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Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie

La région de Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie[Note 1], (en géorgien : რაჭა-ლეჩხუმი და ქვემო სვანეთი, phonétiquement ratcha-létchkhoumi da kvemo svaneti), est une région administrative du nord-ouest de la Géorgie, particulièrement montagneuse. Sa capitale est Ambrolaouri. Elle comprend les provinces historiques de Ratcha, de Letchkhoumie et partiellement de Svanétie.

Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie
(ka) რაჭა-ლეჩხუმისა და ქვემო სვანეთის მხარე
Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie
Carte de localisation de la Ratcha-Letchkhumie et Basse Svanétie
(zone rouge hachurée: zone contestée de la région)
Administration
Pays Drapeau de la Géorgie Géorgie
Type Région de Géorgie
Capitale Ambrolaouri
Gouverneur Artchil Djaparidze
ISO 3166-2 GE-RL
Démographie
Population 31 500 hab. (2016[1])
Densité 6,8 hab./km2
Langue(s) géorgien
Géographie
Superficie 4 600 km2

    Elle a été amputée d'une partie de sa superficie par la sécession de l’Ossétie du Sud qui, pour la Géorgie et la grande majorité des pays de l'ONU, est une région autonome faisant partiellement partie de Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie.

    Géographie

    Le lac de retenue de Chaori

    Située au nord-ouest de la Géorgie, cette région est entourée de montagnes de tous côtés. Elle occupe la haute vallée du Rioni, fleuve descendu du Caucase qui se jette dans la Mer Noire à Poti, après avoir arrosé Koutaïssi. Au nord, la frontière avec la Fédération de Russie (républiques de Kabardino-Balkarie et d’Ossétie du Nord) suit sensiblement la ligne de partage des eaux de la chaîne du Grand Caucase. À l’est, la chaîne de Likhi sépare la Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie de la région géorgienne de Kartlie intérieure. Au sud, elle est contigüe à la région d’Iméréthie. À l’ouest, les chaînes de Svanétie et d'Egrissi marquent sa limite avec la région de Mingrélie-Haute Svanétie.

    Toute la région est couverte d'épaisses forêts et d'alpages. On y trouve en abondance lacs, rivières, cascades, grottes qui attirent les spéléologues; deux d'entre elles, découvertes en 2001, offrent plus de cinq kilomètres de galeries. Les sources d’eaux minérales y sont également nombreuses. La Haute Ratcha est une région de haute montagne, qui abrite des stations climatiques datant de l'époque soviétique. Parmi celles-ci, Outséra dispose de vingt-huit sources minérales, tandis que Chovi, située au pied du mont Mamisoni qui culmine à 3 426 m, est devenue une villégiature estivale appréciée des habitants de la capitale.

    Climat

    L'altitude détermine le climat des différentes composantes de la région. En Ratcha, au climat humide (le taux moyen annuel d’humidité est par exemple de 76 % à Ambrolaouri), les hivers sont longs et froids, tandis que les étés, assez brefs, sont chauds. En Letchkhoumie, l'influence maritime maintient un climat de type subtropical, modérément humide. Au-delà de 2 000 m, le climat de haute montagne est rencontré, sans véritable été, mais avec neiges éternelles et glaciers. À Tsagueri, Ambrolaouri et Oni, les températures moyennes annuelles se situent autour de 11 °C, avec − 1,4 °C en janvier et +20,4 °C en juillet. Les records enregistrés sont de − 25 °C en hiver et +38 °C en été[2].

    Le caractère rigoureux des hivers explique qu’une partie des habitants préfèrent passer ailleurs les mois d'hiver et que la population de la région diminue significativement pendant cette période.

    Histoire

    L’occupation humaine des territoires de la Ratcha et de la Letchkhoumie est attestée depuis le néolithique, grâce aux découvertes archéologiques. Les pièces archéologiques les plus nombreuses proviennent cependant de l'âge du bronze, avec en particulier le « trésor de Tsaguéri » qui date des IXe – Xe siècles av. J.-C. La Ratcha recelait en effet des mines de cuivre dont l’exploitation est très ancienne, ce qui permettait aux artisans locaux de produire une grande variété d'armes, de la vaisselle, des statuettes en bronze. Ils exportaient leur production jusqu'en Phénicie et en Égypte.

