Plaquebière
Rubus chamaemorus • Ronce des tourbières, Platebière
La plaquebière, Rubus chamaemorus, est une espèce de plantes vivaces du genre Rubus et de la famille des Rosacées. Elle est typique des pays nordiques où son fruit est utilisé frais ou transformé.
Nomenclature
Nom binominal : Rubus chamaemorus. Le nom botanique de l'espèce vient du grec ancien : χαμαί / khamaí, « à terre, bas », et du latin : morus, « mûre ».
Noms vernaculaires (Canada) : plaquebière (déformation de « plat de bièvre », c'est-à-dire nourriture de castor), ou chicoutai au Québec, aussi écrit chicouté, margot, mûre blanche, ronce des tourbières, ronce petit-mûrier (traduction du nom scientifique), airelles (à Tadoussac). Elle est appelée platebière ou plate-bière à Saint-Pierre-et-Miquelon, et en anglais : cloudberry, ou bakeapple à Terre-Neuve.
Description
La ronce des tourbières est une plante vivace, rampante, qui atteint une hauteur d'environ 10 à 30 cm. Les feuilles sont composées palmées à cinq folioles, trois folioles pour les rameaux florifères, réniformes, ou à 3 à 7 lobes arrondis et dentés.
L'espèce est dioïque. Les fleurs blanches, de 3 cm de diamètre environ, apparaissent en été et donnent, après pollinisation, des fruits composés qui ressemblent à des framboises. Ces fruits, composés de petites drupes (ou drupéoles) agglomérées, sont d'abord orangés ou rouge pâle, devenant jaunes et doux[1] à maturité en automne. C'est en cette saison que le feuillage change de couleur et rougit fortement.
- Fleur mâle.
- Fleur femelle.
Distribution
En 2016 l'UICN recense Rubus chamaemorus dans les pays suivants: Canada; Chine; Finlande; Groenland; République populaire démocratique de Corée; Corée, République de; Fédération Russe; Saint-Pierre-et-Miquelon; Suède; Royaume-Uni; États-Unis. Elle n'est pas considérée comme menacée (LC), bien que ses habitats, les zones humides intérieures soient en constante régression[2].
La plaquebière pousse naturellement dans tout l'hémisphère nord, dans la zone comprise entre les latitudes 78° N et 55° N environ. On la trouve, à l'état très dispersé plus au sud jusqu'à 44° de latitude nord, principalement dans des régions montagneuses. En Europe, on la trouve principalement dans les forêts de Scandinavie, de Finlande, de Grande-Bretagne et d'Irlande, en Russie et dans les pays baltes. De petites populations se trouvent également plus au sud, vestiges botaniques de la période glaciaire, notamment en Allemagne dans les vallées de la Weser, de l'Eider et de l'Elbe, où l'espèce est protégée.
En Amérique du Nord, l'espèce est spontanée dans les forêts de la région du nord, faiblement peuplées, de la côte du Québec, dans les îles de la Madeleine et à Saint-Pierre-et-Miquelon situées dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent. On la trouve aussi au Nouveau-Brunswick (île Miscou) ainsi qu'aux États-Unis d'Amérique en Alaska, dans le Maine, le Minnesota, le New Hampshire et l'État de New York. On la trouve également dans le nord de l'Asie (Chine, Japon (Hokkaidō)) et Sibérie).
Habitat
La plaquebière croît en bord de marécages et dans les prés humides jusqu'à 1 400 m d'altitude et exige des expositions ensoleillées en terre acide (pH compris entre 3,5 et 5). Elle peut résister aux températures froides bien au-dessous de −38 °C, mais est sensible au sel et aux conditions sèches.
Propagation
À la différence de la plupart des mûres, la pollinisation des plaquebières nécessite une plante du sexe opposé (plante dioïque). Une large propagation s'opère grâce à l'ouverture des drupes par les oiseaux et les rongeurs et l'excrétion des graines indigestes. La propagation se fait également par les rhizomes et par marcottage naturel sur d'amples parcelles de terre.
Malgré la demande, spécialement en Norvège, en raison de sa réputation de mets délicat, la plaquebière est principalement une plante sauvage. Cependant, depuis le milieu des années 1990, elle fait l'objet d'un projet de recherche spécifique en Norvège, en coopération avec la Finlande, la Suède et l'Écosse, dans le but de parvenir à une production commerciale du Rubus chamaemorus : la Norvège importe de Finlande entre 200 et 300 tonnes par an de fruits de plaquebière. Depuis 2002, différentes variétés sont à la disposition des agriculteurs, notamment Apolto (mâle), Fjellgull (femelle) et Fjordgull (femelle).
La plaquebière peut être cultivée dans les zones arctiques au contraire d'un grand nombre d'autres plantes, particulièrement sur la côte nord de Norvège.
Utilisation
Les fruits de la ronce petit mûrier sont plus souvent obtenus par cueillette que par culture, bien que la multiplication par semis ou par division de rhizomes soit possible. Ils peuvent être mangés frais, cuisinés en tarte ou transformés en confiture[3]. En Finlande, on en fait aussi une liqueur[4].
Les fruits mûrs sont jaune d'or, mous et juteux. Ils sont riches en vitamine C. Consommés frais, ils ont un goût âpre particulier, qui évoque un peu la térébenthine, caractéristique due à leur contenu élevé en acide benzoïque.
Dans les pays scandinaves et en Finlande, ils sont souvent transformés en confitures, jus, tartes ou liqueurs, ou employées comme garniture de crèmes glacées. En Finlande, les fruits sont aussi consommées de manière plus inventive, par exemple en accompagnement du « leipäjuusto » (fromage local, sorte de galette de fromage cuit). Au Canada, elles servent à aromatiser une bière spéciale et à faire de la liqueur. Les Canadiens en font également de la confiture, mais pas à la même échelle que les Scandinaves et les Finlandais, et utilisent les feuilles pour en faire des tisanes.
En raison de son contenu élevé en vitamine C, le fruit est apprécié des marins du nord et par les Inuits américains comme protection contre le scorbut. Son contenu élevé en acide benzoïque agit comme un conservateur naturel.
Numismatique
La fleur et les fruits de la mûre des marais (en finnois lakka) figurent à l'avers de la pièce de 2 euros finlandaise depuis 1999[5].
Notes et références
- François, ... Impr. Corlet), La Cuisine sauvage : comment accommoder mille plantes oubliées, vol. 2, Équilibres aujourd'hui, (ISBN 2-87724-025-8 et 978-2-87724-025-3, OCLC 462042665, lire en ligne)
- (fr + en) « Rubus chamaemorus », (consulté le )
- David Holmgren, Dominique, ... Soltner et Impr. One Book), Perma-culture. 1, Une agriculture pérenne pour l'autosuffisance et les exploitations de toutes tailles, vol. 1, C. Corlet, dl 2011 (ISBN 978-2-86733-030-8 et 2-86733-030-0, OCLC 779706852, lire en ligne)
- Arto Paasilinna (trad. Anne Colin du Terrail), Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison, Denoël et d'ailleurs, , 347 p. (ISBN 978-2-207-10999-1), p. 40
- « 2 euros, Finlande », sur fr.numista.com (consulté le )
Liens externes
- (fr+en) Référence EOL : Rubus chamaemorus
- (fr+en) Référence ITIS : Rubus chamaemorus L.
- site canadien (fr)
- Frère Marie-Victorin, « Rubus chamaemorus », sur Flore laurentienne