Oseltamivir
Lâoseltamivir (Belgique et Suisse) ou osĂ©ltamivir (France) est un mĂ©dicament antiviral, dĂ©livrĂ© oralement, utilisĂ© pour le traitement, la prĂ©vention des grippes A et B. Il est distribuĂ© sous la marque Tamiflu. Selon une Ă©tude publiĂ©e en 2015, ce mĂ©dicament rĂ©duit aussi les risques de complication[2]. Il est produit Ă partir d'acide shikimique, un inhibiteur de la neuraminidase, l'enzyme prĂ©sente en surface du virus qui attaque les parois des cellules Ă contaminer.
Oseltamivir | |
Identification | |
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Nom UICPA | (3R,4R,5S)- 4-acétylamino-5-amino-3-(1-éthylpropoxy)- 1-cyclohexÚne-1-carboxylate d'éthyle |
No CAS | |
Code ATC | J05 |
PubChem | 65028 |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule | C16H28N2O4 [IsomĂšres] |
Masse molaire[1] | 312,404 5 ± 0,016 4 g/mol C 61,51 %, H 9,03 %, N 8,97 %, O 20,49 %, |
Données pharmacocinétiques | |
Biodisponibilité | 75 % |
MĂ©tabolisme | HĂ©patique |
Excrétion | |
Considérations thérapeutiques | |
Classe thérapeutique | Antiviral antigrippal |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Production
Il a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© un peu avant 1996 par Gilead Sciences qui possĂšde le brevet et vend la molĂ©cule (pour cinquante millions de dollars et 10 % du chiffre dâaffaires) au groupe suisse Hoffman La Roche qui possĂšde la licence exclusive sous la marque commerciale Tamiflu. Depuis , la sociĂ©tĂ© Gilead dĂ©nonce le contrat qui le lie au laboratoire Roche, accusant cette derniĂšre de sous-estimer ses royalties.
Le processus de fabrication Ă©tait trĂšs long, de lâordre dâune annĂ©e en 2006[3]. Or, de trĂšs nombreux pays qui cherchent Ă se constituer des stocks importants ont passĂ© commande dĂšs le premier semestre 2005. En , Roche annonce pouvoir produire plus de quatre cents millions de traitements par an[4], soit beaucoup plus que les commandes effectives des gouvernements.
Selon une étude publiée en 2015, un nouveau procédé de fabrication, plus rapide et plus efficient, a été mis au point, à partir de la molécule D-glucose[5].
En France
Dans le cadre du plan de lutte contre une éventuelle pandémie grippale, la France constitue des stocks sur son territoire et met en place, en lien avec le service de santé des armées, une capacité de production d'antiviraux sous forme de comprimés, à partir du principe actif oseltamivir qu'elle achÚte en vrac aux laboratoires Roche[6].
Aspect et caractéristiques
- Forme : poudre de phosphate dâoseltamivir (en gros), conditionnĂ© en formes buvables ou gĂ©lules (de 30 mg, 45 mg et 75 mg)
- Apparence : solide cristallin blanc
- DĂ©livrĂ© Ă la France en vrac et en grandes quantitĂ©s sous forme de poudre (Ă conditionner en gĂ©lules ou Ă diluer dans de lâeau)
Origine
Autour de 2005, il a été révélé que le phosphate d'oseltamivir était produit à partir de l'acide shikimique contenu dans la badiane chinoise (Illicium verum)[7], aussi appelée anis étoilé et cultivée dans le sud de la Chine entre le Yunnan et la frontiÚre vietnamienne. Cet acide qui ne présente aucune activité anti-virale subit de multiples transformations avant de devenir le phosphate d'oseltamivir[8], molécule active du Tamiflu.
à présent, l'oseltamivir est également obtenu à partir d'autres procédés :
- la biofermentation de la bactérie Escherichia coli[9] ;
- la synthĂšse chimique[10].
D'autres plantes comme le liquidambar ou le ginkgo sont des sources potentielles d'acide shikimique .
Utilisation
Phosphate dâoseltamivir (ou dâosĂ©ltamivir) | |
Informations générales | |
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Princeps |
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Classe | Antiviral |
Identification | |
DCI | 7793 |
No CAS | |
Code ATC | J05AH02 |
DrugBank | 00198 |
Il est rĂ©putĂ© efficace en ingestion orale contre la grippe de type A et B, contre le(s) nouveau(x) A-H5N1 TP ou HP (bien quâun nouveau variant rĂ©sistant soit dĂ©jĂ apparu au ViĂȘt Nam en 2005), et quâen laboratoire, des rĂ©sistances sont apparues dĂšs le test du mĂ©dicament.
