Accueil🇫🇷Chercher

Prix Sade

Le prix Sade, consacré à la littérature érotique, est un prix littéraire français créé en 2001 en hommage au marquis de Sade.

Prix Sade
Prix remis Prix Sade
Description RĂ©compense une Ĺ“uvre Ă©rotique
Pays Drapeau de la France France
Date de création 2001
Dernier récipiendaire Charlotte Bourlard pour L’Apparence du vivant (2022)

Historique

Le prix a été créé par Lionel Aracil (président d’honneur) et Jean-Baptiste Blanc, avec la participation de Frédéric Beigbeder[1]. Il est décerné par un jury qui se présente comme une « réunion d’auteurs, d’éditeurs et autres artistes pour la célébration du libertarisme contemporain »[2] - [3], le prix Sade est remis chaque année à la fin du mois de septembre afin de récompenser « un auteur singulier et honnête homme, selon la définition de son siècle. Un authentique libéral qui sera parvenu, par delà les vicissitudes de la Révolution et l'emprise de l'ordre moral, à défaire les carcans de la littérature comme ceux de la politique[4]. » Emmanuel Pierrat, entré au jury en 2002, en devient le président un an plus tard[5] - [6].

Le lauréat reçoit une création d'un artiste contemporain[1], comme Éric Madeleine, Nobuyoshi Araki, Alberto Sorbelli, Fabrice Hybert, ou encore Jean-Paul Gaultier, qui a signé un martinet.

Quelques dates

Le premier ouvrage récompensé, en 2001, est La Vie sexuelle de Catherine M., une autobiographie de Catherine Millet. L'auteure y décrit ses expériences sexuelles. Pour Marie Tréhard de Marianne les jurés ont ainsi retenu un ton libre et la « la désacralisation de la sexualité féminine ».

En 2004, l'essai du philosophe Ruwen Ogien, Penser la pornographie, est mis en avant. L'ouvrage évoque notamment l'« image de la femme ou l'incitation à la violence » tout en analysant les objections à la pornographie. Ainsi pour Marie Tréhard le prix Sade prétend « combattre le moralisme étouffant : parce que c'est le conformisme qui est obscène[2]. »

En 2016, les délibérations du jury sont enregistrées pour être diffusées par France Culture dans La série documentaire (LSD), Sade : le prix du fouet. Les membres du jury sont alors Emmanuel Pierrat, Catherine Robbe-Grillet, Jean-Luc Hennig, Laurence Viallet, Gisèle Vienne, François Angelier, Guy Scarpetta, Catherine Corringer, Ruwen Ogien, Jean Streff et le fouet de Maîtresse Cindy. Le prix est attribué à Agnès Giard pour son livre Désir d’humain, les Love doll au Japon[7].

Jury

Sous l’égide de son président, Emmanuel Pierrat, assisté de Jean Streff, secrétaire général, les membres du jury, participants ou ayant participé, sont :

Lauréats

Prix Sade

Prix Sade spécial, Grand Prix Sade et Prix Sade hommage

2021 Grand Prix Sade aux Œuvres complètes, Tome 1 et Tome 2 d’ Esparbec(La Musardine).

2022 Prix Sade hommage en hommage à Jacques Abeille /Léo Barthes pour Constance ou la pure révolte (L’âne qui butine).

2022 : Prix Sade spécial à Christophe Bier pour L’Obsession du Matto-Grosso (Éditions du Sandre)[11]

Prix Sade du premier roman

  • 2001 : Éric BĂ©nier-BĂĽrckel pour Un prof bien sous tout rapport, Ă©ditions PĂ©trelle
  • 2017 : RaphaĂ«l Eymery pour Pornarina : la-prostituĂ©e-Ă -tĂŞte-de-cheval, Ă©ditions DenoĂ«l

Prix Sade de l'essai

  • 2004 : Ruwen Ogien pour Penser la pornographie, Ă©ditions PUF[2]
  • 2011 : Paul B. Preciado pour Pornotopie, Playboy et l'invention de la sexualitĂ© multimĂ©dia, Ă©ditions Climats
  • 2020 : Marc Renneville pour Vacher l'Ă©ventreur. Archives d'un tueur en sĂ©rie[12], Ă©ditions J. Millon
  • 2022 : Isabelle Poutrin et Elisabeth Lusset pour le Dictionnaire du fouet et de la fessĂ©e (PUF) [13].

