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Philippe Jaroussky

Philippe Jaroussky, né le à Maisons-Laffitte (Yvelines, France)[1] - [2], est un contreténor français.

Philippe Jaroussky
Description de cette image, également commentée ci-après
Philippe Jaroussky, lors du Misteria Paschalia Festival, avec le Kraków Philharmonic, le 21 avril 2011.
Naissance
Maisons-Laffitte, Yvelines,
Drapeau de la France France
Activité principale Artiste lyrique
Contreténor
Style Opéra
Site internet philippejaroussky.fr/

Biographie

Philippe Jaroussky découvre sa passion pour la musique au collège à Sartrouville grâce à Gérard Bertram[3], professeur de musique, qui fait écrire et interpréter des chansons à ses élèves. À la suite de cette heureuse expérience, il commence l'étude du violon à onze ans[1]. Il obtient un premier prix au conservatoire national de région de Versailles. Il s'intéresse ensuite au piano, souhaitant trouver dans son étude les moyens de comprendre plus en profondeur la composition et la ligne musicale.

À l'âge de dix-huit ans, il assiste à un concert de musique baroque dans une église de Paris où chante le contreténor Fabrice di Falco. Troublé par cette voix, il décide de rencontrer son professeur de chant, Nicole Fallien[4], avec laquelle il travaille encore[5].

Philippe Jaroussky explique son choix concernant le développement de sa tessiture de tête grâce à son aisance et son plaisir d'interprétation dans ce registre. Il précise que la décision fut prise en accord avec son professeur de chant, révélant ainsi à quel point le travail d'une voix cherche à mettre en valeur ses particularités.

Sa carrière commence tôt, en 1999. Lors d'un stage de chant à Royaumont en septembre, il est choisi par le contreténor Gérard Lesne pour incarner Ismaele, le fils de Sedecia (chanté par Gérard Lesne) dans l'oratorio Il Sedecia, re di Gerusalemme d'Alessandro Scarlatti. Il a vingt-et-un ans et seulement trois ans de chant derrière lui[6].

Le , le producteur Philippe Maillard organise son premier récital à Paris au théâtre Grévin, où il interprète des airs de Serse et d’Ariodante de Haendel.

Il acquiert en 2001 son diplôme de chant au département de musique ancienne du conservatoire à rayonnement régional de Paris avec les félicitations du jury.

En 2002, il crée l'ensemble Artaserse, afin d'explorer en toute liberté les partitions qui l'intéressent[5]. L'ensemble était constitué à l'origine de Claire Antonini au théorbe, Nanja Breedijk à la harpe baroque, Christine Plubeau à la viole de gambe et Yoko Nakamura au clavecin et à l'orgue.

Début 2008, il publie deux albums en collaboration, l'un avec Emmanuelle Haïm et Natalie Dessay, où ils proposent une interprétation du Magnificat de Bach et du Dixit Dominus de Haendel, l'autre avec Marie-Nicole Lemieux et Jean-Christophe Spinosi, où il chante le Nisi Dominus de Vivaldi.

En , avec Opium Philippe Jaroussky reprend des mélodies françaises qu'il affectionne de Reynaldo Hahn, Cécile Chaminade, Gabriel Fauré ou encore Guillaume Lekeu. Les musiciens qui l'accompagnent sont Jérôme Ducros (piano), Renaud Capuçon (violon), Gautier Capuçon (violoncelle) et Emmanuel Pahud (flûte).

Son disque La dolce fiamma - airs de castrats oubliés, sorti le , reprend des airs composés par Jean-Chrétien Bach. Le contreténor est accompagné par Le Cercle de l'Harmonie, dirigé par le jeune chef d'orchestre Jérémie Rhorer.

Caldara in Vienna () est consacré à des airs d'Antonio Caldara écrits pour les castrats italiens du settecento.

En 2017, il crée avec son compagnon Sébastien Leroux[7] l'Académie musicale Philippe Jaroussky[8], qui a lancé son programme d’actions dans le cadre de l’ouverture de La Seine musicale. Elle a pour vocation principale d’accompagner gratuitement sur le long terme (plusieurs années) et sur différents axes (chant et pratique instrumentale) une centaine de jeunes filles et garçons, chaque saison, qui n’ont pas nécessairement les moyens financiers ou techniques de faire de la musique. En intervenant auprès de deux classes d’âge distinctes, l'académie musicale permet l’accompagnement à la formation musicale d’un jeune public de sept à douze ans (avant l’entrée au conservatoire) mais aussi pour les jeunes adultes (dix-huit à vingt-cinq ans) fraîchement diplômés qui souhaitent bénéficier d’un accompagnement pour s’insérer professionnellement dans le domaine de la musique classique. L'académie musicale, en complément du travail primordial des conservatoires, souhaite donc mettre en œuvre, en partenariat avec les acteurs territoriaux, des moyens supplémentaires pour donner à ces jeunes l’accès à la culture à travers la pratique instrumentale, la pratique du chant et ce pour les accompagner dans leur insertion sociale et/ou professionnelle.