Il est depuis peu autorisĂ© ou recommandĂ© chez les enfants (pas avant lâĂąge de 1 an) par le fabricant. Il peut donner des effets secondaires comme : maux de tĂȘte, douleurs abdominales, diarrhĂ©es ou encore des hallucinations.
Il a dâabord Ă©tĂ© recommandĂ© en curatif ou en prĂ©ventif, puis Ă partir de lâautomne 2005, les autoritĂ©s sanitaires et le fabricant ont insistĂ© sur le fait que le Tamiflu ne devait ĂȘtre pris prĂ©ventivement que sous surveillance mĂ©dicale car un usage exagĂ©rĂ© ou anarchique pourrait permettre au virus de dĂ©velopper une rĂ©sistance au mĂ©dicament[11].
Principes d'action
Lâoseltamivir est un prĂ©curseur, en gĂ©nĂ©ral administrĂ© sous forme de phosphate dâoseltamivir. Au niveau hĂ©patique, il est converti in vivo en son mĂ©tabolite actif, le GS4071 avec un bon taux de conversion et une bonne diffusion dans lâorganisme. Le produit une fois ingĂ©rĂ© et passĂ© au travers de la barriĂšre intestinale, 75 % au moins de la dose orale sont transformĂ©s dans lâorganisme par des enzymes essentiellement hĂ©patiques (estĂ©rases) en carboxylate dâoseltamivir (le principe actif).
La molĂ©cule ne semble guĂšre ĂȘtre dĂ©gradĂ©e par la suite et peut se retrouver intacte dans les eaux usĂ©es ce qui comporte un risque thĂ©orique de provoquer des rĂ©sistances Ă cette derniĂšre[12]. Une Ă©tude suĂ©doise de 2011 souligne de nouveau le risque d'apparition de virus rĂ©sistants Ă l'Oseltamivir par le biais de canards Ă©voluant dans des eaux polluĂ©es avec cette substance[13].
Comme le zanamivir, lâoseltamivir agit comme inhibiteur analogue des Ă©tats de transition de lâantigĂšne de neuraminidase prĂ©sente Ă la surface du virus. Autrement dit, il bloque les fonctions de la neuraminidase, lâenzyme de surface des virus A et B de la grippe, qui dĂ©tache des glycoconjuguĂ©s les rĂ©sidus acide N-acĂ©tyl neuraminique (= acide sialique). Cette hydrolyse dont la fonction est peut-ĂȘtre incomplĂštement comprise, est une Ă©tape nĂ©cessaire Ă la diffusion de lâinfection virale.
Efficacité
Selon Jean Thierry Aubin du centre national de la grippe Ă lâInstitut Pasteur : « En traitement prĂ©ventif, en pĂ©riode de circulation du virus, il permet de ne faire quâune grippe bĂ©nigne. En traitement curatif, il est efficace Ă la condition dâĂȘtre administrĂ© dans les 24 Ă 48 heures aprĂšs les premiers symptĂŽmes, et idĂ©alement dans les toutes premiĂšres heures, car il bloque alors mieux la rĂ©plication du virus », mais son efficacitĂ© contre la grippe commune reste modĂ©rĂ©e avec une diminution des symptĂŽmes et de la durĂ©e de la maladie dans moins de la moitiĂ© des cas.
Son utilisation dans les cas de grippe aviaire a Ă©tĂ© proposĂ©e, mais il nâa pu Ă©viter un certain nombre de dĂ©cĂšs et avec des preuves d'efficacitĂ© considĂ©rĂ©es comme faibles[14] d'autant que les donnĂ©es de huit Ă©tudes sur les dix attestant du bien-fondĂ© de sa prescription ne sont toujours pas publiĂ©es en 2012, ce qui est un sujet de polĂ©mique, relayĂ© par le journal British Medical Journal[15] - [16].
En 2008, le taux de résistance du virus grippal atteignait prÚs de 10 % et semblait en forte croissance pour la grippe saisonniÚre dans certaines régions.
On manque de recul, mais sur la base du modÚle animal, on estime généralement que dans la grippe habituelle, le Tamiflu réduit de 24 h la durée des symptÎmes, et de 30 à 70 % le taux de complications (otites, sinusites, pneumonies).