Prix Sade du livre d'art

  • 2006 : Jacques Henric et Jorge Amat pour Obsessions nocturnes, Ă©ditions Édite
  • 2018 : Mavado Charon pour Dirty, Mania Press
  • 2019 : Jean-Jacques Lequeu, bâtisseur de fantasmes, Ă©ditions Norma/Bibliothèque nationale de France (catalogue d'exposition)
  • 2020 : Marc Martin pour Les Tasses - Toilettes publiques, affaires privĂ©es[14] - [12], Ă©ditions AGUA, ex-æquo avec Nathalie Latour pour CĂ©roplastie, corps immortalisĂ©s[12] , Ă©ditions Le Murmure
  • 2022 : Midi-Minuit Fantastique (Rouge profond) sous la direction de Nicolas Stanzick[11].

Prix Sade du jury

Prix Sade document

  • 2012 : Jean-Pierre Bourgeron pour l'Ă©dition de trois textes de la collection « Eros singuliers » (Ă©ditions HumuS) : L'Aviateur fĂ©tichiste (2012), Marthe de Sainte-Anne (2011) et Le CurĂ© travesti (2011)
  • 2015 : Trois milliards de pervers : grande encyclopĂ©die des homosexualitĂ©s, rĂ©Ă©dition[15] de l’édition saisie en 1973 (Ă©ditions Acratie)

Prix Sade BD/Manga

2022 : Gengoroh Tagame pour House of brutes (Dynamite)[11].

Prix Sade DVD

2022 : La Chair et le sang (Carlotta) de Paul Verhoeven

Avec Annie Le Brun

Annie Le Brun, auteur de plusieurs essais de référence sur Sade, dont son livre-préface (Soudain un bloc d'abîme, Sade, 1986) aux œuvres complètes du marquis éditées par Jean-Jacques Pauvert, a vivement critiqué ce prix, publiant dans son essai Ailleurs et autrement (2011) une lettre qu'elle avait adressée le à son président, Lionel Aracil, qui avait fait figurer son nom, à son insu, dans le jury. Dénonçant ce qu'elle estime être une mascarade médiatique et culturelle, elle y écrit notamment :

« Petite misère culturelle, vous êtes bien mal renseigné : méprisant depuis toujours autant ceux qui reçoivent les prix que ceux qui les donnent, comment pourrais-je consentir à participer à la mômerie d'un prix marquis de Sade ? “Bas les pattes devant Sade”, avais-je écrit avec mes amis surréalistes devant les manigances d'un théâtreux en mal de scandale, à la fin des années soixante. Que pourrais-je dire d'autre avec Jean-Jacques Pauvert, qui s'associe à moi en l'occurrence, au ramassis d'écrivains et artistes que vous sollicitez, les Sollers, Bourgeade, Pingeot, Bramly…, pour peu qu'ils acceptent de patronner cette mascarade bien dans le goût de l'époque ? Sans doute les uns et les autres ne se sont-ils pas assez discrédités pour ne pas rater une occasion d'en rajouter. »

Et critiquant le trophée, un fouet « dessiné par le bagagiste de luxe Louis Vuitton », qui lui rappelle « le balai immonde » du roi Ubu, elle conclut : « Que voulez-vous, tout le design du monde ne réussira jamais à maquiller tant d'indignité[16]. » Critique qui, au-delà de ce seul prix, s'inscrit contre cette tendance au recyclage, « merchandising » de certaines icônes culturelles[17].

