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Pierre Gentelle

Pierre Gentelle (né le à Marseille et décédé le à Paris 8e[1] - [2]) est un géographe spécialiste de la Chine et des zones arides (Asie centrale, Chine, Moyen-Orient), directeur de recherche émérite au CNRS.

Pierre Gentelle
Pierre Gentelle au Festival international de géographie (2009)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pierre Paul Gentelle
Nationalité
Formation
Activités

Il a écrit de nombreux ouvrages sur la Chine contemporaine et l’Asie centrale, et a participé activement à l’animation du « réseau Asie »[3], mis en place en 2001 par le CNRS, la Maison des sciences de l'homme (MSH), la Fondation nationale des sciences politiques et l’EHESS.

Biographie[4]

Premiers terrains au Maroc

Pierre Gentelle a commencé sa carrière au Maroc où il a vécu une partie de sa jeunesse. En 1955, ses premières recherches portent sur les souks de l’Anti-Atlas occidental et le maillage du territoire par les tribus berbères, les différenciations régionales et le commerce, recherches pour lesquelles il obtient son diplôme d’études supérieures à la Sorbonne, sous la direction de Jean Dresch. En parallèle, il obtient aussi un diplôme annexe sur l’érosion dans les granites de Tafraout, situé dans la même région.

Il participe l’année suivante à une enquête interdisciplinaire dans un village corse au nord de Corte pour le Laboratoire d’ethnographie française du Musée de l'Homme avant de repartir au Maroc en 1957, après l’indépendance. Il y réalise cette fois des enquêtes de socio-démographie dans le Moyen Atlas pour un bureau d’études dépendant du ministère du Plan et de l’Agriculture marocain pour la réattribution des terres de la colonisation aux tribus nomades et sédentaires.

La Chine

Après avoir obtenu l’agrégation de géographie en 1959, Pierre Gentelle part étudier le chinois à l’université de Pékin, dans la perspective de la préparation d’une thèse. À son retour en France en 1962, il entre au CNRS. Grâce à ses notes de terrain et des traductions originales, il rédige une thèse de 3e cycle qu’il soutient en 1965, sur l’irrigation en Chine du Nord. Il entre alors au centre Chine-Corée-Japon de l’EHESS.

La situation politique en Chine après la révolution culturelle contraint Pierre Gentelle à changer de nouveau de terrain pour quelques années.

Au Proche et Moyen-Orient : travaux sur des sites archĂ©ologiques

En 1966-67, il part en Afghanistan avec une équipe de géologues. Il y effectue des enquêtes de géographie rurale (province de Kapiça et à Tashkurghan).

LaurĂ©at du Prix AndrĂ© Siegfried de la Fondation nationale des sciences politiques en 1967, il repart en 1968 comme « chercheur isolĂ© Â» Ă  Kaboul avant de rejoindre l’annĂ©e suivante l’équipe de Jean Dresch en Iran. Il navigue entre ces deux pays de 1968 Ă  1972, Ă©poque durant laquelle il Ă©tudie notamment les oasis de l’Iran oriental ainsi que les dĂ©serts centraux de ce pays (Tabas, Gonabad).

Il se concentre Ă  nouveau sur l’Afghanistan Ă  partir de 1972. De 1974 Ă  1978, il effectue, en tant que membre de l’UnitĂ© de recherches « ArchĂ©ologie en Asie centrale : peuplement, milieux et techniques » du CRA / CNRS[5], des recherches sur les fondements gĂ©ographiques de l’irrigation dans la plaine d’Ai Khanoum (Afghanistan oriental) de l’âge du Bronze Ă  l’époque musulmane (Xe siècle).

De 1976 à 1982, il entreprend des prospections géographiques autour de sites archéologiques au Yémen (désert central), en Syrie (Hauran) et en Jordanie (Pétra, Iraq al-Amir).

« Traces d’eau Â»[6] en Chine, Inde et Asie centrale

Au début des années 1980, la Chine ouvre à nouveau ses frontières. Pierre Gentelle mène alors à partir de 1984 plusieurs enquêtes dans les oasis du Taklamakan en Chine de l’Ouest. Il mène aussi des enquêtes et des prospections de 1982 à 1985 en Inde du Nord, entre Haryana et Rajasthan, autour de la paléo-rivière Sarasvati, ainsi qu’au Baloutchistan pakistanais.

Dans les années 1990-2000, il entreprend des enquêtes géo-archéologiques en Ouzbékistan, à Samarcande (1993-2003) et autour de Termez sur l’Amou-Daria (1995-2005). Il étudie également les pratiques d’irrigation en Chine dans la province du Shaanxi sur une période de deux mille ans d’histoire à l’époque impériale (1995-1999), ou encore à l’âge du fer sur le bord sud-est de la Caspienne, en Turkménie du Sud et sur la frontière iranienne (1996-1998).

