AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Potentiel d'oxydoréduction

Le potentiel d'oxydorĂ©duction, ou potentiel redox, est une grandeur empirique exprimĂ©e en volts et gĂ©nĂ©ralement notĂ©e (ou, pour le potentiel redox standard, E0(Mn+/M) oĂč M dĂ©signe un mĂ©tal quelconque). Ce potentiel est exprimĂ© par rapport Ă  une rĂ©fĂ©rence, souvent mesurĂ©e par une Ă©lectrode normale Ă  hydrogĂšne (ENH, d'oĂč l'unitĂ© V/ENH rencontrĂ©e dans certains ouvrages). Cette mesure est appliquĂ©e aux couples d'oxydorĂ©duction pour prĂ©voir la rĂ©activitĂ© des espĂšces chimiques entre elles. Le potentiel standard E0 est mesurĂ© par rapport au couple proton/dihydrogĂšne (H+/H2), de potentiel standard nul par convention.

Mesure

La mesure d'un potentiel d'oxydorĂ©duction se fait expĂ©rimentalement Ă  l'aide de deux demi-piles[1]. Pour obtenir le potentiel standard d'un couple redox, l'une de ces piles doit mettre en Ɠuvre le couple de rĂ©fĂ©rence H+/H2, et l'autre celui dont on veut mesurer le potentiel.

ConcrÚtement, les deux demi-piles sont constituées chacune d'un soluté et d'une électrode, les solutés sont reliés entre eux par un pont salin qui leur permet d'échanger des ions, et les électrodes sont reliées entre elles par un circuit électrique sur lequel est placé un voltmÚtre. Les deux demi-piles, une fois reliées, forment une pile électrique fournissant un courant continu, alimenté par les réactions chimiques qui ont lieu spontanément aux électrodes dÚs lors qu'est formée la pile.

  • Le sens de courant Ă©lectrique donne le signe du potentiel (nĂ©gatif si les Ă©lectrons vont vers le couple H+/H2 et positif au contraire).
  • Le voltmĂštre donne la valeur du potentiel du couple redox.
  • Les couples ayant des E° Ă©levĂ©s (positifs) impliquent des oxydants forts.
  • Les couples ayant des E° trĂšs bas (nĂ©gatifs) impliquent des rĂ©ducteurs forts

Ce potentiel peut dĂ©pendre du contexte chimique et notamment du pH, et mĂȘme du contexte physique : les effets de la lumiĂšre sont mis Ă  profit aussi bien par la nature dans la photosynthĂšse, que par l'homme dans la photographie.

Les chimistes utilisent des tables dĂ©jĂ  dĂ©finies, elles fournissent les potentiels mesurĂ©s dans les conditions standard de pression et de tempĂ©rature (25 °C, 1 bar) par rapport au couple H+/H2. Pour les potentiels standards d'oxydorĂ©duction (E°, exprimĂ© en volts), ils sont dĂ©terminĂ©s par une Ă©lectrode Ă  hydrogĂšne, pour un rapport de concentration entre la forme rĂ©duite sur la forme oxydĂ©e de 1, et un pH nul. Pour les systĂšmes biologiques, le pH standard est de 7, la grandeur exprimant le potentiel standard d'oxydorĂ©duction Ă©tant exprimĂ©e en tant que E°'[2].

DiffĂ©rence de potentiel redox : ΔE0’

Pour une rĂ©action redox, on peut dĂ©finir la diffĂ©rence de potentiel redox ΔE0’ :

ΔE0’ = E0’(accepteur) - E0’(donneur)
Exemple :

a) NAD+ + 2 H+ + 2 e− → NADH + H+ E0’ = −0,320 V
b) acĂ©taldĂ©hyde + 2 H+ + 2 e− → Ă©thanol E0’ = −0,197 V

RĂ©action redox : acĂ©taldĂ©hyde + NADH + H+ → Ă©thanol + NAD+
ΔE0’ = E0’(accepteur) − E0’(donneur) = −0,197 − (−0,320) = +0,123 V

En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les rĂ©actions redox spontanĂ©es possĂšdent un ΔE0’ positif.

Oxydant et réducteur

La référence du potentiel d'oxydoréduction est celui de l'eau pure, conventionnellement fixé à zéro. Les corps dits « oxydants » sont les oxydants des couples ayant un potentiel positif (ils captent des électrons) ; les corps dits « réducteurs » sont les réducteurs des couples ayant un potentiel négatif (ils cÚdent des électrons). Les valeurs caractéristiques des potentiels sont de l'ordre de quelques volts.

On voit là que l'on a deux significations différentes pour les termes « oxydant » et « réducteur » :

  • la signification liĂ©e Ă  une rĂ©action d'oxydorĂ©duction donnĂ©e (capteur ou Ă©metteur d'Ă©lectron dans la rĂ©action) ;
  • la signification liĂ©e au potentiel d'oxydorĂ©duction : un « rĂ©ducteur » est un corps qui joue le rĂŽle de rĂ©ducteur dans de nombreuses rĂ©actions, un « oxydant » est un corps qui joue le rĂŽle d'oxydant dans de nombreuses rĂ©actions, mais un « oxydant » peut parfois ĂȘtre un rĂ©ducteur s'il est face Ă  un « oxydant » plus fort et qu'il peut encore s'oxyder.

C'est cette deuxiĂšme signification qui est utilisĂ©e ici. Les « oxydants » les plus forts ne peuvent pas s'oxyder eux-mĂȘmes et sont donc toujours des oxydants, les « rĂ©ducteurs » les plus forts ne peuvent pas se rĂ©duire eux-mĂȘmes et sont donc toujours des rĂ©ducteurs. Mais certains corps peuvent ĂȘtre alternativement oxydants et rĂ©ducteurs, comme l'eau ou le monoxyde de carbone.