    La première mention de la Letchkhoumie dans des sources écrites remonte à l'historien byzantin Procope de Césarée qui écrivait au VIe siècle, sous le règne de l'empereur Justinien. La Letchkhoumie, qui appartenait alors au royaume de Colchide, est mentionnée dans ses chroniques sous le nom de Skvimnia (en géorgien სკვიმნია) ou Scymnia. On y frappait une monnaie d'argent, dont des exemplaires ont été retrouvés et figurent dans le trésor d’Oni. Son territoire fut par la suite dispersé entre plusieurs principautés.

    Lors des invasions arabes de la fin du VIIe - début du VIIIe siècles, une partie de la population de Kartlie intérieure, fuyant devant les envahisseurs, se réfugia en Ratcha - Letchkhoumie et se mélangea à la population locale. Au Xe siècle: un nouveau duché apparut sur le territoire de la Ratcha. Fortement intégré au royaume unifié de Géorgie, le Duché de Ratcha joua un rôle important dans la vie politique. Du Xe au XIIIe siècles, les ducs de Ratcha servirent fidèlement les rois de Géorgie. Le duché fut aboli au XIIIe siècle par le roi David VI Narin, avant d’être brièvement restauré au XIVe siècle lorsque le roi Georges V le Brillant reconstitua provisoirement un royaume unifié de Géorgie.

    Après la dislocation de la Géorgie en petites principautés indépendantes, la Ratcha fut rattachée à l’Iméréthie et la Letchkhoumie à la Mingrélie. Les ducs de Ratcha ne cessèrent de combattre contre les rois d’Iméréthie pour obtenir l’indépendance de leur duché, mais n'y parvinrent qu'au début du XVIIIe siècle. En 1789, Salomon II d'Iméréthie abolit de nouveau et cette fois-ci définitivement le duché de Ratcha.

    Sous l’Empire russe, Ratcha et Letchkhoumie devinrent des districts dépendant du gouvernement de Koutaïssi. Toute la Svanétie était alors rattachée au district de Letchkhoumie[3].

    En 1991, un tremblement de terre d'intensité IX sur l'échelle échelle MSK a causé la mort de deux-cent-soixante-dix personnes et entraîné le déplacement de soixante-mille réfugiés. Les sites historiques, eux aussi très touchés, ont été restaurés depuis[4].

    Langues

    Hors la langue géorgienne parlée dans toute la région, le svane -l'une des quatre langues kartvéliennes- est pratiqué en Basse Svanétie. Deux dialectes locaux sont également parlés, le letchkhoumouri (ლეჩხუმური) en Letchkhoumie et le ratchouli (რაჭული) en Ratcha.

    Démographie

    Évolution de la population (2011 à 2016)

    Du au , la population a diminué de 16 000 personnes. Si les surestimations administratives en sont une cause, la sous-estimation du phénomène de migration en est une autre : les mouvements de population des campagnes vers les villes (essentiellement Tbilissi) et des villes vers l'étranger se poursuivent[Note 2].

    Population[1]
    Année Urbaine Rurale Totale
    2011 9 100 38 200 47 300
    2012 9 100 37 900 47 000
    2013 9 100 37 200 46 300
    2014 9 100 36 800 45 900
    2015 7 000 25 000 32 000 [Note 3]
    2016 6 900 24 600 31 500

    La région se place au dernier rang des régions géorgiennes quant au nombre d'habitants[5]. Elle continue à se dépeupler, en raison de la faiblesse de la population en âge de se marier et d'avoir des enfants, et de l'émigration : les autorités centrales ont mis en place un plan stratégique de développement pour essayer de répondre à cette problématique[6].

