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Pyrosoma atlanticum

Pyrosoma atlanticum est une espÚce coloniale de tuniciers pélagiques de la famille des Pyrosomatidae.

Pyrosoma
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Pyrosoma atlanticum

EspĂšce

Pyrosoma atlanticum
PĂ©ron, 1804[1]

Synonymes

  • Dipleurosoma ellipticum Brooks, 1906[2]
  • Pyrosoma benthica Monniot C. & Monniot F., 1966[2]
  • Pyrosoma elegans Lesueur, 1813[2]
  • Pyrosoma ellipticum (Brooks, 1906)[2]
  • Pyrosoma giganteum var. atlanticum PĂ©ron, 1804[2]
  • Pyrosoma giganteum Lesueur, 1815[2]
  • Pyrosoma rufum Quoy & Gaimard, 1824[2]
  • Pyrosoma triangulum Neumann, 1909[2]

Elle vit dans les eaux marines tempérées de toute la planÚte. Son nom de genre provient des mots grecs pyros (« feu ») et soma (« corps ») et fait référence à ses capacités de bioluminescence[3].

Son nom spécifique (atlanticum) provient du fait que le premier spécimen décrit (en 1804 par le naturaliste français François Péron) provenait de l'océan Atlantique, mais l'espÚce a depuis été trouvée dans toutes les parties tempérées des océans.

Description

A. Vue d'une colonie, de profil B. Vue de l'extrémité ouverte.
Pyrosoma atlanticum déposée par la mer sur une plage de Californie.

Une colonie de Pyrosoma atlanticum se prĂ©sente comme un cylindre rigide pouvant atteindre environ 60 cm de long (pour une largeur de 4 Ă  cm). Les zoĂŻdes constitutifs de cette colonie lui donnent une couleur rose pĂąle, jaunĂątre ou bleuĂątre. Une extrĂ©mitĂ© du tube est plus Ă©troite et fermĂ©e d'un cĂŽtĂ©, alors que l'autre est ouverte et terminĂ©e par un fort diaphragme. La surface extĂ©rieure (« test » ou tunique) est gĂ©latinisĂ©e, translucide, constituĂ©e d'une couche cuticulaire dense organisĂ©e autour d’une matrice de tunique fibreuse qui la rigidifie (microfibrilles de cellulose comme chez les ascidiens, ce qui laisse supposer qu’ils ont un ancĂȘtre commun)[4]. Chaque zoĂŻde est un individu mesurant jusqu'Ă  8,5 mm (0,3 po) de long, dotĂ© d'un large sac branchial ramifiĂ© prĂ©sentant des fentes branchiales.

Le long du sac branchial, un endostyle produit des filtres muqueux. L'eau passe dans le centre du cylindre et en est expulsée via les branchies de la colonie par la pulsation rythmique des cils de chaque individu. Le plancton et d'autres particules alimentaires sont capturés par les filtres muqueux lors de ce processus qui permet aussi à la colonie de se propulser dans l'eau. L'embryon de Pyrosoma atlanticum est trÚs petit, dépourvu de siphon buccal[5]. Pyrosoma atlanticum est bioluminescent (une lumiÚre bleu-vert brillante est émise quand la colonie est stimulé[3] - [6].

Distribution et habitat

Pyrosoma atlanticum vit dans les zones tempĂ©rĂ©es de l'ocĂ©an mondial, jusqu’aux abords de la ceinture intertropicale[7], gĂ©nĂ©ralement entre 50°N et 50°S. Peu connu du public car rarement aperçu en surface, il est trĂšs abondant Ă  partir de -250 m (800 pi)[8].

Les colonies sont pélagiques et elles se déplacent proactivement dans la colonne d'eau, selon un rythme nycthéméral[3]. La migration diurne est une remontée vers la surface, alors que chaque jour à l'aube les colonies redescendent vers le fond.

La distance parcourue lors de cette double migration quotidienne varie selon la taille de la colonie : les grandes colonies peuvent ainsi remonter chaque jour sur 760 m alors que de petites colonies (de quelques millimĂštres de long) peuvent couvrir des distances verticales de 90 m[9].

Biologie

En raison de la taille du zoĂŻde et plus encore des colonies, l’espĂšce est classĂ©e parmi le macroplancton[10].

L’espĂšce est rĂ©putĂ©e pĂ©lagique, mais quelques photographies faites sur des fonds marins montrent des individus nageant ou posĂ©s sur le fond (Ă  160-170 m en Nouvelle-ZĂ©lande) sans que l’on sache dans ce cas si ce comportement est normal ou non[11].