Les oxydants les plus forts dans cette Ă©chelle sont les halogĂšnes (F2, Cl2
), l'ion permanganate (MnO4−) en milieu acide, l'ion hypochlorite (ClO−), le dioxygĂšne (O2), le soufre (S).

Des réducteurs classiques sont les métaux, le carbone et le dihydrogÚne (H2)[3].

Potentiels standard d'oxydoréduction à 25 °C

Prévision du sens d'une réaction d'oxydoréduction en utilisant la rÚgle du gamma.

On considĂšre deux couples Ox1/Red1 et Ox2/Red2, de potentiel respectif E10 et E20, tels que :

E10 < E20.

En utilisant la rÚgle dite du gamma, il est possible de prévoir le sens d'une réaction[1]. En plaçant les couples sur une échelle par potentiel décroissant, l'oxydant le plus fort (ici Ox2) réagira avec le réducteur le plus fort (placé en dessous sur la figure, ici Red1) pour donner Red2 et Ox1 :

Ox2 + Red1 → Red2 + Ox1.

Par exemple, l'oxydation du fer (Fe) par le dioxygÚne de l'air pour former de l'hématite (Fe2O3)

4Fe + 3O2 → 2Fe2O3 (oxydorĂ©duction)

peut s'Ă©crire

4Fe ⇔ 4Fe3+ + 12e− (oxydation)
3O2 + 12e− ⇔ 6O2− (rĂ©duction)

Les deux couples sont Fe3+/Fe et O2/O2− ; le potentiel de O2/O2− est supĂ©rieur Ă  celui de Fe3+/Fe.

En toute rigueur, la prévision du sens d'une réaction d'oxydoréduction doit se faire sur la comparaison des E et non des E°. Cependant, le terme logarithmique présent dans la formule de Nernst est généralement faible.

Une réaction possible peut ne pas avoir lieu, ou seulement trÚs lentement, pour des raisons cinétiques. Par exemple, l'oxydation du fer par le dioxygÚne de l'air (formation de la rouille) est une réaction lente.

Exemples de potentiels standard
Oxydant E0 (V) RĂ©ducteur
F2+2,87F−
S2O82−+2,01SO42−
Au++1,69Au
Cu2++0,34Cu
CH3CHO+0,19CH3CH2OH
SO42−+0,17SO2
S4O62−+0,08S2O32−
H3O+ 0,00 H2 (g)
CH3CO2H-0,12CH3CHO
Pb2+-0,13Pb
Sn2+-0,13Sn
Ni2+-0,25Ni
Cd2+-0,40Cd
Fe2+-0,44Fe
Cr3+-0,74Cr
Zn2+-0,76Zn

« Noblesse » d'un métal

Un métal qui ne s'oxyde pas spontanément à l'air est dit « noble ». Cette notion est directement liée au potentiel d'oxydoréduction du couple oxyde/métal : plus le potentiel est élevé, plus le métal est « noble ». Ceci intervient également dans la corrosion galvanique : le métal le moins noble se corrode alors que le métal le plus noble est protégé. Certains métaux considérés comme inoxydables sont en fait protégés par une couche d'oxyde compacte adhérente et surtout étanche à l'oxydant, comme l'aluminium et le titane : ils ne sont pas nobles, mais leur corrosion est trÚs lente car les oxydes d'aluminium et de titane sont étanches à l'oxygÚne.

On peut donc classer les métaux du plus noble au moins noble :

Au > Ag > Cu > Pb > Sn > Ni > Cd > Fe > Cr > Zn > Al > Ti > Mg > Na > Li.

Applications pratiques

Il existe dans la nature des zones polluĂ©es par l’évacuation de certains dĂ©chets dans les lacs, Ă  proximitĂ© de certaines usines par exemple. Afin de dĂ©terminer l’origine et donc de localiser la source de cette pollution, il est parfois nĂ©cessaire d’étudier les « zones d’accepteurs d’électrons », qui sont un vĂ©ritable traçage de gradient de pollution. En effet, selon l’éloignement de la source polluante, on observe une succession de « paliers » de pollution diffĂ©renciĂ©s par les micro-organismes prĂ©sents et pouvant ĂȘtre mesurĂ©s par le calcul du potentiel redox dans chacun de ces « paliers ».

Le potentiel redox est fonction des micro-organismes prĂ©sents : plus on s’éloigne de la source de pollution, plus on a prĂ©sence d’accepteurs d’électrons. Et donc le potentiel redox augmente en s’éloignant de la source polluante (ou diminue en se rapprochant de la source polluante).

Notes et références

  1. B. Fosset, J-B. Baudin, F. LahitĂšte, Chimie tout-en-un, PCSI, Dunod, , 1184 p.
  2. Jean-François Morot-Gaudry (dir.), François Moreau, Roger Prat, Christophe Maurel et Hervé Sentenac, Biologie végétale : Nutrition et métabolisme, Dunod, (1re éd. 2009), 224 p. (ISBN 978-2-10-057926-6, lire en ligne), « Mise en évidence de la photosynthÚse », p. 75
  3. Le corps simple hydrogĂšne se prĂ©sente essentiellement sous la forme de dihydrogĂšne (Ă  l'Ă©tat gazeux dans les conditions ordinaires de tempĂ©rature et de pression, liquide ou solide Ă  trĂšs basse tempĂ©rature). À extrĂȘmement forte pression (Ă  l'intĂ©rieur de Jupiter, notamment), il devient mĂ©tallique (liquide ou solide).

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.