    Musée des Beaux-Arts d’Ambrolaouri

    Répartition des groupes ethniques (2014)

    Groupe ethnique[7] Population
    Géorgiens 31 977 99,65 %
    Russes 29 0,09 %
    Ossètes 28 0,09 %
    Ukrainiens 9 0,03 %
    Arméniens 9 0,03 %
    Autres 37 0,12 %
    Total 32 089 100 %

    Subdivisions administratives

    Districts de la région (en géorgien)

    La région est divisée en 4 districts:

    Les districts d'Ambrolaouri et d'Oni correspondent grosso modo à la région historique du Ratcha, celui de Tsagueri à la région historique de Letchkhoumie, et celui de Lentekhi à la Basse Svanétie.

    Selon la classification géorgienne, la région comprend trois villes, deux bourgs et deux-cent-cinquante-trois villages. Les villes d'Ambrolaouri et d'Oni ont été fortement endommagées par le tremblement de terre de 1991, elles ont été reconstruites depuis.

    Plus de 80 % de la population vit dans les zones rurales.

    Tourisme

    Cathédrale Saint-Georges de Mravaldzali

    La région offre un patrimoine culturel important

    • la cathédrale Saint-Nicolas de Nikortsminda du XIe siècle, à coupole, sculptures extérieures en façade, sculptures intérieures et fresques des XVIe et XVIIe siècles,
    • l'église et la forteresse de Khotévi situés dans un village du XIe siècle, sur la route reliant l’Iméréthie à la Basse Ratcha, à rôle commercial ancien important,
    • l'église de la Mère-de-Dieu de Barakoni du XVIIIe siècle, située dans le village de Tsési, non loin d’Ambrolaouri[Note 5],
    • l'église Saint-Georges de Mravaldzali du XIe siècle, remaniée en 1894[Note 6],
    • le monastère de la Mère-de-Dieu de Tchélichi du XIe siècle, dans les gorges de la rivière Charéoula[Note 7],
    Synagogue d’Oni
    • la synagogue d’Oni, édifiée en huit mois au cours de l’année 1895[Note 8] - [8].

    L'une des principales stations climatiques de la région est Chovi située à 1 500 m d’altitude dans un paysage de hauts sommets enneigés. Elle possède seize sources d'eaux minérales. La température moyenne y est de 16 °C en été et −6 °C en hiver. À l’époque soviétique, elle abritait une quinzaine de sanatoriums.

    Économie

    La Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie est avant tout une région agricole. Les étés relativement chauds permettent la culture de la vigne, des arbres fruitiers et du thé dans les basses vallées, ainsi que du blé et des légumes secs jusqu'à700 m. Au-dessus, les cultures laissent la place aux pâturages et à l'élevage.

    La Ratcha est la deuxième région viticole de Géorgie, derrière la Kakhétie. Sur les quelque six-cents cépages recensés en Géorgie, trois-cents sont présents en Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie. Plusieurs des crus qui y sont produits sont réputés dans toute la Géorgie et même au-delà, notamment le khvantchkara (en géorgien, ხვანჭკარა).

