RĂ©jane
Gabrielle-Charlotte Réju, dite Réjane, est une comédienne française née le à Paris, où elle est morte le [1].
Naissance | |
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Décès |
(Ă 64 ans) 16e arrondissement de Paris |
SĂ©pulture | |
Nom de naissance |
Gabrielle Charlotte RĂ©ju |
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Période d'activité |
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Conjoint |
Paul Porel (de Ă ) |
Enfant |
Jacques Porel (d) |
Parentèle |
Jacqueline Porel (petite-fille) |
Maître | |
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Distinction |
Elle fut l'une des comédiennes françaises les plus populaires au début du XXe siècle aux côtés de Sarah Bernhardt.
Biographie
Fille d'un contrôleur, ancien comédien et directeur de troupe, et d'une caissière du théâtre de l'Ambigu, elle devient à quinze ans l'élève de Regnier au Conservatoire.
Après un second prix de comédie en 1874[2], elle débute dans des pièces à succès comme Un père prodigue (1880). Influencée par le Théâtre-Libre, elle se tourne vers le naturalisme et crée Germinie Lacerteux des frères Goncourt (1888), La Parisienne d'Henry Becque (1893).
C'est le rôle-titre de Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou, créée au théâtre du Vaudeville en 1893, qui lui apporte la célébrité. Cette même année, enceinte de son amant, le comédien et directeur de l'Odéon, Paul Porel, avec lequel elle entretient une liaison depuis plusieurs années (c'est pour elle que Porel avait accepté de créer Germinie Lacerteux), elle l'épouse et lui donne un fils, Jacques, puis une fille, Germaine. Ils s'installent au 25, avenue Franklin-Roosevelt (alors « avenue d'Antin »), dans le 8e arrondissement.
Elle crée en France le rôle principal d’Une maison de poupée d'Henrik Ibsen (1894).
En 1895, sa tournée en Amérique dans le rôle de Madame Sans-Gêne décuple sa notoriété et New York lui fait un triomphe.
En 1898, Albert Besnard fait d'elle un portrait en pied[3]. Le guide Paris-Parisien la considère, en 1899, comme une « notoriété de la vie parisienne », « la plus parisienne des comédiennes »[4].
Elle divorce de Porel en 1905, puis rachète l'année suivante le Nouveau-Théâtre de Lugné-Poe, rue Blanche (9e), qu'elle rebaptise théâtre Réjane après de grands travaux. Elle y donne la première française de L'Oiseau bleu de Maurice Maeterlinck en 1911 et reprend avec le même succès Madame Sans-Gêne. Elle cède la salle en 1918 au producteur Léon Volterra qui lui donne son nom actuel de théâtre de Paris.
Le mondain Gabriel-Louis Pringué l'évoque ainsi : « Je déjeunais de temps à autre chez Mme [Louis] Stern avec Mme Réjane [...] qui arrivait rue du Faubourg-Saint-Honoré dans un équipage particulier : une voiture affectant la forme d'un cab anglais, mais à quatre roues, traînée par des mules harnachées de grelots et de pompons, cadeau du roi d'Espagne, Alphonse XIII, qui admirait la conversation de la célèbre artiste (qui) avait un esprit de vif-argent, sa conversation se montrait un perpétuel feu d'artifice[5]. ».
Malade, elle fit un bref retour sur scène dans La Vierge folle d'Henry Bataille avant de mourir d'une crise cardiaque[6] - [7], le , dans son appartement parisien du 8 bis rue Laurent Pichat.
Elle repose au cimetière de Passy[8] - [9] aux côtés de son ex-mari et de plusieurs de ses descendants et co-latéraux dont François Périer, mari de sa petite-fille Jacqueline Porel entre 1941 et 1947.
Elle habitait à Asnières-sur-Seine, au 24, villa Davoust, une « folie » démolie en 1992 malgré l'avis défavorable de l'architecte des Bâtiments de France. À sa place s'élève aujourd'hui l'école maternelle et élémentaire Réjane.
Marcel Proust
Marcel Proust vit Réjane sur scène pour la première fois le soir de la première de Germinie Lacerteux. Réjane disputait alors à Sarah Bernhardt le titre de plus grande actrice de la Belle Époque. Ces deux grandes comédiennes servirent de modèle au personnage de la Berma auquel rêve le narrateur d'À la recherche du temps perdu.
Jacques Porel, fils de Réjane, et Marcel Proust devinrent bons amis après la Grande Guerre. Réjane invita Proust à occuper un appartement dans sa maison. Le jour où Proust y emménagea, il reçut les premières épreuves du Côté de Guermantes et ajouta certains traits de la personnalité de Réjane au personnage fictif de la Berma.