Une Ă©tude rĂ©cente faite dans l'ocĂ©an Indien, qui a comparĂ© l'alimentation de diffĂ©rents organismes zooplanctoniques, a conclu que les colonies de Pyrosoma atlanticum Ă©taient les plus efficaces en termes de filtration des particules de plus de 10 ÎŒm de diamĂštre, ce qui implique que l'espĂšce lĂ  oĂč elle est prĂ©sente en grande quantitĂ© joue un rĂŽle important dans le rĂ©seau trophique et donc dans le cycle du carbone[12], le micro-mĂ©lange de l'eau et qu'elle aurait une stratĂ©gie de consommation d'une grande quantitĂ© de biomasse en consommant beaucoup d'Ă©nergie pour monter et descendre quotidiennement dans la colonne d'eau, plutĂŽt que d'investir dans des mĂ©canismes de conservation de l'Ă©nergie[13].

La croissance de la colonie s'effectue par ajout de nouveaux anneaux de zoĂŻdes autour du bord de la colonie qui par ailleurs s'Ă©largit.

Elle produit aussi des déchets métaboliques et par sa respiration du CO2 qui dans les zones eutrophes peut contribuer à une chute du taux d'oxygénation de l'eau, voire une situation d'anoxie.

Bioluminescence

Une paire d'organes luminescents garnit chaque cÎté du siphon d'entrée sur chaque zoïde[14]. Lorsqu'ils sont stimulés ils s'allument et s'éteignent, provoquant un flash rythmique[14]. Les études conduites dans les années 1990 n'ont mis en évidence aucune voie neurale entre les zoïdes d'une colonie ; chaque zoïde semble simplement répondre à la lumiÚre émise par ses voisins (et/ou à la lumiÚre provenant d'autres colonies proches)[14].

Moseley signalait dĂ©jĂ  en 1879 qu’il peut ĂȘtre aventureux de toujours vouloir donner une explication Ă  la bioluminescence[15] mais la couleur (longueur d’onde) et l’intensitĂ© de la lumiĂšre peuvent Ă©tayer certaines thĂ©ories sur la fonction de la bioluminescence marine. La lumiĂšre Ă©mise par cette espĂšce pĂ©nĂštre bien l’eau et les zoĂŻdes la perçoivent parfaitement puisqu’ils y rĂ©agissent immĂ©diatement. On ignore son rĂŽle possible par rapport aux prĂ©dateurs potentiels, proies ou espĂšces-compagnons[15].

Écologie

Des symbioses avec d'autres espĂšces ont Ă©tĂ© observĂ©es : cinq spĂ©cimens d'une petite crevette du genre Funchalia, longue d’un peu plus de cm (antennes comprises) ont Ă©tĂ© trouvĂ©s vivantes Ă  l'intĂ©rieur du tube colonial de Pyrosoma atlanticum, ainsi que d'autres amphipodes (dont par exemple des espĂšces d'hyperiides : Phronima et Phronimella spp.[16].

Cette espÚce, à la biomasse parfois trÚs abondante, est une source de nourriture pour divers prédateurs pélagiques comprenant des poissons osseux à gros yeux (susceptibles de repérer la lumiÚre émise par leurs proies) tels que Neocyttus rhomboidalis, Epigonus lenimen, Schedophilus maculatus, Alepocephalus rostratus, mais aussi certains mammifÚres marins, tels que les dauphins, éléphants de mer et les baleines[8] - [17] - [18] - [19].

Risques en cas de mortalités en masse

Des blooms planctoniques peuvent se produire.

Une mortalité massive de millions de colonies a été constatée en mars 2006 sur les fonds marins de CÎte d'Ivoire lors de l'inspection par un ROV d'un pipeline sous-marin[20], pouvant conduire à des phénomÚnes de zone marine morte.

En 2017, alors que cette espĂšce est habituellement plus abondante prĂšs de la ceinture intertropicale, Ă  partir de fĂ©vrier des naturalistes et les pĂȘcheurs de la cĂŽte ouest de l'AmĂ©rique du Nord dĂ©crivent un Ă©vĂšnement sans prĂ©cĂ©dent de mĂ©moire d'homme : Des millions de colonies de pyrosome semblent envahir les eaux de l'ocĂ©an pacifique jusque prĂšs de la surface, anormalement prĂšs des cĂŽtes et s'Ă©chouant sur les plages de l'Alaska[21]. De telles pullulations sont signalĂ©s jusque trĂšs au nord du pays, par les radios publiques d'Alaska, et d'Oregon (oĂč on les a aussi filmĂ© sur le fond[22]). Un navire de recherche signale avoir capturĂ© environ 60 000 colonies tubulaires en cinq minutes[23].

Ce phĂ©nomĂšne ne semble pas directement liĂ© Ă  des apports d'eau rĂ©chauffĂ©e, car des eaux anormalement chaudes ont Ă©tĂ© constatĂ©es depuis 2014 sans pullulation aussi massives, et 2017 a de plus Ă©tĂ© caractĂ©risĂ© par des eaux moins chaudes sur la cĂŽte ouest. Mais selon Brodeur qui Ă©tudie cette espĂšce, il pourrait ĂȘtre une consĂ©quence retardĂ©e du "blob d'eau chaude" qui en 2015-2016 a dopĂ© la vie marine de cette partie du Pacifique de maniĂšre inhabituelle (on a observĂ© en Alaska des serpents de ????