- En prĂ©vention, lâefficacitĂ© serait de 60 Ă 85 % sâil est administrĂ© dans les 48 h, mais les chiffres varient (ex. : les complications sont rĂ©duites de 50 Ă 60 % si lâoseltamivir est pris dans les 48 h aprĂšs les premiers symptĂŽmes, selon le Dr Guy Boivin, chercheur au Centre hospitalier de lâUniversitĂ© Laval, Ă QuĂ©bec).
- En curatif, il permettrait de réduire de 30 % la mortalité chez les malades.
On sait que des personnes en contact avec la maladie qui ont pris le mĂ©dicament dans les 48 heures nâont pas dĂ©veloppĂ© les symptĂŽmes, mais cela restera-t-il vrai si le virus change en sâhumanisant (on connaĂźt dĂ©jĂ un premier variant H5N1 HP rĂ©sistant Ă lâoseltamivir dĂ©couvert au ViĂȘt Nam).
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le Tamiflu aurait des effets sur le virus de grippe H1N1 apparu au Mexique en [17] - [18] mais il est trop tÎt pour évaluer avec précision son efficacité.
Les auteurs d'une étude publiée le par le British Medical Journal appellent le département de la santé britannique à reconsidérer de façon urgente leur politique dans le cadre de la pandémie du nouveau virus A (H1N1). En effet, les effets néfastes d'une prescription systématique comme les vomissements chez certains enfants pouvant conduire à une déshydratation et d'autres complications, l'emportent sur les bienfaits d'une réduction d'un jour et demi de la durée des symptÎmes. L'étude repose sur l'analyse de données disponibles issues d'essais comparatifs des inhibiteurs de la neuraminidase chez les enfants.
Stratégie de distribution en cas de pandémie
Elle vise Ă protĂ©ger en premier lieu tous ceux qui seraient mobilisĂ©s pour faire face Ă une Ă©ventuelle pandĂ©mie, soit le personnel hospitalier, les pompiers, les forces de sĂ©curitĂ©, etc. Le traitement prĂ©ventif est rĂ©alisĂ© Ă raison dâun comprimĂ© par jour durant toute la pĂ©riode de circulation du virus.
Pour le reste de la population, la distribution de capsules pourrait se faire seulement en traitement curatif, car de toute façon selon lâInstitut Pasteur, « lâorganisme a la possibilitĂ© de fabriquer des anticorps dans un dĂ©lai de quinze jours, permettant ainsi Ă la personne dâĂȘtre immunisĂ©e par la suite naturellement » en attendant la mise au point dâun futur vaccin, spĂ©cifiquement efficace contre le virus H5 N1. Dâautre part, lâAFSSA (Agence française) recommande de se faire vacciner contre la grippe commune ce qui protĂšge en moyenne 60 Ă 70 % des individus[19] et leur permet dâĂ©chapper aux symptĂŽmes de la grippe classique, permettant ainsi en cas dâĂ©pidĂ©mie de repĂ©rer plus vite les symptĂŽmes de la grippe aviaire et de donner plus rapidement aux malades un antiviral efficace.
Usage vétérinaire
Il est utilisĂ© pour lâanimal contre la grippe, mais semble aussi ĂȘtre actif contre le parvovirus canin, la panleucopĂ©nie fĂ©line et le complexe respiratoire canin connu sous le nom de la toux de chenil. Des Ă©tudes vĂ©tĂ©rinaires[20] Ă ce sujet sont en cours, mais de nombreux cliniciens vĂ©tĂ©rinaires ont rapportĂ© de grands succĂšs lors de son emploi dans les premiĂšres phases de ces maladies.
Effets secondaires
Selon le fabricant, des maux de tĂȘte, nausĂ©es, vomissements, diarrhĂ©es, douleurs abdominales ou encore des hallucinations peuvent survenir chez certains patients.
Il est Ă souligner que Tamiflu est contre-indiquĂ© en cas d'allergie Ă l'oseltamivir, ou en cas de problĂšmes rĂ©naux. Aucun effet dĂ©lĂ©tĂšre chez le fĆtus ou le nouveau-nĂ© de la femme allaitante n'a Ă©tĂ© retrouvĂ©[21].
Soupçons sur des effets secondaires psychiatriques potentiellement mortels
Des soupçons pĂšsent sur la sĂ»retĂ© de ce produit, accusĂ© dâavoir des effets secondaires psychiatriques potentiellement mortels.
De 2004 Ă 2007, quinze adolescents japonais ont eu un comportement suicidaire pendant le traitement, notamment par dĂ©fenestration[22]. MĂȘme en lâabsence de preuve directe de la responsabilitĂ© de lâoseltamivir dans ces accidents, le gouvernement japonais a recommandĂ© en 2007 de ne pas prescrire cette molĂ©cule chez les enfants et adolescents[23].