Une dynastie d'artistes
Réjane et Paul Porel sont les parents de la comédienne Germaine Porel, mariée en 1916 au chirurgien américain Philip Duncan Wilson[10] (1886-1969), et de l'écrivain Jacques Porel (1893-1982), qui épousa en secondes noces la comédienne Jany Holt (1909-2005).
Jacques Porel est le père, avec sa première épouse Anne-Marie Duval (1890-1935), de la comédienne Jacqueline Porel (1918-2012) qui a eu, elle-même, quatre enfants :
- le photographe Jean-Marie Périer (né en 1940), avec le chanteur Henri Salvador (1917-2008)
- l'assistant réalisateur Jean-Pierre Périer[11] (1943-1966) et la journaliste Anne-Marie Périer[12], avec le comédien François Périer (1919-2002)
- le comédien Marc Porel (1949-1983), avec le comédien Gérard Landry (1912-1999).
Marc Porel est le père, avec l'actrice et modèle française Bénédicte Lacoste, de la comédienne Bérengère de Lagatinerie (1968-1991), et d'une fille, Camille, avec l'actrice italienne Barbara Magnolfi.
Théâtre
- 1875 : La Revue des deux-mondes de Clairville et Abraham Dreyfus, théâtre du Vaudeville
- 1875 : Madame Lili de Marc Monnier, théâtre du Vaudeville
- 1881 : Odette de Victorien Sardou, théâtre du Vaudeville
- 1883 : Pierrot assassin de Jean Richepin, palais du Trocadéro
- 1883 : Ma camarade de Henri Meilhac et Philippe Gille, théâtre du Palais-Royal
- 1885 : Clara Soleil d'Edmond Gondinet et Pierre Sivrac, théâtre du Vaudeville
- 1887 : Monsieur de Morat d'Edmond-Joseph-Louis Tarbé des Sablons, théâtre du Vaudeville
- 1887 : Le Cœur de Paris, revue, musique Philippe de Massa, Opéra-Comique
- 1888 : Décoré de Henri Meilhac, théâtre des Variétés
- 1889 : Shylock ou le Marchand de Venise de William Shakespeare, théâtre de l'Odéon
- 1890 : Ma cousine de Henri Meilhac, théâtre des Variétés
- 1891 : Amoureuse de Georges de Porto-Riche, théâtre de l'Odéon
- 1892 : Brevet supérieur de Henri Meilhac, théâtre des Variétés
- 1892 : Lysistrata de Maurice Donnay d'après Aristophane, Grand-Théâtre
- 1893 : Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou et Émile Moreau, théâtre du Vaudeville
- 1895 : Viveurs de Henri Lavedan, théâtre du Vaudeville
- 1896 : Lysistrata de Maurice Donnay d'après Aristophane, théâtre du Vaudeville
- 1896 : Divorçons de Victorien Sardou et Émile de Najac, théâtre du Vaudeville
- 1897 : La Douloureuse de Maurice Donnay, théâtre du Vaudeville
- 1897 : Le Partage d'Albert Guinon, théâtre du Vaudeville
- 1898 : Pamela, marchande de frivolités de Victorien Sardou, théâtre du Vaudeville
- 1898 : Georgette Lemeunier de Maurice Donnay, théâtre du Vaudeville
- 1899 : Le Lys rouge d'Anatole France, théâtre du Vaudeville
- 1899 : Amoureuse de Georges de Porto-Riche, théâtre du Vaudeville
- 1899 : Madame de Lavalette d'Émile Moreau, théâtre du Vaudeville
- 1899 : La Parisienne de Henry Becque, mise en scène André Antoine, théâtre Antoine
- 1900 : Le Béguin de Pierre Wolff et Georges Courteline, théâtre du Vaudeville
- 1900 : La Robe rouge d'Eugène Brieux, théâtre du Vaudeville
- 1900 : Sylvie ou la Curieuse d'amour d'Abel Hermant, théâtre du Vaudeville
- 1901 : La Pente douce de Fernand Vanderem, théâtre du Vaudeville
- 1901 : La Course du flambeau de Paul Hervieu, théâtre du Vaudeville
- 1902 : La Passerelle de Francis de Croisset, théâtre du Vaudeville
- 1902 : Le Masque de Henry Bataille, théâtre du Vaudeville
- 1902 : Le Joug d'Albert Guinon et Jane Marny, théâtre du Vaudeville
- 1903 : Heureuse de Maurice Hennequin et Paul Bilhaud, théâtre du Vaudeville
- 1903 : Antoinette Sabrier de Romain Coolus, théâtre du Vaudeville
- 1903 : Germinie Lacerteux de Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt, théâtre du Vaudeville
- 1904 : La Montansier de Gaston Arman de Caillavet, Robert de Flers, Henri-Gabriel Ibels, théâtre de la Gaîté-Lyrique
