Phryges
Les Phryges sont les mascottes officielles des Jeux olympiques et paralympiques qui doivent se tenir en 2024 à Paris, en France.
Il s'agit de bonnets phrygiens, symbole de la Révolution et de la République française, dépeints de manière anthropomorphe. Elles sont deux, l'une représentant les Jeux olympiques et l'autre, équipée d'une lame de course, représentant les Jeux paralympiques.
Description
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Première illustration des Phryges présentée au public le . | |
Les deux personnages, de forme globalement triangulaire, sont des bonnets phrygiens représentés de façon anthropomorphe : les cache-oreilles du bonnet deviennent des bras, la pointe du bonnet est repliée vers l'avant pour former un front, tandis que des membres inférieurs, des yeux et une bouche ont été ajoutés.
Les trois couleurs du drapeau français sont omniprésentes dans le design des personnages. Ainsi, chaque mascotte est rouge à l'extérieur et bleue à l'intérieur, et présente sur sa poitrine le logo des Jeux sur un fond blanc. Les jambes de la Phryge olympique sont bleues et celles de la Phryge paralympique sont blanches. Les yeux, qui dessinent une cocarde tricolore, sont aussi constitués des couleurs bleu, blanc et rouge (respectivement l'iris, le blanc des yeux et le contour), et portent en leur coin deux fanions tricolores. La Phryge olympique porte des baskets blanches avec des lacets et des semelles tricolores, tandis que la Phryge paralympique voit sa basket gauche devenir rouge, et l'autre être remplacée par une lame de course noire.
La Phryge olympique, aux yeux malicieux et souriant de toutes ses dents, est plus petite et trapue que la Phryge paralympique, à l'attitude plus sage. Toutes deux sont non-genrées.
Elles sont déclinées dans tous les sports olympiques et paralympiques[1] ; dans certaines déclinaisons, notamment le tennis en fauteuil ou le tir à l'arc, la Phryge paralympique est représentée dans un fauteuil roulant[1] - [2].
Création
Les Phryges ont été conçues par l'agence créative W et les équipes de design de Paris 2024, dont le directeur artistique est Joachim Roncin, réputé pour avoir inventé le slogan Je suis Charlie. Elles ont été dévoilées le , le processus créatif ayant débuté deux ans auparavant. Dès le départ, les symboles classiques de la France comme le coq gaulois, la baguette, le croissant, sont rejetés. Une fois l'idée du bonnet phrygien trouvée, chaque détail est pensé. Le design 3D numérique est justifié par la mise en valeur de la texture et de la forme du bonnet, les baskets sont dessinées de façon à ne rappeler aucune marque particulière, la longueur des jambes est suffisante pour que les bras ne touchent pas le sol. Le choix de ne pas genrer les mascottes est une première qui n'a pas été facilement acceptée, les produits dérivés se vendant mieux lorsqu'ils le sont[3] - [4].
Selon le comité organisateur, les Phryges « représentent un grand symbole de liberté, d’inclusivité et la capacité du monde à soutenir de grandes causes »[5].
Réception
D'après un sondage effectué par Toluna-Harris Interactive du au , soit le jour et le lendemain de leur présentation, les mascottes semblent appréciées par 75 % des adultes et 83 % des enfants de 6 à 17 ans interrogés[6].
Ressemblance avec le clitoris
De nombreux internautes ont été enthousiastes, moqueurs voire outrés, à l'idée que les mascottes ressemblent au clitoris : la pointe du bonnet rappelle le gland clitoridien et les cache-oreilles, les corps caverneux[7] - [8] - [9]. Cette ressemblance n'avait pas échappé à leurs créateurs, sans qu'ils n'y voient un problème, mais sans qu'elle ne soit mentionnée officiellement[4]. Ce symbole qualifié de féminin et révolutionnaire est opposé à la tour Eiffel, un symbole de la France et de Paris, considéré comme phallique[9]. Les Phryges sont notamment comparées au clitoris gonflable rouge de 5 mètres de haut que le « Gang du Clito », un collectif féministe à l'origine de plusieurs campagnes de street art, a installé sur l'esplanade du Trocadéro, face à la tour Eiffel, pour la journée internationale des femmes le [10].
Une symbolique d'émancipation dépolitisée
Pour l'historienne Mathilde Larrère, ces mascottes caractérisent la perte de la charge politique du bonnet phrygien. En effet, le symbole révolutionnaire d'émancipation et de contestation citoyennes, conflictuel au XIXe siècle, s'est progressivement estompé au XXe siècle avec la peopolisation des bustes de Marianne dans les mairies, pour devenir ces peluches inoffensives, aseptisées et dépolitisées en ce début de XXIe siècle. Cependant, le fait qu'elles soient regardées comme un porte-étendard féministe en raison de leur forme clitoridienne, redonne au bonnet phrygien sa charge séditieuse, ce qui n'est pas sans réjouir leurs créateurs tout comme l'historienne[4].