La FDA a signalé en 2005 des effets indésirables neuropsychiatriques chez des enfants et adolescents : délires, hallucinations, convulsions et troubles du comportement.
En 2006, 103 notifications ont Ă©tĂ© signalĂ©es, dont trois dĂ©cĂšs[22], de mĂȘme en 2007 pour la revue BMJ[24].
Chez lâanimal, contre le H5N1
LâefficacitĂ© de lâoseltamivir a Ă©tĂ© testĂ©e, par exemple sous lâautoritĂ© du Dr Anthony FAUCI, chef de lâinstitut national de lâallergie et des maladies infectieuses, aux Ătats-Unis par lâĂ©quipe du St. Jude Childrenâs Research Hospital de Memphis, Tennessee, Ătats-Unis.
- On a infectĂ© 80 souris, dont une partie a Ă©tĂ© traitĂ©e avec de lâoseltamivir.
- Aucune des souris traitĂ©es avec un placebo et exposĂ©es au H5N1 du ViĂȘt Nam nâa survĂ©cu.
- Cinq parmi 10 souris traitĂ©es avec la dose quotidienne la plus Ă©levĂ©e dâoseltamivir durant cinq jours ont survĂ©cu.
- 8 sur 10 ayant reçu un traitement durant 8 jours ont survécu.
- Les chercheurs notent au passage que le variant 2005 du H5N1 vietnamien est « beaucoup plus virulent » que le variant connu de 1997 qui avait tué six personnes à Hong Kong[25].
RĂ©sistance virale
En 2004, on pensait que les rĂ©sistances acquises par des virus aux antiviraux Ă©taient rares parmi les souches grippales circulantes, mais sur la base d'Ă©tudes datant de 10 ans. Roche, le fabricant de lâoseltamivir nâa pas cachĂ© ce risque et a fait savoir â depuis au moins â quâen prĂ©sence de la molĂ©cule active du Tamiflu (le carboxylate dâoseltamivir), des variants mutants du virus de lâInfluenza A sont apparus lors des expĂ©rimentations du mĂ©dicament. La rĂ©sistance semble liĂ©e Ă des changements molĂ©culaires des acides aminĂ©s au sein de la neuraminidase ou de lâhĂ©magglutinine ou de ces deux glyco-protĂ©ines Ă la fois.
- Plusieurs mécanismes de résistance au virus étaient déjà identifiés par le fabricant chez des patients atteints de grippe A :
- Chez 1,3 % de 301 patients adultes et adolescents et chez 8,6 % de 105 patients de 1 à 12 ans ont été trouvés des types de neuraminidases moins sensibles au principe actif in vitro. Ces résistances sont briÚvement décrites dans un document de par le fabricant ; pour la grippe « humaine » mais aussi pour un virus réassorti aviaire-humain (H1N9) ;
- Le fabricant estime alors ne pas disposer dâinformations suffisantes pour caractĂ©riser le risque dâapparition de rĂ©sistance (et de rĂ©sistances croisĂ©es) des virus au mĂ©dicament en utilisation clinique.
Des rĂ©sistances croisĂ©es ont aussi Ă©tĂ© observĂ©es in vitro entre des virus Influenza mutants devenus rĂ©sistants au zanamivir et avec dâautres devenus rĂ©sistants Ă lâoseltamivir ; 3 cas observĂ©s Ă lâĂ©poque de la rĂ©daction du document ().
Le myxovirus de type B, plus rare que sa forme A, comporte également des variants résistants (moins de 2 %) mais qui sont transmissibles[26].
La proportion de souches rĂ©sistantes tend Ă augmenter fortement, passant de 1 % Ă 14 % en 2007[27]. Des souches du virus grippal saisonnier rĂ©sistantes au Tamiflu ont Ă©tĂ© trouvĂ©es lâhiver 2007-2008 en Scandinavie, puis au QuĂ©bec. Le laboratoire de Guy Boivin[28] a dĂ©tectĂ© en sur 25 souches testĂ©es deux souches rĂ©sistantes au Tamiflu (soit un taux de rĂ©sistance de 10 %). Ce taux est de 40 % et de 20 % dans lâensemble de lâEurope.
RĂ©sistance au H5N1
Le H5N1 est le variant, dit aviaire, du virus grippal. Il est beaucoup plus pathogÚne que la grippe saisonniÚre, et il attaque parfois tous les organes et non seulement les poumons, avec une mortalité de trÚs loin supérieure.
