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Élections européennes de 1984 en France

Les élections européennes de 1984 en France se sont tenues le pour la désignation des députés européens français pour une durée de cinq ans[1]. Ces élections ont lieu simultanément dans les 10 des pays alors membres de la Communauté économique européenne. Avec 81 sièges à occuper dans un Parlement qui en comporte 434, le contingent français représente donc 18,7 % des sièges. S'agissant d'un scrutin de liste proportionnel à un tour, les sièges sont répartis à l'échelle nationale en proportion des voix obtenus, avec toutefois une limite inférieure : pour obtenir des élus, une liste doit obtenir au moins 5 % des suffrages exprimés.

Élections européennes de 1984 en France
Postes à élire 81 sièges au Parlement européen
Corps électoral et résultats
Votants 20 918 772
56,72% en diminution 4
Votes exprimés 20 180 934
Votes blancs 737 838
Union de l’opposition pour l’Europe et la défense des libertés – Simone Veil
Voix 8 683 596
43,02%
en diminution 0,9
Sièges obtenus 41 en augmentation 1
Liste socialiste pour l'Europe – Lionel Jospin
Voix 4 188 875
20,75%
en diminution 2,8
Sièges obtenus 20 en stagnation
Liste présentée par le PCF – Georges Marchais
Voix 2 261 712
11,20%
en diminution 9,3
Sièges obtenus 10 en diminution 9
Front d’opposition nationale pour l'Europe des patries – Jean-Marie Le Pen
Voix 2 210 334
10,95%
Sièges obtenus 10 en augmentation 10
Répartition des sièges par liste
Diagramme

Contexte

Au pouvoir depuis l'élection de François Mitterrand en 1981, la gauche menée par le Parti socialiste a échoué dans le domaine économique (inflation importante, chômage en hausse) comme social (apparition des « nouveaux pauvres »), malgré une hausse sans précédent des minimums sociaux, sans convaincre son propre camp par des réformes structurelles qui tardent à être mises en œuvre et dont certaines sont contestées par des manifestations de masse imprévues (recul sur la loi Savary sur l'éducation, notamment). Après avoir beaucoup dépensé sans réussir à empêcher l'augmentation du chômage, le gouvernement socialiste vire brutalement de politique en 1983, en changeant de gouvernement et en mettant de côté le programme commun pour une politique de rigueur.

Les observateurs s'attendent à un test national pour la majorité au pouvoir par le biais de ces élections. D'autant plus que l'opposition RPR/UDF se présente unie derrière Simone Veil.

Résultats

La liste de Simone Veil l'emporte largement. Mais avec 43 % des voix, l'opposition de droite réalise un score qui n'est pourtant pas très supérieur à celui des législatives de 1981. Cette victoire RPR/UDF est, en effet, nuancée par l'émergence du Front national. Le parti de Jean-Marie Le Pen réalise là sa première percée au niveau national. Percée qui coïncide avec l'effondrement du PCF, la liste de Georges Marchais ne recueillant que 11 % des voix. Le Parti socialiste obtient près de 21 % des suffrages, ce qui constitue un net revers par rapport aux scores exceptionnels de 1981. L'abstention élevée (43,27 %) tempère cette défaite de la majorité, bien qu'elle annonce déjà la défaite de 1986 aux prochaines législatives.

À l'issue de ce scrutin, 17 femmes entrent au Parlement européen pour la France, représentant 21,0 % des eurodéputés français.