Selon l'essayiste David Brunat, la symbolique révolutionnaire et républicaine de ces mascottes évoque implicitement la devise Liberté, Égalité, Fraternité et promeut le sport pour tous, plutôt que la conception élitiste que transmet Citius, Altius, Fortius (« Plus vite, plus haut, plus fort »), devise olympique jusqu'en 2021. D'autre part il remarque que le bonnet phrygien, au-delà de la Révolution, renvoie aussi à l'Antiquité romaine et aux Jeux olympiques antiques, car il coiffait les esclaves qui avait été affranchis. Il salue les designers pour leur effort de « recherche d'idéal » plutôt que « le pur enfantillage décoratif »[11].
Polémique sur le lieu de fabrication
La problématique de l'origine de la fabrication des peluches a été l'objet de nombreux commentaires car seules 20 % des 2 millions de peluches prévues seront fabriquées en France (par Doudou et Compagnie à La Guerche-de-Bretagne et Gipsy à Ifs[12] - [13]), les 80 % restants seront produits en Chine[14]. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, évoque le « un problème », souhaitant une éventuelle « relocalisation d'urgence de la production en France »[15]. Selon le président du groupe Doudou et Compagnie Alain Joly, il est impossible d'envisager une production intégralement française car « le marché de la peluche a été fortement délocalisé et les prix sont basés sur des coûts de production en Asie »[16]. La version fabriquée en France, présentée comme de meilleure qualité, sera par ailleurs vendue à un prix plus élevé de 49,90 €, contre 34,90 € pour celle produite en Chine[16].
Ressemblance avec le premier logo du RPR
Certains ont vu dans les Phryges une ressemblance avec le premier logo de l'ancien parti politique Rassemblement pour la République[17].
Notes et références
- Apolline Merle, « Paris 2024 : découvrez les "Phryges", les deux mascottes des Jeux olympiques et paralympiques », sur France Info sport, .
- Delphine Macouin, « Les « Phryges » les 2 mascottes officielles de Paris 2024 », sur ouestmedias.net, .
- Nicolas Lepeltier, « Paris 2024 : les Phryges, en forme de bonnet phrygien, seront les mascottes des Jeux olympiques et paralympiques », Le Monde, (consulté le ).
- Les bonnets décapités, Sonia Devillers (présentatrice), Robin Andraca (journaliste), dans Le dessous des images sur Arte (, 11 minutes).
- « Découvrez Phryge olympique et Phryge paralympique : l’histoire derrière les mascottes de Paris 2024 », sur Olympics.com, Comité international olympique, (consulté le ).
- « Le regard des Français et des enfants de 6 à 17 ans sur les mascottes des Jeux Olympiques et Paralympiques », sur harris-interactive.fr, Harris Interactive, (consulté le ). Échantillon de 1 058 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus pour le grand public et échantillon de 420 enfants âgés de 6 à 17 ans.
- Caroline Lemaitre, « Mascottes des JO Paris 2024 : des "clitoris" olympiques qui font bien rire Internet », L'Indépendant, (consulté le ).
- « "On est d’accord que c’est un clitoris?": les mascottes des JO 2024 déjà au centre des polémiques », La Libre Belgique, (consulté le ).
- Quentin Girard, « JO 2024 : vive les Phryges, les mascottes clitoris qui en mettent plein la vulve », Libération, .
- Angelique Chrisafis, « Paris Olympic and Paralympic Games mascots likened to ‘clitoris in trainers’ », The Guardian, .
- David Brunat, « JO 2024 : «Derrière les moqueries, les “phryges” sont le symbole de l'esprit révolutionnaire du sport» », FigaroVox, Le Figaro, .
- Mathieu Ait-Lachkar, « Dans les coulisses de la fabrique de mascottes des JO de Paris 2024 », L'Équipe, .
- Stanislas du Guerny, « Doudou et Compagnie fabrique les mascottes des JO de Paris dans une nouvelle usine », Les Échos, .
- Joanna Wadel, « JO 2024 : pourquoi la fabrication des Phryges pose problème ? », RTL, (consulté le ).
- Olivier Monod et AFP, « JO de Paris 2024 : les peluches Phryges fabriquées en Chine, « un problème » pour Christophe Béchu », Libération, (consulté le ).
- Robin Servais, « JO de Paris 2024 : les mascottes seront en grande partie produites... en Chine », Capital, (consulté le ).
- Gaël Brustier et Natacha Zimmermann, « La mascotte des JO est la même que celle du RPR, est-ce vraiment un problème ? », sur Slate, .
Voir aussi
Liens externes
- Les Phryges sur le site officiel Paris 2024.