Il semble que lâefficacitĂ© de lâoseltamivir soit trĂšs limitĂ©e si le mĂ©dicament est pris tardivement, et quâelle puisse ĂȘtre amĂ©liorĂ©e par une augmentation des doses et/ou de la durĂ©e du traitement, mais les retours dâexpĂ©rience en 2005-2006 ne sont pas encore clairs.
En 2004, une mutation de la neuraminidase Ă©tait constatĂ©e confĂ©rant une rĂ©sistance du virus grippal Ă l'oseltamivir. Ce type de mutation semble toutefois plus rare que celles qui confĂšrent une rĂ©sistance du virus Ă d'autres antiviraux tels que l'amantadine ou la rimantadine[29]. DĂ©but , une Ă©tude[30] confirme quâen chez une Vietnamienne de 14 ans infectĂ©e par le virus H5N1, un variant du virus rĂ©sistant Ă lâoseltamivir a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©.
Ce virus mutant a Ă©tĂ© clonĂ©. Il a servi Ă infecter expĂ©rimentalement des volailles pour Ă©tudier chez elles la sensibilitĂ© de ce nouveau variant du virus aux antiviraux. Heureusement, dans ce cas, la souche rĂ©sistante Ă lâoseltamivir est restĂ©e sensible Ă lâautre antiviral de la mĂȘme famille, le zanamivir (Relenza), mais dans le passĂ©, des rĂ©sistances croisĂ©es Ă plusieurs mĂ©dicaments ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© observĂ©es chez des virus infectant lâhomme. Dâautres Ă©tudes ont confirmĂ© la prĂ©sence de souches rĂ©sistantes Ă lâoseltamivir[31].
De nombreux experts, dont Yi Guan et Kawaoka estiment que la plupart des variants du virus A H5N1HP restent toujours sensibles Ă lâoseltamivir, mais une utilisation Ă mauvais escient dâantiviraux pourrait faciliter lâapparition rapide de souches rĂ©sistantes (comme les antibiotiques avec les bactĂ©ries).
En 2005, lâessentiel de la stratĂ©gie mĂ©dicamenteuse repose sur le stockage de grandes quantitĂ©s dâoseltamivir. Elle pourrait ĂȘtre insuffisante. Les experts conseillent donc dâaussi stocker du Relenza et surtout de suivre de trĂšs prĂšs les Ă©volutions du virus au fur et Ă mesure de sa propagation dans lâespace et dans le temps.
Les résistances obligeraient à augmenter les doses et/ou à changer de molécules ou de passer par une bi ou trithérapie qui finissent aussi parfois aussi par échouer (ex : résistances apparaissant pour le VIH/SIDA).
Selon un communiquĂ© de Roche du , lâincidence de la rĂ©sistance dĂ©tectĂ©e chez des patients traitĂ©s reste stable avec 0,32 % des adultes concernĂ©s et 4,1 % des enfants et aucun nouveau cas de rĂ©sistance du H5N1 nâa Ă©tĂ© repĂ©rĂ©. Roche surveille lâapparition dâĂ©ventuelles rĂ©sistances avec le rĂ©seau Neuraminidase Inhibitor Susceptibility Network (NISN).
: lâOMS signale une mutation gĂ©nĂ©tique du H5N1 dĂ©tectĂ©e en Ăgypte le rendant moins sensible Ă lâoseltamivir, trouvĂ©e chez deux malades Ă©gyptiens morts du H5N1 : une jeune fille de 16 ans et son oncle ĂągĂ© de 26 ans. LâOMS ne modifie pas ses recommandations de sur le traitement du virus H5N1.
Selon lâInVS (Bulletin Hebdomadaire International ), la sensibilitĂ© in vitro du virus A/H5N1 Ă lâoseltamivir semble avoir diminuĂ© dâun facteur 5 Ă 30 entre 2004 et 2005[32].
En , J. McKimm-Breschkin a alertĂ© la communautĂ© scientifique sur la rĂ©sistance de certains variants du H5N1 Ă lâoseltamivir (souches isolĂ©es en Asie du Sud-Est[33]), ce qui a incitĂ© lâInVS Ă faire un point pour les souches isolĂ©es en 2007. Ce bilan montre que la rapiditĂ© de la prise en charge mĂ©dicale est importante (elle pourrait expliquer la diffĂ©rence de mortalitĂ© constatĂ©e entre lâIndonĂ©sie et lâĂgypte (oĂč la prise en charge est plus rapide)[34].
