandre Hébert, ancien dirigeant de FO, donne libre cours à son europhobie dans l'hebdo de Le Pen. », sur Libération (consulté le )
  2. Laurent Joly, L'Ă©tat contre les juifs, Paris, Grasset et Fasquelles, (ISBN 978-2-246-86300-7), chapitre 2.
  3. Robert Hersant - Base de données des députés français depuis 1789.
  4. Source: Gilles Bresson et Christian Lionet, Le Pen : biographie, Seuil, 1994, p.142-143.
  5. Source: Patrick Chastenet et Philippe Chastenet, 1998.
  6. Source: « The Politic and the Pity »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), The Nation, .
  7. Almanach critique des médias, Les Arènes, , p. 227
  8. « L'histoire de la TV de 1983 à 1991 », sur mitterrand.org Le 4 janvier 1985, à la surprise générale, le président de la République annonce la création prochaine de plusieurs chaînes de télévisions privées.
  9. « L'histoire de la TV de 1983 à 1991 », sur telesatellite.com 14 janvier : Robert Hersan annonce la "création immédiate" avec différents partenaires de TVE (TélEurop) qui émmettrait de 6h à 24h, avec 4h quotidiennes de programmes mises à la disposition de stations régionales et locales.
  10. « M. Hersant veut une chaîne nationale », Le Monde, Notre groupe de presse devient un groupe de communication multimédia. Nous créons immédiatement TVE (Téleurop), chaîne de télévision à l'échelle européenne. " Le communiqué de M. Hersant figure à la " une " du Figaro du 14 janvier. Il est précédé par une courte analyse politique, qui attribue à l'opposition tout le mérite de la vague de libéralisation qui déferle aujourd'hui sur l'audiovisuel.
  11. Éric Maitrot, Sport et télé: les liaisons secrètes, Flammarion, , 500 p. (ISBN 2080669966), Nommé directeur général de TVES ( Télévision européenne par satellite ) par Hersant dès sa démission de Canal Plus le 15 janvier 1985 , Ramond travaille depuis plus d'un an à la création d'une chaîne privée .
  12. Philippe Gavi, « Les effets spéciaux d'Hersant. Mais que prépare donc R.H. dans ses studios ? », Le Nouvel Observateur, Pourtant, quel énorme coup d'esbroufe quand, le 14 janvier 1985, à la une du « Figaro », Hersant fait une entrée fracassante dans le paysage audiovisuel en annonçant la création d'une chaîne TVE (E pour « européenne ») ! Le lendemain, Hersant réunit son équipe Philippe Ramond, directeur de Canal-Plus jusqu'au 11 janvier, après avoir été l'un des fondateurs du « Point » ; Jean-Marie Cavada et Patrice Duhamel, deux anciens de TF 1. « Qu'est-ce qu'on fait? », dit-il. Il veut sa télé et il entend bien commencer par le commencement : les studios. «Je veux pouvoir émettre », explique-t-il. Le 30 juillet 1985, veille de son départ en vacances, Hersant signe le premier chèque qui va permettre à Philippe Ramond d'acheter pour 35 millions de francs de matériel. Les locaux, on a trois mois pour les dénicher. On les trouve : un ancien garage Renault, boulevard Péreire ; 4 220 mètres carrés achetés 15 millions de francs.

Bibliographie

  • Nicolas Brimo et Anne GuĂ©rin, Le dossier Hersant : Comment le « Springer » français a su passer des prisons de la RĂ©publique aux palais officiels, MaspĂ©ro (Cahiers libres), 1977
  • Dominique Pons, Dossier H… comme Hersant, Alain Moreau, 1977
  • Pierre Philippe Lambert et GĂ©rard Le Marec, Partis et mouvements de la Collaboration: Parois 1940-1944, Grancher (TĂ©moignages pour l'Histoire), 1993 (ISBN 9782733904206)
  • Philippe Huet et Élizabeth Coquart, Le monde selon Hersant, Ramsay, 1997 (ISBN 978-2841142477)
  • Patrick Chastenet et Philippe Chastenet, Citizen Hersant: De PĂ©tain Ă  Mitterrand, histoire d'un empereur de la presse, Seuil (L'Épreuve des faits), 1998 (ISBN 9782020204835)

Liens externes

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