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René Favron

René Jean-Baptiste Favron, dit Père Favron, né le à Baguer-Morvan (Ille-et-Vilaine), et décédé à Nantes le , est un prêtre, fondateur d’hôpitaux et d’œuvres sociales à La Réunion (Océan Indien). Son œuvre persiste de nos jours sous forme d’une Fondation qui porte son nom et prend en charge des milliers de patients.

René Favron
Père Favron sur le terrain, vers 1939, à La Réunion.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  57 ans)
Nantes
Surnom
Père Favron
Nationalité
Activité

Une jeunesse pauvre en France

Orphelin de mère Ă  l’âge de 10 ans et de père Ă  l’âge de 14 ans, son enfance n’avait pas Ă©tĂ© facile et avait forgĂ© sa dĂ©termination. RenĂ© Jean-Baptiste Favron va Ă  l’école primaire en Bretagne, puis au petit sĂ©minaire des RĂ©demptoristes de Mouscron en Belgique. Il intègre la congrĂ©gation des Pères du Saint-Esprit Ă  Saint-Ilian près de Saint-Brieuc, après avoir Ă©tĂ© refusĂ© par celle des Eudiens, en raison de sa santĂ© fragile. Il est ordonnĂ© prĂŞtre le .

Après avoir pris contact avec l’évêque de La Réunion, Monseigneur de Langavant, breton comme lui et comme le Père Clément Raimbault déjà en poste à La Réunion, le Père Favron arrive le à La Réunion, à la veille de la déclaration de la Deuxième Guerre Mondiale.

Religieux Ă  La RĂ©union et en Afrique (1939-1968)

Très vite, La Réunion subit le blocus maritime des Anglais basés à l’ile Maurice. Coupée de la métropole, ne pouvant ni exporter le sucre, ni importer les denrées nécessaires à sa subsistance, l’ile sombre dans la disette pour de nombreuses années, précipitant les plus pauvres dans la misère.

« En 1943, il rejoint la paroisse de Saint-Louis. L’extrĂŞme misère des petits planteurs[1] du Sud, la prĂ©caritĂ© des camps Ă  la pĂ©riphĂ©rie des propriĂ©tĂ©s sucrières oĂą s’entassent et vivent dans des conditions insoupçonnables les familles des ouvriers de la canne le rĂ©volte. Il voit des enfants nus, mal nourris, souffreteux et maladifs abandonnĂ©s toute la journĂ©e dans de misĂ©rables paillotes[2] pendant que les parents cherchent du travail ou quelque chose Ă  manger. Une fois, appelĂ© en pleine nuit, Ă  Roches-Maigres, le prĂŞtre visite une famille qui, n’ayant plus un “goni[3]” Ă  se mettre, ne sort plus que la nuit pour trouver Ă  manger. Deux enfants sur trois mouraient en bas âge, il en avait assez d’enterrer ces pauvres enfants».

Le Père Favron et les paillotes misérables (Réunion, vers 1939)

Après avoir mis en place dans le diocèse « La LĂ©gion de Marie Â», de 1947 Ă  1948, le Père Favron est missionnaire Ă  Madagascar, dans l’ex-Congo belge, puis au Gabon et au Cameroun. Il regagne La RĂ©union juste avant le terrible cyclone de (165 morts, 20 000 sinistrĂ©s) et voit s’envoler le toit de son Ă©glise.

Fondateur d’hôpitaux et d’œuvres sociales

1946 : crèche pouponnière dans l’hôpital-garage de la cure de Saint-Louis

CurĂ© itinĂ©rant jusqu’en 1951, il s’intĂ©ressa tout d’abord au sort des enfants en crĂ©ant en 1946 une crèche pouponnière dans l’hĂ´pital-garage de la cure de Saint-Louis. Un groupe de bĂ©nĂ©voles l'aide dans sa tâche. Le docteur Christian Dambreville soigne gracieusement les enfants, les commerçants de la ville approvisionnent la crèche pouponnière pendant trois ans, puis la commune prend le relais ; Mme AdĂ©one est sage-femme infirmière, secondĂ©e par Charlotte Bassan et Marie Payet (« Maman Marie Â») ; Mme ClĂ©ment est Ă©conome et Mme Veuve Marquet-Legros est cuisinière.

1950 : De l’Union Catholique de Saint-Louis à l’Union des Œuvres Sociales Réunionnaises

Il crée le l’Union Catholique de Saint-Louis (association régie par la loi de 1901), qui fait fonctionner l’hôpital pour enfants. En 1954, le conseil d’administration décide de transformer l’Union Catholique en Union des Œuvres sociales Réunionnaises[4], afin d'en élargir les prérogatives.

Le petit hôpital d’Enfants à Saint-Louis (Réunion)

1952 : Hospice Foyer Albert Barbot de Bois d’Olives

En 1951, le Père Favron est nommĂ© directeur des Ĺ“uvres diocĂ©saines. La colonie de la Plaine des Cafres devient un foyer de pupilles de l'État. Puis, visitant le « dĂ©pĂ´t communal Â» de Saint-Pierre oĂą Ă©taient hĂ©bergĂ©s les vieillards sans ressources, il fut atterrĂ© par leur condition de vie et dĂ©cida de crĂ©er un hospice. Ă€ cet effet, il acheta Ă  Patrice Poudroux, un terrain rocailleux de quinze hectares Ă  Bois d’Olives, y rĂ©nova les quelques bâtiments en ruine et y hĂ©bergea une dizaine de vieillards du « dĂ©pĂ´t communal Â» de Saint-Pierre. Le , l’hospice Foyer Albert Barbot de Bois d’Olives ouvrait ses portes aux vieillards et aux infirmes des alentours. Sa capacitĂ© fut portĂ©e Ă  500 lits en 1956, rĂ©partis en cinquante pavillons. L’évolution de la population prise en charge est Ă©loquente, passant de 112 personnes en 1953 Ă  470 en 1969.