Dans les pages « Débats et opinions » du Figaro du 8 août 2001, Lionel Aracil répond à ces critiques, dans une tribune intitulée « Sade et ses nouveaux geôliers » :

« Notre divin marquis aurait apprécié les cris d'orfraie de ceux qui se présentent en véritables gardiens du temple de Silling. N'est-il pas navrant qu'un prix littéraire dédié à l'héritage de l'écrivain et philosophe, emprisonné pour sa liberté d'expression, soit dénoncé et vilipendé par des embastilleurs de l'édition… un quarteron de littéreux à la retraite, dont Pauvert et Lebrun (sic) se dressent contre les impertinents et subversifs qui ont osé toucher au mausolée ?
Si le Prix Sade a été créé, [c'est] pour révéler ou défendre un auteur qui défie l'ordre moral ou politique par-delà toute forme de terrorisme intellectuel […][18]. »

Christine Angot

En 2012, le prix est attribué à Christine Angot pour son ouvrage Une semaine de vacances, traitant de l'inceste[19]. Angot refuse ce prix. Selon son éditeur Flammarion, l'obtention de celui-ci pouvait l'empêcher de recevoir d’autres prix plus prestigieux[20] - [4].

Dans une lettre Ă  Emmanuel Pierrat, elle s'en explique ainsi :

« L’image de ce prix, qu’elle corresponde ou non à l’œuvre du Marquis de Sade, est en contradiction totale avec le livre que j’ai écrit, et ne pas refuser ce prix serait souscrire à un contresens objectif quant à ce que dit ce livre, contresens que je récuse[21]. »

Notes et références

  1. « Littérature : Quelles sont les caractéristiques du prix littéraire Sade et qui sont les lauréats ? », sur Eurêkoi. Bibliothèque publique d’information, (consulté le )
  2. « Un prix libertin ? », sur Marianne, (consulté le )
  3. Voir sur le site officiel du prix Sade.
  4. « « Une semaine de vacances » de Christine Angot reçoit le prix Sade », sur Libération, (consulté le )
  5. « Sur France Culture, les dessous affriolants du prix Sade », sur Télérama, (consulté le )
  6. « Sade : le prix du fouet : épisode 4/4 du podcast Les prix littéraires », sur France Culture, (consulté le )
  7. « Un prix libertin ? », sur France Culture, (consulté le )
  8. « Ça se passe comme Sade », sur Libération, (consulté le ).
  9. Vincy Thomas, « Grasset s'octroie deux Prix Sade », sur Livres Hebdo, (consulté le ).
  10. Thomas Vincy, « Prix Sade 2020 », sur gallimardmontreal.com, (consulté le ).
  11. Élodie Carreira, « Charlotte Bourlard, lauréate du prix Sade 2022 », sur Livre Hebdo (consulté le )
  12. « Les lauréats du prix Sade 2020 », sur Livres Hebdo (consulté le ).
  13. « Elisabeth Lusset reçoit le Prix Sade de l’essai 2022 », sur CNRS (consulté le )
  14. « Le livre d'art "Les Tasses" de Marc Martin est lauréat du prix Sade 2020 », sur TÊTU, (consulté le ).
  15. Voir sur le site des Ă©ditions Acratie.
  16. Annie Le Brun, Addendum à « De l'insignifiance en milieu vaginal » (article critique du livre de Catherine Millet, première lauréate du prix Sade, initialement paru dans La Quinzaine littéraire, n° 807, 1-15 mai 2001), dans Ailleurs et autrement, Gallimard, coll. « Arcades », 2011, p. 19-20.
  17. Thibaud Croisy, « Quand la “com” s'empare du théâtre », Le Monde, .
  18. Lionel Aracil, « Sade et ses nouveaux geôliers », Le Figaro, 8 août 2001.
  19. « Christine Angot, lauréate du Prix Sade 2012 », sur Le Point, (consulté le )
  20. « Christine Angot, lauréate du prix Sade », sur Elle, (consulté le )
  21. « Christine Angot et le Prix Sade : les raisons d’un refus », sur La Règle du Jeu, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.