    Notes

    1. L’orthographe des lieux géographiques utilisée est celle définie dans l’« Atlas géopolitique du Caucase » de Jean Radvanyi, géographe, professeur des universités à l’INALCO, Éditions Autrement Collection Atlas/monde, 2009, (ISBN 978-2-7467-1296-6), orthographe alignée sur celle des voyageurs francophones des XIX et XXe siècles dans le Caucase
    2. Le nombre d’habitants au 1er janvier de chaque année est une estimation, à l’exception du 1er janvier 2015 qui correspond au recensement de la fin d’année précédente.
    3. Le recensement de fin 2014 donne une population de 32 089 habitants pour la Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie
    4. Pour la République autoproclamée d'Ossétie du Sud -non reconnue internationalement (à l'exception de la Russie, du Vénézuela, du Nicaragua et des îles Nauru)- la partie annexée du district d'Oni constitue avec le district de Djava (initialement en Kartlie intérieure) et une partie du district de Satchkhere (initialement en Iméréthie), le district de Dzau
    5. L'église de la Mère-de-Dieu de Barakoni fut érigée sur ordre du duc de Ratcha par l'architecte Avtandil Choulavréli; c'est un édifice en pierres de taille, à plan basilical sans bas-côtés, à façade sculptée
    6. De l’église initiale de Saint-Georges de Mravaldzali, il reste la façade est, décorée de sculptures, bas-reliefs et inscriptions lapidaires, ainsi que des fragments de fresques et une partie de l'abside semi-circulaire
    7. Le monastère de la Mère-de-Dieu de Tchélichi a conservé son église à plan basilical ainsi que les restes de divers bâtiments à fonction économique. Il est adossé à une paroi rocheuse dans laquelle on peut voir des cellules monacales. En 1902, le supérieur du monastère, Ambroise Xélaïa, futur catholicos-patriarche de Géorgie, découvrit dans ce monastère des manuscrits des XIIIe - XIVe siècles, ainsi qu'un évangile manuscrit désormais connu sous le nom « d’évangile de Tchélichi »
    8. Une communauté juive s'est implantée à Oni au XVIIIe siècle et s'est intégrée à la population. Pour la construction de la synagogue, les pierres furent transportées une à une à pied depuis les villages environnants. En 1932, un responsable communiste en décida la destruction pour des raisons idéologiques. Une cinquantaine de femmes juives s'y enfermèrent avec leurs enfants, tandis que d'autres femmes, géorgiennes, faisaient cercle autour de la synagogue, avec leurs bébés dans les bras. La synagogue fut épargnée

    Références

    1. (en) (ka) National Statistics Office of Georgia : « Number of population by municipalities » (consulté le 10 janvier 2017)
    2. (ka) Გზაbკვლელი საქართველო Guide Géorgie, fascicule édité (en géorgien) par l'Office de Tourisme géorgien à Tbilissi, , p. 79
    3. (ka) Გზაbკვლელი საქართველო Guide Géorgie, fascicule édité (en géorgien) par l'Office de Tourisme géorgien à Tbilissi, , p. 79-80 pour tout le paragraphe Histoire
    4. Nicolas Landru, Le Petit futé Georgie, 3e édition, Paris, Nouvelles éd. de l'Université, coll. « Guide Petit futé », , 388 p. (ISBN 978-2-7469-2153-5), p. 330
    5. (ka) Გზაbკვლელი საქართველო Guide Géorgie, fascicule édité (en géorgien) par l'Office de Tourisme géorgien à Tbilissi, , p. 78
    6. (ka) « რაჭა–ლეჩხუმისა და ქვემო სვანეთის რეგიონის განვითარების სტრატეგია 2014-2021 წლებისთვის Stratégie de développement 2014-2021 pour la région de Ratcha-Letchkhoumie et Basse Svanétie », sur government.gov.ge (consulté le )
    7. (en) « Ethnic groups by major administrative-territorial units »,
    8. (ka) Გზაbკვლელი საქართველო Guide Géorgie, fascicule édité (en géorgien) par l'Office de Tourisme géorgien à Tbilissi, , p. 83-84

    Voir aussi

    Sources

    L'Office national des statistiques de Géorgie publie régulièrement des documents concernant la population et la démographie ; ils contiennent parfois des chiffres légèrement différents pour les mêmes rubriques :

    Liens externes

    Ouvrages

    • Nicolas Landru, Le Petit futé Georgie, 3e édition, Paris, Nouvelles éd. de l'Université, coll. « Guide Petit futé », , 388 p. (ISBN 978-2-7469-2153-5), p. 330-333
    • (en) Roger Rosen, Georgia : A Sovereign Country of the Caucasus (La Géorgie, un État souverain du Caucase), coll. « Odyssey Guides », (ISBN 962-217-748-4), p. 237-238
    • (de) Marlies Kriegenherdt, Georgien : Handbuch für individuelles Entdecken, Reise Know-How Verlag, (ISBN 978-3-8317-1681-4), p. 213-216
    • (ka) Გზაbკვლელი საქართველო Guide Géorgie, fascicule édité (en géorgien) par l'Office de Tourisme géorgien à Tbilissi, , p. 78-87

    Liens internes

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