RĂ©sistance au H1N1
L'oseltamivir a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ© contre la grippe pandĂ©mique (H1N1) de 2009[35]. Rien qu'aux Ătats-Unis, d' Ă , 8,2 millions d'ordonnances ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©es contre le H1N1 (antiviraux inhibiteurs de neuraminidase. Ils ont selon une Ă©tude amĂ©ricaine Ă©vitĂ© lors de la saison grippale 2009-2010 de 8 400 Ă 12 600 hospitalisations (60 % de ces hospitalisations Ă©vitĂ©es l'ont Ă©tĂ© pour des adultes de 18-64 ans et le reste presque Ă parts Ă©gales pour les enfants de 0-17 ans et les adultes de plus de 65 ans)). Des recommandations[36] cherchent Ă limiter ce risque, mais des effets adverses de traitements en masse existent[37], et l'apparition de souches rĂ©sistantes est toujours Ă craindre.
Selon les statistiques disponibles, au , 285 cas de rĂ©sistance du H1N1 avaient Ă©tĂ© signalĂ©s dans le monde, dont 45 au Royaume-Uni oĂč une Ă©tude cas-tĂ©moins a Ă©tĂ© conduite avec des malades hospitalisĂ©s (en Angleterre ou en Ăcosse du au [35]). Sur vingt-huit cas-patients avec des informations disponibles, vingt et un (75 %) Ă©taient immunodĂ©primĂ©s ; trente et un des trentre-trois cas-patients (94 %) ont reçu des mĂ©dicaments antiviraux, avant qu'on ait fourni un Ă©chantillon de virus. L'Ă©tude a montrĂ© que les immunodĂ©primĂ©s ont un risque plus Ă©levĂ© de complications respiratoires. Une pression mĂ©dicamenteuse sĂ©lective explique probablement le dĂ©veloppement de la rĂ©sistance Ă l'oseltamivir, notamment chez les malades immunodĂ©primĂ©s. Les auteurs recommandent donc un suivi de la rĂ©sistance aux antiviraux dans ce groupe[35]. D'autres recommandent aussi un meilleur ciblage de la vaccination vers les groupes Ă risque[38].
StratĂ©gies dâutilisation de lâOseltamivir (et des antigrippaux)
Proposition d'un fonds commun dâantiviraux
Les antiviraux sont trĂšs peu disponibles pour les pays pauvres ou le sont en quantitĂ© insuffisante. LâOMS et le groupe Roche ont dĂšs lâĂ©tĂ© 2005 Ă©mis lâidĂ©e d'un stock dâun million de doses dâantigrippal oseltamivir (il en faudrait trois, rien que pour lâAsie du Sud-est). Roche sâest engagĂ© Ă tenir le stock Ă disposition de lâOMS pendant cinq ans. LâOMS Ă©tait aussi en 2005 en discussion avec un autre groupe pour obtenir dâautres mĂ©dicaments antiviraux. Le , la France a proposĂ© Ă lâUnion EuropĂ©enne que chaque Ătat-Membre mette au pot commun 1 Ă 3 % de ses stocks dâantiviraux, sans parler encore dâun lieu de stockage et du conditionnement ou des modes dâattribution. Ă cette date, il y a 130 millions de traitements dâoseltamivir pour environ 2 % de la population mondiale (6,5 milliards de personnes). On en espĂšre trois cents millions pour .
Ăvaluation du stock nĂ©cessaire
LâOMS recommande un stock pour au moins 25 % de la population (pour une vague grippale, mais souvent il y en a deux, voire trois). Il sâagit surtout de freiner et limiter la pandĂ©mie en attendant le vaccin qui ne pourra ĂȘtre produit en moins de six mois.
- Exemple : la Suisse pouvait en traiter deux millions de personnes.
- Elle justifie quâil nâest pas utile dâacheter plus ou trop dâoseltamivir par le fait quâ« il nây a jamais eu dâĂ©pidĂ©mie de grippe ayant touchĂ© 1â4 de la population ».
On lit souvent que la grippe espagnole sâĂ©tait approchĂ©e dâun taux de 25 % de malades (quarante Ă cinquante millions de morts en 1918-1919 selon lâOMS). Mais en rĂ©alitĂ© ce chiffre est une moyenne qui ne doit pas cacher que certaines populations et/ou certains lieux ont Ă©tĂ© touchĂ©s Ă 100 %, et dâautres ont Ă©tĂ© quasi-Ă©pargnĂ©s. De plus, chaque pandĂ©mie se fait gĂ©nĂ©ralement en deux ou trois vagues, pour chacune desquelles on aimerait disposer dâun stock dâantiviraux si le vaccin nâest pas disponible ou si le virus a mutĂ© entre deux vagues.