Le 25 juin 2022, au Groupama Stadium de Lyon, Philippe Jaroussky chante College Boy en duo avec Nicola Sirkis du groupe Indochine, une chanson engagée contre le harcèlement scolaire, sexuel et moral.

Distinctions

Victoires de la musique classique (France) :

  • 2004 : « Révélation artiste lyrique » ;
  • 2005 : nommé dans la catégorie « Artiste de l'année » ;
  • 2007 : « Artiste lyrique de l'année » ;
  • 2008 : le , jour de son trentième anniversaire, il remporte la victoire du « meilleur enregistrement de l'année » ;
  • 2009 : « Grand Prix Charles Cros » ;
  • 2010 : « Artiste lyrique de l'année ».
  • 2020 : Victoire d'honneur[9]

Echo-Klassik Musikpreis (Allemagne)

  • 2008 : chanteur de l'année
  • 2016 : chanteur de l'année pour son album Green

Ordre des Arts et Lettres (France)

  • 2009 : le , le contreténor reçoit l'insigne de chevalier, de la ministre de la Culture Christine Albanel, dans le cadre du Midem à Cannes[10].
  • 2019 : le , le contreténor reçoit l'insigne d'officier, du ministre de la Culture Franck Riester, dans le cadre de l'inauguration de sa statue au musée Grévin.

Anecdotes

  • Son nom de famille vient en fait d'une petite confusion... Fuyant la révolution russe, son arrière-grand-père arriva à la frontière française, où on lui demanda son nom. Ce à quoi il répondit : « ya - russky » (ce qui signifie « Je suis russe »). Ce nom est resté[11].
  • En voix de poitrine, il est baryton. Selon son propre aveu : « J'ai une voix de baryton très commune sans graves et sans aigus[12] ! » Même s'il se sent moins à l'aise dans cette tessiture, Philippe Jaroussky interprète parfois sur scène certains passages en voix de poitrine, comme Sombrero de Cécile Chaminade, ou Ohimè ch'io cado de Claudio Monteverdi avec L'Arpeggiata. Il joue alors de son agilité pour passer de sa voix de tête à sa voix de poitrine pour produire un effet comique (il se risque à ce genre d'effet plutôt lors des rappels, en fin de récitals).
  • L'astéroïde de la ceinture principale (332183) Jaroussky lui a été dédié[13].

Témoignages et citations

  • « La voix d’Henri Ledroit m’a beaucoup marqué à mes débuts, elle est dotée selon moi d’une très grande capacité d’émotion. J’ai également subi l’influence d’un Gérard Lesne ou d’un James Bowman. J’admire énormément le travail de David Daniels qui a contribué à élargir le répertoire de contreténor, à l’opéra notamment[14]. »
  • « Le timbre du contreténor n'est que la voix la plus aiguë dont un homme est capable. L’émission vocale passe par la tête et non par la poitrine. C’est ce qui la différencie de celle de ténor ou de basse. Son ambiguïté naît de ce qu’elle ne se situe pas entre la voix d’homme et de femme, mais entre celle d’homme et d’enfant[15]. »
  • « On parle de haute-contre pour la musique baroque française : Lully, Rameau… La voix de haute contre, proche du registre très haut du fausset, s’apparente à une voix de ténor léger, aux aigus puissants. En revanche, un contreténor peut chanter Bach, Vivaldi, ou Purcell[15]. »
  • « J'ai rencontré à l'âge de dix huit ans Nicole Fallien, qui est toujours mon professeur, et l'apprentissage du chant fut pour moi une libération. Mes parents n'étant pas musiciens, ce n'est qu'au collège qu'on m'a conseillé d'apprendre la musique. Évidemment, j'avais onze ans, j'adorais le violon, mais je l'ai commencé malheureusement un peu tard. J'ai débuté le piano à quinze ans, avec l'idée de me diriger vers des études plus théoriques (écriture, direction d'orchestre). Ce qui m'a beaucoup plu dans le chant, c'est d'abord le fait que j'avais une facilité naturelle certaine, et que je me suis senti très jeune, ce qui n'était pas le cas avec les instruments. C'est devenu assez logique, très vite : au bout d'un an d'étude, j'ai senti que je ferai du chant. Je suis entré au CNR de Paris, dans le département de musique ancienne, où je suis resté quatre ans, et où je me suis de plus en plus passionné pour ce répertoire. Le chant pour moi, c'est une chance : ce que je voulais, c'était interpréter, et cela, je le sens profondément[12]. »
  • « Si je n'avais pas été musicien, j'aurais adoré être peintre[12]. »