Localement ces pullulation de millions Ă  milliards de colonies empĂȘchent littĂ©ralement la pĂȘche en colmatant les filets et se prenant aux hameçons destinĂ©s aux saumons.
Des scientifiques craignent que si ces pyrosomes meurent en masse, ils puissent créer une nouvelle vaste « zone morte », la décomposition de leur cadavres priverait l'eau de toute l'oxygÚne nécessaire aux espÚces évoluées, tout en devenant une nouvelle source de méthane et de gaz carbonique.

Publication originale

Articles connexes

Bibliographie

Notes et références

  1. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 11 novembre 2019
  2. World Register of Marine Species, consulté le 11 novembre 2019
  3. Pyrosoma atlanticum (Peron, 1804) : Pyrosome The Jellies Zone.
  4. Hirose, E., Kimura, S., Itoh, T., & Nishikawa, J. (1999). morphology and cellulosic components of pyrosomas, doliolids, and salps (Thaliacea, Urochordata). The Biological Bulletin, 196(1), 113-120
  5. Godeaux, J. (1992). Apport des biologistes francophones à la connaissance des Tuniciers au cours des cent vingt-cinq derniÚres années. Bulletin de la Société Royale des Sciences de LiÚge, 61(5), 351-367
  6. Pyrosoma atlanticum Marine Species Identification Portal.
  7. Godeaux J. (1973). « Distribution des Thaliaces dans les mers bordant le nord de l’Afrique ». Rapp. Comm. int. Mer Mediterr, 21(8), 489-491.
  8. Pyrosoma atlanticum - PĂ©ron, 1804 SeaLifeBase
  9. Andersen, ValĂ©rie & Jacques Sardou (1994). "Pyrosoma atlanticum (Tunicata, Thaliacea): diel migration and vertical distribution as a function of colony size". Journal of Plankton Research. 16 (4): 337–349. doi:10.1093/plankt/16.4.337. Retrieved 2011-11-12.
  10. Franqueville, C. (1970). Étude comparative de macroplancton en MĂ©diterranĂ©e nord-occidentale par plongĂ©es en soucoupe SP 350, et pĂȘches au chalut pĂ©lagique. Marine Biology, 5(3), 172-179 (rĂ©sumĂ©).
  11. Hurley, D. E., & McKnight, D. G. (1959). Occurrence of Pyrosoma on the sea-floor 160 metres deep. Nature, 183, 554-555.
  12. Drits, A. V., Arashkevich, E. G., & Semenova, T. N. (1992). Pyrosoma atlanticum (Tunicata, Thaliacea): grazing impact on phytoplankton standing stock and role in organic carbon flux. Journal of plankton research, 14(6), 799-809
  13. Perissinotto R.; P. Mayzaud; P. D. Nichols; J. P. Labat. "Grazing by Pyrosoma atlanticum (Tunicata, Thaliacea) in the south Indian Ocean". Marine Ecology. 330
  14. Bowlby, Mark R., Edith Widder & James Case (1990). "Patterns of stimulated bioluminescence in two pyrosomes (Tunicata: Pyrosomatidae)". Biological Bulletin. 179 (3)
  15. Swift, E., Biggley, W. H., & Napora, T. A. (1977). The bioluminescence emission spectra of Pyrosoma atlanticum, P. spinosum (Tunicata), Euphausia tenera (Crustacea) and Gonostoma sp.(Pisces). Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 57(3), 817-823 (résumé).
  16. Lindlay J.A et al. (2001). "Funchalia sp. (Crustacea: Penaeidae) associated with Pyrosoma (Thaliaceae: Pyrosomidae off the Canary Islands" (PDF). Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom. 81: 173–4. doi:10.1017/s0025315401003551.
  17. Blanco, C., Raduån, M. Á., & Raga, J. A. (2006). Diet of Risso's dolphin (Grampus griseus) in the western Mediterranean Sea. Scientia Marina, 70(3), 407-411
  18. Carrassón, M., & Matallanas, J. (1998). Feeding habits of Alepocephalus rostratus (Pisces: Alepocephalidae) in the western Mediterranean Sea. Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 78(4), 1295-1306 (résumé).
  19. DeLong, R. L., & Stewart, B. S. (1991).Diving patterns of northern elephant seal bulls. Marine Mammal Science, 7(4), 369-384
  20. Lebrato M & Jones D.O.B (2009). Mass deposition event of Pyrosoma atlanticum carcasses off Ivory Coast (West Africa). Limnology and Oceanography, 54(4), 1197-1209.
  21. EarthFix 2017, Massive Bloom Of Pickle-Shaped Sea Creatures Fills The Pacific, OPB News, 16 juin 2017
  22. Pyrosomes in the Oregon Ocean, vidéo mise en ligne le 19 juin 2017
  23. Katie Frankowicz(2017) Home News Local News Pyrosomes: The Borg of the ocean Weird organisms show up off the Oregon Coast in droves ; Daily Astorian ; 08 juin 2017

Liens externes

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