La France possÚde ainsi un stock pour plus de 50 % de sa population. Le ministre français de la santé a en effet indiqué en , que le pays détenait suffisamment de médicaments antiviraux (dont Tamiflu) pour traiter trente-trois millions de malades.
Risques de « surprescription »
Des souches virales de H5N1 plus ou moins rĂ©sistantes au Tamiflu sont dĂ©jĂ apparues en Asie. En 2007, des chercheurs[39] suĂ©dois ont suggĂ©rĂ© de ne pas trop prescrire de Tamiflu, car un pourcentage significatif des molĂ©cules dâoseltamivir Ă©liminĂ©es via lâurine ou les excrĂ©ments dans les rĂ©seaux dâassainissement nâest pas â dâaprĂšs leurs tests â dĂ©gradĂ© lors du traitement des eaux usĂ©es par les stations dâĂ©puration. Dans certains pays, dont le Japon, oĂč le Tamiflu est trĂšs utilisĂ©, les taux susceptibles dâĂȘtre prĂ©sents dans les Ă©gouts et eaux des milieux naturels ne sont plus nĂ©gligeables selon les chercheurs.
Il y a un risque que les virus grippaux excrĂ©tĂ©s par des animaux ou des humains grippĂ©s, et Ă©liminĂ©s dans les eaux de surface en aval des stations dâĂ©puration, en contact avec le Tamiflu puissent contribuer au dĂ©veloppement de rĂ©sistances Ă lâoseltamivir. Roche estime de son cĂŽtĂ© quâune telle rĂ©sistance est improbable, mais des Ă©tudes[40] rĂ©centes ou en cours montrent que les hormones ou certains polluants perdus par les stations dâĂ©puration ont un impact trĂšs significatif en aval de leurs Ă©missaires.
En cas dâapparition de souches rĂ©sistantes, outre que des cas difficiles de grippe saisonniĂšre pourraient ĂȘtre plus difficiles Ă soigner, le risque serait quâune pandĂ©mie puisse ne pas pouvoir ĂȘtre jugulĂ©e par le Tamiflu, si la souche en cause Ă©tait rĂ©sistante et le virus trĂšs contagieux (en , les cas humains de H5N1 repĂ©rĂ©s restent rares, mais ce sont presque tous des jeunes, et 201 malades sur 239 en sont morts, malgrĂ© le traitement au Tamiflu dans la plupart des cas).
Questions Ă©thiques
- Comment dĂ©terminer Ă lâavance et en en dĂ©battant avec la sociĂ©tĂ© civile Ă qui sera attribuĂ© lâoseltamivir (ou dâautres antiviraux) disponible si une pandĂ©mie advenait, et dans quelle mesure il pourrait ĂȘtre utilisĂ© en prĂ©ventif. Il est aussi utilisĂ© pour des animaux (chiens aux Ătats-Unis).
- Faut-il le rĂ©server Ă lâhomme ?
- Quelle est lâinfluence de Donald Rumsfeld (actionnaire et ancien Chairman de Gilead Sciences (voir chapitre 1 : production du Tamiflu) sur la constitution des stocks de ce mĂ©dicament ?
- Ne faut-il pas en offrir aux pays qui en ont le plus besoin pour bloquer lâĂ©pidĂ©mie Ă sa naissance, ou en faire un stock mondial commun ?
Les modes de diffusion jusquâau destinataire final sont aussi une question importante (envoyĂ© aux mĂ©decins, aux pharmacies, aux mairies, envoyĂ© par la poste.. ?).
Certains mĂ©dicaments traditionnels et huiles essentielles ont des effets antiviraux, mais nâont pas Ă©tĂ© testĂ©s en tant que mĂ©dicament. Quelle attitude avoir vis-Ă -vis de ces produits ?
Lâengouement gĂ©nĂ©ral des annĂ©es 2004-2005 pour lâoseltamivir a Ă©tĂ© tempĂ©rĂ© :
- mĂȘme avec assez dâoseltamivir pour 10, 20 voire 30 % de la population, il y aura toujours des gens infectĂ©s, des gens Ă hospitaliser, dont « un certain nombre dĂ©cĂšderont ».