1953 : Hôpital d’enfants du quartier de Roches Maigres à Saint-Louis

Ă€ Saint-Louis, la construction de l’hĂ´pital d’enfants du quartier de Roches Maigres dans les basses pentes des planèzes du nord de la ville, dĂ©buta en . Le nouvel hĂ´pital ouvrit en avec comme directrice Mademoiselle H. Pialot. Le succès fut immĂ©diat, d’autant qu’une loi permettant Ă  l’État de subvenir aux besoins des Ă©tablissements privĂ©s, entrait en application la mĂŞme annĂ©e dans les dĂ©partements d'outre-mer. Le nombre d’admissions alla croissant : de 131 en 1953 Ă  1 024 en 1962. Ainsi l’établissement dotĂ© d’un prix de journĂ©e ne dĂ©pendait plus exclusivement de la charitĂ©.

1956 : École d’aides-soignantes

En 1956, le Père Favron mit en place une formation d’aides-soignantes au Foyer Albert Barbot. Les huit jeunes filles bĂ©nĂ©voles en charge des deux-cents rĂ©sidents furent formĂ©es par deux infirmières diplĂ´mĂ©es : Mlle Pialot et Bebin.

1967 : Nouvel hôpital d’Enfants de Saint-Louis

Le , le nouvel hôpital d’Enfants de Saint-Louis fut inauguré par Michel Debré député de La Réunion. Doté de 256 lits avec un service pour les prématurés, un laboratoire de biologie et un poste de radiologie, il est longtemps resté la seule structure pédiatrique du Sud et le fleuron de l’œuvre du Père Favron.

L’État en la personne du directeur départemental de la population, intervint alors dans le domaine médico-social en aidant à la restructuration et à la modernisation des centres existants.

1968 : Institut médico-pédagogique

En 1968, un institut mĂ©dico-pĂ©dagogique fut crĂ©Ă© sur le mĂŞme site qui prit alors en charge 80 garçons dĂ©ficients mentaux. Le Père Favron ouvrit Ă©galement un centre de rĂ©Ă©ducation des jeunes aveugles et sourds-muets Ă  Bois d’Olives qui fut rapidement transfĂ©rĂ© dans l’ancien sĂ©minaire de la Redoute Ă  Sainte-Marie.

Les orphelinats de l’île furent rénovés et le foyer Marie Poittevin de la Plaine-des-Cafres tripla sa capacité d’accueil, hébergeant ainsi la moitié des orphelins de l’île. L’autre moitié fut prise en charge par la congrégation des sœurs de Marie dont s’occupait également le Père Favron.

Une fin loin de La RĂ©union

De santé fragile depuis son enfance, le Père Favron est décédé à Nantes le , atteint de polyglobulie. Il avait cinquante-sept ans, dont vingt-neuf consacrés à La Réunion, au service de l’église et des pauvres. Selon son souhait, il a été inhumé le en cette terre de Bois d’Olives, au milieu de milliers de personnes venues de toute l’île.

Le Père M. Brunellière lui succéda. Après plusieurs mouvements de revendication sociale de la part des employés, celui-ci démissionna et fut remplacé par un Conseil d’administration.

La fondation Père Favron en 2014

Au premier , la Fondation cessait ses activités de médecine et de chirurgie dans la clinique de Saint-Benoît qui était alors absorbée par le Groupe hospitalier Est Réunion.

En 2014, la Fondation Père Favron compte 34 établissements, 1200 lits et places sur huit sites géographiques avec des activités dans les champs sanitaire, social et médico-social, dont voici la liste :

  • Les AlizĂ©s : Ă©tablissement d’hĂ©bergement pour personnes âgĂ©es dĂ©pendantes Ă  Saint-Gilles les Bains.
  • Les Lataniers : Ă©tablissement d’hĂ©bergement pour personnes âgĂ©es dĂ©pendantes Ă  La Possession.
  • PĂ´le MĂ©dico-Social Philippe de Camaret : MAS, FAM, SAMSAH Ă  Saint-BenoĂ®t.
  • Foyer Marie Poittevin : maison d’enfants Ă  caractère social, Relais familiaux, Ă  la Plaine-des-Cafres.
  • Institut MĂ©dico-Social RaphaĂ«l Babet : Ă©tablissement pour enfants handicapĂ©s Ă  Saint-Joseph.
  • Institut MĂ©dico-Social Charles Isautier : Institut MĂ©dico-Social pour enfants handicapĂ©s Ă  Saint-Louis.
  • PĂ´le GĂ©rontologique Roger AndrĂ© : Ă©tablissement d’hĂ©bergement pour personnes âgĂ©es dĂ©pendantes.
  • Bois d’Olives, Bras Long, Ravine Blanche, Accueils de jour Ă  Saint-Pierre.
  • RĂ©sidences pour personnes âgĂ©es
  • Foyer Albert Barbot

- Pôle Handicap et dépendance : MAS, FAM, CEAP, SESSAD à La Ravine-des-Cabris.

- PĂ´le Handicap et Insertion : ESAT, Ateliers du Pont Neuf, FAO, SAVS Ă  La Ravine-des-Cabris.

Notes et références

  1. Planteurs de canne Ă  sucre.
  2. Paillote : pauvre habitation en paille.
  3. Goni : sac, pauvre linge de toile grossière.
  4. François Lautret-Staub – RenĂ© Favron et l’UOSR : bâtir la solidaritĂ©.Édition UOSR, 1993.

Lien externe

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