Citations

À propos de la géographie, Pierre Gentelle disait en , lors d’un colloque à Arras :

« Un gĂ©ographe dit « de terrain Â» est censĂ© s’intĂ©resser Ă  la saisie de ce qui est Ă©crit sur la planète terre, et non pas d’« Ă©crire Ă  propos de la planète terre Â», ce qui est Ă  la portĂ©e de tout individu normalement constituĂ©. Tout peut « faire terrain Â», mais tout terrain parcouru ne « fait Â» pas forcĂ©ment gĂ©ographie. La diffĂ©rence est grande, mĂŞme si un rĂ©cit peut servir de matĂ©riau Ă  un travail gĂ©ographique. Ce qui est Ă©crit sur la planète et autour : ni plus, ni moins, mĂŞme si l’écriture est mĂ©diate (argent virtuel, idĂ©es philosophiques…). Tout « retombe Â» toujours quelque part sur terre. La trace visible n’est pas l’écriture : elle en est une forme, non la seule. L’origine du mot gĂ©ographie est et doit rester limpide : graphein, Ă©crire ; gĂŞ, ou geos, la terre (Pinchemel P. et Clergeot P., 2001; Berque A. & Nys P., eds, 1997 ; Berque A., 2000 ; et quelques autres bons gĂ©ographes). Â»

En , quelques mois avant sa mort, il Ă©crivait Ă  propos de son travail :

« Ce qui m’a plu, tout au long de mon travail de recherche, c’est d’inventer moi-mĂŞme chaque fois mon terrain (pas tout seul, bien entendu, soit avec d’autres, soit après d’autres), c’est-Ă -dire de le localiser, de le dĂ©limiter approximativement et de rendre cohĂ©rentes les informations de tous ordres que je pouvais obtenir Ă  son sujet (en rĂ©alitĂ©, j’ai surtout souffert des manques et des interdictions d’accès aux documents). C’est Ă©videmment d’avoir essayĂ© d’apporter quelque chose de neuf aux connaissances gĂ©nĂ©rales, si peu que ce soit, sinon il n’y a aucune raison de dire qu’on fait de la recherche Â».

Principales publications et responsabilités éditoriales

Pierre Gentelle Ă©tait directeur de la collection « Asie Plurielle » et codirecteur, avec Jean-François Coulais, de la collection sur support papier et numĂ©rique « Terre des villes Â» aux Ă©ditions Belin.

Il animait la rubrique "Lettres de Cassandre[7]" pour les CafĂ©s gĂ©ographiques, dans laquelle il se proposait dans ses "micro-nouvelles" de « faire penser, plutĂ´t que penser (penser quand mĂŞme un peu, mais sans Ă©difier) Â». 128 lettres ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es entre et 2010.

On trouvera ci-dessous une bibliographie des principaux ouvrages Ă©crits ou co-Ă©crits par Pierre Gentelle[8] :