Résultats des élections européennes de 1984 en France[2] - [3]
Liste
Parti politique
Tête de liste % Sièges Groupe
Union de l’opposition pour l’Europe et la défense des libertés
Union pour la démocratie française (RPR)
Simone Veil 43,02 41 UDF : PPE et LDR
RPR : RDE[4]
Liste socialiste pour l'Europe
Parti socialiste
Lionel Jospin 20,75 20 PSE
Liste présentée par le PCF
Parti communiste français (Union progressiste)
Georges Marchais 11,20 10 COM
Front d’opposition nationale pour l'Europe des patries
Front national
Jean-Marie Le Pen 10,95 10 GDE
Les Verts - Europe écologie
Les Verts
Didier Anger 3,36
Entente radicale écologiste pour les États-Unis d'Europe
Union centriste radicale, Mouvement radical de gauche et écologistes
Olivier Stirn
Brice Lalonde
3,32
Au nom des travailleurs
Lutte ouvrière
Arlette Laguiller 2,07
Réussir l'Europe
diss. Union pour la démocratie française
Francine Gomez 1,89
Pour un parti des travailleurs
Extrême gauche (Parti communiste internationaliste)
Marc Gauquelin 0,90
Différents, de gauche, en France, en Europe - La troisième liste de gauche
Parti socialiste unifié (Communistes démocrates et unitaires)
Serge Depaquit 0,72
Union des travailleurs indépendants pour la liberté d'entreprendre
Sans étiquette
Gérard Nicoud 0,68
Initiative 84
Sans étiquette
Gérard Touati 0,60
Pour les États-Unis d'Europe
Union des fédéralistes européens
Henri Cartan 0,38
Parti ouvrier européen
Parti ouvrier européen
Jacques Cheminade 0,08

La montée du Front national

Dans sa profession de foi, le FN critique surtout « le gouvernement socialo-communiste »[5]. Sur le plan communautaire, il affirme que « c'est le patriotisme des nations qui sauvera l'Europe » face « aux menaces de l'hégémonie soviétique » et de l'immigration ; il décline à l'échelle communautaire ses principales thématiques doctrinales[5]. Bruno Gollnisch indique en 2010 que « la droite nationale était relativement pro-européenne et même relativement atlantiste »[5]. Selon l'universitaire Emmanuelle Reungoat, les acteurs frontistes mettent en avant une « posture nationaliste pro-intégrationniste »[5].

C'est dans le Midi que la montée du Front national (FN) de Jean-Marie Le Pen est la plus impressionnante : 21 % à Perpignan, de 17 % à 22 % en Corse-du-Sud, dans les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône et le Var. À Marseille, le FN passe devant le PS : dans la ville de Gaston Defferre, Jean-Marie Le Pen obtient 21 % et Lionel Jospin 18 %.

Le vote en faveur de Jean-Marie Le Pen est plus politique que sociologique. Par exemple, dans le 8e arrondissement de Paris (bourgeois), Jean-Marie Le Pen obtient 18,97 % des voix tandis que dans le 20e (populaire), il récupère 17,98 % des suffrages. Le FN monte surtout aux dépens du Parti communiste, comme à Thionville, fief communiste, où le parti de Jean-Marie Le Pen obtient plus de 13 % et le PCF 11 %.

C'est également dans les villes les plus touchées par la crise et le chômage que les scores du FN sont satisfaisants, comme à Saint-Étienne.

Mais dans trois départements, peu peuplés et agricoles, la liste « Europe des patries » a moins de 5 % : le Cantal, la Creuse et la Corrèze.

Notes et références

  1. [PDF] Décret no 84-361 du 14 mai 1984 portant convocation des électeurs pour l'élection des représentants à l'Assemblée des communautés européennes, publié au JORF du , p. 1407-1408.
  2. Xavier Mabille, « Les résultats des élections européennes de juin 1984 », Courrier hebdomadaire du CRISP, no 1043, , p. 1–31 (ISSN 0008-9664, lire en ligne, consulté le )
  3. Jules Gérard-Libois, « Les élections pour le Parlement européen (juin 1984) », Courrier hebdomadaire du CRISP, no 1040, , p. 1–27 (ISSN 0008-9664, lire en ligne, consulté le )
  4. « Élus élections européennes 1984 », sur france-politique.fr (consulté le )
  5. Emmanuelle Reungoat, « Le Front national et l'Union européenne : sociologie d'un parti politique », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Les Faux-semblants du Front national, Presses de Sciences Po, , p. 228-229

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Pierre Rissoan, Traditionalisme et révolution : les poussées d'extrémisme des origines à nos jours. Second volume "du fascisme au ", 2007, 416 pages, (ISBN 978-2-84301-185-6), (analyse détaillée des élections européennes de 1984).

Liens externes

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