Selon des Ă©tudes OMS de 2001 et 2002, ce mĂ©dicament a permis de rĂ©duire les symptĂŽmes de grippe saisonniĂšre de 38 %, mais mĂȘme si 70 % de ceux qui ont pris de lâoseltamivir Ă titre prĂ©ventif ne sont pas tombĂ©s malade de la grippe saisonniĂšre, fin 2005 on manquait encore de statistiques sur la rĂ©duction de la mortalitĂ© dans le cas dâinfection par le H5N1 pour les personnes traitĂ©es, faute dâessais cliniques et dâun nombre suffisant de retours dâexpĂ©rience.
Chronologie
Le , le gouvernement du Royaume-Uni a annoncĂ© quâil constituerait un stock dâoseltamivir afin de pouvoir traiter un quart de la population du pays, en prĂ©paration dâune pandĂ©mie de grippe aviaire de sous-type H5N1. Cependant, les rĂ©serves devraient sâĂ©puiser rapidement au niveau mondial en cas dâĂ©mergence pandĂ©mique. Vers la fin , Roche Holding AG a confirmĂ© que lâĂ©norme demande de Tamiflu avait saturĂ© les limites de production actuelles, les nouveaux clients ayant alors Ă faire face Ă des dĂ©lais pouvant monter Ă deux ans.
Afin de satisfaire la demande amĂ©ricaine, Roche a annoncĂ© quâil devrait ouvrir une nouvelle usine de production en AmĂ©rique du Nord durant la fin 2005.
Le , le laboratoire Roche a indiquĂ© quâil offrait Ă lâOMS trente millions de capsules dâoseltamivir permettant de soigner trois millions de personnes. Ce stock sera en prioritĂ© disponible pour les populations des pays pauvres incapables dâacheter rapidement un stock de ce mĂ©dicament trĂšs coĂ»teux en cas de menace Ă©pidĂ©mique. Le premier lot de dix millions de capsules devrait ĂȘtre livrĂ© dĂ©but 2006 et le complĂ©ment vers le milieu de lâannĂ©e. Sous la pression de lâOMS et de lâOMC, le , il a annoncĂ© vouloir nĂ©gocier avec dâautres laboratoires pour autoriser la production dâoseltamivir sous licence. La production du mĂ©dicament sera multipliĂ©e par dix dâici fin 2006 par rapport aux chiffres de 2003.
Recherche
En , Roche dit poursuivre ses Ă©tudes sur :
- aspects virologiques précliniques (optimisation des doses aux souches ou variants du H5N1 ;
- registre de la grippe aviaire, pour collecter les données cliniques et virologiques utiles ;
- études de cas de prophylaxie post-exposition, pour produire des données rétrospectives et prospectives ;
- collaboration avec les NIH (National Institutes of Health) des Ătats-Unis sur la comparaison de dosages doublĂ©s (150 mg deux fois par jour) comparĂ©s au traitement standard (75 mg deux fois par jour) pour la grippe saisonniĂšre ou pandĂ©mique ;
- prophylaxie de long terme (26 semaines) contre H5N1 chez les travailleurs de secteurs essentiels : hÎpitaux, sécurité⊠;
- surveillance de la résistance de la grippe au Tamiflu ;
- possibilité de formulation intraveineuse ;
- capsule faiblement dosée pour les jeunes enfants ;
- rÎle du Tamiflu et évaluation de son innocuité lors des vagues saisonniÚres de grippe.
Divers
L'oseltamivir fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en )[41].
Notes et références
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- Réponse du Ministre de la Santé et de la Solidarités à la question no 85689, Journal Officiel, .
- Ă ne pas confondre avec la badiane japonaise qui pousse principalement au Japon et en ThaĂŻlande et contenant de la shikimine toxique (qui provoque des troubles allant jusquâaux convulsions) dont lâutilisation interdite en France.
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- (en) WHO Model List of Essential Medicines, 18th list[PDF], .
Voir aussi
Articles connexes
- SynthĂšse totale de l'oseltamivir
- Influenza (grippe), H5N1, pandémie, risque pandémique
- Amantadine (autre mĂ©dicament dans le traitement de lâinfluenza)
- Zanamivir (autre inhibiteur de la neuraminidase)
Liens externes
- Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Oseltamivir
- RCP Tamiflu 75 sur le site du laboratoire Roche[PDF]
- Notice du Tamiflu sur le site du laboratoire Roche[PDF]
Bibliographie
- M. Gerson, « Liens dâintĂ©rĂȘts et conclusions de revues systĂ©matiques », MĂ©decine, 2015, 11(1), 8-8 (rĂ©sumĂ©).
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