Discographie

CD

DVD

Ouvrages

  • Saverio Tomasella, Le Chant des songes, Aix-en-Provence, Persée, : ce roman historique sur le castrat italien Gioacchino Conti, dit Gizziello, est dédié à Philippe Jaroussky.
  • Frédéric Wagner, C'est l'ange qui poignarde : Scènes de la vie gay, L'Harmattan, : le roman est dédié à Philippe Jaroussky. Il y fait même plusieurs apparitions, sous les traits de Daniel D., un jeune contreténor surdoué et terriblement séduisant.
  • Christel Bosquart, Doux Piège, Paris-Bruxelles, Champs-Élysées Deauville, (ISBN 9782379390647) : Philippe Jaroussky inspire l'un des trois personnages principaux du roman. Un contreténor y est passionnément aimé par une femme et par le mari de celle-ci. Le livre fait référence au répertoire de Philippe Jaroussky et liste en fin d'ouvrage les différents arias chantés par le personnage principal.
  • (es) María Condor, La grandeza : Teatro, poesía y política en la España del Siglo de Oro, Madrid, Compañía Nacional de Teatro Clásico, (ISBN 9788490414118) : ce livre est dédié à Philippe Jaroussky. Le dernier chapitre, sur les commencements de la musique scénique en Espagne, traite en profondeur du plus ancien opéra conservé du XVIIe siècle espagnol, Celos aun del aire matan (es) (1660, livret de Pedro Calderón de la Barca et musique de Juan Hidalgo de Polanco), dans lequel Jaroussky a chanté le rôle de la furie Alecto (Théâtre royal de Madrid, 2000).

Notes et références

  1. Philippe Jaroussky, Par Bertrand Dermoncourt, L'Express, publié le 06/05/2009
  2. « Philippe Jaroussky - Vue globale - Ôlyrix », sur Olyrix.com (consulté le )
  3. « Yvelines. Gérard Bertram, ancien professeur de musique à Sartrouville, a sorti un album », sur actu.fr (consulté le )
  4. Bertrand Dermoncourt, « Philippe Jaroussky : "Je cherche la magie originelle du baroque" », sur lexpress.fr, (consulté le )
  5. Philippe Jaroussky, propos recueillis par Bertrand Bolognesi, Anaclase, 13 février 2004.
  6. Philippe Jaroussky, propos recueillis par Noël Godts, Ramifications, 5 février 2004
  7. Matthieu Chenal, « La rencontre – Philippe Jaroussky envisage avec lucidité le tournant de sa carrière musicale » Accès payant, sur 24 heures, (consulté le )
  8. « Accueil - Académie Musicale Philippe Jaroussky », sur Académie Musicale Philippe Jaroussky, (consulté le ).
  9. « Les Victoires de la musique classique 2020" : Le palmarès »,
  10. Marc Zisman, « Jaroussky et Donovan sont dans un bateau... », sur QOBUZ, .
  11. « Контратенор Филипп Жарусский : : DE I », sur desillusionist.com (consulté le ).
  12. Philippe Jaroussky, Propos recueillis par Bernard Schreuders, Forum Opéra, 13 octobre 2002
  13. « 332183 Jaroussky (2006 BE186) », sur ssd.jpl.nasa.gov, (consulté le )
  14. Philippe Jaroussky, Propos recueillis par Étienne Billault pour Evene.fr - mai 2007.
  15. Philippe Jaroussky, Interviews & Portraits, par Olivier Olgan, 20 novembre 2007, webthea.com.
  16. franceinfo, « Opéra : Philippe Jaroussky veut "garder son âme d'enfant" », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  17. Lors de sa sortie ce disque a été distingué d'un « 10 » dans le magazine Répertoire no 152 ; de « 5 clés » dans Diapason no 486 et d'un 4 dans Classica no 37.

Liens externes

  • « Académie Musicale Philippe Jaroussky », sur academiejaroussky.org/ (consulté le )
  • Philippe Jaroussky et Vincent Agrech, Seule compte la musique, Papiers Musique, coll. « Via Appia »,  30/11/2019 (ISBN 9782379070426), p. 178
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