- 1905 : L'Âge d'aimer de Pierre Wolff, théâtre du Gymnase
- 1906 : La Piste de Victorien Sardou, théâtre des Variétés
- 1906 : La Savelli de Max Maurey, Gilbert Thierry, théâtre Réjane
- 1907 : La Course du flambeau de Paul Hervieu, théâtre Réjane
- 1907 : Paris-New York de Francis de Croisset, Emmanuel Arène, théâtre Réjane
- 1907 : Après le pardon de Matilde Serao, Pierre Decourcelle, théâtre Réjane
- 1907 : La Clef de Sacha Guitry, Théâtre Réjane
- 1908 : L'Impératrice de Catulle Mendès, théâtre Réjane
- 1908 : Qui perd gagne de Pierre Veber d'après Alfred Capus, théâtre Réjane
- 1908 : Israël d'Henry Bernstein, théâtre Réjane
- 1909 : Trains de luxe d'Abel Hermant, théâtre Réjane
- 1909 : La Course du flambeau de Paul Hervieu, théâtre Réjane
- 1909 : Le Refuge de Dario Niccodemi, théâtre Réjane
- 1909 : Madame Margot d'Émile Moreau et Charles Clairville, théâtre Réjane
- 1911 : L'Enfant de l'amour de Henry Bataille, théâtre de la Porte-Saint-Martin
- 1913 : Alsace de Gaston Leroux et Lucien Camille, théâtre Fémina
- 1916 : L'Amazone de Henry Bataille, théâtre de la Porte Saint-Martin
- 1918 : Notre image de Henry Bataille, mise en scène Armand Bour, théâtre Réjane
Filmographie
- 1900 : Madame Sans-Gêne de Clément Maurice
- 1908 : Britannicus d'André Calmettes
- 1909 : L'Assomoir d'Albert Capellani
- 1911 : Madame Sans-Gêne d'André Calmettes
- 1916 : Alsace d'Henri Pouctal
- 1920 : Miarka, la fille Ă l'ourse de Louis Mercanton
Hommage
- Square RĂ©jane (Paris)
Notes et références
- Acte de décès à Paris 16e, n° 1084, vue 18/21.
- Gabriella Asaro, « Réjane, comédienne et interprète de la Belle Époque », L'Histoire par l'image (consulté le )
- Albert Besnard, Portrait de théâtre, 1898, anc. collection Emil Sauer, localisation inconnue. Cf. Les Œuvres d'Albert Besnard sur le site de l'Académie française.
- Paris-Parisien, Ollendorff, , p. 28
- 30 ans de dîners en ville, éditions Revue Adam, 1948, p. 205. Rééd. éd. Lacurne, Paris, 2012 (ISBN 9782356030092).
- « Réjane est morte », Le Ménestrel (journal de musique), Heugel (Paris),‎ (lire en ligne)
- « L'éphéméride du mardi 5 juin », Le Figaro,‎
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de minuit, septième édition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Rue des Réservoirs », p. 336-337.
- Tombe de RĂ©jane sur Find-a-grave
- (en) Philip Duncan Wilson sur library.cornell.edu [PDF]
- (en) Jean-Pierre Périer sur l’Internet Movie Database
- Anne-Marie Périer est la troisième épouse du chanteur Michel Sardou.
Bibliographie
- Le Théâtre no 36, - numéro spécial consacrée à Réjane
- Jacques Porel, Fils de RĂ©jane, Plon, Paris, 1954.
- François Baudot, Réjane, la Reine du boulevard, Éditions 7L, 2001. Non paginé [82] p. : fig., pl., portr., dépl. ; 38 cm. (ISBN 3882437529 et 978-3882437522)
- Réjane ou la Belle Époque, Privat/Loin de Paris, 2020, 226p.. Jacques Porel. Préambule par François Baudot, avant-propos par Jean-Marie Périer, Le texte de Jacques Porel est issu de l'ouvrage "Fils de Réjane, souvenirs", Plon, 1951 et le préambule de François Baudot est issu de l'ouvrage "Réjane", 7L, 2001
- Les Hommes du jour, n° 205, daté du 23 Décembre 1911. Étude de Maurice Verne et portrait par Poulbot.
- Nos jolies actrices photographiées par Reutlinger. Paris : L. Baschet, (1896).- In-4° oblong, 82 p., suite de portraits"Le Panorama", livraisons 1-16 Titre orné en r. et bleu Photogr. de : Gabrielle Réjane-Porel.
Liens externes
- Ressources relatives au spectacle :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (en) National Portrait Gallery
- Ressource relative aux militaires :
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Base LĂ©onore
- (en) « Réjane », sur Find a Grave