  • Gentelle P. L’irrigation en Chine aride depuis 1949, Ă©tude gĂ©ographique d’après les sources chinoises: PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale, textes originaux traduits et annotĂ©s, lexique chinois-français de termes relatifs Ă  l’irrigation. Thèse de 3e cycle. France : [s.n.], 1965. 261 p.
  • Gentelle P. La Chine. Paris : Presses universitaires de France, 1974. 270 p.
  • Gardin J.-C., Gentelle P. Irrigation et peuplement dans la plaine d’AÄ«-Khanoum de l’époque achĂ©mĂ©nide Ă  l’époque musulmane. 1976.
  • Gentelle P. Étude gĂ©ographique d’Ai Khanoum et de son irrigation depuis les temps antiques. Paris : Éditions du C.N.R.S, 1978. 145 p. (Publication de l’U.R.A. n.°10. MĂ©moire, 2)
  • Pairault T., Gentelle P., Les Politiques Ă©conomiques chinoises. Paris : la documentation française, 1980. 180 p.
  • Gentelle P. GĂ©ographie de la Chine. Paris : Presses universitaires de France, 1980. 127 p. (Que sais-je?)
  • Gentelle P. (Ă©d.). Problèmes politiques et sociaux. Articles et documents d’actualitĂ© mondiale. L’Afghanistan cinq ans après l’intervention soviĂ©tique. Paris : la Documentation française, 1984. 44 p.
  • Gentelle P., Dresch J., Monod T., Paskoff R., Belayche N. Les dĂ©serts. Paris : La Documentation française et le Centre national de documentation pĂ©dagogique, 1984. 48 p.
  • Gentelle P. DĂ©terminants Ă©cologiques de l’irrigation ancienne en Bactriane orientale. Paris : CNRS, 1985. 12 p.
  • Gentelle P., Mazurek H. Chine: un atlas Ă©conomique. Paris : Fayard-Reclus, 1987. 112 p.
  • Gentelle P., L'Ă©tat de la Chine et de ses habitants, Paris, La DĂ©couverte, 1989.
  • Gentelle P., JuvĂ©nal P. La vie en Chine. Paris : Solar, 1991. 183 p. (Guides-contacts)
  • Gentelle P. « Une gĂ©ographie du mouvement: le dĂ©sert du Taklamakan et ses environs comme modèle Â». Ann. GĂ©ographie Paris. 1992. Vol. 567, p. 553-594.
  • Gentelle P. Problèmes politiques et sociaux. Articles et documents d’actualitĂ© mondiale. Chine. Paris : La documentation française, 1992. 61 p.
  • Durou J.-M., Gentelle P. Fascination dĂ©sert. Vevey : Mondo, 1992. 149 p.
  • Gentelle P., Pelletier P., Pezeu-Massabuau J. Chine, CorĂ©e, Japon. Paris - Montpellier : Belin - Reclus, 1994. 479 p. (GĂ©ographie universelle, t. 5)
  • Gentelle P. Le point sur la Chine Ă  la veille de l’an 2000. Paris: La documentation française, 1996. 11 p.
  • Gentelle P., Chine. Peuples et civilisation, Paris, La DĂ©couverte, 1997.
  • Breton J.-F., Arramond J.-C., Coque-Delhuille B., Gentelle P. Une vallĂ©e aride du YĂ©men antique, le wâdĂ® Bayhân. Paris : Recherche sur les civilisations, 1998. 249 p.
  • Gentelle P., Gamblin A. Chine et Chinois outre-mer Ă  l’orĂ©e du XXIe siècle. Paris : SEDES, 1999. 312 p. (DIEM Dossiers des images Ă©conomiques du monde, 24)
  • Fur A., Gentelle P., Pairault T. Economie et rĂ©gions de la Chine. Paris : Armand Colin, 1999. 175 p. (Cursus. SĂ©rie Économie).
  • Gentelle P. Chine: un continent... et au delĂ ? Paris : La documentation française, 2001. 175 p.
  • Poujol C., Gentelle P. Peuples des steppes en Asie centrale. Paris : Autrement, 2002. 222 p. (Collection Monde)
  • Gentelle P. Traces d’eau: un gĂ©ographe chez les archĂ©ologues. Paris : Belin, 2003. 239 p.
  • Gentelle P. (Ă©d.). Chine, peuples et civilisation. Paris : la DĂ©couverte, 2004. 218 p.
  • Dieterich F., Gentelle P. La gĂ©opolitique de l’Asie, Tome 1. Paris : Nathan, 2007. 32 p. (9 questions sur).
  • Reza, Gentelle P. Sindbad : vers l’orient. Grenoble : GlĂ©nat, 2009. 189 p.
  • Zeng N. A., Gentelle P. Chine: le plus grand barrage du monde. Lyon : Lieux Dits, 2010. 239 p.

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. GĂ©rard Joly, « Gentelle (Pierre) Â», Dictionnaire biographique des gĂ©ographes français du XXe siècle, aujourd’hui disparus, Paris : PRODIG, 2013, p.62.
  3. Cf. http://www.reseau-asie.com/media3/informations-diverses/deces-pierre-gentelle/, consulté le 25/02/2014
  4. Cette biographie a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  partir de notes personnelles de Pierre Gentelle et d’un entretien recueilli Ă  Saint-DiĂ©-des-Vosges le 4 octobre 2008 par Yann CalbĂ©rac : « Le terrain, une manière de vivre et de regarder le monde et les gens Â», retranscrit dans l’Information gĂ©ographique, vol. 75, septembre 2011, p. 102-119. Cf. http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00622549, consultĂ© le 05/02/2014.
  5. URA n°10 du Centre de recherches archéologiques du CNRS, devenue par la suite Unité propre de recherche (UPR) n° 315 du CNRS
  6. Traces d’eau est le titre d’un ouvrage de Pierre Gentelle publiĂ© chez Belin en 2003 consacrĂ© Ă  l’irrigation en milieu aride : il y revient sur les diffĂ©rents travaux et terrains menĂ©s sur ce thèmes au cours de sa carrière.
  7. Cf. http://cafe-geo.net/les-lettres-de-cassandre/ , consulté le 3 février 2014
  8. On trouvera une bibliographie plus complète réalisée par Monique Abud sur le site des Carnets du Centre Chine : http://cecmc.hypotheses.org/3494 , consulté le 11 mars 2014.

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